A l’heure où j’écris ces
lignes, l’or se vend pour bien plus que le prix au comptant affiché sur de
nombreux sites. Le prix au comptant est un prix en dollars qui ne prend pas en
compte le fait que notre monde n’est ni homogène, ni informé, ni statique, ni
sûr.
Mais quel prix paient les gens
sinon le prix au comptant plus quelques points de pourcentage ?
Les individus qui achètent un
bijou aux Etats-Unis ou en Europe peuvent payer jusqu’à quatre fois le prix
de son contenu en or en raison des taxes qui lui sont appliquées, du coût du
travail, de frais et de marges de profit. Voilà qui porte le prix de l’or à
5.200 dollars par once.
Un continent plus loin, le PIB
par habitant de l’Inde est de 3.851 dollars, contre 49.922 aux Etats-Unis.
Cela signifie que, compte tenu de la disparité entre les revenus des deux
nations, le citoyen Indien moyen paie l’équivalent de 17.000 dollars par once
d’or. Et pourtant, les Indiens ne parviennent toujours pas à obtenir
suffisamment d’or, et leur gouvernement fait tout son possible pour réduire
leur appétit pour le métal plutôt que de s’attaquer à sa propre nature
corrompue.
Ailleurs encore, le malheureux
déposant qui possède de l’argent auprès de la Banque de Chypre fait face à
une saisie de 47,5% au-delà de 100.000 euros, et paie donc l’équivalent
d’environ 2.500 dollars par once.
Le peuple des Etats-Unis qui
faisait jusqu’alors confiance en le dollar de son gouvernement payait 288,5
dollars par once au début du mois de janvier 2000 et doit aujourd’hui payer
plus de 1.300 dollars. En plus de cela, le taux des obligations sur 30 ans
est passé de 6,5 à 3,7%. S’ils dorment dans des banques, il faudrait appeler
le CSI pour en localiser les intérêts.
Les habitants de Fukushima qui
ont perdu leur maison, leur entreprise et leur terre ne sont probablement pas
capables de penser à l’achat d’or et ‘demeurent pour la plupart silencieux
depuis qu’ils ont été placés dans de petits appartements temporaires aux quatre
coins du pays’. Comble de l’insulte, TEPCO, le gérant de la centrale de
Fukushima, distribue ce qu’il appelle des ‘compensations temporaires’ aux
victimes du désastre, qui devront plus tard être remboursées. Voilà jusqu’où
va la perversion.
Quant à ceux qui ont vu leur
maison bombardée en Lybie, en Irak ou en Afghanistan, ceux qui ont dû fuir
leur pays, le prix de l’or est inestimable, parce qu’ils ont tout perdu. Pour
ceux qui ont perdu leurs parents ou leurs enfants, le prix de l’or n’est
qu’académique.
Dans le reste du monde
Occidental, où le chômage fait rage notamment chez les jeunes, où les
pensions diminuent et où les maisons sont saisies, le prix de l’or n’est
qu’une autre statistique et, après une visite chez le prêteur à gages, rien
de plus que de l’histoire ancienne.
Il se peut que quelqu'un,
quelque part, manipule le prix de l’or. Mais sachez que si l’or est
aujourd’hui blessé, notre monde financier et spirituel est complètement
détruit.
Le
monde a ignoré l’or et l’argent et le standard qu’ils ont permis de fixer
tout au long de l’Histoire, mais la revanche qu’ils ont arrachée au système
est évidente pour quiconque daigne s’y intéresser. L’or est blessé mais tient
encore debout tout seul, il continue d’encaisser les coups. Pour ce qui est de
notre système endommagé, le tableau est bien plus déplorable, puisque nous
devrons d’abord trouver la voie vers la reprise avant de pouvoir penser à
l’emprunter.
Le système a une jambe cassée
et une jambe gangrénée mais continue de tenir sur pieds grâce à l’assistance
de deux béquilles que je nommerai Q et E, et continue de proclamer l’arrivée
de la reprise pour le plus grand plaisir de ces grands idiots que sont les
politiciens, les banquiers et les économistes.
Les défenseurs de l’or n’en
savent pas le prix. Ils prient, comme Larry LaBorde
l’a récemment expliqué, pour un or à 500 dollars, qui permettrait à
l’établissement d’un gouvernement restreint, au plein emploi, à l’absence de
déficits commerciaux, et à une armée de défense plutôt que d’attaque.
Un vrai défenseur de l’or
espère ne jamais rien recevoir en échange de son or, parce qu’il espère un
jour pouvoir le transmettre à ses enfants et petits-enfants jusqu’à ce qu’ils
puissent à leur tour le transmettre à leurs descendants.
Un vrai défenseur de l’or
extrapole du mieux qu’il peut ce qui est susceptible d’arriver à notre monde,
à ses institutions, à son économie, à son travail, à sa retraite, à son
domicile, à son fonds de pension et à sa santé et évalue son or en fonction
de ces facteurs. Le prix au comptant n’est rien de plus qu’un cliché d’un
moment passé.
Il y a quelques temps déjà,
Joseph d’Egypte faisait face à la crise de son temps en remplissant à
l’avance ses silos à grain jusqu’à ras-bord. Mais lorsque la crise s’est
abattue sur nous, nos silos étaient pour la plupart vides, si ce n’est de
rats engrossis qui pouvaient à peine cacher leur
sourire narquois en nous en demandant ‘encore’. N’existe-t-il pas de Cour de
Nuremberg pour juger ceux qui nous ont causé tant de misère ?
Nous sommes une génération
élevée au pain et au cirque. Mais nos morceaux de pains deviennent de plus en
plus rassis et nos cirques se transforment en des prisons dans lesquels
droits et confidentialité sont bafoués. Et la populace continue de rester
catatonique.
Ben est bien entendu dans
l’attente du spectacle de clowns du Congrès qui lui permettra une fois encore
de faire tourner la planche à billets. Le produit de ces impressions
monétaires est l’équivalent de malbouffe. Il peut vous faire grossir mais
finit par vous tuer. Bonne chance à ceux qui pensent que Ben lancera du mana
depuis son hélicoptère. Ce qu’il fera en réalité, c’est jeter l’équivalent
financier de l’agent orange sur son peuple…