Il faut dire que les
bureaucrates auront au moins laissé place à l’orgie annuelle que sont les
fêtes de Noël qui, en parallèle au S&P 500, sont devenues les proxies de l’économie Américaine. Depuis quelques années
déjà, la saison de Noël commence tout de suite après Halloween, et le dernier
trimestre de l’année se transforme en un véritable de cirque de distractions
rituelles. Il n’en est pas moins qu’en arrière-plan, la nation sombre dans
l’angoisse, qui se mesure en figurines souillées à l’effigie de Justin Bieber abandonnées dans les décharges.
Les historiens qui observeront
un jour nos étranges années de conséquences suspendues auront du mal à
comprendre comment notre empire d’escroqueries aura pu subsister même après
que son moteur ait rendu l’âme. Il suffit de se trouver sur une pente
descendante pour continuer d’avancer. On pourrait penser que les jeunes de
notre nation bouillonnent devant l’éclipse de leur avenir, mais il semblerait
qu’ils aient été lobotomisés par leurs smartphones
– quand leur cerveau libère des endorphines entre deux textos,
ils n’ont qu’à regarder leur série préférée, ou encore des films pornos.
Il est clair que toutes ces
escroqueries et absences de normes subiront tôt ou tard un véritable retour
de force terrible. Tout comme l’économie des Etats-Unis, le parti Républicain
est mort, bien qu’il n’en ait lui-même pas encore reçu la nouvelle. Il s’est
suicidé de la même manière que les Whigs avant la Guerre Civile, en se
divisant en deux factions – la première composée de ceux qui ‘ne savent rien’
et passent leur temps à se préoccuper des boucs-émissaires, et la deuxième
peuplée de rats sclérosés et parasites trop timides et avides pour s’occuper
des urgences du moment.
Le Tea
Party devrait changer de nom et devenir le Cracker Party, puisqu’il
représente clairement les intérêts des Blancs des Etats du sud trop idiots
pour se rendre compte de ce que sont ces urgences. Ils sont bien plus
confortables en compagnie du surnaturel, d’où leur affection pour la religion
basée sur la manipulation de serpents, l’invocation d’esprits et les sports
automobiles. Je pense personnellement qu’ils finiront par fonder leur propre
république indépendante et tenteront de rejouer la Guerre Civile. Ils n’y
parviendront pas et finiront par mourir de faim et tomber dans une Dépression
bien plus profonde encore que celle dont Dixieland a fait l’expérience entre
1860 et 1960, dans un terrain vague désurbanisé d’agriculture de subsistance.
Leur seul domaine d’excellence sera le potage.
Les Républicains qui n’appartiennent
pas au Tea Party finiront par disparaître et
n’avoir plus aucune signification. Il nous restera donc les démocrates pour
tenter de nous expliquer pourquoi les affaires de la nation ont complètement
déraillé sous leur surveillance. Certains d’entre eux seront exécutés et
brûlés par le petit nouveau, le Parti du Salut, dirigé par un personnage
charismatique qui ira jusqu’à ignorer n’importe quel protocole pour pouvoir
déblayer les débris laissés par ses prédécesseurs. Hélas, il n’y aura plus assez
de jus pour permettre à ce nouveau parti de contrôler un territoire aussi
large que celui des Etats-Unis. Et par jus, j’entends argent et pétrole. Les
Etats-Unis entreront dans de nouveaux Dark Ages.
Qui sait quand tout ceci se
produira, mais je pense que ceux qui parient sur 2014 pourraient avoir
raison. Si vous croyez aux cycles, ce qui est généralement mon cas, disons
que 2014 rime plutôt bien avec 1814 et 1914, deux années qui ont marqué la
fin d’une époque et le début d’une autre. 2014 pourrait être l’année durant
laquelle la Chine aura dit aux Etats-Unis d’aller se faire voir sur le dos
d’une enveloppe contenant 2,7 trillions de dollars de dette officielle
Américaine. Comme Ole Blue Eyes
avait l’habitude de le dire, ça pourrait marquer le début de quelque chose de
très grand.
Les observateurs les plus
attentionnés des évènements actuels sont clairement frustrés par
l’homéostasie qui semble régner aujourd’hui, par ces instants de l’Histoire
au cours desquels l’air devient solide et plus rien ne bouge, au cours
desquels l’esprit est fatigué d’attendre que quelque chose se produise. Les
choses finiront bien assez tôt par bouger. En attendant, contentons-nous
d’apprécier les périodes de fêtes qui arrivent. Gavons-nous de sucreries. Et
quand nous en aurons eu assez, le temps sera venu de rôtir une dinde. Ouvrons
un mousseux et saluons les êtres aimés. Après ça, il nous faudra attacher nos
ceintures pour une nouvelle ère de conséquences.