Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
En vertu de la grande loi économique actuelle en vigueur sur les marchés moins c’est bon, plus c’est meilleur, ou autrement dit si pas « taper », t’as pas peur ; en revanche si y a plus « taper », là… t’as très peur.
Exprimé comme cela je vous concède que l’expression de la loi économique des marchés selon Sannat (je me prépare à recevoir le Nobel d’anti-économie) peut sembler un peu obscure au néophyte. En réalité, je vous le dis, n’ayez pas peur car il n’y a pas de « taper », or ta peur est ce qu’il y a de plus important dans la vie des marchés aujourd’hui et nous en avons encore un exemple en direct aujourd’hui… enfin hier pour ceux qui lisent ce papier demain !
Le « taper », kesako ?
« The word tapering in financial terms is increasingly being used to refer to the anticipated reduction of the Federal Reserve’s quantitative easing, or bond buying programme… »
Oui je sais, c’est de l’anglais et nous sommes en France… D’un autre côté, j’aimerais vous y voir moi, essayer de trouver la définition d’un nouveau mot anglais en français… L’Académie des Sciences ne se réunira pas avant 2014, quant au petit ou au grand Robert il faut que les mots soient dans le langage pendant plusieurs années avant de faire leur rentrée dans le dico… alors vous pouvez toujours attendre, à moins que moi, au Contrarien Matin, je fasse le boulot… ce qui est mon travail soit dit en passant !
Alors traduisons. Le mot « tapering » est un terme financier qui est utilisé pour exprimer les anticipations de réduction par la Banque centrale américaine, la FED, de ses quantitative easing.
En d’autres termes, s’il y a « taper », il n’y a plus de planche à billets, ou moins de planche à billets !
La FED nous a préparé depuis presque un an maintenant à la réduction de ses QE et de ses injections de monnaies imprimées dans la cave par Ben le barbu (le mamamouchi de la FED se nomme Ben Bernanke et il va être remplacé par Janet Yellen en janvier 2014, le rat en chef quittant le navire avant qu’il ne sombre).
Les cours de Bourse reposent sur les injections de liquidités !
« Don’t fight the FED » ! C’est le proverbe, les Zaméricains adorent les proverbes et la pensée toute faite et prédigérée avec, de préférence, une procédure et un manuel à appliquer sans avoir à réfléchir plus d’une seconde car réfléchir fatigue.
Alors « don’t fight the FED » ça veut dire « ne te bats pas contre la FED »… Ben oui, ne sois pas débile, vu que la FED a plus d’argent que tout le monde dans la mesure où elle en imprime autant qu’elle veut dans sa cave, faudrait pas être bien malin pour jouer dans un sens différent de la Banque centrale américaine. Donc tant que la FED imprime et injecte de la monnaie, on achète des actions. Point. Barre. Basta.
Si la FED arrête… on vend tout et on se débarrasse de tout… Point. Barre. Basta.
C’est parce que la vie des traders est aussi complexe que ce que je viens de vous exprimer qu’ils gagnent des fortunes et vous, une misère… Logique non ? Non ! Vous avez bien raison… mais c’est un autre débat !
Alors comme nous l’explique avec sa sagacité coutumière l’AFP, « malgré une hausse moins forte que prévu des créations d’emplois en septembre, les marchés des actions américaines grimpaient en début d’échanges, suggérant des attentes d’autant plus vives de poursuite des rachats d’actifs de la Réserve fédérale (FED) à leur rythme actuel, signalaient les analystes du cabinet Charles Schwab.
La FED achète actuellement pour 85 milliards de dollars par mois d’actifs financiers dans le but de soutenir la reprise, une affluence de liquidités qui dope la Bourse depuis le début de l’année. Elle fait de la baisse substantielle du chômage un critère clé pour durcir sa politique.
Or, selon les chiffres officiels publiés mardi, le taux de chômage aux États-Unis a connu une baisse en septembre, passant de 7,3 % à 7,2 %, mais les créations d’emplois ont déçu en reculant fortement par rapport au mois précédent.
Elles se sont établies à 148 000, en chute de 23,3 % par rapport à août, alors que les analystes tablaient sur 183 000. »
La reprise américaine ne se reprend pas…
Vous l’aurez compris, le problème c’est la reprise américaine. On nous en parle, on nous la promet, on nous dit que c’est une réalité et pas un mythe, et pourtant comme ma sœur Anne, je ne vois rien venir ou en tout cas pas grand-chose, et d’ailleurs la FED non plus puisque, maintenant, elle nous explique que les QE seront maintenus une bonne partie de l’année 2014.
Tout cela laisse donc du temps à nos traders « d’excellence » pour spéculer encore quelques mois à la hausse et d’acheter en cœur avec la FED et ses billets fraîchement imprimés.
Conclusion logique et absurde de tout ça : moins cela va bien dans l’économie réelle américaine plus c’est bon signe pour les marchés boursiers qui ont complètement oublié qu’une action est une part des bénéfices… ou des pertes d’une entreprise. Car actuellement, beaucoup de grands groupes, à défaut de produire des résultats calamiteux, enregistrent des évolutions d’activité qui ne sont pas de nature rassurantes pour l’avenir.
Mais ce n’est pas grave, y’a pas « taper » alors j’ai même pô peur…
En Europe, allons-nous avoir aussi un shutdown ?
Nous avons appris hier dans la soirée par l’AFP que la Commission européenne a demandé lundi au Parlement européen d’approuver en urgence un versement de 2,7 milliards d’euros supplémentaires pour le budget 2013 afin d’éviter à l’Union européenne de se retrouver en cessation de paiement à la mi-novembre.
Alors jeudi, il y aura un vote d’urgence du Conseil qui représente les 28 États membres…
J’ai beaucoup aimé la réaction de Dany le rouge (Daniel Cohn-Bendit) du parti des Verts qui était orange de colère : « Il y a quelque chose de bizarre dans cette histoire. Vous n’allez pas me dire que la Commission européenne a découvert vendredi après-midi qu’elle n’avait plus d’argent. Quelqu’un se fout de notre gueule dans cette histoire. »
Haaa, Dany, mon cher Dany, s »il n’y avait que sur ce coup-là qu’on se fout de notre gueule… Je sais Dany que tu es député européen, donc tu es loin de la France d’en bas, mais sache qu’ici les gens trouvent que globalement l’Europe se fout bien de leur gueule.
Alors nous, ici, on se prend à rêver d’un shutdown européen, oui Dany, plus de pognon pour l’Europe, fermeture de la Commission qui ne pourrait plus négocier un traité transatlantique, une Commission qui étant fermée ne pourrait plus être corrompue chaque jour par des lobbies, oui Dany, une Europe qui ne nous demanderait plus chaque jour de lui verser encore un peu plus du pognon que nous n’avons pas, oui Dany, une Europe qui arrêterait de nous pondre des lois débiles du genre « de la normalisation de la taille de la noix minimale avant commercialisation sur le marché unique », oui Dany, une Europe où les députés européens n’émargeraient pas à plus de 10 000 euros par mois pour ne pas dire 16, sans aller siéger ou presque, oui Dany, nous voulons fermer cette Europe qui n’est pas représentative et qui n’est pas l’Europe des peuples.
Alors VIVE LE SHUTDOWN européen… Alors seulement peut-être pourra-t-on parler de la seule vraie Europe que l’on souhaite, une Europe de la paix et de la liberté, une Europe respectueuse des nations et de ses diversités, une Europe qui nous protège, une Europe qui incarne une idée, une philosophie et une grandeur, avec comme objectif quotidien de son action… le bonheur des peuples d’Europe…
Je sais, je rêve, alors autant mettre l’Europe en faillite, elle l’est de toute façon et vous remarquerez à quel point d’ailleurs… tout le monde s’en fout !
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles SANNAT
Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.
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