L’année 2013 a vu la naissance d’un
« ras-le-bol » fiscal qui est descendu dans la rue,
symbolisé par les « bonnets rouges » qui en sont
devenus l’image emblématique. Cela a poussé le gouvernement
à promettre pas moins de 2
milliards d’euros d’ aides à la Bretagne.
Mais il est une autre manifestation, plus silencieuse et
moins visible, du « ras-le-bol » fiscal des
Français. De quoi s’agit-il ?
Cet autre « visage » du ras-le-bol
fiscal prend la forme des marchés parallèles et du travail au
noir. Car que se passe-t-il quand les prélèvements obligatoires
se multiplient en pénalisant fortement le marché
officiel ?
Si ce dernier se trouve
« plombé », c’est par la même
occasion une véritable « bouffée
d’oxygène » pour le marché souterrain.
L’incitation d’y recourir est d’autant plus grande que le
pouvoir d’achat subit déjà fortement les effets de la
crise actuelle et que la pression fiscale est d’ores et
déjà considérable.
Toutes les raisons de faire fi du marché
légal et du travail déclaré semblent ainsi
réunies. Selon une enquête,
en ce qui concerne les services à la personne (gardes d’enfants,
travaux de ménage, de jardinage, etc.), 33% des Français
employés déclarent travailler ou avoir travaillé au noir
en 2013, contre 13% en 2008. D’autres secteurs ne sont pas
épargnés, le poids de l’économie souterraine
étant estimé en France à plusieurs dizaines, voire
centaines de milliards d’euros au total (certaines estimations allant
jusqu’à 219 milliards pour l’année 2012).
Or, l’une des causes la plus importante de
l’existence de ce « ras le bol fiscal »
silencieux – et du marché parallèle qui en est le
corollaire – réside précisément dans l’augmentation
des impôts et des charges sociales. Et en la matière les
Français ont été bien servis ces dernières
années.
En effet, au-delà de l’écotaxe qui a
été le « catalyseur » des manifestations
bretonnes, les raisons pour une gronde fiscale ne manquent pas :
re-fiscalisation des heures sup, gel du barème de l’impôt
sur le revenu, relèvement des droits de succession, hausse de la taxe
sur la bière de 160%, augmentation des prix du tabac, etc. Toutes ces
mesures sont particulièrement revigorantes pour les marchés
parallèles.
La liste peut être allongée sans
difficulté, au risque sans doute d’en oublier. Selon un sondage,
64% des Français interrogés déclarent avoir
été affectés par les hausses récentes
d’impôts, plus des deux tiers d’entre eux les jugeant
injustifiées dans leur cas personnel.
Grâce à des données fournies par Ernst
& Young, l'Institut économique Molinari a
calculé que la France se classe ainsi en 2013 dans le duo de
tête des pays européens (avec la Belgique) en ce qui concerne la
pression fiscale du salarié français moyen. Si ce dernier est
parmi les mieux payés (avec 53 647 euros), il est aussi parmi les plus
fiscalisés (30 371 euros), les prélèvements obligatoires
représentant ainsi plus de 56,6%.
La France est également dans le duo de tête
dans un autre classement similaire, celui des pays de l’OCDE où
la pression fiscale est la plus forte, se classant juste derrière le
Danemark.
Or, si les 2 milliards d’euros promis pourraient
bien calmer la colère des « bonnets rouges »,
ils vont par ailleurs alimenter, tout comme la hausse de la TVA et les autres
mesures fiscales à venir (notamment pour financer ce
« cadeau de 2 milliards »), ce« ras-le-bol
souterrain ». Au point qu’il pourrait finir par
éclater au grand jour.
|