De bien tristes affaires se sont développées au sein de la
petite république Alpine du cœur de l’Europe. Alors que l’Autriche se heurte
à des chiffres du chômage en hausse et des recettes fiscales inférieures aux
projections les plus optimistes, la banqueroute imminente d’une banque
régionale, Hypo Group Alpe Adria (HGAA), pourrait
faire du pays le catalyseur d’une nouvelle série de faillites bancaires en
raison des entrelacs qui existent en termes de risques bancaires aussi bien
au niveau domestique qu’international.
Les hommes politiques autrichiens sont en difficulté depuis que les
recommandations d’un expert de liquider la banque pour un coût de 18
milliards d’euros ont été publiées par les médias, ce qui ne les empêche pas
de continuer de suivre la voie fatale qui ne mènera pas à la dissolution de
leurs problèmes : le renflouement du cheval mort d’HGAA chaque mois
grâce à plusieurs millions d’euros obtenus des contribuables, et qui s’élève
déjà à 4,5 milliards d’euros.
Les affaires qui impliquent aujourd’hui les politiciens
semblent plus adaptées à l’opéra de Vienne qu’à un déraillement du train
financier qui aura besoin de plus que de quelques pansements chaque mois.
Dans la journée de lundi, les autorités autrichiennes pour
les marchés financiers ont annoncé publiquement ce que l’Autriche avait jusqu’alors
refusé d’entendre. Le pays fait désormais face à un problème qu’il pensait
pouvoir balayer indéfiniment sous le tapis. Harald Ettl,
responsable des autorités pour les marchés financiers, a déclaré que des
délais supplémentaires représenteraient de gros risques pour HGAA et que le
pays ne devrait plus observer aucune solution comma tabou.
Rien ne pourrait être plus vrai. Une liquidation d’HGAA n’éjecterait
pas seulement l’Autriche du trône de meilleure économie d’Europe, mais
pousserait aussi sa dette publique au-delà de 100% de son PIB et aurait des
réverbérations au travers du continent.
L’idée d’une banque toxique refusée par RBI
La solution
proposée par le gouvernement d’une banque toxique de laquelle d’autres
banques autrichiennes seraient les actionnaires a été refusée lundi. Le
directeur de Raiffeisenbank International (RBI), Karl
Sevelda, a refusé de participer à ce véhicule et
décrété que ses actionnaires voteraient « non » si la question leur
était posée. RBI a déjà ses propres problèmes, entre autres une exposition de
plusieurs milliards d’euros aux pays d’Europe centrale et de l’est qui ont
appliqué une stratégie de « croissance avant tout », et qui se
transforme désormais en boomerang en raison de multiples prêts toxiques.
Le gouvernement
s’est démené pour tenter de faire appliquer ce scénario de banque toxique,
qui aurait permis d’éviter une expansion rapide de la dette publique. Sans
lui, les dettes d’HGAA engendreraient des garanties de la part de sa
propriétaire, la province de Carinthie, elle-même techniquement en
banqueroute, et donc des garanties de la part de l’Etat – la loi autrichienne
ne couvre pas la banqueroute d’une province.
Les commentaires
faits par les autorités pour les marchés financiers au sujet d’HGAA auront au
moins une conséquence : les responsables ont déjà commencé à être
montrés du doigt. La banque centrale autrichienne, selon laquelle HGAA se
portait pour le mieux au début de 2008, passe le plus clair de son temps à
éviter les litiges avec les investisseurs qui pourraient naître de cette « expertise »
passée.
Vers où les
choses iront-elles ensuite ? Nous pouvons penser que la coalition
autrichienne, critiquée pour n’avoir depuis sa création en novembre que
proposé de nouvelles taxes sans pour autant diminuer ses dépenses, pratiquera
une nouvelle fois la politique de l’autruche.
Hélas, le
gouvernement n’aura cette fois peut-être pas le temps de pousser plus loin le
wagon de la dette, puisque le regard de l’Union européenne est fixé sur elle.
Lundi dernier, Daniele Nouy,
directrice de la nouvelle Autorité bancaire européenne, expliquait au Financial
Times qu’il n’était certainement pas approprié de lier des banques malades à
des banques saines. Sans nommer HGAA directement, Nouy
a déclaré : « Il nous faut accepter que certaines banques devront
disparaître ».
Les malheurs
bancaires de l’Autriche sont similaires à la faillite de Creditanstalt
en 1931, qui était le fusible du dernier hiver de Kondratieff en Europe. Pour
ceux qui s’intéressent aux cycles de Kondratieff, les perspectives sont peu
prometteuses. 83 ans plus tard, un nouvel évènement de ce type est attendu,
et au vu de la situation en Europe, il n’en faudra pas beaucoup plus pour
voir se généraliser le chaos au sein de l’Union européenne.