La publication du Capital au XXIème siècle,
un ouvrage décrivant la supposée montée des inégalités dans les pays
développés, a récemment fait sensation.
Rédigé par l'économiste français
Thomas Piketty, l’ouvrage prétend démontrer que sur le long terme, les
sociétés des pays développés risquent de redevenir plus inégalitaires. La
cause de cet écart croissant entre les riches et les pauvres serait que le
taux de rendement du capital dépasserait le taux de croissance économique.
Pour corriger cette évolution, Thomas Piketty propose des interventions
ciblées de l’État de nature redistributive.
Problèmes méthodologiques
Après un accueil international d’abord
dithyrambique, grâce aux louanges d’économistes célèbres comme Paul Krugman et Joseph Stiglitz, une enquête du Financial
Times (FT) plongeant dans les sources des données de Thomas Piketty a révélé
de graves lacunes dans son argumentation.
Chris Giles, l'éditeur économique
du FT, arrive à la conclusion que les feuilles de calcul de Thomas Piketty étaient
criblées « d‘erreurs de transcription à partir des sources originales et
de formules incorrectes. Il apparaît également que certaines données sont
triées sur le volet ou construites sans source ». Et de constater
qu’avec les données rectifiées, la thèse centrale de la hausse des inégalités
n’est plus vérifiée.
Le FT n'était pas la première
publication à signaler les problèmes de données inhérents aux travaux de Thomas
Piketty. En septembre 2013, l’économiste et historien Nicolas Baverez avait
déjà souligné dans le magazine Le Point
qu'il planait de sérieux doutes sur les données utilisées dans l'édition
originale française de l’ouvrage.
Thomas Piketty fait l’impasse sur la convergence entre pays riches et
pauvres
Indépendamment de ces questions
méthodologiques, même si son analyse de l'écart grandissant entre les riches
et les pauvres dans les pays développés restait vérifiée, elle ne tiendrait
pas compte d'un développement beaucoup plus important.
Bien qu'il soit concevable qu’il
existe et existera de plus en plus d’inégalités au sein des pays, nous observons le contraire entre les pays à l’échelle mondiale.
En 1980, le PIB par habitant chinois
était égal à 1,5% du PIB par habitant américain. En 2012, ce chiffre était
passé à 10,5%.
L'augmentation de la richesse
relative en Corée du Sud est encore plus forte au cours de la même période :
de 13,2% en 1980 à 39,1% en 2012. Même chose pour la Malaisie (de 14,3% à
20,1%), le Pérou (de 9,5% à 13,1%), ou le Botswana (de 8,4% à 14%).
Tous ces pays deviennent non
seulement plus riches en termes absolus, mais ils réduisent aussi leur écart
relatif avec les États-Unis, la première économie du monde.
En embrassant la mondialisation,
ces pays anciennement moins développés rattrapent l'Occident développé. Plus
leur économie est devenue ou est restée libérale, plus vite et plus forte
était leur convergence.
Malheureusement, on ne peut pas en
dire autant pour les autres pays, principalement en Afrique, qui ne sont pas devenus des économies ouvertes, libérales et sont
restés pauvres.
Cependant, cette convergence – en particulier
en Asie – est une réussite remarquable.
La liberté économique mène au progrès social
Il est instructif d'examiner les
allégations de Piketty dans ce contexte. Même s'il avait raison à propos de
la polarisation économique au sein des pays développés, il faudrait admettre
que les inégalités à l'échelle mondiale sont en baisse quand les pays en
développement adoptent un modèle économique libéral.
À mesure que ces pays s'orientent
vers un système de marché libre, leur productivité s'améliore, leurs revenus
augmentent rapidement et l’on constate une amélioration de la plupart des
autres indicateurs tels que l'éducation, la santé et l'espérance de vie.
À l’échelle du monde, l’adhésion à
l’économie de marché est un gigantesque saut vers le progrès social. Elle produit des résultats que des décennies d'aide au développement
n’ont pu fournir. Et elle comble l’écart entre le monde pauvre et le monde
riche.
Les recommandations politiques de Thomas Piketty finiraient de sceller
le destin des travailleurs occidentaux peu qualifiés
Vues sous cet angle, les
recommandations politiques de Thomas Piketty en faveur d’une redistribution
accrue des richesses au sein des pays développés ne font plus sens. Les
problèmes des travailleurs non qualifiés de l'Ouest ne peuvent être résolus
par une plus grande taxation des riches de l’Ouest.
Ils ne peuvent être résolus qu’en
faisant en sorte que chacun, au sein des sociétés développées, ait les
compétences nécessaires pour participer à l'économie mondiale en mutation. L’augmentation
des salaires ne peut être durable que si la productivité augmente d’autant.
Cela nécessite une profonde réforme des systèmes éducatifs peu efficaces de nos sociétés développées.
Au fur et à mesure que les pays en
développement deviennent plus économiquement libéraux, la réponse des pays
développés ne doit pas être de devenir moins économiquement libéraux en
augmentant le poids des règlementations et des redistributions, au risque « d’euthanasier »
les travailleurs les moins qualifiés.
Pourtant, c'est ce que recommande Thomas
Piketty.
Si elles étaient appliquées, ces
politiques rendraient les pays développés moins compétitifs par rapport à
leurs challengers nouvellement
développés. Cela ne ferait qu'aggraver le problème que l’on cherche à résoudre.
Celui qui se soucie des inégalités
au niveau mondial devrait soutenir le libéralisme économique, pas le
combattre.
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