Faire
de l’argent : L’article le plus populaire que j’ai publié en quarante
ans est sans conteste celui que j’ai intitulé « Un homme riche, un
homme pauvre ». J’ai reçu des douzaines de demandes de republication
et de redistribution auprès de diverses organisations commerciales.
Faire
de l'argent demande bien plus que de prédire simplement dans quelle
direction se dirigent les marchés des actions et des obligations ou de
déterminer quelle option verra sa valeur doubler sous quelques années. Pour
une grande majorité d’investisseurs, faire de l’argent demande
l’établissement d’un plan d’action, et une certaine dose d’autodiscipline
et de volonté. Je dis bien pour « une majorité », parce que si
vous êtes Bill Gates ou Steven Spielberg, vous n’avez pas besoin d’en
savoir long quant au Dow, aux marchés ou aux rendements. Vous êtes un
phénomène dans votre propre branche, et vous êtes capable de tirer beaucoup
d’argent de votre talent et de vos connaissances. Mais ce genre de génie
est plutôt rare.
Pour
l’investisseur moyen comme vous et moi, l’investisseur qui n’est pas doté
d’un certain génie, un plan d’action financier est indispensable. Vous trouverez
ci-dessous un certain nombre de points auxquels prêter attention si vous
voulez réellement faire de l’argent.
Règle première : la composition : L’une des leçons les plus
importantes que nous enseigne le monde moderne est que pour survivre, il faut
de l’argent. Mais pour mener une vie heureuse, il faut de l’amour, une
bonne santé mentale et physique, un certain degré de liberté et de
stimulation intellectuelle, et de l’argent. Quand j’ai appris à mes enfants
ce qu’était l’argent, la première chose dont je leur ai parlé a été la
« bible de la monnaie ». Qu’est-ce donc que la bible de la
monnaie ? Rien de plus qu’un volume du tableau des intérêts composés.
La
composition est un premier pas vers la richesse. Un premier pas sécurisé
et, heureusement, qui peut être entrepris par tous. Afin d’achever une
composition à succès, vous aurez besoin de : persévérance afin de
pouvoir vous ancrer fermement dans le monde de l’épargne, d’intelligence
afin de comprendre ce que vous faites et pourquoi, et de connaissances en
matière de tableaux mathématiques, afin de comprendre l’ampleur de la
récompense que vous pourrez obtenir en respectant la voie de la
composition. Vous aurez bien entendu aussi besoin de temps pour que votre
composition puisse porter ses fruits. Souvenez-vous que la composition ne
peut fonctionner qu’avec le temps.
Mais
il y a deux pièges dans le processus de composition. Le premier est évident
– la composition peut impliquer un sacrifice (vous ne pouvez pas dépenser
et épargner). Deuxièmement, la composition est extrêmement ennuyeuse, du
moins jusqu’à ce que (sept ou huit ans) de l’argent commence à rentrer.
Après ces quelques années, je vous assure qu’elle devient très
intéressante. Je dirais même fascinante.
Afin
de souligner l’importance de la composition, j’inclurai à cet article une
étude extraordinaire, avec l’accord de Market Logic, de Ft.
Lauderdale, FL 33306. Dans cette étude, nous imaginons qu’un investisseur B
ouvre un compte de retraite personnel. Sur sept périodes consécutives, il
ajoute 2.000 dollars à ce compte, qui a un taux de croissance moyen de 10%
(7% d’intérêts plus croissance). Après sept années, cet investisseur cesse
de contribuer.
Un
investisseur A ne commence à contribuer qu’à partir de ses 26 ans (l’âge
auquel notre investisseur B a cessé de contribuer). Il contribue 2000
dollars par an jusqu’à ses 65 ans (le même taux théorique de 10%).
Mais
venons-en désormais aux résultats. B, qui a commencé à contribuer avant A
et n’a contribué que sept fois consécutives, a désormais plus d’argent que
A, qui a effectué quarante contributions, mais plus tard. La différence
réside dans le fait que B ait entamé sa composition sept ans avant A, et
que ces sept années aient valu plus que les trente-trois contributions
additionnelles de A.
Je
vous conseille de présenter cette stratégie à vos enfants. Je l’ai
respectée moi-même, et je peux vous le dire aujourd’hui, elle fonctionne.
Vous pouvez établir votre composition grâce à des fonds du marché
monétaire, des obligations, ou des obligations sur cinq ans.
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Règle numéro 2 : ne perdez pas d’argent : Voilà qui peut sembler
naïf, mais qui ne l’est en réalité pas du tout. Si vous voulez devenir
riche, vous devez ne pas perdre trop. Règle absurde ? Peut-être. Mais
une majorité de gens perdent de l’argent suite à des investissements
désastreux, des paris, de mauvaises affaires, et j’en passe. Après cinq
décennies à investir et à m’adresser aux investisseurs, je peux vous dire
que la plupart des gens perdent de l’argent – sur le marché des actions,
sur les marchés à terme, sur l’immobilier, dans les paris, et au travers de
leurs propres entreprises.
Règle numéro 3 : homme riche, homme pauvre : Dans le monde de
l’investissement, les investisseurs les plus riches ont un avantage sur les
autres, sur le marché amateur et les traders néophytes. L’avantage dont
profitent les investisseurs les plus riches est qu’ils n’ont pas besoin des
marchés. Je ne peux même pas vous expliquer l’ampleur de la différence que
cela représente, à la fois pour le mental d’une personne et la manière
qu’elle a de gérer son argent.
Les
investisseurs les plus riches n’ont pas besoin des marchés, parce qu’ils
disposent déjà des revenus dont ils ont besoin. Ils tirent de l’argent de
leurs obligations, de leurs fonds monétaires, de leurs actions et de
l’immobilier. En d’autres termes, ils ne ressentent jamais le besoin
pressant d’aller faire de l’argent sur les marchés.
Les
investisseurs les plus riches tendent à être experts des valeurs. Quand les
obligations sont peu chères et que leurs rendements sont élevés, ils
achètent des obligations. Quand les actions sont bradées et que les
rendements des actions sont intéressants, ils achètent des actions. Quand
l’immobilier offre de bonnes opportunités, ils investissent sur
l’immobilier. Quand les bijoux ou l’or se vendent à prix cassé, ils
achètent des diamants ou de l’or. Le riche investisseur place son argent
sur les meilleures valeurs.
Si
aucune valeur exceptionnelle n’est disponible, les investisseurs les plus
riches attendent. Ils peuvent se permettre d’attendre. Ils gagnent de
l’argent tous les jours, toutes les semaines, tous les mois. Ils savent ce
qu’ils recherchent, et ne se soucient pas d’avoir à attendre des mois ou
des années pour leur prochain investissement (ils appellent ça la
patience).
Mais
qu’en est-il des autres ? De ceux qui ressentent le besoin de faire de
l’argent, qui font pression sur le marché pour qu’il fasse quelque chose
pour eux ? Malheureusement, le marché n’est pas intéressé. Quand notre
petit investisseur n’est pas en train d’acheter des actions qui lui
rapporteront 1 à 2%, il part à Las Vegas ou Atlantic City pour tenter sa
chance à la roulette. Ou il dépense 20 dollars par semaine en tickets de
loterie, ou investit sur une combine dont lui a parlé son voisin.
Et
parce que ce petit investisseur essaie de forcer le marché à faire quelque
chose pour lui, il n’a d’autre choix que de perdre. Il ne comprend pas les
valeurs et ne cesse jamais de trop payer. Il ne comprend pas le pouvoir de
la composition, il ne comprend pas l’argent. Il n’a jamais entendu dire que
« celui qui comprend l’intérêt en gagne, et celui qui ne le comprend
pas en paie ». Ce petit investisseur est l’Américain typique, et il
est surendetté.
En
conséquence, il ne cesse plus de suer – pour rembourser son prêt
immobilier, son frigo, sa voiture et sa tondeuse. Il est impatient, il est
constamment sous pression. Il se dit qu’il doit faire rentrer de l’argent –
et vite. Il rêve de richesses. Alors il gaspille sont argent sur le marché,
ou le perd dans les jeux. Il passe sa vie à tenter de grimper en courant
l’escalator descendant de la finance.
Mais
voici où se trouve l'ironie: s'il avait dès le début adopté la règle simple
qu’est de ne pas dépenser plus que ce qu’il gagne, s’il avait investi son
épargne superflue de manière intelligente, il recevrait des revenus
quotidiens, hebdomadaires et mensuels, comme les plus riches. Il serait
devenu un gagnant plutôt qu’un pathétique perdant.
Règle numéro 4: les valeurs: La seule fois qu’un
investisseur moyen devrait rester hors du système de composition est
lorsqu’un marché offre une valeur exceptionnelle. Une valeur est
exceptionnelle lorsqu’elle offre a) une certaine dose de sûreté, b) des
rendements intéressants, et c) une possibilité d’appréciation de prix. En
dehors de ça, la composition est la voie à suivre, et est certainement plus
profitable, du moins sur le long terme.
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