Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
J’ai écouté attentivement le Premier ministre grec Alexis Tsipras ce matin lors de son allocution devant le Parlement européen.
J’y ai entendu un dirigeant sûr de lui et de la politique menée dans l’intérêt de son peuple mais également des peuples européens.
Je suis effaré par certaines réactions de nos camarades lecteurs qui pensent vraiment que nous avons aidé les Grecs. Encore une fois, et Tsipras l’a d’ailleurs dit sous les applaudissements de certains euro-députés, nous n’avons pas versé d’argent aux Grecs, nous avons sauvé les banques commerciales en particulier allemandes (mais françaises aussi) en rachetant les dettes grecques détenues par ces établissements, pour un montant de plus de 300 milliards d’euros désormais transférés aux contribuables.
D’ailleurs, si je vous dis depuis plusieurs semaines que le coût pour la France serait d’environ 68 milliards d’euros, c’est un rapport de la Commission des finances qui affirme désormais (à la surprise générale n’est-ce pas) que le coût finalement pour la France d’un défaut grec serait vraisemblablement de 65 milliards d’euros. On y arrive, doucement mais sûrement et je peux vous annoncer que l’on finira à 100 milliards.
Ce n’est pas être communiste que de dire que les Grecs ne sont pas aidés…
Cela peut vous plaire ou non, vous me traiterez encore de « communiste » mais encore une fois, ce sont les banques que votre pognon sert à sauver, pas les Grecs et ce que je décris là est la réalité.
Alors on me dit oui mais regardez la BCE, elle aide quand même les Grecs puisqu’elle finance les banques grecques…
Mais mes chers amis, soyons sérieux. La Grèce est en train de connaître une récession de 25 % de son PIB, toutes les banques grecques sont mortes. D’ailleurs depuis qu’elles sont fermées, pas une émeute, pas un affrontement, quant à cette photo où l’on voit un petit vieux pleurer devant la banque fermée, il ne pleure pas parce que le distributeur est fermé mais parce que dira-t-il…
« Je ne peux pas supporter de voir mon pays dans cette situation. L’Europe, comme la Grèce, a fait des erreurs. […] C’est pour ça que j’étais abattu, plus que par mon problème personnel. »
Arrêtez de croire à la propagande « merkelienne ».
Alors il est de bon ton de dépeindre Tsipras comme un affreux coco mais qui veut rester dans l’euro et dans l’Europe.
Un affreux coco qui accepte l’essentiel des plans d’austérité.
Un affreux coco qui accepte de tondre encore plus le peuple grec mais qui demande juste que l’on réponde à l’urgence humanitaire.
Lorsque je dis qu’il ne faut pas que les enfants grecs soient malnutris ou pas soignés… je reçois des mails pour me dire qu’ils n’avaient qu’à payer leurs impôts… Dont acte. Laissons mourir des enfants parce que des parents n’ont pas payé des impôts. Oui je suis effaré du cynisme et du manque de compassion, de l’absence de toute humanité alors que l’ennemi n’est pas le peuple grec mais la finance !
L’ennemi n’est pas le peuple grec mais la finance
On désigne aux abrutis l’ennemi. Le peuple grec. Le vilain peuple grec, et l’horrible « coco » Tsipras (qui n’a rien nationalisé).
Pendant ce temps, les peuples se font asservir par les dettes.
L’austérité à laquelle vous croyez ne sert pas votre avenir. L’austérité sert à vous rendre solvable le plus longtemps possible pour vous saigner le plus longtemps possible également pour vous faire payer le service de la dette ! C’est de l’asservissement.
Nous, Français, sommes tout autant asservis par la dette que les Grecs, les Espagnols ou les Italiens.
La seule chose qui change c’est que l’on croit, on vous fait croire que pour vous, tout va bien…
Pourtant, à moins d’être aveugle, vous voyez bien que vos impôts augmentent et qu’en face le service rendu, lui, diminue. Moins de remboursement de médecins ou de médicaments, moins de pensions de retraites, moins d’avantages, etc., etc. Pourquoi ?
Parce qu’il faut payer les intérêts aux banquiers… aux détenteurs de la dette !
Oui nous sommes tous coupables de notre endettement !
Et c’est pour cela que je suis un ardent partisan de l’or. L’or ne ment pas justement et il évite les errements et les bêtises.
Nous sommes tout autant coupables que les Grecs et nous allons subir exactement les mêmes conséquences, celles d’une accumulation de dette et de la volonté collective, démagogique, populiste même de ne pas payer les impôts nécessaires à notre niveau de dépense.
La dette permet à tous les politiciens de nous brosser dans le sens du poil aujourd’hui en reportant à demain le coût du brossage… Il est maintenant temps de passer à la caisse.
N’imaginez pas que cela ne concerne que les Grecs.
Demain aussi, vos noms viendront grossir la liste.
Alors encore une fois, s’imaginer que les dettes seront payées relève du fantasme le plus crétin en terme économique et ceci est valable pour l’ensemble des pays, des USA au Japon en passant par la Grèce ou la France.
La seule façon de se sortir de cet endettement aliénant pour les peuples et pour la croissance c’est évidemment l’effacement. N’oubliez pas que lorsque votre dette coûte 3 % par an d’intérêts, ce qui est le cas pour la France, et que vous avez 100 % de dette sur PIB, si vous n’avez pas au moins 3 % de croissance, vous ne payez même pas le service de la dette… Dans le cas grec avec 3 % de coût mais 200 % de dette sur PIB, il leur faut au moins 6 % de croissance.
On vous vante la reprise espagnole de 3 % de croissance… basée sur 5 % de déficit budgétaire, ce qui revient à dire que pour 3 euros créés, les Espagnols en ont dépensé 5… On peut se taper sur le ventre de ces « brillants » résultats.
Alors oui, les dettes seront effacées, les pays feront faillite et l’épargne sera effacée… c’est une évidence. Vous pouvez hurler au communisme, ou à tout ce que vous voulez. Ces dettes, on ne peut plus les payer. On veut juste vous faire croire que ça va bien se passer… mais rien n’est plus vrai. Libérez-vous de la propagande économique.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
(pour m’écrire charles@lecontrarien.com)
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)