Heureusement que la presse française existe, est subventionnée et fait un travail tous les jours remarquable. Sinon, c’est sûr, il faudrait l’inventer. Tenez, prenez la propagande qui entoure l’éolien : sans cette presse, qui saurait toutes les magouilles, corruptions et erreurs économiques dramatiques qui entourent les multiples projets qui sont lancés en France, en dépit du bon sens ?
Et en effet, lorsqu’on lit cette presse-là, que l’État arrose d’une abondante manne en provenance directe de vos poches et ce, que vous la lisiez ou non, on découvre que derrière l’installation frénétique d’éoliennes dans le paysage se cache trop souvent de sales histoires d’argent, d’élus locaux corrompus, et — plus grave sur le long terme — de tarifs négociés à prix d’or qui distordent assez gravement le marché énergétique français au point de mettre en péril les investissements de long terme et de renchérir bien visiblement les factures des consommateurs.
En somme, la presse permet de faire savoir à tout le monde qu’il se glisse bel et bien quelques petits soucis entre l’idée géniale écolo-bobo-consciente de production d’énergie à partir d’éoliennes et la réalisation pratique de moulins à vent effectivement installés dans le paysage, avec un vrai coût de maintenance, une production quantifiable et des rendements pas franchement au rendez-vous, l’ensemble étant synthétisable par le petit graphique suivant :
Et pour le faire savoir, cette presse (que vous payez donc, quoi que vous en pensiez) s’est donc très mollement occupée du problème en publiant quelques articles, ici et là, pour expliquer à la fois les problèmes économiques sous-jacents et les combines, corruptions et prises illégales d’intérêt de certains élus qui rendent les opérations d’installation de ces gros moulins moches un peu trop juteuses pour être parfaitement honnêtes.
En décembre 2014, on découvrait ainsi dans Le Point un article qui mentionnait clairement comme un vent de corruption dans le monde de l’éolien.
En mai 2015, c’est au tour de Capital et du Monde d’évoquer le problème, le premier dans un article détaillé qui participera à sa une du moment, le second en planquant habilement les petits ennuis éoliens dans la rubrique Radio & Télé, son habituelle tendresse pour les sujets écologiques ne lui permettant probablement pas d’aborder le sujet autrement qu’au travers d’un petit article relatant un reportage de France 3, lui même daté du 6 mai 2015, vers 23h15 (heure où le chaland, pas trop vif, ne sera pas trop violemment bousculé lorsqu’on lui expliquera sur un ton de confidence coquine que ses factures enflent et son paysage est détruit pour installer des machins au rendement catastrophique qui n’aident en rien la facture énergétique française et engraissent des élus déjà bien nantis).
Au passage, notons la probité de Libération qui n’évoquera le sujet qu’au travers d’une seule affaire, en juillet 2015. Les subventions étatiques à cette presse-ci sont bien employées, et l’amour torride que l’épave de gauche entretient pour l’écologie vexatoire explique peut-être cette grande prudence vis-à-vis du sujet.
Enfin, histoire de terminer le tour d’horizon, n’oublions pas Le Figaro qui fait honneur à la profession en se réveillant après tous les autres, en septembre 2015, mais compense en consacrant tout de même au sujet toute la première page de son magazine. Rassurez-vous : la découverte du scandale par la rédaction du Figaro sera largement compensée par le retour aux fondamentaux écolo-compatibles une poignée de jours plus tard avec un tonitruant article sur le nouveau souffle de l’énergie éolienne en France, montrant assez bien qu’en matière de presse, on peut dire tout et son contraire sans problème tant que le lecteur ne s’en rend pas trop compte et que les subsides étatiques continuent à tomber gentiment.
Seulement voilà, ces beaux organes de presse n’ont guère chanté à temps. Pendant que certains se réveillaient donc en décembre de l’année dernière, Contrepoints expliquait la nature du problème en détail dès juillet 2014, il y a donc plus d’un an, et remettait le couvert en septembre 2014 (plusieurs mois, donc, avant l’écarquillement de paupières chez Le Point par exemple. Au passage (et c’est probablement un pur hasard, hein, bien sûr), Contrepoints est strictement non subventionné, et soutenu exclusivement par des gens qui le lisent.
Oh, bien sûr, il ne fait aucun doute qu’on trouvera, dans la presse locale, l’un ou l’autre article relatant le rapport du Service Central de Prévention de la Corruption à l’origine de cette révélation, mais la presse nationale généraliste s’est, au mieux, contentée d’entrefilets ou n’a tout simplement pas traité l’affaire avec le sérieux que l’ampleur de la corruption observée demandait. De ce point de vue, on observe encore l’une de ces nombreuses pignouferies que la presse française nous sert régulièrement, soit par action (débile) soit par omission (coupable).
C’est fort regrettable, à plusieurs niveaux.
On peut certes convenir que l’actualité ne permet pas toujours de traiter tous les sujets avec la profondeur requise. Mais compte-tenu des révélations, compte-tenu des montants en jeu, compte-tenu de l’impact sur les finances publiques, les finances privées (à commencer par celles du contribuable), compte-tenu de l’impact sur nos paysages, sur l’immobilier, et dans une certaine mesure sur la santé des riverains, il me semble que ces affaires de corruptions et de prises illégales d’intérêt méritaient mieux qu’un traitement minimal ou inexistant, et ce pendant plusieurs mois. Ce constat est d’autant plus cruel qu’avec un journal comme Contrepoints, on comprend qu’il ne s’agit pas d’une question de moyens financiers pour faire connaître ce genre d’informations.
D’autre part, cela implique aussi que la presse subventionnée ne traite donc pas de tous les sujets d’importance comme on serait en droit d’attendre d’elle. Or, le lecteur ne sait rien de ces oublis, et le contribuable paye quoi qu’il arrive. Cela pose, implicitement, la question de savoir qui détermine les sujets qui seront traités ou non et à partir de quel impact dans la vie de nos concitoyens ils sont jugés d’importance pour mériter plus qu’un entrefilet. Difficile de n’y pas voir un peu de manipulation, voire, dans certains cas, de la propagande pure et simple… Que, je vous rappelle, vous payez volens nolens.
Enfin, comment ne pas soupçonner cette même presse d’avoir comme un conflit de conviction lorsqu’on se rappelle qu’une écrasante majorité des journalistes se revendique ouvertement de gauche, que cette gauche n’a pas cessé de toujours louanger l’écologie et les énergies dites renouvelables, et que cette écologie sert très habilement de cheval de Troie de tous les récents interventionnismes étatiques et les collectivismes les plus débridés ?
L’ampleur des phénomènes de corruption dans le monde de l’éolien indique assez bien le scandale économique et politique que représente l’écologie mal comprise au mains des gouvernants. L’ampleur, ou plutôt, l’absence d’ampleur des articles de la presse nationale sur le sujet montre à son tour à quel point la presse française est loin de tous les standards minimum de journalisme.
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