Extrait de l’interview de David Morgan du 16 mars 2016 par Mike Gleason (source) :
Mike Gleason : nous avons assisté à une chute importante des stocks d’or enregistrés au Comex, baisse qui a débouché sur une situation apparemment ridicule, dans laquelle 500 onces de papier sont garanties par une seule once d’or physique. Quelle est votre opinion à ce propos ? Faut-il s’en alarmer ? (…) Cela pourrait-il remettre en cause la crédibilité du Comex en tant que mécanisme fiable de détermination du prix de l’or et de l’argent physique ?
David Morgan : Excellente question. Si seulement j’avais la réponse ultime. Tout d’abord, il s’agit d’un grand motif d’inquiétude. Mais les chances que quelqu’un prenne livraison du métal restant sont très faibles. Voici pourquoi.
Tout d’abord, si vous lisez le contrat que tout le monde signe, qu’il s’agisse d’un particulier pour un contrat ou un mini contrat ou qu’il s’agisse d’une énorme institution qui échange des milliers de contrats, ou même une banque centrale qui effectue des transactions qui peuvent comporter plusieurs milliers de contrats en une fois. Les règles sont les mêmes pour tout le monde, à savoir que le règlement peut se faire en cash.
En cas de livraison, ce qui reste une possibilité, d’une quantité de métal qui est supérieure à celle qui est disponible dans les coffres du CME, il y aurait compensation en argent liquide. Et je suis sûr que la presse mainstream tournerait les choses afin de les présenter de la façon la plus positive qui soit, par exemple « Un trader sans scrupules demande livraison, ses contrats sont réglés en cash comme le règlement le prévoit ». Ils ne préciseront pas que la compensation se fait sur base du cours de l’or papier. Ils demanderait aussi comment quelqu’un peut-il demander livraison alors que tout le monde sait qu’un contrat or est simplement un mécanisme papier qui sert à définir le cours du métal, qui n’a strictement rien à voir avec la demande physique. Ce qui est évidemment vrai et faux.
Moins de 1% des transactions débouchent sur une livraison de métal. Néanmoins, cela arrive tout de même. La quantité d’or qui se trouve au CME est risible. Une entité, composée de plusieurs personnes ou entreprises, pourrait demander livraison et créer une belle pagaille. La question est de savoir qui serait prêt à le faire ? Je n’ai pas la réponse. La plupart des grosses entités ne sont pas candidates, car cela leur ferait de la publicité négative. (…)
Je suis sceptique, et même si je n’aime pas sembler cynique… Cela fait 40 ans que je suis dans le métier, j’en ai vu des choses. Quand on regarde ce qui s’est passé avec l’argent dans la fin des années 70, si vous lisez le livre Silver Bulls de Paul Sarnoff, que j’ai lu plusieurs fois, vous avez une bonne idée de ce qui s’est passé au jour le jour concernant l’affaire des frères Hunt et le genre de conversation qui avait lieu.
D’un point de vue personnel, je voudrais vraiment que cela arrive. Que quelqu’un demande la livraison de ces réserves misérables d’or pour voir quelles seraient les conséquences. Mais qui osera ? À mon avis, personne. J’ai peut-être tort, mais c’est très improbable selon moi. (…) »