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"Histoire de la pensée économique", erreurs et vérité.

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Publié le 16 mars 2016
1967 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Rubrique : Editoriaux

Il est un fait que les "marxistes" ont dominé le domaine de l'économie politique dénommé "histoire de la pensée économique" et y ont introduit maintes erreurs visant à conforter leurs fausses croyances.

Il faut que cela cesse et restaurer la vérité.

1. Bastiat et le principe de la valeur.

En 1850, dans le livre intitulé Harmonies économiques, Frédéric Bastiat (1801-50) a fait le point sur le "principe de la valeur", domaine premier de l'économie politique.

D'après lui, la valeur, c'était alors:

- pour Adam Smith (1723-1790), la matérialité et la durée,

- pour Jean Baptiste Say (1767-1832), l'utilité,

- pour David Ricardo (1772-1823), le travail,

- pour Nassau Senior (1790-1864), la rareté,

- pour Henri Storch (1766-1835), le jugement.

Etaient, chacune, "valeur", les choses, les quantités de choses, les taux ou rapports d'une (quantité de) chose contre une autre, les utilités données aux choses, le travail, sa quantité ou encore la rareté jugée sur une chose.

Implicitement, chez ces auteurs, il y avait aussi les objets et les services, d'une part, et, d'autre part, les marchandises.

En d'autres termes, Ricardo n'avait pas été original.

Dans la droite ligne de Smith, de la matérialité et de la durée, il avait privilégié un des facteurs de production, à savoir le travail, cela cachant le privilège donné à la production sur l'échange comme si la production était plus importante que l'échange, comme si l'action humaine était d'abord action de production et non pas action d'échange...

Senior n'avait pas été non plus original.

Il avait mis l'accent sur un aspect de la matérialité et de la durée de Smith, il l'avait dénommé "rareté".

La "rareté" cachait la quantité de chose à l'instant "t" et une norme ignorée, à savoir celle que ceux qui en parlaient dénommaient ainsi.

Pour sa part, Storch avait généralisé, sans le savoir ou en le sachant, l'originalité de la notion d'utilité de Say, en y voyant un jugement de la personne sur la chose (cf. un de ses livres où intervenait Say https://archive.org/details/coursdconomiepo02saygoog).

2. Pareto et la théorie de la valeur.

Un demi-siècle plus tard, dans son Cours d'économie politique de 1896-97, Vilfredo Pareto (1848-1923) a ajouté aux propos de Bastiat sur l'état de la "valeur"

- ceux de W.S. Jevons (1835-82) qui, selon lui, aurait introduit le concept de "taux d'échange" en économie politique (cf. §74) et qu'il a dénommé "prix d'une chose en une autre chose" - remarquons en passant, avec étonnement, que R. Barre (1924-2007) n'a pas évoqué ce point dans son ouvrage intitulé Economie politique (1969, 8ème éd.)- ,

- ceux de K. Marx (1818-83) qui faisait référence explicitement à la "marchandise" (cf. §18), et

- ceux de G. de Molinari (1819-1912) qui expliquait la valeur par l'"intensité comparée des besoins" (cf. §81) 

3. Marginalisme et utilité.

Il convient de souligner en passant qu'à la suite des travaux de Bastiat avaient émergé deux grandes idées.

a. Le marginalisme.

La première est l'idée du marginalisme, bien connue aujourd'hui dans son principe même si beaucoup d'erreurs sont commises à son sujet - par exemple, Barre y voyait "la découverte et l'élaboration des principes théoriques fondamentaux (Barre, op.cit., p.48)-.

Elle fait référence à la "marge", à la "dernière unité" cernée ou encore à la "prochaine unité attendue avec incertitude" en ligne de mire.

Il est ainsi question de "produit marginal", de "revenu marginal", de "productivité marginale" d'un facteur de production, d'"utilité marginale" de la personne, etc.

b. L'utilité...

La seconde idée est centrée sur la notion d'"utilité" et tient dans la double dénaturation de l'utilité individuelle par,

- d'une part, l'utilité dite "marginale" (que Pareto a dénommée "ophélimité élémentaire ", cf. ci-dessous) et,

- d'autre part, l'utilité dite "collective" (objective ou subjective, cardinale ou ordinale, totale ou marginale, on ne sait...)  dont K. Arrow fera ses choux gras à partir de la décennie 1950 (cf. ce texte de janvier 2014).

Comme il l'a indiqué, Pareto a adopté sa dénomination "ophélimité" pour insister sur le caractère "subjectif" de l'utilité, ce que Say, trois quarts de siècle plus tôt, n'avait pas cru bon de faire tant, d'après lui, l'utilité ne pouvait qu'être subjective.

D'après Pareto, en effet :

"82. Une autre grande classe de théories met la source de la valeur dans l'utilité.

Cette conception est développée par J. B. Say. [... ]

Il est difficile, en bien des cas, de se rendre compte si les économistes veulent parler

- de l'utilité subjective (ophélimité), ou

- de l'utilité objective.

Quand ils portent leur attention spécialement sur ce sujet, ils les distingent, mais bientôt ils les confondent.

C'est là, à proprement parler, outre l'omission de la considération des quantités, le défaut de cette classe de théories.

J. B. Say a pourtant très bien vu le caractère subjectif de la valeur;

il dit:

'La vanité est quelquefois pour l'homme un besoin aussi impérieux que la faim.

Lui seul est juge de l'importance que les choses ont pour lui et du besoin qu'il en a.'"  (Pareto, op.cit. § 82)

En relation avec ce qu'avait écrit L. Walras (1834-1910), Pareto a identifiée l'ophélimité élémentaire à la "rareté relative" (cf. ce texte de ).

c. Les économistes autrichiens.

De leur côté, les économistes dits "autrichiens" -... par les auteurs "marxistes"- ont développé leurs propositions économiques dans la droite ligne de leur initiateur, Carl Menger (1840-1921), qui précisait dans la décennie 1870, en suivant Say, que l'utilité n'était pas inhérente aux "biens", mais au jugement de vous et moi.

Quelques décennies plus tard, tout en se situant dans cette dernière perspective, Ludwig von Mises (1881-1973) généralisait la précision et expliquait que:

"La science économique ne porte pas sur les biens et services, elle porte sur les actions des hommes en vie.

Son but n'est pas de s'attarder sur des constructions imaginaires telles que l'équilibre. Ces constructions ne sont que des outils de raisonnement.

La seule tâche de la science économique est l'analyse des actions des hommes, c'est l'analyse des processus." (Mises, 1962, cf. ce texte).

Bref, à la base de l'économie politique, il y avait la praxéologie.

Entretemps, en 1892, Menger s'était opposé à la double idée fausse en cours:

- qu'il y avait une valeur d’échange, quantum déterminé inhérent à chaque bien individuel, et

- que ce quantum pouvait être mesuré par le quantum de valeur renfermé dans l’unité monétaire (cf. Carl Menger,

"La monnaie, mesure de valeur", Revue d’économie politique, Vol. VI).

Il avait conclu l'article en ces termes:

"[...] l’échange n’a pas pour base

- la mesure de certains quantum de valeur,

- mais le prix qui s’est établi sur le marché sous l’empire des mobiles [...], chacun de ceux dont le concours a formé ce prix ne poursuivant que son propre avantage".

Bref, pour les économistes autrichiens, le point de départ de l'économie politique est aussi ce que cachent les prix passés et non pas ses seuls résultats, comme l'ont supposé Pareto et ses disciples.

4. Les historicistes.

Mais tout cela a été déformé ou dénaturé parallèlement par les économistes dits "historicistes" de la fin du XIXème siècle, pour ne pas dire "marxistes", tant en France qu'en Allemagne (cf. le texte de F. Facchini (2016) évoqué dans ce texte de février 2016) contre quoi Mises s'était élevé dans un texte de 1917-18, cf. ce texte de janvier 2014).

Et ce ne sont pas les nombreuses références à J. Schumpeter (1883-1950) à quoi a procédé Barre dans son livre qui ont infléchi la situation, bien au contraire. 

5. La restauration de la raison.

D'après Léonard Peikoff dans un article intitulé “The Analytic-Synthetic Dichotomy” paru dans The Objectivist, mai-septembre 1967 (extrait de Ayn Rand et Leonard Peikoff : Introduction to Objectivist Epistemology, New York, New American Library, 1979 ; traduit de l'anglais par François Guillaumat en novembre 1988), il faut avoir conscience que :

"Les présupposés qui [...] sous-tendent [beaucoup de propositions] imprègnent notre atmosphère intellectuelle comme des microbes d'une peste noire épistémologique qui se tiendrait à l'affût pour infecter et abattre toute idée qui se réclamerait d'une argumentation logique concluante.

Peste qui répand le subjectivisme et la dévastation conceptuelle dans son sillage.

Cette peste est une théorie formelle chez les spécialistes de la philosophie.

On l'appelle la dichotomie analytique-synthétique.

Elle est acceptée, sous une forme ou sous une autre, pratiquement par tous les philosophes contemporains influents : aussi bien les pragmatiques que les positivistes logiques, les analystes et les existentialistes.

La théorie de la dichotomie analytique-synthétique pénètre dans tous les recoins de notre culture, atteignant, directement ou indirectement, toute vie, tout problème et toute préoccupation humaine.

Ses porteurs sont légion, ses formes subtilement diverses, ses causes fondamentales complexes et occultes et ses premiers symptômes prosaïques et apparemment bénins.

Mais elle est mortelle.

En fait, la comparaison avec une peste n'est pas complètement exacte.

Une peste attaque le corps de l'homme, non sa faculté conceptuelle ; et elle n'est pas propagée par ceux dont c'est le métier d'en protéger les gens.

Aujourd'hui, chacun doit être son propre garde du corps intellectuel. Sous quelque forme qu'il soit confronté à la théorie de la dichotomie analytique-synthétique, il doit être capable de la déceler, de la comprendre, et de lui répondre.

Ce n'est qu'à ce prix qu'il pourra résister à l'assaut et demeurer épistémologiquement intact."

Et Peikoff de poursuivre quelques lignes plus loin son propos en ces termes:

"Dans le domaine des propositions, il n'y a qu'une distinction épistémologique fondamentale: la vérité et l'erreur.

Et une seule question fondamentale : par quelle méthode découvre-t-on et valide-t-on la connaissance vraie ?

Implanter une dichotomie à l'origine de la connaissance humaine, affirmer qu'il y a des méthodes de validation et des types de vérité opposés est une procédure sans fondement ni justification.

Dans un sens, aucune vérité n'est "analytique".

Aucune proposition ne peut être validée par une simple "analyse conceptuelle" ; le contenu du concept, à savoir les caractéristiques des existants qu'il intègre, doit être découvert et validé par l'observation, avant qu'aucune "analyse" ne soit possible.

Dans un autre sens, toutes les vérités sont analytiques.

Quand une caractéristique quelconque d'une entité a été découverte, la proposition attribuant cette caractéristique à l'entité en question sera identifiée comme "logiquement vraie" (sa négation contredirait la signification du concept désignant l'entité).

Dans les deux cas, la dichotomie analytique-logique-tautologique contre synthétique-empirique-factuel s'effondre complètement.

Pour justifier leur opinion que certaines des caractéristiques d'une entité sont exclues du concept qui la désigne, aussi bien les platoniciens que les nominalistes font appel à la distinction entre les caractéristiques "essentielles" et "non-essentielles" d'une entité.

Pour les platoniciens, cette division représente une division métaphysique, intrinsèque à l'entité, indépendante de l'homme et de la connaissance humaine.

Pour les nominalistes, elle émane d'une décision humaine subjective, indépendante des faits de la réalité.

Pour ces deux écoles, quelles que soient leurs différences terminologiques ou autres, un concept ne désigne que les caractéristiques essentielles (ou définitionnelles) de ses unités.

Ni l'une ni l'autre école ne fournit de distinction objective pour la distinction entre les caractéristiques "essentielles" et "non-essentielles" d'une entité (le surnaturalisme, dans sa forme avouée ou laïcisée, n'est une base objective de rien du tout).

Ni l'une ni l'autre école n'explique pourquoi une telle distinction serait objectivement nécessitée par le processus de conceptualisation.

Cette explication est fournie par l'objectivisme, qui expose les erreurs fondamentales de la position platonicienne-nominaliste.[...]

Pour recouvrer l'empire de la philosophie, il faut absolument mettre en cause, pour les éliminer, les prémisses fondamentales qui sont responsables de la débâcle actuelle.

Un progrès majeur dans cette direction serait d'éliminer cet instrument de mort connu sous le nom de dichotomie analytique-synthétique."

6. Un dernier mot.

Les notions de monnaie ou d'équilibre économique procèdent ainsi aujourd'hui de ces absurdités dénoncées par Peikoff.

Je vous renvoie à mes billets

- sur l'équilibre économique

* http://blog.georgeslane.fr/category/Ignorance...t-duree/page/79

* target="_blank" http://blog.georgeslane.fr/category/Ignora...t-duree/page/99 mais aussi

* à target="_blank" ce texte de F. Machlup de 1958 et

- sur ce qu'on dénomme à tort "monnaie"

(cf. http://blog.georgeslane.fr/category/13-Monnaie).

 

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Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France. Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur
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