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Au cinéma : A la Une du New-York Times

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Publié le 30 novembre 2011
1150 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

A la Une du New-York Times est un documentaire réalisé par Andrew Rossi. Il est sorti en salles en France le 23 novembre 2011. Il s’ouvre sur un triste bilan : nombre d’entreprises de presse écrite font faillite aux Etats-Unis. Le New-York Times, véritable institution et un des principaux quotidiens américains fondé en 1851 par Henry Jarvis et Georges Jones, est lui aussi menacé.


Andrew Rossi s’est immergé pendant quatorze mois au sein de sa rédaction afin de mieux en comprendre les difficultés et défis. Il nous livre un documentaire complexe et touffu  revenant sur les grandes mutations du secteur. Le réalisateur, présent à l’avant-première à laquelle j’ai assisté, revendique son indépendance vis-à-vis du quotidien. Pour autant, son documentaire comporte, de mon point de vue, de nombreux partis-pris contestables. Je le recommande cependant parce qu’il est instructif et suscite le débat.


Le documentaire suit quatre protagonistes. David Carr a été embauché au New-York Times suite à la publication de son ouvrage The night of the gun où il décrit son combat contre sa dépendance aux drogues. Il y est chroniqueur média. Brian Stelter, petit génie qui à 18 ans crée un blog devenu depuis une référence : tvnewsers.com. Engagé à l’âge de 21 ans par le journal, il y couvre la télévision et les nouveaux médias. Bill Keller était le directeur de la rédaction du New York Times  au moment du tournage. Il a depuis été remplacé par Jill Abramson. Et Bruce Headlam, rédacteur en chef du « media desk » (le service qui couvre les moyens d'information du journal).


A travers le travail et les réactions de ces protagonistes, nous assistons à la vie d’un journal en proie au doute. A la Une du New-York Times (Page One : Inside the New-York Times) nous invite à observer le fonctionnement d’une rédaction et à comprendre le travail journalistique afin de tirer, d’une certaine façon, la sonnette d’alarme.


Le travail journalistique demande des moyens, une structure, des correspondants-experts, de l’investigation, des sources, la vérification de ces dernières et donc du temps et de l’argent. De fait, l’information n’est pas un bien gratuit.  Or, ce modèle économique est aujourd’hui remis en cause. Le New-York Times tire ses revenus de la publicité et de la vente de ses journaux. La chute brutale des achats d’espace publicitaire d’un côté, et la diminution des ventes de l’autre, mettent en péril sa pérennité. Et pour cause, à l’heure actuelle les gens se tournent davantage vers Internet pour trouver de l’information. D’autant que des outils comme Twitter sont d’une réactivité implacable et révèlent souvent des scoops bien avant les journaux traditionnels qui ne font que les reprendre par la suite.


La « gratuité » d’Internet et la plateforme de partage qu’il offre à l’échelle mondiale remet, de fait, en cause de nombreux modèles économiques.  Je suis néanmoins étonnée à ce sujet que l’auteur ne mentionne pas un élément clé à la compréhension du vrai problème. En effet, Internet opère certes un changement de plateforme mais pas nécessairement de contenu. Son modèle économique n’est pas si révolutionnaire puisqu’il repose lui-aussi le plus souvent sur la publicité. Ce qu’il  oublie de rappeler, c’est que si les utilisateurs manifestent leur préférence pour la consommation de contenus sur Internet, les annonceurs, eux, n’ont pas embrayé. Les tarifs publicitaires sur Internet restent encore faibles et ne sont souvent pas proportionnels au trafic. Cela pose un vrai problème pour la rémunération des journalistes.


Par ailleurs, la presse écrite est confrontée à une nouvelle forme de concurrence. Les réseaux sociaux deviennent de vraies sources d’informations qui peuvent s’affranchir des rédactions traditionnelles. Facebook, Twitter, les blogs sont parfois plus réactifs pour diffuser de l’information. Oui répondent les journalistes un peu désabusés du NY Times, mais ces informations sont livrées à l’état brut et ne sont pas analysées par un expert de la question. Ils sont ainsi déconcertés par les actions de Julien Assange via Wikileaks et  par la mise en ligne d’une vidéo sur youtube « Collateral Murder », filmée depuis un hélicoptère américain Apache ouvrant le feu sur des innocents à Bagdad. Une bavure flagrante qui va bouleverser le monde entier. Les journalistes du New-York Times réalisent ainsi avec désarroi que Wikileaks n’a pas besoin d’eux et que tout le monde peut aujourd’hui intervenir dans le débat public. Internet offre des outils de publication qui permettent de s’affranchir des organes de presse traditionnels et représente une alternative à la censure ou à l’autocensure. Faut-il le déplorer ?


Enfin le documentaire parle très rapidement des scandales qui ont flétri l’image du journal. C’est pourtant ce que j’aurais mis en avant. En effet, quel capital est plus important pour une entreprise de presse respectable que la confiance et la crédibilité ? Pourquoi acheter un journal si on a un doute sur son indépendance et sa capacité à révéler des informations vérifiées ? Et Andrew Rossi de brandir l’affaire du Watergate pour illustrer l’importance du journaliste dans une société démocratique. Malheureusement, cela dessert plutôt son propos car difficile de ne pas conclure à la pauvreté du journalisme si, pour redorer son blason, le seul exemple de journalisme d’investigation à nous montrer date des années 70 !

A l’opposé, l’affaire Juliette Harris, beaucoup plus récente, est de nature à ébranler à elle seule tout un édifice et constitue un contre-exemple du Watergate. Journaliste au NY Times, Juliette Harris affirme en septembre 2002 avoir des sources sûres selon lesquelles l’Irak détiendrait des ADM (Armes à destruction massives.) L’information, publiée dans un journal réputé de centre gauche et plutôt favorable aux candidats démocrates, ne pouvait pas être suspectée d’être propagandiste. Elle va ainsi contribuer  à rallier l’opinion publique à une intervention en Irak souhaitée par l’administration Bush. Reste que l’information se révélera inexacte et en 2004, le NY Times regrette dans un éditorial que « l'information prêtant à controverse n'ait jamais été contre-vérifiée… ». Sur un sujet de cette importance, on ne peut, en effet, que le déplorer. Doit-on s’étonner que les lecteurs se montrent dorénavant plus méfiants et se tournent vers d’autres sources d’informations ?

Le parti pris de l’auteur est de défendre le travail du journaliste mais il semble penser que seule la presse écrite est de nature à offrir une qualité qu’Internet n’atteindra jamais. Il mélange plusieurs problèmes ce qui nuit à la compréhension du sujet. Internet n’est pas la poubelle des idées comme on l’entend souvent. On y trouve au contraire des articles d’excellentes qualités. D’ailleurs le NY Times a lancé une version en ligne et une application mobile.

Certes, on trouve de tout sur Internet mais la pertinence reste un des critères de recherche primordial et on voit rarement un article remonter en tête alors qu’il est totalement hors-sujet ou faux. Le métier de journaliste vit des mutations réelles mais cela ne signifie pas qu’il va disparaître. Internet bouscule les modèles traditionnels et cela nécessite un temps d’ajustement. Le corporatisme n’accélère malheureusement pas le mouvement.

 

 

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Charlotte Philippe, adepte de nouvelles technologies, de cinéma et de séries, après un parcours de chef d'entreprise e-commerce et une formation de communication Web est rédactrice Web et Community Manager. Son blog : charlottephilippe.com et son blog séries TV : actuseries.fr
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