« Les dramatis
personae de la classe libérale sont tous représentés au sein de cette
profession : les innovateurs financiers. Un ensemble de collègues
ambitieux qui cherchent à fournir des emplois ambitieux à leurs enfants. Des directeurs
d’entreprises qui défendent des causes nobles. Des distinctions, bien
entendu, et d’excellents succès académiques.
Certaines
industries jouent ici un rôle important et vertueux. Les discours d’Hillary
Clinton en faveur de Wall Street sont bien connus, mais ce qui est plus
remarquable, c’est que parmi le parti de Jackson et Bryan et Roosevelt, les
financiers semblent désormais se tenir à chaque coin de rue, offrant
constamment des conseils concernant ceci ou cela. Dans une chaine d’emails
devenus célèbres, le représentant commercial actuel des Etats-Unis, Michal
Froman, écrivant à partir d’une adresse email Citibank, semble avoir nominé
le cabinet d’Obama en 2008, avant même que les élections ne touchent à leur
fin (un indice important quant à la raison pour laquelle l’administration en
place n’a jamais mis fin aux souffrances de cette banque zombie).
Hillary Clinton
a peuplé son Département d’Etat de banquiers d’investissement et a fait des
promesses à des banques d’investissement dès son accès au Département. Bien
évidemment, elle pense que toute réforme bancaire devrait « provenir de
l’industrie elle-même ». Et aucun des membres de l’élite bancaire n’a
été poursuivi en justice par l’administration Obama.
Lisez ces emails
et vous comprendrez, pour commencer, que ceux qui composent le palier
supérieur de la société américaine se connaissent tous. Ils sont tous
constamment engagés dans la promotion de la carrière des autres.
Dans ce monde,
tout se mélange au reste. Le Département d’Etat, les banques, la Silicon
Valley, les associations à but non lucratif, la Global CEO Advisory Firm
qui a sollicité des financements pour la Fondation Clinton. Les directeurs
vont ici de fondations à gouvernement à groupes de réflexion à start-ups. Il
y a des honneurs. Des fonds de capital-risque. Des subventions de fonds. Des
chaires dotées. Des diplômes supérieurs. Pour eux les portes s’ouvrent. Leurs
amis connaissent le succès. Ils brisent toutes les barrières.
Mais pour les
autres, la Grande Frontière demeure. Nous sommes supposés vivre dans une
méritocratie. Mais si vous n’appartenez pas à ce groupe heureux et prospère –
si vous n’avez pas l’adresse email de John Podesta – vous n’avez aucune
chance. »
Thomas Frank, Podesta
Emails Show Who Runs America and How They Do It
« Beaucoup d’entre eux sont devenus riches par leurs connexions et leur
malhonnêteté. Ils créent une société au sein de laquelle ils peuvent
commettre des crimes économiques en toute impunité, et au sein de laquelle
seuls les enfants des plus riches ont l’opportunité de connaître un jour le
succès. C’est cela qui me pose problème. Et beaucoup sont du même avis que
moi. »
Charles Ferguson, Predator Nation
« Larry Summers s’est assis confortablement dans son fauteuil et m’a
offert quelques conseils. J’avais le choix. Je pouvais devenir une insider,
ou bien une outsider. Les outsiders peuvent dire ce qu’ils veulent.
Mais ceux qui
sont à l’intérieur ne les écoutent pas. Les insiders, quant à eux, ont une
chance de pouvoir défendre leurs idées. Des gens puissants sont là pour
écouter ce qu’ils ont à dire. Mais les insiders comprennent aussi une règle
immuable : ils ne peuvent pas critiquer les autres insiders. »
Elizabeth Warren, A Fighting Chance