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Comprendre la pénurie de logements

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Publié le 19 février 2008
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Inutile de dire que les théories que je développe dans mon livre "Logement, crise publique, remèdes privés", suscitent parfois une certaine résistance. Notamment, certaines personnes affirment "qu'il n'y a pas de pénurie de logement  puisque l'on observe, dans un nombre croissant de villes, des durées de mise sur le marché qui augmentent, des programmes neufs qui ne trouvent pas preneur, etc... L'existence de programmes qui se vendent mal montre qu'aujourd'hui, l'offre est supérieure à la demande"

 

Voyons pourquoi ce raisonnement est erroné.

 

Deuxième volet consacré aux idées fausses qui circulent sur la crise du logement, et notamment sur certains forums. Aujourd'hui,

 

Mythe n°2 : "Il n'y a pas de pénurie de logements"

 

Certaines personnes affirment "qu'il n'y a pas de pénurie de logement  puisque l'on observe, dans un nombre croissant de villes, des durées de mise sur le marché qui augmentent, des programmes neufs qui ne trouvent pas preneur, etc... L'existence de programmes qui se vendent mal montre qu'aujourd'hui, l'offre est supérieure à la demande"

 

Ce raisonnement part du principe que la demande de logement ne se définit qu'à travers sa part solvable. Ce raisonnement serait valide sur bien des marchés, mais par sur celui du logement. En effet, contrairement à bien d'autres produits, le logement est considéré comme indispensable par la quasi totalité des ménages. Derrière une famille sans adresse fixe (dans la rue, dans un foyer d'urgence, une tente, une caravane, chez un ami conciliant), se cache donc presque systématiquement une demande non satisfaite par l'offre disponible, quand bien même cette demande ne serait même pas exprimée, les familles concernées ne se faisant pas d'illusion sur leur solvabilité.

 

Si on laisse de côté le problème d'un manque occasionnel d'appariement de la demande et de l'offre, évoqué ici même il y a peu, il n'en reste pas moins à expliquer la  coexistence de famille trop démunies pour trouver un logement, aux côtés de logements neufs qui trouvent de moins en moins facilement preneur, à l'achat comme à la location.

 

Ces logements ont été construits sur des terrains achetés il y a deux ans, voire plus, en pleine phase ascensionnelle des prix. Lorsque le logement arrive sur le marché, l'offreur souhaite rentrer dans ses frais: si le marché est stagnant, voire en phase de retournement, le logement vendu initialement au dessus de son prix de revient peut se retrouver au dessus de ce que la demande solvable du moment peut payer. Par conséquent, le logement ne trouve pas preneur. D'une façon générale, on constate que les vendeurs ou bailleurs, dans ces conditions, peinent à reconnaître que leur estimation initiale du marché était trop haute, et tardent parfois à ajuster leurs prix à la baisse, car c'est un acte psychologiquement difficile. Mais si la mévente se poursuit, la baisse finit toujours par se produire: il faut bien faire rentrer de l'argent, fut-ce à perte.

 

Lorsqu'on parle de pénurie de logements, on parle évidemment d'un manque de logements disponible à un prix que les familles démunies sont prêtes à payer, et non d'une offre quantitativement inférieure à la seule demande solvable du logement. L'existence d'une pénurie de logements abordables est donc tout à fait compatible avec une hausse temporaire des stocks invendus.

 

Mais au fait, comment chiffre-t-on cette pénurie ? Selon l'institut Héritage et Progrès, dirigé par Christian Julienne, il ne faut pas s'en tenir aux seules 700 000 familles sans adresse fixes recensées par la fondation Abbé Pierre. En effet, il faut prendre en compte l'évolution prévisible du nombre de ménages, observer les tendances démographiques et migratoires entre régions, et maintenir un volant de logements vacants "frictionnels" (c'est à dire vacants pour une courte période entre deux occupants) suffisant, pour calculer le nombre de logements nécessaires au maintien d'une bonne fluidité du marché, permettant aux familles de concrétiser une recherche dans un temps raisonnable. En outre, il faut tenir compte de l'arrivée en fin de vie de logements insalubres, qui, sur un marché "normal", devraient ne pas trouver preneur, au profit d'unités plus récentes ou mieux entretenues.

 

En tenant compte de l'ensemble de ces paramètres, l'institut estime que ce sont entre 50 et 100 000 logements qui auraient dû être construits chaque année de 1980, soit une pénurie supérieure à 1,5 Millions d'unités.  Et encore les hypothèses d'H&P sont elles conservatrices.

 

Vous me direz qu'il y a 1,9 millions de logements vacants: comment peut on affirmer qu'il y a une pénurie d'1,5 Millions d'unités dans ces conditions ?

 

Tout d'abord, 1,9 millions de logements vacants représentent 6% du parc : c'est moins que ce que l'on a observé dans les 30 années précédentes.   

 

Une grande partie de cette vacance est purement frictionnelle et peu évitable: logements vacants à un instant T entre deux locataires, logements en règlement de succession, de divorce... En outre, une partie des logements vacants se situent dans des régions faiblement actives économiquement et démographiquement : Montluçon n'est pas Paris.  Une pénurie en Ile de France peut très bien coexister avec une offre abondante dans des endroits où les candidats à l'installation sont rares. Une partie des logements vacants est en trop mauvais état pour être louée. Enfin, à la marge, les tailles de logements disponibles peuvent ne pas correspondre à la typologie des demandes à un endroit donné.

 

Les propriétaires qui font de la "rétention" de logement vacant, parce qu'ils ont peur des ennuis que leur occasionnerait un mauvais locataire (souvent suite à une expérience vécue) du fait de la réglementation actuelle trop défavorable aux propriétaires, sont moins de 450 000, selon plusieurs sources immobilières. Leur retour sur le marché, pour bénéfique qu'il serait, ne comblerait pas l'ensemble des manques, loin s'en faut. Il est donc faux d'attribuer la pénurie de logements à la seule rétention des propriétaires.

 

La pénurie de logements correspondant à la fois aux besoins d'espace et à la localisation des familles modestes ou moyennes et à leur solvabilité, est bien réelle

 

Vincent Bénard

Objectif Liberte.fr

Egalement par Vincent Bénard

 

Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones dédiés à la diffusion de la pensée libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement, crise publique, remèdes privés", ouvrage publié fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de marché pour y remédier.

 

Il est l'auteur du blog "Objectif Liberté" www.objectifliberte.fr

 

Publications :

"Logement: crise publique, remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat

Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république, bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La doc française, avec Pierre de la Coste

 

 

Publié avec l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits réservés par Vincent Bénard.

 

 

 

 

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Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org).
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