L’Etre
Humain est constamment à la recherche de moyens plus efficaces et plus
rapides d’exécuter des tâches. Prenons par exemple la
transmission d’un message à un public Américain mal
informé. Si un profane désire en savoir plus sur la nature de
la monnaie et du système bancaire, je lui conseillerais de lire
l’ouvrage de Murray Rothbard Le gouvernement
et la monnaie. De mon point de vue, ce grand classique de Rothbart a toujours été la meilleure
introduction à ce sujet. Gary North a
également écrit un essai intitulé Honest Money qui a beaucoup
attiré mon attention non pas pour son raisonnement économique,
mais pour les touches originales que j’ai pu y trouver. L’essai
de North pourrait-il parler à plus de
personnes que le livre de Rothbard ?
Je me dois de
préciser ici que Honest Money est
également appelé The Biblical Blueprint for Money
and Banking et que chacun de ses chapitres
commence par une référence à la Bible et aux
éthiques Chrétiennes. En introduction de son ouvrage, North pose une question très importante :
Comment les
violations des principes Bibliques par l’Occident ont-elles pu
déboucher sur la crise de 2008 et ce qui en a
découlé ? Il pose également une deuxième
question : Que devrons-nous construire sur les ruines de notre
système actuel après son effondrement ?
Pour tous ceux
d’entre vous qui s’imaginent que la Bible s’oppose à
l’utilisation d’une monnaie honnête, North
apparaîtra comme un envoyé de Dieu. Même pour ceux qui
s’opposent fermement à une vision religieuse du monde, son livre
apporte des bases solides à l’histoire et à la
théorie de la monnaie. L’excellente compréhension
qu’a North du système monétaire
et bancaire, ainsi que son style d’écriture très simple,
rend son ouvrage très facile à lire. Son discours nous propulse
au plus lointain de l’histoire de la monnaie, alors qu’elle
était encore innocente et utilisée dans le seul but de
faciliter les échanges et nous porte jusqu’à sa
maturité corrompue et au service des élites assoiffées
de pouvoir.
Son livre
présente également des points clés à la fin de
chaque chapitre qui résument les idées principales qui y sont
développées. Ils sont selon moi indispensables. Et en plus de
cela, le livre de North est assez court pour
être lu d’une seule traite.
Les choix
de Crusoé
North commence par faire mention de la plus
grande star de l’analyse économique : Robinson Crusoé. Mais plutôt que d’utiliser le
schéma d’étude habituel et de se pencher sur la
manière dont Crusoé gère son
temps, North dramatise quelque peu les choses en
les présentant d’une manière appropriée aux yeux
d’une personne venant d’échouer sur une île
déserte. Voici ce qu’il écrit :
Disons que Crusoé puisse extraire une certaine
quantité de biens du navire et qu’il ait pu fabriquer un radeau
rudimentaire utilisable pour les transporter jusqu’au rivage. Le navire
coule lentement et il doit agir vite. Une tempête se forme à
l’horizon. Il ne peut donc pas tout récupérer. Que
doit-il prendre en premier ? Qu’est-ce qui aura le plus de valeur
à ses yeux ? Il prend bien évidemment sa décision
en fonction de ce qu’il pense qui lui sera le plus utile sur
l’île.
Pour lui, la
valeur d’un outil n’a rien à voir avec l’argent
qu’il a originellement coûté. Il pourrait avoir la
possibilité de récupérer une horloge très
chère ou un instrument de musique sophistiqué, mais il ne le
ferait certainement pas. Il favoriserait certainement des couteaux solides,
un miroir (pour lancer des signaux aux bateaux passant à
l’horizon), un baril (pour collecter l’eau de pluie) et une
douzaine d’autres outils qui pourraient faire une grande
différence en matière de vie ou de mort.
En
d’autres termes, toute valeur n’est que subjective. La valeur des
objets qu’il choisit dépend complètement de ce
qu’il pourra en tirer. Crusoé
détermine combien de temps il lui reste avant que le navire coule,
combien pèsent les objets qu’il a
récupérés, quelle largeur fait son radeau, et regarde si
la mer est agitée. Il sélectionne les biens à
transporter sur la terre ferme en fonction de ces différents
critères.
Les conditions
sur l’île sont objectives et il en va de même pour les
outils que contient le bateau, mais tous ces éléments sont
évalués subjectivement par Crusoé.
Il se pose la question de savoir quelle valeur pourra avoir un certain objet
à ses yeux. Son point de vue est le seul déterminant de la
valeur d’un objet.
North se demande ensuite ce qu’il en
serait si Crusoé savait que le capitaine du
bateau y avait caché un coffre rempli de pièces d’or.
Retournerait-il dans la chambre du capitaine pour y chercher le coffre au
trésor et l’embarquer sur son radeau ? A moins qu’il
espère pouvoir être secouru bientôt, il ne le ferait pas.
Des pièces d’or n’auraient aucune utilité à
un homme perdu sur une île déserte.
Aux yeux de Crusoé, l’or n’est pas une forme de
richesse. Il est lourd et il pourrait faire couler son radeau. Non seulement
il l’aperçoit comme inutile mais le considère
également comme passif.
Voici comment North présente à ses lecteurs la
différence entre les notions de réalité objective et de
préférences subjectives, et le fait que la monnaie
n’apparaît au sein d’une société que dans un
contexte social. Avec personne avec qui commercer, notre pauvre Crusoé n’en a nul besoin.
Qu’est-ce
que la monnaie, et d’où vient-elle ?
Dans les
articles suivants, North développe cette
idée. La monnaie est un moyen d’échange universellement
accepté. Elle n’était à l’origine pas
imposée par les gouvernements, mais née d’une
compétition entre un certain nombre de biens qui circulaient sur le
marché en tant que moyen d’échange le plus largement accepté.
Au fil des siècles, l’or et l’argent devinrent les
monnaies les plus répandues.
Nous savons ce
que de la monnaie vaut aujourd’hui parce que nous savons ce
qu’elle permettait d’acheter hier et, pour cette raison, nous
pensons qu’elle aura encore du pouvoir d’achat demain. Si nous
remontons un peu plus loin dans le temps (en suivant l’argument de
Mises présenté
par Robert P. Murphy), nous pouvons utiliser le pouvoir d’achat
passé de ce que nous appelons monnaie pour expliquer ce que nous en
attendons. Si nous remontons assez loin dans le temps, nous en arrivons
à un point où notre monnaie n’était pas encore
utilisée comme moyen d’échange (et encore moins en tant
que monnaie). Un jour, une première personne l’a acceptée
comme moyen d’échange, à partir de quoi elle est devenue
plus largement acceptée – non pas pour consommer mais pour
commercer. Avant de devenir un moyen d’échange, cette monnaie
était évaluée strictement pour son utilisation dans les
échanges directs.
Une monnaie
naît donc de son acceptation commune dans les échanges directs.
Elle devient alors utilisée dans les échanges indirects avant
de jouer le rôle d’un moyen d’échange largement puis
universellement accepté.
Qu’en
est-il de la masse monétaire ? Qui la détermine ?
Si une monnaie
est saine, alors le marché contrôle la masse monétaire.
Dans notre monde d’aujourd’hui, la masse monétaire est
déterminée par un comité. De la même
manière que nous ne voudrions pas qu’un comité fixe les
prix pour nous, un comité ne devrait pas non plus contrôler la
monnaie dans laquelle sont indiqués les prix.
Ceci
soulève une autre question : Comment savoir que le comité
en question prendra des décisions allant dans le sens des citoyens ?
Comment pouvons-nous être certains qu’il ne jouera pas avec la
masse monétaire pour rendre son propre nid économique plus
confortable ?
Manipuler la
masse monétaire était une tâche bien plus
compliquée lorsque la monnaie était un métal
précieux. Les fraudeurs trouvaient cependant toujours une
manière de tricher. Le poids de la monnaie était habituellement
bien moins élevé que celui du bien acheté et le vendeur
pouvait ajuster les balances pour rendre la monnaie encore plus
légère et le produit vendu plus lourd. North
indique également ici que Dieu a délivré les Hommes du
servage et a le pouvoir de les rendre à nouveau esclaves s’ils
décident d’escroquer les autres sur le plan monétaire.
Pour les Chrétiens, le système bancaire central est-il une manifestation
du courroux de Dieu ? Que ce soit le cas ou non, notre arrangement avec
la Fed est une forme d’esclavage.
L’ajustement
frauduleux des balances était une tentative d’obtenir quelque
chose contre rien du tout. Il en va de même pour la dévaluation
de devises. La monnaie papier distribuée en tant que
‘reçus’ contre du métal précieux nous a
permis d’entrer une nouvelle ère de pillage : ‘Une
pièce contrefaite peut être pesée. Un morceau de papier
ressemble à n’importe quel autre morceau de papier’. La
plus grande fraude de toutes est la monnaie papier des gouvernements qui a
proliféré de part et d’autre du monde depuis le 15
août 1971.
Un public
complaisant
Et qu’en
est-il du malheureux public ? Finira-t-il par se révolter ?
Cela
n’arrive pas souvent. Le public décide qu’une monnaie
papier est une monnaie et qu’une monnaie métal n’en est
pas. Si du papier est accepté par le magasin d’en bas de la rue,
alors quel est le problème ? Qui s’inquiète de
savoir si les prix grimpent d’année en année ?
Qu’est-ce qu’une inflation ‘soutenue’ des prix ?
Nous nous en sortons tous de mieux en mieux, non ?
‘L’inflation
ne peut faire de mal à personne’ est une idée fausse bien
trop répandue dans les esprits des plus jeunes. L’inflation peut
venir à bout de toute personne dont le salaire n’augmente pas
dans le même sens que les prix, et quand je dis salaire, je veux dire
salaire net.
L’inflation
alimente les taux progressifs de l’impôt sur le revenu. Ce
dernier est né en 1913 et était si peu élevé et
applicable à des revenus si élevés que personne ne
s’en inquiétait, de la même manière que personne ne
s’inquiète aujourd’hui d’un faible taux
d’inflation. A l’époque, une famille gagnait en moyenne
1000 dollars par an, et la taxe n’était applicable qu’aux
revenus annuels de plus de 20.000 dollars et était de seulement 1%. Le
très peu de gens qui gagnaient plus de 500.000 dollars par an payaient
une taxe de 7%.
Mais une fois
la loi mise en application, les politiciens en ont changé les
règles. En 1916, alors que Woodrow Wilson
hurlait à ses citoyens qu’il n’entrerait pas en guerre,
l’impôt sur les revenus les plus élevé passa
à 15%. L’année suivante, alors que Wilson envoyait ses
hommes vers l’Europe, un impôt sur le revenu fut imposé
à tous les salaires de plus de 2000 dollars et le taux
d’imposition des salaires les plus élevés atteint 67%,
puis 77% l’année suivante.
Voici quel
était son plan : diminuer le niveau de revenu imposable et
augmenter les impôts sur tous les revenus. Augmenter ensuite la masse
monétaire afin que tout le monde ait un salaire de plus en plus
élevé. Plus vous gagnez, plus le pourcentage que vous retient
l’Etat est important. Comme l’a noté Rothbard :
Par chance, le
nouveau système de Réserve Fédéral coïncida
parfaitement avec l'éclatement de la première guerre mondiale
en Europe et il est généralement considéré que
c’est ce système même qui a permis aux Etats-Unis
d’entrer en guerre et de financer à la fois l’effort de
guerre et ses prêts aux nations étrangères. La Fed a
doublé la masse monétaire des Etats-Unis durant la guerre,
entraînant également un doublement des prix.
L’inflation
n’est qu’un autre nom donné à la
contrefaçon. Les contrefacteurs créent de la monnaie à
partir de rien et la dépensent. Que le contrefacteur soit un individu
ou un gouvernement, il a un objectif identique : obtenir quelque chose
à partir de rien.
Le public n'a
pas confiance en une monnaie contrefaite par un individu privé. Il a
en revanche confiance en la monnaie contrefaite du gouvernement et il se passe
généralement beaucoup de temps avant que cette confiance ne
vienne à se tarir.
Quelle est la
différence entre une monnaie contrefaite par un gouvernement et une
monnaie contrefaite par un individu privé ? Il n’y en a
aucune.
Il
était une fois trois contrefacteurs
L’un des
passages les plus mémorables de Honest Money est le conte des contrefacteurs. Contrefaire, c’est
mal. C’est une ruse infligée aux autres. Il n’en est pas
moins que la contrefaçon est considérée comme normale si
elle est pratiquée à la vue de tous et par les bonnes
personnes.
Dans le conte
de North, trois contrefacteurs sont
démasqués.
Le premier est
un homme d’affaires qui possède une planche à billets et
imprime 500 billets de 20 dollars qu’il dépense et les fait
ainsi entrer dans le circuit monétaire.
Le second est
un employé de l’atelier de frappe monétaire qui frappe un
million de billets de 20 dollars que le gouvernement dépense et les fait
entrer dans le circuit monétaire.
Le
troisième est le directeur d’une banque de New York qui a
prêté un milliard de dollars de monnaie à réserve
fractionnaire à Pemex, une
société pétrolière appartenant au gouvernement
Mexicain. Pemex ne peut plus rembourser
l’argent qui lui a été prêté en raison
d’un effondrement du prix du pétrole.
Qu’arrive-t-il
à ces trois hommes ?
L’homme
d’affaires est arrêté pour contrefaçon et
jeté en prison.
L’employé
du gouvernement continue d’imprimer de la monnaie jusqu’à
ses 65 ans, âge auquel il se retirera et obtiendra une pension
mensuelle.
Le directeur
de banque appelle la Fed qui ensuite appelle le gouvernement Mexicain pour
lui demander d’émettre une obligation de 25 millions de dollars.
La Fed crée ensuite 25 millions de dollars pour acheter cette
obligation. Le gouvernement Mexicain envoie la monnaie à Pemex qui l’envoie ensuite à la banque de
New York et satisfait son prêt. ‘Le directeur de la banque de New
York est vu en héros par ses collègues, et obtient certainement
un bonus de 100.000 dollars pour avoir brillamment reculé une crise bancaire
de trois mois’.
Ces 25
millions de dollars se multiplient ensuite au travers du système
bancaire de réserve fractionnaire, créant ainsi des millions de
nouveaux dollars et une mini-vague
d’inflation.
La
compagnie d’assurance la plus puissante du monde
Pour
connaître le succès, des contrefacteurs ont besoin
d’être protégés. Les plus importants d’entre
eux, c’est-à-dire les banques, ont obtenu la protection
qu’elles recherchaient en 1913, à la naissance du système
de Réserve Fédérale. Le rôle de la Fed a
été discuté lors d’une réunion secrète
entre les élites bancaires et un sénateur Américain
à Jekyll Island, Georgie,
en 1910. Durant des années, les défenseurs de la Fed ont non
seulement nié l’existence de cette réunion mais
également ri au nez de tous ceux qui leur ont apporté une
preuve du contraire. En 2010, ces démentis étaient depuis
longtemps oubliés lorsque les
membres de la Fed se rendaient à Jekyll pour
célébrer sa création.
La mission
publique de la Fed était de prévenir les paniques bancaires,
nom qui était autrefois donné aux récessions. Elle
devait créer une devise élastique qui puisse parvenir à
cela grâce à une gestion réfléchie de la masse
monétaire.
Cette
élasticité s’est cependant dirigée dans une seule
direction, la banque ayant créé des centaines de milliards de
dollars à partir de rien dès 1914. Sous son contrôle,
l’économie a traversé 11 récessions en seulement
un siècle, dont la plus longue jamais enregistrée : celle
de 1929-1945.
Entre 1930 et
1933, 6000 banques ont fait faillite. Seule une d’entre elles
était considérée comme une banque majeure : Bank of
the United States. Contrairement aux autres grosses banques, elle
n’était pas une banque ‘insider’
mais était principalement financée par des marchands Juifs.
L’Etat de New York a fermé ses en 1930. Voici ce que North nous en dit :
L’un des
principaux services que rend la Fed au gouvernement est la
monétisation de sa dette. Quand le gouvernement ne peut pas augmenter
les impôts sans éviter des manifestations, ni emprunter à
des sources privées sans entraîner une hausse des taux
d’intérêts, il appelle la Fed pour qu’elle puisse
acheter sa dette à faible prix.
Le
Trésor crée les certificats de dettes (elle les entre par
ordinateur sous une catégorie intitulée
‘obligations’). La banque centrale les achète à son
tour en entrant une somme par ordinateur sous la catégorie
‘monnaie’. Les données sont ensuite
transférées d’un ordinateur à un autre.
Le
gouvernement utilise la monnaie ainsi obtenue pour acheter ce qu’il
désire (généralement des votes). Cette nouvelle monnaie
est injectée dans l’économie. Si le système
bancaire est un système de réserve fractionnaire, cette monnaie
se multiplie de nombreuses fois. C’est là le processus de
contrefaçon légale que nous appelons inflation.
La Fed
n’achète pas les titres d’Etat directement. Il les
achète à un groupe d’une vingtaine de banques et à
un groupe de trading de New York qui lève
des commissions sur ses opérations.
Question :
Pourquoi la Fed n’achète-t-elle pas directement ces
titres ? Réponse : Parce qu’elle ne permettrait pas
à ces vint banques de générer des commissions.
Conclusion
Une monnaie
honnête n'est pas nécessairement basée sur un
étalon or ou argent. ‘Le seul standard qui importe est le
standard non-fractionnaire, couplé à celui de la
non-manipulation des bilans’.
Une monnaie
honnête est produite par des gens honnêtes. Elle requiert un
système législatif honnête et des gens
disciplinés. Donnez aux gens ce qu’ils veulent, tant que ce
qu’ils veulent est moral, non-frauduleux et non-coercitif.
Tant que la
Fed existe, nous n’aurons pas de monnaie honnête. Le rôle
de la Fed est de nourrir l’inflation au service de ses amis : les
grosses banques et le gouvernement. Une monnaie honnête est un bien
rare, et le cauchemar d’un inflationniste. Au vu de cela, nous ne
devrions jamais remettre en question l’éducation
gouvernementale. Aujourd’hui encore, beaucoup pensent que la Fed combat
l’inflation et seuls très peu de gens savent
pourquoi ce n'est pas le cas.
Ce que je
suggère est que vous offriez à vos amis des copies des livres
de Rothbart et North.
Comme moi, ils pourraient finir par ouvrir les yeux.
|