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Des châteaux en Espagne

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Publié le 31 mai 2012
1204 mots - Temps de lecture : 3 - 4 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Un euro valant ce matin 1,2389 dollars et des taux obligataires en forte hausse témoignent que les capitaux continuent de quitter la zone euro et que les investisseurs vendent quand ils le peuvent les obligations espagnoles et italiennes, mises dans le même sac, qu’ils cherchent aussi un refuge en achetant de la dette américaine, britannique ou allemande, dont les taux sont au plus bas. Un phénomène aussi inquiétant que la hausse du coût de celle des autres. Les obligations à deux ans allemandes étaient assorties ce matin d’un coupon zéro, du jamais vu, tandis que les espagnoles devaient concéder 6,7 % et les italiennes plus de 6 %. Le plus préoccupant étant que le sort de l’Italie est lié à celui de l’Espagne.


Les conciliabules précipités ne manquent pas et s’élargissent aux Américains. Le ministre de l’économie espagnol Luis De Guindos a rencontré hier à Berlin Wolfgang Schäuble, ministre des finances allemand, sans que rien n’ait filtré sur le contenu des discussions. « Le gouvernement allemand a confiance dans la voie des réformes sur laquelle s’est engagée l’Espagne » a affirmé aux journalistes et pour tout commentaire Steffen Seibert, porte-parole du gouvernement allemand. Une conférence téléphonique a eu lieu dans l’après-midi, à laquelle Angela Merkel, Barack Obama, Mario Monti et François Hollande participaient. Comme à chaque fois que la discussion est sérieuse, rien ne sort. Soraya Sáenz de Santamaría, la vice-présidente du gouvernement espagnol, a été dépêchée aux États-Unis, où elle doit rencontrer aujourd’hui Christine Lagarde et Timothy Geithner.


Dans le silence assourdissant ambiant, on n’entend que les dénis allemand et espagnol. Philipp Rösler, le ministre libéral allemand de l’économie, assure que « les problèmes qui affectent actuellement la zone euro peuvent être réglés par une ratification rapide du traité budgétaire, qui peut envoyer un signal fort aux marchés que les Européens sont prêts à défendre leur monnaie ». Luis de Guindos, son homologue espagnol affirme à propos de l’essai raté de recapitalisation de Bankia, contre toute évidence, que « le gouvernement espagnol n’a présenté aucun plan à la BCE et la BCE n’a rien rejeté ».


Passons aux choses sérieuses. Une fois encore, les autorités européennes sont prises à contre-pied. Elles se préparaient à décider lors de leur sommet dans un mois la création d’une « Union européenne bancaire » allant tout régler et pensaient pouvoir repousser la crise espagnole à plus tard. C’était sans compter avec Mariano Rajoy, qui doit être voué aux gémonies.


Le nouveau plan en gestation est prudemment avancé comme devant être mis en place par étapes et repose sur une évidence très tardivement reconnue : il faut déconnecter les dettes privées des dettes publiques pour les traiter séparément en évitant le phénomène de contagion. Mis en image, cela donne qu’il faut couper en deux la patate chaude pour qu’elle refroidisse plus vite.


Pour parer au plus pressé, un fonds européen de garantie des dépôts devrait permettre de diminuer le risque systémique, afin que les déposants ne soient pas incités à les évacuer vers des cieux plus cléments, précipitant les banques dans la déroute. Ce phénomène hante les autorités, car elles ont senti le vent du boulet en Espagne.


L’« Union européenne bancaire » repose sur une mutualisation bancaire des pertes financée par leur taxation. L’idée est de percevoir une cotisation annuelle représentant 1 % des dépôts, et de faire prioritairement payer les actionnaires et les créanciers pour ne pas mettre à contribution les États. Si nécessaire, cette structure pourrait avoir accès en complément au Mécanisme européen de stabilité (MES), ou même à la BCE via celui-ci, mais ces dispositifs qui mobilisent des fonds publics demandent à être précisés et adoptés. La confiance régnant, ladite structure pourrait geler le versement des dividendes et changer le management d’une banque en détresse afin de prendre la main et de piloter son sauvetage, tandis que la BCE fournirait les liquidités permettant de la maintenir à flot.


Le diable tourne autour des détails de cet édifice encore sur plan. Une question de fond n’ayant pas encore été réglée : selon quels critères préventifs de telles mesures lourdes de sens seront elles engagées, afin qu’il ne soit pas trop tard ? Leur annonce ne précipitera-t-elle pas l’effondrement qu’elles chercheront à éviter ? Peut-être que la présentation par la Commission européenne du projet, annoncée pour le 6 juin, abordera ces questions.


Le problème des banques réglé, reste celui des États. Les projets sont de ce côté moins avancés, après avoir débuté par une ode à la croissance qui n’a pas trouvé de point d’appui. Les objectifs sont identifiés, mais il reste à trouver les moyens d’y parvenir. Ils sont au nombre de trois : permettre aux États en péril de bénéficier pour se financer de meilleurs taux sur les marchés, dégager les moyens qui amélioreraient leurs recettes fiscales, et étaler dans le temps le calendrier de réduction du déficit afin qu’il devienne jouable.


La mise en musique de cette feuille de route suppose de trouver un accord portant sur les euro-obligations, dont Pierre Moscovici (le nouveau ministre de l’économie et des finances français) et Jean-Claude Juncker ont tenté hier de définir entre eux les contours, lui donnant comme objet de ne financer qu’une partie de la dette, inférieure à 60 % du PIB par exemple, afin de ne pas pousser au crime.


La poursuite des débat engagés sur les Project bonds et leur financement devrait aboutir à la définition du second volet, mais il reste à trouver le moyen que certains des investissements soient comme le réclame François Hollande à effet immédiat. Enfin, sur le modèle de ce qui vient d’être chichement accordé à l’Espagne par la Commission (mais à confirmer), après avoir été refusé à la Belgique et aux Pays-Bas, un étalement du calendrier de réduction du déficit parachèverait l’édifice. Ce qui ne serait qu’anticipation de ce qu’il faudra de toute manière accepter.


Un tel contexte, une fois adopté, permettrait de maintenir la stratégie de désendettement, après l’avoir largement amendée. Les banques devraient plus compter sur elles-mêmes et le garrot serait un peu desserré sur la gorge des États. Beau comme un camion, ce plan A’ est loin d’être accepté, en raison des farouches oppositions allemandes, ses initiateurs comptant sur les rebondissements de la crise européenne pour les réduire progressivement.


Mais ce plan ne dit pas avec quels bouts de ficelle les banques espagnoles vont être recapitalisées et l’État et les régions vont pouvoir continuer à se financer. La Grèce reste une inconnue sur laquelle il est continué de faire silence, les yeux rivés sur les sondages électoraux qui donnent alternativement vainqueur Nouvelle Démocratie et Syriza. Dans les deux cas, une renégociation du « memorendum » ne pourra pas être évitée, mais les incertitudes restent énormes dans le second et peuvent déjouer ce plan.



Billet rédigé par François Leclerc


Son livre, Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de paraître.


Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.


 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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