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François Fillon vient
d'annoncer des objectifs -louables mais insuffisants- de réduction des
déficits publics, mais reste évasif sur les moyens d'y
parvenir. Fort heureusement, Objectif Liberté explore depuis
maintenant 7 ans les possibilités de réformes
libérales qui se présenteraient à un gouvernement
courageux et lucide. Voici donc la synthèse de 7 années de
propositions, pour que notre pays rebondisse malgré la crise et se
trouve à nouveau un avenir. En deux mots: "Objectif
Liberté !"
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En
2004, ce blog écrivait déjà que "le dérapage de nos finances publiques nous emmenait droit dans
le mur". Malgré les dénégations
répétées de nos ministres, le mur se présente
devant nous, plus haut et dur que jamais. Nous sommes à
l'extrême bord de la faillite, et nombreux sont ceux qui pensent que
nous ne nous en sortirons pas (exemple).
La faillite du
social-dirigisme
Avant d'entrer dans le vif du sujet, une petite remarque à tous ceux
qui veulent à tout prix voir dans la faillite présente celle de
"l'ultra libéralisme" ou d'une prétendue
"dérive libérale" de nos sociétés. Durant
tout le XXème siècle, le poids des états dans
l'économie de tous les pays développés - hors ex bloc
soviétique - a été
multiplié par 3 à 6 (cf.tableau ci
dessous), et même la période récente de l'ère post
"Reagan Thatcher" a vu ce poids moyen augmenter, certains pays
ayant juste légèrement freiné leur étatisation.
En ce qui concerne la France, il n'existe quasiment aucun secteur
d'importance qui échappe à une réglementation
particulière impliquant une distorsion de
la concurrence par l'état.
Pire, même les états intellectuellement les moins
anti-libéraux n'ont pu empêcher de se développer une connivence
extrêmement malsaine entre élites
politiques et élites financières. Ce phénomène,
que certains appellent "ultra-libéralisme" par ignorance, en
est évidemment l'antithèse: notre société est
dirigiste, et que la co-direction soit
assurée par des intérêts financiers
devenus incontrôlables ne change rien à cela.
Quant au rôle des politiques typiquement dirigistes de l'état
américain qui ont totalement distordu les marchés du
crédit et de l'immobilier, ce blog leur a consacré plus d'une vingtaine de
textes, que je vous invite à redécouvrir,
et qui ont largement contribué à sa légère
notoriété.
Bref, nous vivons l'absolue faillite des états providence
tentaculaires, du socialisme soft, du rêve des états de "battre
le marché" en pratiquant l'ingénierie sociale à
grande échelle. Non seulement la faillite qui s'annonce n'est pas
libérale, mais le seul moyen de nous sortir
de cette crise sera de parier à fond sur ce que le génie humain
peut faire lorsqu'il est libre de le faire.
Les annonces de
François Fillon
Un redressement des finances publiques est indispensable, quoi q'en disent
ceux qui craignent, à tort, que
cela ne "casse la reprise". Aussi, les
annonces récentes de François Fillon semblent aller dans le bon
sens, et pour une fois, méritent de ne pas être regardées
avec condescendance.
Mais il est à noter que pour l'instant, ces annonces ne portent que
sur des montants, pas sur des détails, ce qui en amoindrit la
crédibilité. Le premier Ministre espère réduire
les dépenses de 45 milliards d'euros d'ici 2015, augmenter les
recettes de 5 Milliards sur les "niches" fiscales, et que "la
croissance" venue d'on ne sait où lui "donnera" 35
milliards supplémentaires. La fin des mesures des plans de relance
devrait alléger le fardeau dépensier de 15 autres milliards.
Pour bien faire, le gouvernement devrait courageusement annoncer la fin des dépenses
"d'avenir" liées au "grand emprunt",
qui paraissent totalement surréalistes dans un tel contexte. Certes,
le président perdrait la face, mais il vaut mieux cela maintenant que
devoir se mettre en cessation de paiement faute de prêteurs prêts
à continuer à financer la cavalerie budgétaire publique
dans les 5 ans à venir.
Est-ce suffisant ?
Aujourd'hui, la
menace de faillite peut venir de causes endogènes, mais aussi de
causes exogènes: une perte de confiance des prêteurs
internationaux sur un pays comme l'Espagne peut précipiter une crise
majeure. A moins que l'étincelle fatale qui provoque une rechute dans
une nouvelle récession ne vienne des banques
américaines. Dans la situation actuelle,
les risques de "cygne noir",
ces événements imprévisibles et parfois inconcevables
qui bouleversent les situations établies, sont maximaux.
De fait, la "prévision" de croissance de M. Fillon, de 2.5
à 3% de croissance sur plusieurs années à venir,
relèvera du Wishful
Thinking si de tels événements se produisent, et
ils sont très probables.
Il faut donc garder à l'esprit que le plan de rigueur peut être
non pas un moyen d'éviter une faillite des états
(assumée ou déguisée par l'inflation monétaire)
mais seulement la
condition nécessaire pour pouvoir rebondir après la faillite
et ne pas voir la civilisation européenne sombrer dans une réédition
de la très grande crise de 1929.
Ajoutons qu'en
cas de début de reprise, les taux d'intérêts
historiquement bas auxquels les états peuvent se financer auront
vécu: les placements compétitifs par rapport aux dettes
publiques redeviendront attractifs, et du coup, la France ne pourra
guère espérer financer sa dette par des bons à 10 ans
inférieurs à 3%.
Or, un
déficit annuel de 152 milliards (#420 milliards de dépenses
pour 270 de recettes) ajoute à ce taux, mécaniquement, 4.5
milliards de charge d'intérêts à notre dette, soit une
hausse de charges égale à 1.6% des recettes du budget de
l'état (270 Mds en 2010). Que les taux augmentent ne serait-ce que de
1% et ce seront 1.5 milliards de plus de charges qui s'ajouteront à
TOUS LES BUDGETS futurs de l'état du seul fait du déficit 2010.
Et la réduction des déficits devant prendre plusieurs
années, cette accumulation exponentielle de charges
d'intérêts va encore se poursuivre dans les années à
venir.
Cela, ce sont les
conséquences des déficits actuels. Mais le poids des dettes
passées ne sera pas non plus stable dans le temps. L'explosion de
notre dette publique, et la baisse de sa maturité moyenne, promet des
renouvellements de tranche d'emprunts "anciens" à des taux
qui finiront par remonter, ajoutant encore de la charge
d'intérêt...
Sachant que les
recettes de l'état ne pourront guère croitre plus vite que la
croissance brute (croissance nette combinée à l'inflation), que
la hausse de l'inflation n'est pas une option viable, puisqu'elle augmentera
encore plus les taux d'intérêts exigés par les
prêteurs, et qu'à tout moment un cygne noir est susceptible de
faire voler en éclats les "prévisions" de croissance
nette du gouvernement, il devient évident que réduire le
déficit aux "-3% de Maastricht" ne suffira pas pour
simplement permettre à l'état de surmonter l'accroissement de
la charge d'intérêts de sa dette. C'est aussi ce que pense la
banque des règlements internationaux.
Vers une
restructuration "big bang" de l'état
A l'instar de l'administration Truman en
1946, au lendemain de la guerre, notre gouvernement et
tous ceux qui l'entourent doivent viser un retour à l'excédent
budgétaire pour dégonfler leur excès de mauvaise dette,
et dans un laps de temps assez court de surcroît.
Plus encore, ils ne pourront pas compter
sur une hausse des taux de pression fiscale ou de la fiscalité
marginale pour ce faire, car au vu des niveaux atteints, cela porterait un
coup fatal à tout espoir de croissance forte. Au contraire, une baisse
des pressions fiscales marginales est indispensable.
"Mais c'est
impossible", direz vous ? Oui, si on s'en tient à des
"mesurettes". Mais cela n'empêche qu'un changement de cap
économique est plus que jamais
indispensable même s'il n'est pas certain qu'il puisse suffire pour
éviter la faillite.
Répétons
le, dans le pire des cas, il sera nécessaire pour rebondir
après cette faillite. Et je ne parle pas d'une "rigorette"
paisible, non, j'évoque des changements complets de paradigme, de ceux
qui vous réveillent la fibre gréviste d'un syndicaliste mort.
Comment
dégraisser l'état mammouth ?
Que pourrait
d'ores et déjà faire, hors de toute considération de
démagogie vis à vis des partenaires sociaux, le gouvernement
pour tenter de sortir le Titanic budgétaire de la mer d'icebergs dans
laquelle il s'est fourré ?
Listons les
postes de dépense principaux de l'état, selon notre feuille
d'impôt 2010:
- Transferts aux collectivités
: 87 Mds
- Education et Recherche : 85
- Charge de la dette : 43
- Défense 37
- "Investissements d'avenir"
du grand emprunt: 35
- UE : 18
- Sécurité : 16
- Travail et emploi : 11,4
- Ecologie et développement
durable: 10
- Justice: 6,8
- Plan de relance : 6,8
- Autres missions : 63,8 (comportant
entre autres : Logement, agriculture, culture, santé, sports...)
Nous noterons que
ces chiffres diffèrent parfois assez sensiblement de ceux donnés
par une autre branche de Bercy dans ce
PDF, du fait que ce dernier document "dilue" le
grand emprunt par programme qui en "bénéficie".
Les postes
régaliens, "sécurité" et "justice",
ne pourront pas être rognés au vu de la situation actuelle,
où le maintien de l'ordre public est remis en cause dans des
proportions inquiétantes. Cela ne dispense pas d'améliorer
l'efficacité de ces deux institutions, mais nous avons
désespérément besoin d'un état
régalien qui assume ses responsabilités.
Ce n'est donc pas là que les économies seront trouvables.
Ce sont
principalement les "dépenses d'intervention", principalement
nichées dans le chapitre "autres
missions", et les transferts
aux collectivités qui devront être passée au
crible du nécessaire "cost-killing" du secteur public, et
naturellement, conjointement, les dépenses de fonctionnement des
services publics gérant ces budgets.
Je ne reviens pas
sur les "investissements d'avenir", évoqués en
début d'article, mais répétons le encore: l'état
ferait mieux de se retirer de ce business là: les exemples
d'investissements publics d'avenir qui gaspillent notre argent (exemple)
sont infiniment plus nombreux que les réussites.
Il se trouve que dans ce blog, j'ai déjà
abordé à peu près tous les domaines dans lesquels un
gouvernement soucieux de redonner toute sa place à la
société civile pourrait "agir" de façon
bénéfique.
La suite de cet article sera donc le prétexte pour lister ces
réformes de façon télégraphique, en renvoyant
vers le lien illustrant la proposition. Certains de ces liens, un peu
anciens, pourront paraître datés, et certains chiffres
correspondent aux réalités d'il y a quatre ou cinq ans, mais si
des corrections de chiffres sont nécessaires, les principes
évoqués n'en restent pas moins valides.
A très
court terme: s'assurer contre le cygne noir des dettes souveraines
Avant de rentrer
dans le vif de la réforme structurelle, il conviendra de mettre au
point, si possible au niveau Européen, un plan de gestion
ordonnée des faillites bancaires pour faire
face à une possible défaillance d'un gros état
souverain, est absolument indispensable. Un mouvement de révolte
consécutif à des "bank runs"
désordonnés est la dernière chose dont nous ayons besoin
aujourd'hui. En outre, ces faillites ordonnées doivent avoir lieu sans
délivrance d'argent public, mais en favorisant les échanges
"dette contre capital". En effet, les
"bailouts publics" décidés au coup par coup tels que
ceux opérés par le trésor britannique pour sauver RBS ou
Northern Rock ne sont pas viables si les dominos bancaires commencent
à tomber. Cela n'a rien d'impossible, nombre de juristes et
spécialistes financiers proposent des réformes allant dans ce
sens.
Un tel mouvement
de dégonflement des pyramides de dettes financières, s'il est
conçu de façon à heurter les créanciers
financiers des banques avant de toucher les détenteurs de comptes,
devrait pouvoir éviter de telles paniques, ou du moins en limiter les
effets sur le reste de l'économie.
J'ignore si c'est
un dispositif de cette nature que Mme Merkel avait en tête lorsqu'elle
évoquait la nécessité d'une mise au point d'une
procédure de faillite en bon ordre d'une dette souveraine, mais si
c'est le cas, elle est assurément dans le vrai, bien qu'elle ait
été vilipendée par l'establishment économique
français pour ces propos.
Dépenses :
réduire le périmètre de l'état
Du
côté des dépenses, un élagage sévère
des domaines d'action publique doit être entrepris. Il ne s'agit plus
de savoir de combien tel ou tel programme doit être raboté, mais
de déterminer quels programmes doivent être rendus à la
société civile, et quelle est la part de dépenses
"d'interventions" (subventions et dépenses sociales") qui
doivent être coupées.
Notamment, toutes
les dépenses liées à la fumisterie
Grenelle-réchauffiste doivent être
immédiatement suspendues, et tant pis pour les exploiteurs qui ont
signé avec l'état de juteux contrats pour nous obliger à
financer à prix d'or de l'électricité
"renouvelable". Des gens doivent plonger: mieux vaut que ce soient
des extorqueurs de subventions
que des petits épargnants, ou tout simplement vous et moi. D'une
façon générale, toute
subvention publique à la technologie doit
s'arrêter aux laboratoires de recherche, mais en aucun cas la puissance
publique ne doit "choisir les gagnants" dans la bataille
commerciale qui prévaut à la diffusion des nouvelles
technologies.
On peut également
penser à arrêter tout financement
public de la télévision du même nom,
ou à une suspension des trois quart du budget du ministère de
la culture, la fin des FRAC
et la revente de leur stocks, etc...
Mais cela ne suffira toujours pas.
Recettes :
libérer toutes les énergies de la société civile
Il faut en outre
agir sur les recettes non pas en augmentant la pression fiscale, ce qui
serait purement suicidaire, mais en libérant toutes les sources
possibles et imaginables de création de valeur par la
société civile, en faisant sauter tous les monopoles, verrous
et numerus clausus qui obèrent ces initiatives. Citons entre autres:
- Privatisation des
établissements scolaires, financement de l'accès à
l'école par un chèque
éducation, et suppression de 90% de la
superstructure administrative qui aujourd'hui corsette
l'éducation nationale.
- Loi de libéralisation du
transport collectif. Abrogation de tous les décrets, 1934 et
ultérieurs, empêchant les transports par cars, par taxi
collectif, ou que sais-je encore, de concurrencer la SNCF, la RATP
et autres monstres publics du transport
ferroviaire.
- Fin des numérus clausus sur
des professions comme la pharmacie, les notaires ou les chauffeurs de
taxi. La question de l'amortissement des "plaques" et
"fonds de commerce" ne pourra se résoudre que par
réduction temporaire d'impôts des intéressés,
avec estimation de la valeur des privilèges à racheter
pondérée par la durée de jouissance du
numérus clausus par le titulaire (une personne qui vient d'acheter sa plaque au
prix fort doit être mieux indemnisée que celle qui a
profité de la restriction concurrentielle pendant 10 ans).
- Loi de libération
foncière et arrêt
immédiat de toute carotte fiscale de type Scellier.
Arrêt sur quelques années de tout financement du logement
social, et privatisation du parc social (modalités dans mon
livre). Le logement social est de loin la pire façon de prétendre loger les
défavorisés. Or, la période de
transformations économiques liée au dégonflement de
l'excès de dettes publiques (et privées chez nombre de nos
voisins) sera très dure: abaisser les coûts du logement
sans subventions est donc une absolue priorité.
- Fin de toutes les restrictions
à l'installation agricole (SAFER, mutualité
agricole, etc...)
- Fin immédiate du monopole
de la sécurité sociale en matière d'assurance
maladie, privatisation complète de l'assurance
maladie, cf. Suisse, Pays bas, même si aucun de ces deux
systèmes ne peut prétendre à la perfection.
Libéralisation du droit d'installation des médecins, y compris
sous forme de société.
- Le droit du travail doit être
revu dans le sens d'un retour à la liberté d'appliquer les
contrats, y compris dans leurs clauses désagréables telles
que l'interruption du contrat de travail. Le licenciement n'est pas un moment
agréable, mais le rendre difficile, du point de vue de
l'employeur, limite considérablement les opportunités
d'embauche.
- La fin de toutes les entraves
à l'ouverture de nouveaux commerces quelle que soit leur taille. Les grandes
surfaces ne sont pas les ennemies du petit commerce.
- Fin des lois encadrant la
distribution de la presse et du quasi monopole d'impression et de
distribution des NMPP, qui empêche tout développement de groupes de presse
multi-support ambitieux. Alignement de la fiscalité de la presse
sur le droit commun.
- Privatisation de tout ce qui peut
l'être: entreprises nationalisées, aéroports,
musées nationaux, etc... J'ai émis, bien avant la crise,
l'idée selon laquelle ces privatisations ne seraient justes que
si les entreprises ainsi remises dans le champ du privé
étaient de facto rendues aux français,
mais je crains que vu l'état de nos finances, cette posture
certes morale ne soit financièrement inaccessible (on me répondra que si
l'état redonne aux français une partie de son bilan, il
doit aussi leur redonner une partie du passif, donc les dettes... ahem).
La liste ci
dessus est non exhaustive, que l'imagination prenne le pouvoir ! Il faut que
la France devienne "la société des
opportunités", et non celle de la préservation des
avantages acquis.
Fiscalité
Naturellement,
tout ce qui précède doit être couplé avec une
véritable révolution fiscale:
- Toute la fiscalité doit
être revue, avec un dispositif s'appuyant sur trois piliers
principaux, TVA, Flat
Tax sur les revenus, Flat Tax sur les entreprises.
Naturellement, toutes les autres taxes ne seraient pas supprimables du
jour au lendemain, mais les machines à perdre de
l'économie française, comme l'ISF et la taxe de compensation de la
taxe professionnelle, doivent être éliminées du
paysage fiscal. Toute fiscalité devrait respecter le principe de non
progressivité des taux marginaux, de non
pénalisation de la formation de capital, et plus
généralement de neutralité fiscale.
- De fait, la France peut
et doit devenir un "paradis fiscal", ou du
moins un pays "fiscalement accueillant".
- En outre, il faut en finir avec un
système ou plus de la moitié des budgets des
collectivités provient de transferts de l'état. Au
contraire, une
décentralisation totale des politiques sociales,
couplée à une quasi-autonomie fiscale des communes (elles
doivent être responsables d'au moins 85% de leurs recettes),
assurée par la Flat Tax, permettrait d'instaurer une saine
concurrence entre communes (il serait facile de comparer des commues
à 15% avec des communes à 24%...), et conduirait
très vite à de substancielles économies, tout en
augmentant considérablement l'efficacité des interventions
sociales de la puissance publique.
Que faire du trop
plein de fonctionnaires ?
Toutes ces
mesures entraineraient une certaine baisse du besoin de main d'oeuvre dans la
fonction publique. La garantie de l'emploi des agents publics n'est plus
soutenable. Si l'on peut admettre que les fonctions régaliennes
nécessitent un certain degré de protection (risquer de se faire tuer au combat
ou enquêter sur les fausses factures des politiciens doit pouvoir se
faire l'esprit libre de toute peur du licenciement), tant
l'efficacité économique que la justice vis à vis du
secteur privé commandent que le contrat de travail public soit
aligné sur celui du privé.
L'état et
les collectivités doivent pouvoir se restructurer, à l'instar
des entreprises, et devront pouvoir licencier leurs agents en surnombre. Ceux
ci devront être traités par l'assurance chômage à
parité avec les chômeurs du secteur privé, ce qui veut
dire que durant plusieurs mois suivant leur licenciement, les fonctionnaires
continueront à représenter une charge - réduite, certes,
mais une charge tout de même - pour les budgets publics. Les agents
ainsi mis en difficulté auront quelques mois pour mettre à
niveau leurs compétences et tenter leur chance sur un marché du
travail -ou de la
création d'entreprise- re-dynamisé par
l'ensemble des mesures de libéralisation qui précèdent.
Révolution
institutionnelle
Le
problème numéro un des économies occidentales
aujourd'hui est que le cadre institutionnel dans lequel elles se meuvent a été pris en otage par de grands acteurs financiers
et certaines grandes entreprises établies. Nous devons sortir de ce système
en abrogeant autant que faire ce peut toutes les lois qui permettent,
ouvertement ou insidieusement, cette connivence.
Or, ce sont des
milliers de textes qui sont concernés ici. Voilà pourquoi je ne
crois pas qu'il soit possible d'y parvenir dans un délai raisonnable
sans un grand coup de serpillère institutionnel, sur la base de
principes que j'ai exposés dans le cadre de propositions
pour l'Europe mais qui sont transposables au cas
français. Il s'agit, en gros, de changer de constitution, pour revenir
à une application de la loi fondée en priorité sur
l'application directe de principes constitutionnels, et non sur une
application via le prisme déformant de lois qui au fur et à
mesure des années bafouent ces principes. Les lois ne serviraient
qu'à préciser l'application au cas par cas des principes
constitutionnels, et le juge pourrait de façon très simple
invoquer la non constitutionnalité d'une loi, ancienne ou nouvelle,
pour former une jurisprudence nouvelle.
Au delà de la méthode, les principes consacreraient
l'interdiction de toute entrave anti-concurrentielle à la
liberté d'entreprendre, la liberté contractuelle, et
l'interdiction des subventions publiques directes au secteur privé,
sauf cas d'urgence motivé par d'impérieuses raisons de
sécurité.
Réformes
internationales
J'ai
abordé les réformes nécessaires au niveau national, mais
au plan européen ou international, d'autres changements seraient
appréciables et un gouvernement courageux serait bien inspirer de les
porter: achèvement des négociations de l'OMC en vue d'achever
un grand marché mondial sans
barrières protectionnistes, notamment en
matière agricole et textile, fin des politiques de subvention
agricoles, système
monétaire international... La liste est
longue, j'aurai bien des occasions d'y revenir.
Effets
escomptables de la réforme
Pourquoi suis-je ci confiant dans le potentiel d'un tel programme ? Parce que
des programmes politiques fondés sur des prémisses
philosophiques proches de celles ci ont permis de sortir de l'ornière
des pays qui sortaient de plusieurs décennies du communisme le plus
dur.
Sous réserve que certains pièges soient évités (que la croissance ne serve pas
à financer des bulles de crédit, principalement), les
effets d'un tel programme seraient étonnants. A nouveau incités
à former du capital productif, de nouvelles classes d'entrepreneurs
investisseurs créeraient des milliers de nouvelles opportunités
de meilleure consommation (pouvoir d'achat), d'emplois et de
salaires.
On peut même espérer que les premiers pays du monde
industrialisés à adopter de telles réformes attireront
en masse des capitaux stables et une immigration à haut pouvoir
d'entreprise. Sans oublier un probable retour au pays de quelques uns des
meilleurs éléments de la diaspora française qui font
aujourd'hui les beaux jours de Bruxelles, Lausanne ou San Francisco, lesquels
reviendront avec la richesse matérielle et intellectuelle que leur
parcours cosmopolite leur aura permis d'acquérir.
Bien sûr, au fur et à mesure que notre réussite serait
copiée, cet avantage comparatif serait moindre, mais serait largement
compensé par l'enrichissement généralisé du monde
libre qui en résulterait, à son tour créateur de
nouvelles opportunités !
Pédagogie de
la réforme : En finir avec l'illusion de Bastiat
On me dira sûrement que le programme ci dessus est irréaliste,
un doux rêve. Je ne puis qu'acquiescer.
Mais à chaque cauchemar son rêve, n'est-ce pas ? Il y a quatre
ans, très peu étaient ceux qui ont osé pronostiquer une
débâcle des états providence aussi rapide et profonde que
celle que nous vivons actuellement, et qui peut encore
dégénérer. Au fur et à mesure que les impasses
financières se dressent devant les populations, une masse croissante
de gens trop intelligents pour prendre au sérieux le
paléo-marxisme d'un Mélenchon ou d'un Hamon
redécouvriront le potentiel créateur de richesses durables de
la liberté, alliée à la responsabilité individuelle.
Naturellement, nous ne devrons pas relacher nos efforts pour faire
désirer une société de liberté. Pour cela,
l'illusion socialiste définie par Frédéric Bastiat doit
être consciencieusement démolie. Le programme ci dessus fera
perdre à tout le monde quelques avantages: l'un perdra sa niche
fiscale, l'autre sa sécurité de l'emploi, le troisième
son marché protégé, son régime spécial,
etc... Mais le temps me paraît proche, où seront suffisamment
nombreux ceux qui comprendront que l'état providence, "la grande illusion par laquelle
tout le monde prétend vivre aux dépens de tout le monde",
n'est qu'un contrat de dupes, dont seuls le pouvoir et ceux qui savent
s'assurer ses bons offices sont les vainqueurs.
Au travers des idées ci dessus, j'ai voulu tracer une ligne d'horizon,
que l'on pourrait résumer de deux mots: "Objectif Liberté
!". Le chemin pour parvenir à l'horizon ne seront
peut être pas rectilignes et plats, mais je laisse à ceux dont
l'action politique est la compétence première le soin de s'en
saisir et d'en faire bien plus qu'une "plateforme
électorale" ou un "projet de société",
mais un objet de désir, et, si nous parvenons un jour à
bâtir une telle société, une source de fierté.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La doc
française, avec Pierre de la Coste
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