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Cours Or & Argent

Echanges, monnaie, coûts et réalité.

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Publié le 01 décembre 2017
4058 mots - Temps de lecture : 10 - 16 minutes
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A une époque où la cybermonnaie "bitcoin" connaît une évolution fulgurante extraordinaire, on peut se demander ce qui va advenir.

A l'origine, fin 2010-11 :

puis 2011-12:

enfin 2010-16:

 et 2017:

Comment expliquer la tendance de cette évolution ?

En faisant le point sur le processus.

1. Les "fonctions de la monnaie".

Parler des fonctions de la monnaie est une absurdité ; seul l'homme a la capacité d'avoir des fonctions ou d’en proposer à d'autres - par exemple, les "fonctionnaires" des hommes de l'état -.

Reste que la monnaie a même acquis une fonction nouvelle au XXème siècle selon quoi elle aurait une influence sur l'activité économique , sur l'équilibre économique... 

A supposer qu'on admette le faux principe des fonctions, rien ne justifierait de la mettre de côté et de ne pas l'ajouter aux autres dans la liste.

Quitte à accepter ces notions dévoyés de "fonction", encore faudrait-il ne pas en oublier comme c'est le cas, par exemple, avec la fonction de politique monétaire.

2. Les fonctions oubliées.

Les fonctions données - moyen de paiement, unité de compte, réserve de valeur - sont en fait une mauvaise analyse de l'intermédiaire des échanges qu'a été la "monnaie" (cf. ce billet d'octobre 2016) à défaut d'être de la rhétorique du type de celle condamnée par Solow (cf. ce billet de janvier 2014)...

Ces fonctions concurrencent les mauvaises notions de "pouvoir d'achat", de "vendabilité" ou d'échangeabilité (cf. ce billet d'octobre 2014)

3. Les absurdités "argent", "liquidité" ou "réserves".

La monnaie n'existe plus aujourd'hui en économie politique et pourtant le mot continue à être employé par tout un chacun comme s'il avait une réalité, sous les formes d'"argent", de "liquidité" ou de "réserve".

Il ne faut pas voir dans ce qu'on dénomme abusivement "monnaie" aujourd'hui, une étiquette donnée à quelque chose de cernée par les gens.

Au moins en France, il est ordinaire d'entendre parler d'"argent", quoique ce mot n'ait aucune signification et soit une absurdité, sauf en socialisme triomphant où on appelle "chat" un chien ...

Depuis la décennie 1930, le mot "liquidité" n'a fait qu'augmenter son audience auprès des économistes comme des non économistes (cf. ce texte de décembre 2013).

Il n'est pas sans cacher les créances des banquiers, les "devises" de toute sorte dont il était question auparavant.

Malheur à J.M. Keynes (1883-1946) qui a contribué à son extension dans son ouvrage de 1936 avec son faux concept de "préférence pour la liquidité", fondement des socialismes des banques centrales (cf. chap. XV), composante de la demande de monnaie à concurrence de sa prétendue relation avec "le" taux d'intérêt".

En 1962, John Hicks (1904-89) en est arrivé à s'interroger sur ce que le mot pouvait bien dire dans une conférence donnée à Londres (1)

(1) Hicks J. R. (1962), “Liquidity”, The Economic Journal, Vol. 72, No. 288, Décembre, pp. 787-802

après que William Hutt (1920-2007) avait eu la même démarche et l'avait écrite en 1956 dans un ouvrage collectif (2)

(2) Hutt, W.H. (1956) “The Yield from Money Held”, dans Sennholz, M. ed., On Freedom and Free Enterprise: Essays in Honor of Ludwig von Mises, Mises Institute.

Ces interrogations sur le mot "liquidité" rejoignent celle de Fritz Machlup (1902-83) dans son article de 1958 qui, à propos de l'équilibre économique (cf. ce texte d'août 2015), considérait que l'expression "équilibre économique" ne voulait plus rien dire tant elle avait des définitions nombreuses et différentes.

Quoique Machlup ne l'évoquât pas, il faut savoir que c'est Keynes... qui a fait valoir dans le livre de 1936 que David Hume (1711-76) aurait convaincu les économistes, au XVIIIème siècle, de s'intéresser à l'équilibre économique plutôt qu'aux situations économiques changeantes...

4. Quantité, masse, poids...

Certes la notion de "quantité de monnaie" n'est pas évidente et donne lieu à de nombreuses controverses.

Mais l'est davantage encore la notion de "masse monétaire" qui est employée en France et qui cache une approche scientiste - newtonienne ... - de la monnaie qui consiste à ne pas parler de "quantité" et à distinguer la "masse" et le "poids"... sans aucune raison.

5. Echange et monnaie.

Parler de la monnaie sans parler des actes d'échange de chacun est une autre absurdité

Sans désir ou besoin d'acte d'échange, pas de coût d’acte d’échange, pas de désir ou besoin nécessaire de ce qu'on dénomme "monnaie" (CQDM) intermédiaire inventé des échanges,

J.B. Say avait bien vu dans son livre intitulé Catéchisme de l'économie politique (1815), c'est-à-dire bien avant les absurdités que nous vivons, que:

"[...]  La monnaie n’est pas le but, mais seulement l’intermédiaire des échanges."(Say, 1815, p.49)

étant entendu que :

"[...] les ventes et les achats ne sont, dans la réalité, que des échanges de produits.

On échange le produit que l’on vend et dont on n’a pas besoin, contre le produit qu’on achète et dont on veut faire usage.

[...]

Comment la monnaie sert-elle dans les échanges ?

Elle sert en ceci, que

lorsque vous voulez changer le produit qui vous est inutile, contre un autre que vous voulez consommer,

il vous est commode, et le plus souvent indispensable de commencer par changer votre produit superflu en cet autre produit appelé monnaie,

afin de changer ensuite la monnaie contre la chose qui vous est nécessaire. (Say, 1815, pp.49-55)

Peu importent la "monnaie-or" ou "-argent" d'hier à quoi certains économistes font référence dans le meilleur des cas....

a. Intermédiaire, liaison et organisation.

Soit dit en passant, un intermédiaire de quoi que ce soit peut-il ne pas cacher une organisation ?

On l'oublie souvent: tout intermédiaire est lié à une organisation qui le sous-tend quand il n'est pas l'organisation soi-même.

Mais au lieu de s'intéresser à l'organisation, on s'intéresse à l'intermédiaire et on oublie l'organisation ...

Reste que l'intermédiaire est au moins l'intérieur d'une liaison alors que la liaison est l'extérieur de l'intermédiaire ...

Tout intermédiaire cache en effet une organisation assise sur au moins deux médiats.

Il le fait comme le fait tout entrepreneur, tout entremetteur, tout intercesseur, ... tout entre-deux pour ne pas dire tout entracte, tout international.

b. Intermédiaire des échanges et échange indirect.

Précisément, il revient au même de parler d'"intermédiaire des échanges" comme le faisait J.B. Say ou d'"échange indirect" comme l'ont fait, plus près de nous, Ludwig von Mises, Friedrich von Hayek ou Israël Kirzner dans maints ouvrages (cf. ce texte de février 2016).

Seuls leurs points de vue ou leurs perspectives différents rendent les deux expressions apparemment éloignées.

L'expression de Say était malheureusement doublement imprécise.

Elle devrait être complétée par:

- d'une part, la récurrence et

- d'autre part, la séquence de l'offre de chose par la personne juridique physique, vous et moi, puis de sa demande comme il y a insisté.

. Récurrence.

Pour avoir été cernée et pérennisée, la chose qui est devenue ce qu'on dénomme abusivement "monnaie" aujourd'hui a été nécessairement récurrente.

Si elle ne l'avait pas été, jamais elle n'aurait reçu progressivement audience et le nom générique de "monnaie".

. Séquence.

De façon très judicieuse, Say a expliqué que les gens offraient des choses pour pouvoir, ensuite, en demander d'autres.

Il n'inversait pas la causalité contrairement à ce que feront les "marxistes" qui voudront qu'on demandât pour pouvoir offrir !

Les gens étaient prêts, individuellement, à abandonner des choses en propriété pour pouvoir, ensuite, acquérir, celles qu'ils préféraient.

Par "choses", il entendait autant les objets que les services, autant les matières que les non matières, autant les produits que les facteurs de production, autant les échanges que les intermédiaires des échanges.

Et cela a conduit les statisticiens à être bien ennuyés pour mesurer les choses en question.

Exemplaire est leur démarche qui a consisté à mesurer la chose "travail" par la "durée", notion pourtant étrangère à l'économie politique.

c. Echange indirect.

Ce faisant, les échanges évoqués implicitement par Say cachaient, successivement, du point de vue de telle ou telle personne,

- une offre qui devait trouver une demande, puis

- une demande qui devait trouver une offre,

la première demande résultant d'une offre antérieure et la dernière offre d'une demande à attendre. 

Ex post, tout "échange indirect" mené par une personne juridique physique est la séquence d'une offre suivie d'une demande, l'offre ayant rencontré une demande (qui cache elle-même une offre antérieure, et donc un "échange indirect") et la demande une offre (qui fait prévoir une demande, et donc un troisième échange indirect).

Mais chacun des autres échanges indirects peut cacher des échanges qui se sont pas faits et dont les effets sont aussi importants économiquement que ceux des échanges qui se sont faits.

d. "CQDAMA"

Quand il est question de "ce qu'on dénomme abusivement "monnaie" aujourd'hui" (sigle "CQDAMA"), la réponse à la question préliminaire est évidente, à savoir qu'un intermédiaire de quoi que ce soit cache nécessairement une organisation.

Mais, il est oublié ce qu'avait expliqué Say, à savoir qu'étant donné l'échange - sous-entendu "indirect" de choses en propriété à quoi il se réfèrait implicitement ... -

"La monnaie [...] entre passagèrement en notre possession quand nous vendons ;

elle en sort quand nous achetons, et va servir à d’autres personnes de la même manière qu’elle nous a servi." (Say, 1815, p.49).

Dans ces conditions, il est classique de ne pas voir dans "CQDAMA" l'organisation spontanée à quoi celui-là a donné lieu dans un lointain passé, fruit des actions humaines, et qui en est arrivé à devenir progressivement, mais pas de façon régulière, un système monétaire ... en vérité dirigiste, à banque centrale privilégiée, socialiste, à destruction permanente (cf. ce texte de juillet 2014 ou celui-ci d'août 2015).

Ce qui s'est produit au XXème siècle a été édifiant et cela continue de plus belle aujourd'hui avec les manifestations des banques centrales dont parle cet auteur.

On oublie ainsi ce qu'avait écrit Jacques Rueff (1896-1978) dans son livre de 1971 intitulé Le Péché monétaire de l'Occident (Plon, Paris) sauf à demander davantage de réglementations pour les banques (par exemple, en France, depuis le débat de la loi de 1973...) et à confondre "crédit" et passif bancaire adossé à ce crédit.

Faut-il le répéter dans ce billet : ce qu'on a dénommé "monnaie" jusqu'à la décennie 1920 a disparu, pour les particuliers et les entreprises, dans la décennie 1930, puis pour tout le monde au début de la décennie 1970, à cause des réglementations décidées par des puissances politiques nationales (cf. ce texte de mai 2015 ou celui-ci de janvier 2014).

6. Echange sans monnaie et coûts.

Avec désir ou besoin d'acte d'échange, mais sans existence de CQDM, il y a eu des actes de troc de marchandises coûteux.

Tout n'est pas échangeable à cause des coûts d'opportunité des actes donnés par les gens et jugés trop élevés.

Soit dit en passant, de deux choses l'une : pourquoi la monnaie existerait-elle s'il n'y avait pas de coût d'opportunité des actes d'échange ?

A cause des fonctions qu'on lui prête et qu'on parachute en cours de raisonnement ?

Mais ces fonctions ne sont jamais que des aspects de l'amoindrissement du coût d'opportunité de l'acte d'échange justifiant l'existence de la monnaie !

Ou bien il conviendrait que la monnaie ait amoindri le coût d'opportunité de l'acte d'échange jusqu'à zéro et qu'il revienne au même de dire qu'il n'y a pas de coût ou que le coût est nul.

Tout cela est pour le moins tiré par les cheveux et donc très critiquable d'autant qu'en pratique, chacun a bien conscience des coûts d'opportunité de l'acte d'échange qu'il supporte.

Si le coût de l'acte d'échange était jugé satisfaisant, il n'y aurait pas de recherche d'invention ou d'innovation en la matière.

S'il est jugé "trop élevé" et s'il est jugé nuire, en conséquence, à des actes d'échanges, il y aura invention ou innovation à terme en dépit des obstacles que, le cas échéant, y mettront les hommes de l'état et leurs réglementations nouvelles destinées soi-disant à favoriser l'amélioration.

C'est le cas des "cybermonnaies" dont la recherche d'invention ou d'innovation repose sur des coûts "trop élevés" ...

Reste que le coût d'opportunité des actes d'échange n'est pas à confondre avec la notion de "coût de transaction", anglicisme de la notion de "transaction cost".

En toute rigueur, la transaction est un moment de l'échange, celui où les participants cherchent à s'entendre, à convenir d'un accord (cf. Bastiat, 1850).

7. Amoindrissement (du coût d'opportunité) de l'échange.

Avec invention progressive de CQDM, intermédiaire des échanges résultat de la recherche de l'amoindrissement des coûts d'opportunité des actes d'échange:

* des actes d'échanges , ... de troc perdurent, mais à coût en général amoindri,

* et aussi apparaissent des actes d'échanges nouveaux, impossibles hier,

qui aboutissent.

Le processus d'amoindrissement a déjà connu beaucoup d'étapes depuis son invention attribuée à ... personne par les historiens, malgré les recherches sur le sujet ... mais, dans le meilleur des cas, à un processus.

Les dernières grandes étapes ont donné lieu, dans une majorité de pays, à la "pièce de monnaie", puis s'y sont juxtaposé les "billets en monnaie" et les comptes de dépôts bancaires, rassemblés sous la notion de "substituts de monnaie bancaires".

Et contre toute attente, ces éléments de droits de propriété ont été, chaque fois, privilégiés par les hommes de l'état au prétexte de garantir les formes de monnaie et de s'opposer à la contrefaçon.

Ils ont transformé l'invention en privilège de monopole de production de la "pièce de monnaie" ou en privilège de monopole d'émission du "billet en monnaie" pour eux-mêmes.

Et ils n'ont pas hésité à se vautrer dans la contrefaçon.

Avec les interdictions de conversion de ces substituts en monnaie-or ou -argent convenues par nos falsificateurs internationalement au XXème siècle, des décisions de ces falsificateurs potentiels, une nouvelle forme est apparue insidieusement au grand dam de certains (cf. ce texte de juillet 2011).

La recherche d'invention ou d'innovation est une façon de parler en économie politique de la "loi de l'économie" qui veut qu'on fasse toujours plus avec toujours moins (cf. ce texte, celui-ci de juin 2015 ou celui-ci de juillet 2015).

Elle cache un processus plus ou moins long et lent ...

On sait les succès qu'ont obtenus, en particulier, les physiciens en appliquant cette loi à "la Nature" et leur échec ... à l'expliquer aujourd'hui encore (cf. Omnès, 1994a).

La notion a été discernée par Frédéric Bastiat en 1850 quand il affirmait que :

"... c'est dans l'amoindrissement successif de la valeur que le progrès de l'humanité consiste." (cf. ce texte de mai 2015 ou celui-ci).

La valeur à quoi faisait allusion Bastiat recouvrait en vérité le coût de l'acte d'échange.

Il est surtout caché que "CQDAMA" s'explique par les coûts des échanges des gens désireux d'améliorer, chacun, leur situation par le choix de mener l'acte d'échange (cf. ce texte d'avril 2014).

La notion de "coût des échanges", notion récente dans la théorie économique dominante, est d'ailleurs dénommée faussement "coût de transaction", anglicisme notoire, par certains économistes comme si la transaction n'était pas un moment de tout échange, celui du débat par les parties (cf. Bastiat, 1850, l'échange), sauf bien sûr quand les prix sont supposés imposés par les hommes de l'état ou ce qui est dénommé "concurrence", en vigueur.

Son amoindrissement témoignait implicitement de la réalité de la "loi de l'économie" (cf. ce texte).

Et cette loi de l'économie est totalement ignorée, au moins aujourd'hui, par un grand nombre de gens, à commencer par les économistes qui semblent se réfugier derrière des théorèmes mathématiques.

Il faut le regretter car la « loi de l’économie » a été d'abord un principe philosophique et non pas une considération de physicien ou de mathématicien.

Son application a seulement permis aux physiciens du XVIIIème siècle de découvrir ce qui allait devenir la "mécanique classique".

Ils partaient du principe que "la Nature" menait toutes ses actions au moindre temps, au moindre effort ou à la moindre action.

Et, aujourd’hui, les propos un peu rapides de certains, économistes ou non, ne parlent plus d’"économie", mais de "mécanique" et d'"équilibre"!

Le serpent se mord la queue...

La "loi de l'économie" intrigue aussi les physiciens de la "mécanique quantique" qui l'y découvraient ces dernières décennies (cf. Omnès 1994b).

Malgré ce qui est cru, importe à l'économiste

- non pas les quantités de choses, leur rareté (en général, non définie) et ce qu'on peut faire avec les techniques juridiques ou non,

- mais les coûts et les profits des actes qu'il a choisis de faire et comment la loi de l'économie se réalise.

Il faut être David Ricardo et ses disciples pour confondre "quantité" et "coût" et dénommer "coûts" des "quantités" (cf. Baudin, 1947).

Reste que l'invention ou l'innovation situe nécessairement ex post.

Ce n'est qu'après coup qu'on peut dire qu'il y a eu invention ou innovation.

Et la technologie dite du "bitcoin" soulève aujourd'hui la question.

L'invention ou l'innovation qu'a été ce qu'on a dénommé "monnaie" a été lente...

Ce fut un processus qui a perduré jusqu'à aujourd'hui au moins, au prix d'une course poursuite entre intermédiaire des échanges innovant et réglementations des hommes de l'état.

A ce jour, on ne connaît pas ses inventeurs...

Et, dès à présent, on ne connaît pas l'inventeur du "bitcoin"...

Il faut y voir un long processus d'amoindrissement des coûts des actes d'échanges des choses entre les gens dont ceux-ci ont bénéficié et qui utilisaient ses formes au fur et à mesure qu'elles éclosaient.

Ce processus n'est qu'une illustration de la fameuse "loi de l'économie" qui continue à interloquer même les physiciens (cf. Omnès, 1994 et ce texte de juillet 2015).

Les formes ont fait que les coûts de  "C.Q.D.A.M.A." sont toujours restés "un peu plus" inférieurs ou, à l'extrême, égaux aux coûts des actes d'échange amoindris (cf. ci-dessous).

8. Coût de la (production de) monnaie.

CQDM, intermédiaire des échanges, n'a pas été inventé sans faire supporter des coûts de production à ses producteurs ;

reste que son coût de production est resté inférieur ou égal au coût d'opportunité des actes d'échange conclus ;

sans cela, il aurait été sans lendemain ; au contraire, il a été intermédiaire des échanges ... récurrent.

9. Amoindrissement du coût de la monnaie.

Les formes intermédiaires (pièces de monnaie, coupures de billet et compte bancaire) que CQDM a connu depuis son invention, ont visé à amoindrir encore son coût de production et, indirectement, le coût d'opportunité des actes d'échange.

10. Des postulats absurdes.

De tout cela, les macro économistes (néo-keynésiens ou néo-monétaristes) depuis la seconde moitié du XXème siècle n'ont que faire, même

- si certains d'entre eux font l'hypothèse, "en passant...", que le coût de production de CQDM est nul et

- s'ils n'en tirent pas de conséquence.

Ils s'en moquent car, selon eux, la demande de monnaie, notion apparue en économie politique au XXème siècle, dépend,

* non pas des actes d'échange des gens,

* mais de leurs "revenus" ou "taux d'intérêt",

les uns et les autres ignorants qu'ils sont résultats d'actions humaines.

Ils s'en moquent aussi car les intéresse

- la notion d'"équilibre macroéconomique" qu'ils ont inventée et

- non pas la notion d'"équilibre économique général".

Depuis que des savants économistes les ont inventées aux XIXème et XXème siècles, ni la "théorie de l'équilibre économique général" ni les approches de la "théorie macroéconomique" n'expliquent l'invention ni l'innovation.

Et pour cause.

Par construction, elles se donnent un équilibre (macro)économique (général) qu'elles sont censées expliquer et qui exclut toute notion d'invention ou d'innovation (cf. billet de mai 2012).

"Equilibre" et "invention ou innovation" font deux.

Et l'équilibre est le fonds de commerce des organismes privés ou publics, comptables ou autres, qui donnent des chiffres sur tel ou tel de ses aspects, font des études économétriques et croient se concurrencer dans ce qu'ils avancent.

Exemplaire est le récent rapport de la Cour des comptes (2017) sur le budget de l'état de la France qui parle d'"insincérité" et qui, tacitement, s'oppose aux comptables du budget de l'état qui l'ont établi ...

Exemplaires sont aussi les propos tenus ces derniers temps sur les "cybermonnaies".

11. L'invention présente.

Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'ils ne puissent se préoccuper du fait présent, à savoir l'apparition des "cybermonnaies" ou des "cryptomonnaies" dans la réalité, et leur évolution foudroyante.

12. La relation entre coût de l'échange et coût de la monnaie.

Pour s'en préoccuper, il faudrait qu'ils revinsent

*non seulement à l'idée de la recherche de l'amoindrissement perpétuel du coût d'opportunité des actes d'échange et du coût de production de CQDM,

*mais aussi à celle qui veut que la variation du coût de production de CQDM et la variation du coût d'opportunité des actes d'échange se font dans le même sens.

La relation entre le coût des actes d'échange et le coût de CQDAMA est essentielle.

On ne peut qu'admettre que le coût des actes d'échange ait été amoindri, au départ, par l'invention, puis des innovations de CQDM et donc de son coût.

On ne peut aussi qu'admettre que la dernière étape actuelle du processus a donné lieu à la fois

- à un amoindrissement du coût de CQDAMA et

- à un amoindrissement du coût des actes d'échanges,

le coût du premier restant inférieur ou égal au coût du second.

Et il y a fort à parier que si, dans l'état où il se trouve, le coût de CQDAMA venait à lui être supérieur, CQDAMA disparaîtrait au moins sous cette dernière forme (cf. ce texte de juillet 2016).

Mais la relation ne saurait être expliquée rationnellement

car elle repose sur l'invention des gens, et non pas par celle des hommes de l'état incapables de le faire, et

car ce phénomène échappe à l'économie politique comme à toute autre science.

13. Déductions logiques.

"Cybermonnaies" ou "cryptomonnaies" se déduisent, en effet, sans détours, de l'amoindrissement effectif des coûts en question précédents.

Le mot "cryptomonnaie" semble être apparu pour dénommer la technique de la "blockchain", la cybermonnaie rassemblant la "blockchain" et le "bitcoin", l'unité de la "monnaie numérique".

Et les hommes de l'état ne pourront s'y opposer.

Il y a près de vingt ans, j’ai écrit un texte intitulé « La monnaie électronique » pour le Séminaire de théorie économique J.B. Say (cf. ce texte de 1999).

Selon la Commission d'enrichissement de la langue française (J.O.R.F. du 23 mai 2017), la monnaie électronique est une

« [m]onnaie dont des unités de compte sont stockées sur un support électronique ».

Près de dix ans après mon texte, Satoshi Nakamoto a expliqué des éléments de la première cybermonnaie dans plusieurs textes et, en particulier, celui-ci.

Selon la Commission précédente, la cybermonnaie est une

« [m]onnaie dont la création et la gestion reposent sur l'utilisation des techniques de l'informatique et des télécommunications »,

Bref, « [l]a cybermonnaie ne doit pas être confondue avec la monnaie électronique ».

Reste que « monnaie électronique » et « cybermonnaie » sont des inventions puis innovations techniques des hommes qui, en tant que telles, ne sont pas des étapes ultimes d’un processus technique ancien, fût-il dénommé « monnaie ».

Comme l'indique le mot " cryptomonnaie », jugé par certains synonymes de cybermonnaie, on change d'ère monétaire, on abandonne l'"ère analogique" pour l'"ère numérique".

A ce titre, elles méritent une analyse économique et non pas de rapiécer ou rafistoler un processus économique avec de fausses notions.

14. Un dernier mot (provisoire).

Tout ce qui tourne aujourd'hui autour des "monnaies" devrait donc s'articuler sur les coûts de la situation économique des gens, des actes d'échanges et de leur intermédiaire d'échange.

Au point où elle se trouve aujourd’hui, la "cybermonnaie" n'est jamais en définitive que la tentative faites par des gens de mettre en concurrence

- l'organisation existante, centrée sur la technique analogique - dénommée "monnaie" et cachant chose animée ou inanimée, pièce de métal, coupure de billet et compte bancaire produite ou émise - prétendument gérée par les hommes de l'état,

- par une autre technique, nouvelle, numérique, - dénommée « cybermonnaie » et cachant "bitcoin" et "blockchain" - a priori plus performante ou encore moins coûteuse (cf. ce billet de novembre 2017).

Jusqu'à présent et depuis longtemps, les hommes de l'état se sont appropriés la technique analogique en faisant valoir de faux inconvénients de l'intermédiaire des échanges (contrefaçon possible...) et de faux remèdes (monopole de production obligatoire et interdiction à chacun de ne pas accepter) (cf. ce billet de novembre 2016).

La technique numérique "cybermonnaie" doit admettre ses vrais inconvénients (par exemple, de ce type) et faire valoir ses vrais remèdes.

Cela lui permettra de s'opposer ainsi, par avance, aux faux inconvénients et aux faux remèdes que ne manqueront pas de développer les hommes du monopole obligatoire inévitable actuel.

 

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Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France. Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur
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