L’actualité, discrète, c’est la condamnation de la banque qui est à
l’origine de la crise de 2008, la JPMorgan Chase & Co. Une condamnation
pour la forme, parce que la folie de ses traders devenait trop visible et
qu’il fallait bien condamner la banque pour calmer la foule ruinée et affamée
en colère. Une condamnation à payer une « énorme amende » (aux yeux du
contribuable) mais qui est en fait minime par rapport à la ruine provoquée
par les produits financiers toxiques répandus par la banque. Une condamnation
qui met en exergue la folie et l’insécurité qui règnent au sein des
établissements bancaires.
JP Morgan sur le banc des accusés
Le 19 septembre dernier, on apprenait que la banque JP Morgan, foyer des
produits financiers ultra toxiques (CDS et autres CDO…), écopait d’une «
lourde » amende (une broutille à son échelle) de 920 millions de dollars « en
pénitence de ses paris démesurés sur les dérivés de crédit qui lui avaient
fait perdre des milliards de dollars. Un scandale connu sous le nom de
“baleine de Londres”. »
En
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Un gros chèque que la banque devra adresser à 4 régulateurs financiers
américains et anglais, qui n’épongera qu’une infime partie des dettes
contractées par les détenteurs ruinés de CDS.
La “Baleine de Londres”, apprend-on dans L’Expansion, « était le
surnom donné à Bruno Iksil, un trader français d’une unité londonienne de
JPMorgan, en raison de ses énormes positions risquées dans les dérivés de
crédit. Début 2012, ces positions étaient devenues trop visibles ».
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Et qu’est-ce que ce serait si les prises de risques du trader ne s’étaient
pas vues ?
Résultats financiers falsifiés, défaut de surveillance des actions menées par
leurs traders, tentatives de dissimulation de pertes… Malgré les charges qui
s’accumulent contre la banque, les CDS continuent de courir et même de
rencontrer un certain succès.
Bien que des accords aient été passés entre la JP Morgan et les 4
régulateurs (dont la FED), permettez-nous de douter qu’ils marquent « une
étape majeure dans les efforts de l’entreprise pour mettre ces problèmes
derrière elle », comme l’aurait annoncé JPMorgan dans un communiqué.
Vers plus de régulation des CDS ?
Jusque-là, le marché des CDS n’était absolument pas contrôlé et il est
totalement impossible de savoir si les « assureurs » qui vendent des CDS
peuvent fournir la « prestation » en cas de « sinistre ». C’est une promesse,
un engagement qui ne repose sur rien.
Quant à l’avenir des CDS, il ne semble guère inquiété. Les détenteurs de
CDS devraient même être mieux indemnisés en cas de sauvetage réussi d’une
banque (annonçait l’AGEFI
en juillet dernier), mais il n’est pas a priori question d’interdire les
CDS. Pire, ils reviennent semer la dette sur les marchés.
Ils sont toujours là, ils reviennent en force
Le journal Le Monde y avait consacré un article en juin dernier, que nous
vous invitons à lire dans son intégralité. « Les CDO, pour collateralized
debt obligation, crédits de particuliers et d’entreprises transformés en
produits financiers, font leur retour sur les marchés » (Le
Monde, 11/06/2013). « Les crédits qui ont la cote sont maintenant ceux
qui touchent les entreprises, en particulier les prêts bancaires (CLO,
collateralised loan obligation). Selon Royal Bank of Scotland, 28 milliards
d’euros de CLO auraient déjà été vendus cette année aux Etats-Unis, contre 12
milliards l’an dernier sur la même période ».
Preuve que les crédits dérivés sont loin, très loin d’être enterrés. Aucune
leçon, aucune morale n’a été tirée depuis 2008 !
Des conséquences au quotidien de plus en plus dramatiques
Elles sont insidieuses et peuvent paraître lointaines mais déjà dramatiques.
Des millions de maisons spoliées aux Etats-Unis, en Espagne, augmentation des
impôts en France… Partout se lisent les conséquences des produits dérivés
dans l’actualité économique nationale et internationale.
Les Etats-Unis détiennent un record
de dette depuis la seconde guerre mondiale avec 73% du PIB, la pauvreté
augmente : 46,5
millions d’Américains sont sous le seuil de pauvreté (1 Américain sur 7).
En France, les
banques vont devoir soutenir les prêts toxiques contractés par les
collectivités locales… La liste des organismes, institutions, Etats,
particuliers… touchés de près ou de loin par les CDS est longue.
Banque ou pas, comment sécuriser son épargne ?
Directement ou indirectement, nous sommes tous touchés par les conséquences
catastrophiques de ces produits financiers toxiques. Le pire, c’est que c’est
l’établissement dans lequel nous devons avoir confiance pour garder notre
argent, surveiller notre patrimoine, sécuriser notre épargne, qui est à
l’origine de cet endettement à l’échelle mondiale : la banque.
L’or physique fait partie des remparts à la crise et est une protection
ultime contre le défaut de paiement. Si l’investisseur à court terme se
réjouit de voir ses actions grimper en flèche, l’épargnant prudent sera
soulagé de détenir un tant soit peu d’or physique dans les années à venir.
Dans un prochain dossier, nous aborderons Blythe Masters, celle qui est à
l’origine des CDS, à travers le livre de Pierre Jovanovic et la notion de
CDS.