Projet de loi sur le travail, chômage, crise agricole française,
terrorisme, austérité… Tous nos maux découlent d’une valeur supérieure à la
politique et à la démocratie : le néolibéralisme. Pour lutter contre les
dérives d’une économie aveugle qui va à l’encontre des intérêts sociaux et
collectifs, pourquoi ne pas essayer l’économie sociale et solidaire ?
Les fondements du néolibéralisme
Cet excellent article de Manuela Cadelli, présidente de l’Association
Syndicale des Magistrats, publié dans le soir.be est à mon avis un
élément fondateur pour comprendre les rouages de l’économie actuels et tous
les maux qui en découlent. L’économie actuelle est devenue une machine
aveugle qui va à l’encontre des intérêts sociaux. D’où la nécessité de mettre
en place une économie solidaire pour y palier.
Le libéralisme est issu du siècle des Lumières. Il a d’abord été “le
moteur de l’avènement et des progrès des démocraties occidentales”. Le
libéralisme tel qu’il est appliqué aujourd’hui, avec brutalité n’a plus rien
à voir avec la doctrine politique et économique de l’époque.
Il est devenu, pour reprendre l’expression de Manuela Cadelli, “un économisme
total qui frappe chaque sphère de nos sociétés et chaque instant de notre
époque. C’est un extrémisme” dans lequel l’Etat et la notion de service
public, assujettis, bafoués, ridiculisés n’ont plus leur place.
“L’austérité voulue par les milieux financiers est devenue une valeur supérieure
qui remplace la politique. […] Le principe de l’orthodoxie budgétaire va
jusqu’à prétendre s’inscrire dans la Constitution des Etats. La notion de
service public est ridiculisée”.
Le néolibéralisme, avec tous ses éléments de langage, déforme la réalité,
permettant ainsi de justifier n’importe quelle coupe budgétaire, à bon ou à
mauvais escient, le citoyen ne le sait plus vraiment, perdu dans cette
“novlangue”.
Mépris de la justice, culte de l’évaluation, idéal sécuritaire… Je vous
laisse lire la suite de cet article très éclairé qui pointe du doigts tous les
maux découlant du néolibéralisme.
Tout se passe bien du point de vue des 1% qui détiennent toutes les
richesses. Hollande sert les intérêts de ceux qui l’ont fait élire en 2012.
Ecoutez l’intervention remarquée de l’économiste Etienne Chouard, invité de
“Ce soir ou jamais”, le 05 septembre 2014 (via Facebook et sur Youtube,
à 11:35). Nous ne sommes pas en démocratie, son analyse saignante est
toujours d’actualité.
La Grèce est devenue l’anté-berceau de la démocratie
La discrédit et l’extinction idéologique du parti grec Syriza n’est-il
justement pas la preuve que quelque chose, au royaume de la démocratie, est
pourri ? Comme l’explique Yanis Varoufakis dans Alternatives Economiques, “ les technocrates de l’UE
considéraient une véritable démocratie paneuropéenne comme une menace. Avec
un autoritarisme redoublé, “patiemment, méthodiquement, un processus de
dépolitisation se mettait en place”.
A l’échelle européenne, les tentatives démocratiques réelles sont vite
étouffées dans l’oeuf. On a vu avec quel zèle et quelle énergie l’Allemagne
et Junker ont tout fait pour faire plier Aléxis Tsípras. Mais le véritable
tour de force de la machine fasciste européenne a été de le faire passer pour
un traître aux yeux des citoyens grecs et de tous ceux qui avaient placé des
espoirs en lui.
Le sursaut démocratique, citoyen et solidaire
La solution se trouve plus sûrement à plus petite échelle, et dans la
solidarité citoyenne. Comme le disait Etienne Chouard lors de son
intervention sur le plateau de “Ce soir ou jamais”, les citoyens doivent se
réapproprier la citoyenneté, à eux, à nous de réécrire la Constitution.
Les solutions ne manquent pas : actions citoyennes à Grenoble, finance
solidaire, monnaies locales, SEL (système basé sur l’échange de services).
1. A Grenoble, on redonne le pouvoir au peuple
Depuis le 23 janvier dernier, les Grenoblois sont invités à faire valoir
leur “droit d’interpellation”.
Ce « dispositif d’interpellation et de votation d’initiatives » lancé par le
maire Eric Piolle consiste à recueillir les propositions comme les problèmes
relevés par les habitants de la ville.
“Pour qu’une pétition soit prise en compte, son auteur devra réunir seulement
2000 signatures. […] Pour que le projet soit adopté, les porteurs de l’objet
de la votation devront récolter 20 000 voix majoritaires”, précise l’article
de la gazette des communes. Une mesure qui a été pensée pour
donner le pouvoir d’agir par l’engagement et une belle initiative dont de
rares sites (comme le bien nommé site belge bonnes-nouvelles.be) se sont fait l’écho…
2. Et si on essayait l’économie solidaire ?
En décembre 2012, j’évoquais le “freebanking”, qui consiste à séparer les banques jugées «
utiles » pour les ménages et celles qui spéculent (dont les activités ne
bénéficient pas directement aux contribuables). Le Freebanking, ou banque
libre, permettrait d’éviter l’intervention de l’Etat dans la monnaie. 3
ans après, où en est le projet de réforme des banques présenté au Conseil des
ministres, qui allait dans ce sens ? Vous en avez entendu parler vous ?
Isoler les banques des crédits pourris, nous en parlions même dès 2009. La banque franco-belge Dexia est l’exemple même
de ce que l’on appelle une “banque poubelle”.
Existe-t-il encore des banques “propres” ? Oui, je vous invite à relire
cet article consacré aux banques éthiques. Il date de décembre 2012 mais est
toujours d’actualité. La NEF
par exemple est une banque alternative solidaire qui ne finance que des
projets respectueux de la nature et de l’homme. Les risques de faillite sont
donc limités.
La banque munichoise Fidor
Bank est assez révolutionnaire en son genre car il s’agit de la première
banque communautaire d’échanges de bons plans et de prêts d’argent entre
particuliers !
“La finance solidaire est une finance non lucrative, ce qui signifie que
le profit n’est pas une fin en soi” (source Theconversation.com). L’épargne profite à des
investissements dans des projets d’utilité sociale, avec des prêts personnels
ou professionnels, des apports en capital.
Pour payer un service de particulier à particulier sans passer par le
circuit bancaire, la VeraCarte est aussi un instrument de finance solidaire
puisque les valeurs échangées (grâce au bouton Envoyer) restent entre les
protagonistes des transactions, ils sont les seuls à s’enrichir, aucun n’euro
ne s’évapore en spéculation.
3. Les monnaies locales pour financer la transition écologique des
territoires
Les monnaies complémentaires peuvent donner un coup de
pouce à l’économie locale et réelle, et avoir d’autres usages “responsables”,
comme financer la transition énergétique. Jérôme Blanc et Baptiste
Perrissin Fabert ont publié dans le cadre de l’Institut Veblen pour les
réformes économiques une note intitulée “Financer la transition écologique des territoires par les
monnaies locales”.
Parmi les solutions émises, ils proposent de relier les monnaies locales aux
politiques de soutien aux investissements de la transition écologique des
territoires, de renforcer leur circulation et de mettre la richesse générée
par les circuits monétaires locaux au profit des territoires en question. Des
pistes à suivre !