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L'extension de la crise de la dette souveraine aux Etats-Unis : apocalypse now?

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Publié le 07 mars 2011
1288 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

La crise de la dette souveraine n'est pas un phénomène qui ne touche que la zone euro, puisque l'OCDE prévoit une augmentation du ratio dette publique sur PIB de 100 % dans l'ensemble des pays avancés (le FMI fait des prévisions similaires). On a donc ajouté au problème de la dette privé celui de la dette publique.

 

Ajoutons à cela, que la situation budgétaire des États-Unis et du Japon est pire que celle de la zone euro.

 

La taille de son économie, la profondeur de ses marchés financiers, ainsi que le rôle du dollar en tant que monnaie internationale lui permettent d’emprunter à des taux relativement faibles. Mais pour combien de temps encore? .

 

  L’extension de la crise pourrait résulter de l’abaissement de sa note, du défaut de paiement d’une collectivité territoriale ou d’un État confédéré et plus vraisemblablement de l’activation d’un plan d’aide par l’État fédéral visant à l’éviter.

 

Pourquoi retenir un scénario si pessimiste? Parce que la politique d’assouplissement quantitatif ne peut aboutir.

 

L’échec de la politique d’assouplissement quantitatif :

 

La baisse des taux d’intérêts à court terme n’a pas réussi à stimuler l’activité; espérer que la baisse des taux d’intérêts à long terme, grâce à l’achat d’obligation d’état à maturité longue (ainsi que d’hypothèques), permettra d’atteindre cet objectif est illusoire. Les chances de succès sont quasi nulles.

 

Une légère baisse des taux d’intérêts n’aura qu’un effet réduit sur les grandes entreprises qui n’ont jamais eu autant de cash. Quant aux PME, il y a peu de chance qu’elles puissent en profiter.

 

Le critère de l’offre de prêt est plus pertinent. Compte tenu de la fragilité financière de nombreuses banques aux États-Unis, surtout si on tient compte du « foreclosure gate » (un récent jugement, du tribunal de New-York, a déclaré le système d’enregistrement électronique des hypothèques était illégal et remis en cause celles-ci), celles-ci ne vont pas faire augmenter leurs encours de crédit.

 

Elles vont utiliser l’argent reçu, au titre de l’assouplissement quantitatif, pour spéculer sur les marchés afin de doper leur rentabilité comme le montre l’augmentation du prix des matières premières agricoles et du pétrole.

 

Un effet positif de cette politique pourrait résulter de la baisse des taux d'intérêts des hypothèques, ce qui permettrait de soutenir les prix du marché immobilier.

 

Mais ce petit bénéfice pourrait être contrebalancé par des coûts significatifs. En effet la FED a acheté pour un trillion de dollars d'hypothèques, dont la valeur chutera en cas de reprise de l'économie. C'est pour cette raison que les investisseurs privés ont refusé d'acheter ce type d'actif.

 

En résumé la politique d'assouplissement quantitatif sera incapable de stimuler l'activité, d'autant plus qu'elle rentre en contradiction avec la politique de relance fiscale : baisse de la taxe sur les salaires, prolongation pendant 13 mois des indemnités de chômage et surtout reconduction des baisses d'impôt accordées par l'administration Bush au plus riche.

 

Le retour de « l’économie vaudou »

 

C’est la renaissance de « l’économie vaudou », terme utilisé par G.W.Bush, concernant la politique économique de Ronald Reagan lors de la campagne pour l’investiture à l’élection présidentielle de 1980.

 

L’idée est simple : les baisses d’impôt s’autofinancent grâce au supplément de revenu qu’elles génèrent. Il s’agit « de la politique économique de l’offre » (supply siders) qui repose sur une application littérale de la loi de Jean Baptiste Say : "l'offre crée sa propre demande", qui ne fonctionne qu'en situation de plein emploi.

 

Il est peu probable que la simulation fiscale ait un effet durable. Elle peut avoir un effet temporaire sur la demande qui sera vite compensé par l'augmentation des taux d'intérêts, les taux de référence des bons du trésor à 10 ans sont en hausse, à cause de l'augmentation du déficit budgétaire.

 

En outre, la hausse des taux d'intérêts aura un effet négatif sur le marché de l'immobilier.

 

La politique économique américaine est incohérente puisque la politique d'assouplissement quantitatif a pour objectif de faire baisser les taux longs alors que la politique de relance fiscale a pour conséquence de les faire augmenter.

 

Enfin si on veut avoir une vision pertinente de la situation de l'économie américaine, il ne faut pas utiliser le ratio dette publique / PIB mais les ratios dette publique / recettes fiscales et service de la dette / recettes fiscales qui sont respectivement de 6,8 années et 10 % (au premier trimestre 2010). On considère, en général, que la situation est insoutenable au-delà de 5 années ( ratio dette publique / recettes fiscales.).

 

La crise persistante du marché immobilier américain :

 

Les taux de saisies n'ont jamais été aussi importants : 2 millions de maison ont été saisies en 2008, 2,8 millions en 2009 et ces chiffres devraient être plus élevés en 2010.

 

La situation du marché immobilier ne va donc pas s'améliorer. Depuis la nationalisation de Fannie Mae et Freddie Mac, le gouvernement contrôle indirectement environ 50% du marché immobilier américain. Le marché privé a, en partie, disparu (taux d'intérêts faussés, garanties officielles, allégement de charges). S'il se retire c'est la rechute assurée.

 

La FED n'est plus le prêteur en dernier ressort, mais celui de premier ressort. Le risque de crédit associé au marché hypothécaire est assuré par le gouvernement, et celui de marché, par la FED.

 

Les interventions du gouvernement américain visent essentiellement à faire baisser les taux d'intérêts, alors que la politique de relance fiscale à pour effet de les faire augmenter. Il a annoncé que ces interventions seraient temporaires, ce qui suppose une augmentation des taux d'intérêts à terme. Les détenteurs d'obligations adossés à des hypothèques seront exposés à des pertes en capital importantes.

 

Tant que le marché de l'immobilier n'est pas stabilisé, il n'y aura pas de reprise durable de la consommation. En outre, la mobilité géographique est une vue de l'esprit plus qu'une réalité, puisqu'il est impossible de vendre une maison sans enregistrer une perte en capital et donc d'aller s'installer ailleurs. Le chômage de longue durée va devenir une donnée structurelle de l’économie américaine.

 

Si on dresse un portrait de l'économie américaine, on est frappé par l'importance du rôle de la dépense publique: la croissance dépend essentiellement de celle-ci. Dans un an les effets de la simulation fiscale auront disparu, la politique d'assouplissement quantitatif aura échouée et la situation du marché immobilier ne sera guère meilleur. Le chômage sera élevé (au environ de 9- 10 %) et le déficit budgétaire sera au environ de 8 à 10 %. Les marchés obligataires seront de plus en plus fébriles, ce qui induit des paiements d'intérêts plus élevés, ce qui alourdira encore le déficit budgétaire avec à la clef une baisse potentielle de la notation de la dette publique américaine.

 

Si on ajoute, à cela, que le manque à gagner pour les États fédérés pour les années budgétaires 2010 et 2011, est estimé au moins à 350 milliards de dollars. On peut penser que l’extension de la crise de la dette souveraine aux États-Unis se produira quand le gouvernement sera obligé de mettre en place un plan visant à éviter le défaut de paiement d’un État fédéré

 

En définitive, comme le démontre Carmen Reinhart et ken Rogoff dans leur remarquable ouvrage (This time is different), aucun pays ne peut échapper aux effets délétères d’importants déficits budgétaires durables, même les États-Unis.

 

Faire tourner la planche à billet permet de gagner du temps mais ne règle pas le fonds du problème : l’économie américaine est incapable de créer de la croissance sans faire augmenter son taux d’endettement global (dette privée plus dette publique

 

 Paul Bara

Blog de la Finance et de l’Economie.com

 

 

Paul Bara a été trader, économiste de marché puis directeur financier. Il a parallèlement enseigné l'économie et la finance à Paris X et à l'ENA. Vous pouvez lire régulièrement ses analyses sur son site en cliquant ici.

   

 

 

 

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Enfin quelqu'un qui cite les bons ratios en opposition au ratio commun dettes/PIB qui n'est qu'un enfumage. Il n'ose toutefois pas aller au bout de la conclusion qui s'enchaîne logiquement à la sienne: Il n'y a pas de solution à la crise. A mon humble avis c'est normal car le système n'est pas en crise mais en agonie.
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Enfin quelqu'un qui cite les bons ratios en opposition au ratio commun dettes/PIB qui n'est qu'un enfumage. Il n'ose toutefois pas aller au bout de la conclusion qui s'enchaîne logiquement à la sienne: Il n'y a pas de solution à la crise. A mon humble av  Lire la suite
LOUIS L. - 09/03/2011 à 12:04 GMT
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