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L’implosion

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Publié le 01 octobre 2010
898 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Il faut sans doute revenir sur ce G7 de Rome, non pas en raison de ce qu’il a décidé, pas grand chose, ni même de ce que son communiqué a occulté de la réalité des discussions qui y ont néanmoins eu lieu, mais bien pour tout ce qu’il n’a pas décidé et laissé en plan.


Certes, comme il a été relevé, le G7 n’est plus ce qu’il était. Il est devenu le « back seat », le siège arrière du G20 écrit l’agence Bloomberg, qui cite Paul Martin, ancien premier ministre et ministre des finances canadien, qui a contribué à mettre sur pied le G20 il y a une dizaine d’années. « Le monde a changé (…) le G20 reflète la réalité de l’économie globale. Ses ministres des finances deviennent les principaux décideurs ».


Mais il n’empêche, il était attendu plus de cette réunion des principales puissances occidentales, comme il a été espéré plus du plan de Timothy Geithner quelques jours auparavant. Pourquoi ces deux déceptions successives ? En raison de la disproportion constatée entre la crise financière et ses conséquences économiques d’une part (je pense particulièrement au Japon, mais la liste des pays très atteints s’allonge tous les jours), et la timidité des mesures annoncées d’autre part. Avec pour conséquence immédiate des doutes profonds sur leur efficacité et des craintes sur la suite.


Constater l’effondrement d’un système peut être réjouissant pour ceux qui le dénonçaient vainement, penser que l’on va se trouver sous ses décombres est néanmoins peu plaisant.


Revenons sur le plan Geithner. Un article de The Economist en a expéditivement fait le tour le 12 février dernier, en quelques paragraphes sans appel. Que montre-t-il, sans le souligner explicitement ? Que le montage compliqué – dévoilé uniquement dans ses très grandes lignes – destiné à faire le ménage des actifs toxiques, repose sur une confiance dans la réaction des marchés, dont la participation est sollicitée aux côtés de celle de l’Etat. Mais, en même temps, qu’aucune confiance n’est accordée à ce même marché, puisqu’il est prévu de faire subir aux plus grosses institutions financières des « stress tests », destinés à révéler ce qu’elles cachent désespérément, la valeur réelle de leurs actifs. Il n’est d’ailleurs pas évident, pour faire un aparté, que le résultat de ces tests sera rendu public ultérieurement. Ni que le détail des mesures d’incitation prises par l’Etat afin de convaincre les investisseurs d’y aller sera une fois mis au point disponible au grand jour.


Il ne faut pas se méprendre sur la réaction fulgurante et négative des marchés, enregistrée à Wall Street, ni sur l’indignation qu’elle a suscitée chez Barack Obama. Ce que les marchés attendaient, sans prononcer le terrible mot qui commence par un « N », c’était une nationalisation des pertes, afin de pouvoir réinvestir leur playground, la sonnerie du début de la récréation. Il n’est pas certain que la réaction de Barack Obama ait uniquement exprimé un calcul politique destiné à cultiver sa popularité, anticipant des mesures qui y contribueront moins dans l’avenir, quand l’heure des additions sera venue. Il donnait l’impression d’être outré devant tant d’ingratitude des banques, vu le deal discret qui leur était proposé de négocier. Comment, ils en veulent plus encore ?


Il ne faut pas non plus se tromper, les hésitations, les silences, les reculs que nous enregistrons, les mesures qui sont finalement prises dans l’urgence et le désordre, sont bien plus l’expression d’un réel désarroi, d’une incapacité à forcer le destin et à culbuter les obstacles, les esquives, les refus et les dénis dans son propre camp, que d’un quelconque calcul. Il s’agit, quand même, d’un contre-pied majeur. De quoi être déséquilibré, de ne plus savoir à quel saint se vouer quand les dogmes les plus intangibles se sont effondrés. Dernièrement, Michael Gorbatchev, qui restait un peu écouté partout sauf dans son pays, mais devrait l’être encore plus dorénavant pour avoir rencontré une telle situation d’effondrement, rappelait qu’il avait reçu une « standing ovation » lors d’une conférence prononcé dans une université américaine, en expliquant que c’était au tour des USA de réaliser leur « perestroika » (mot devenu magique qui signifie restructuration en russe). C’est le quotidien financier La Tribune qui lui a donné l’occasion de le rappeler.


Beaucoup de qualificatifs sont utilisés dans les médias pour parler de la crise actuelle, dans sa démesure et en raison de l’incertitude qu’elle propage. Mais il est un terme qui ne l’a pas encore été et qui pourtant le mériterait, celui d’« implosion » que Paul Jorion utilisa comme titre pour son deuxième ouvrage consacré à la crise (*). Il représente l’image d’un système qui s’effondre sur lui-même. Avec effet dévastateur garanti.


Billet rédigé par François Leclerc

 

Paul Jorion

pauljorion.com

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).


 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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