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Cours Or & Argent

La « propriété intellectuelle » : un concept creux et juridiquement indéfendable

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Publié le 15 mars 2012
577 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

La « propriété intellectuelle » fait, depuis quelques années, l’objet d’une « protection » juridique de plus en plus poussée. Certains battages médiatiques soigneusement initiés par quelques chanteurs de renom ont su toucher les cœurs de nombreuses personnes.


Il est évident qu’il n’est pas plaisant pour un artiste de voir ses œuvres être diffusées gratuitement sur le Net. Malheureusement – et cela n’est en aucun cas un message de désespoir ou de dépit à défendre la cause de ces artistes – le soutien à cette cause ne peut être que moral et, en aucun cas, il n’est possible techniquement d’accéder à leur demande de protection. Une protection juridique pourrait donner lieu à de dangereuses dérives, dues notamment à la confusion sémantique qu’elle entraîne.


En effet, la « propriété intellectuelle » n’est qu’un mirage juridique, sorte de dernier legs empoisonné de Louis XVI, peu avant sa guillotine. Hélas, un terme, bien enrobé, peut ainsi suffire à changer profondément les mœurs et à dérouter les juristes eux-mêmes, lesquels ont fait preuve d’une intolérable pusillanimité face à cette mutation. La « propriété intellectuelle » (copyrights, brevets, marques) touche des biens immatériels. Nous sommes en pleine dénaturation de l’aspect physique qui est un des éléments essentiels permettant de définir convenablement le droit de propriété classique.


Curieusement, alors que, depuis plusieurs décennies, le droit de propriété « classique » subit des limitations de plus en plus importantes, remettant en cause son caractère sacré, le non-respect de la propriété intellectuelle peut faire l’objet de poursuites pénales. Une nouvelle discipline juridique est ainsi en train de se créer : le droit pénal de la propriété intellectuelle.


Mais, depuis les années 1980, un programmeur, souvent décrié – en partie pour son « look » atypique – mène un combat contre la propriété intellectuelle : Richard Stallman, auteur d’un manifeste à ce sujet.


Ne se contentant pas d’une lutte doctrinale, Stallman mit en pratique ses idées, créant, dans le domaine informatique, un système d’exploitation libre, GNU, lequel permet l’utilisation de tous les logiciels libres.


Stallman souhaitait éviter une cartellisation du domaine informatique. Le personnage, malgré ses excès, n’avait pas tort : en effet, une entreprise comme Microsoft profite allègrement de ses brevets pour monopoliser ce secteur. Le problème est que nous ne nous trouvons alors plus dans un marché libre : ce type d’entreprises jouissent de monopoles légaux mais transmettent pourtant à la population l’illusion qu’elles sont l’émanation d’un marché déréglementé, ce qui est loin d’être le cas.


Souhaitant maximiser la portée de son projet, Stallman créera une organisation à but non lucratif, la Free Software Foundation, dont l’objet principal sera de financer des développeurs qui contribueront au projet GNU.


À l’heure actuelle, les craintes de Stallman sur la protection toujours plus poussée de la « propriété intellectuelle » s’avèrent justifiées. Après la chute de Napster, il y a onze ans, la justice américaine s’en prend désormais à Megaupload.


Les pouvoirs publics de tous pays (et la France n’est pas épargnée par la colère des « hacktivistes » du fait de la loi HADOPI) vivent encore dans l’illusion qu’ils peuvent nettoyer le Net à leur guise. Quand ils ont réduit Napster à portion congrue, ils ne s’attendaient sans doute pas à ce que d’autres sites de téléchargement apparaissent. Et, de la même façon, il serait utopique de croire que personne ne se substituera à Megaupload. Surtout quand on observe la colère du mouvement Anonymous, bien décidé à contrer les lois des pouvoirs publics en la matière.

 

 

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