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Cours Or & Argent

La Fed a-t-elle un jour été une bonne idée ?

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Publié le 29 septembre 2016
1502 mots - Temps de lecture : 3 - 6 minutes
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Selon certains libertaires, la Réserve fédérale aurait à l’origine été une institution saine qui, au fil des années, se serait laissée corrompre. Elle ne représentait autrefois pas un grand danger en tant que banque de toutes les banques, mais pour ce qui est du monstre qu’elle est devenue, c’est une tout autre histoire. Si seulement nous pouvions en revenir à la charte de fondation de la Fed, pensent-ils, tout irait de nouveau très bien…

 

Je pense ici à deux analystes financiers assez connus dont les connaissances des marchés sont sans égal, et qui perçoivent le très bureaucratique FOMC comme le père de toutes les bulles, les récessions, les stagnations et les privilèges des marchés. Dans leurs articles, ils ne cessent de s’en prendre à la Fed pour son état de corruption et la menace qu’elle représente pour notre bien-être matériel et spirituel. Ils ont publié des best-sellers sur l’état de l’économie, et blâmé ce qui était à blâmer : les politiques monétaires de la Réserve fédérale.

 

Et pourtant, chose étrange, leurs recommandations ne vont pas jusqu’à l’éradication du cancer responsable de tous nos maux. Ils demandent une réforme de la Fed. Ils pensent qu’à sa naissance, cette dernière n’était en rien incompatible avec les marchés libres.

 

Peter Schiff écrit ceci : « le rôle d’une banque centrale est limité : elle doit contrôler la devise et maintenir la stabilité des prix et des taux d’intérêt… Ce genre de banque centrale est quelque chose que j’aurais moi-même pu défendre. Mais la Réserve fédérale des Etats-Unis n’a jamais fonctionné ainsi, et n’aurait certainement jamais dû le faire. Nous n’aurions jamais dû faire confiance à la Fed et croire qu’elle respecterait les limites établies. » (The Real Crash, Ch. 2)

 

Un peu plus loin dans son livre, il écrit : « Le destructeur ultime du dollar a été le système de réserve fédérale, qui était supposé être le gardien de notre devise. Comme je l’ai expliqué dans le chapitre 2, l’idée originale de la Fed n’était pas mauvaise. Elle était destinée à créer une devise uniforme, garantie par l’or. »

 

Dans The Great Deformation, David Stockman nous explique ceci :

 

« Le système de réserve fédérale avait pour objectif de devenir la banque des banquiers, et non un agent de gestion économique internationale. Sa charte de fondation a été ignorée par les discussions du monde moderne. » (P.197)

 

Dans son dernier chapitre, il liste les étapes à suivre qui, selon lui, nous permettront d’éviter les pires catastrophes, à commencer par la restauration de la Fed en tant que banque des banquiers et la restauration d’une monnaie saine, par quoi il entend une « devise garante par l’or ».

 

Pourquoi la Fed a-t-elle été créée ?

 

Au cours des années qui ont précédé la fondation de la Fed, le nombre de banques non-nationales était en hausse, comme l’était leur part des dépôts bancaires. En 1896, le nombre de banques non-nationales avait augmenté de 61%, et leur part des dépôts de 54%. En 1913, ces chiffres étaient passés à 71 et 57% respectivement. Le pouvoir de Wall Street était en déclin. Il était également affecté par une nouvelle tendance dans l’industrie : le financement de la croissance par le profit plutôt que par l’emprunt. Pour beaucoup d’entreprises, les taux d’intérêt imposés par les banques étaient trop élevés.

 

Et puis il y a eu le problème des déposants, qui laissaient leur argent sur un compte bancaire, persuadés qu’il y resterait, alors que leur banque le prêtait à tour de bras. Quand suffisamment de gens se sont présentés pour retirer leur argent, des banques ont dû fermer boutique (ou demander une exemption au gouvernement).

 

Du point de vue de Wall Street, il y avait un problème de compétition – né des banques non-nationales et de la préférence de l’industrie pour l’épargne plutôt que pour la dette – et un potentiel de panique bancaire.

 

Pour répondre à ce problème, quatre représentants des intérêts de Morgan, Rockefeller et Kuhn-Loeb, accompagnés par le sénateur Nelson Aldrich et l’assistant du Secrétaire du Trésor, A. Piatt Andrew, se sont réunis en secret à la propriété de Morgan sur Jekyll Island, en Georgie, en novembre 1910. Les banquiers représentaient environ un quart du capital global. Dirigés par Paul Warburg de chez Kuhn-Loeb, ils ont formé un cartel bancaire qui est devenu légal en 1913. Les pouvoirs monétaires – Wall Street – l’ont ensuite vendu au public comme un moyen de contrôler les vastes pouvoirs de Wall Street.

 

Des banquiers de Wall Street ont été nommés parmi le directoire de la Réserve fédérale, ainsi qu’en tant que gouverneurs de la Banque de réserve fédérale de New York (voir ici).

 

La première manifestation de la Fed impliquait les points suivants :

  1. Un monopole sur l’émission de billets de banques ; les banques nationales et d’Etat ne pouvaient plus émettre que des dépôts, et ces dépôts devaient être échangeables en or et en billets de la Fed.
  2. Toutes les banques nationales ont été rattachées à la Fed, et leurs réserves ont été conservées en tant que dépôts à vue auprès de la Fed.
  3. A mesure que les banques du pays envoyaient l’or de leurs déposants auprès de la Fed, elles recevaient en échange des billets de la Fed. Lorsque des membres du public demandaient un retrait, ils recevaient des billets de la Fed plutôt que de l’or. L’abandon des pièces d’or a non seulement encouragé l’inflation, il a rendu la confiscation bien plus facile quelques années plus tard.
  4. Avec la centralisation de l’or et des réserves bancaires, la Fed a doublé le pouvoir inflationniste des banques en réduisant leurs réserves obligatoires de 5 pour un à 10 pour un. Avec davantage de crédit disponible, les banques ont pu réduire leurs taux d’intérêt (voir ici)

Les banques violent les droits de propriété de leurs déposants

 

Comme je l’explique dans le chapitre 5 de The Jolly Roger Dollar, la clé du succès des marchés libres est l’établissement et la défense des droits de propriété. La législation du gouvernement n’a jamais reconnu le droit des déposants sur leur propriété, c’est-à-dire sur leurs dépôts. Alan Greenspan, dans son célèbre essai de 1966, nous écrit ceci :  

Parce qu’il est rare de voir tous les déposants chercher à retirer leur or en même temps, le banquier ne doit conserver qu’une fraction du total des dépôts en tant que réserves, ce qui lui permet de prêter plus que la quantité totale de ses dépôts d’or.

Notez le langage utilisé : « le banquier ne doit conserver qu’une fraction du total des dépôts ». L’impact de cette phrase serait-il différent s’il avait écrit : « Le banquier ne doit conserver qu’une partie de la propriété de ses clients, que ces derniers ont choisi de mettre en sécurité auprès de lui » ?

 

Je n’essaie pas de chercher la petite bête. Sachez que le système bancaire est derrière toutes les crises bancaires, et que si les banquiers respectaient le droit de propriété de leurs déposants, ils disposeraient de près de 100% de leurs réserves. Et pourtant, la législation a toujours été en faveur des banquiers :

Comme l’a expliqué Rothbard, une banque qui ne parvient pas à respecter ses obligations de dépôt n’est qu’une banque insolvable de plus. Suite au jugement britannique dans l’affaire Foley v. Hill et autres, en 1848, les cours américaines ont considéré que de l’argent déposé auprès d’un banquier était « la monnaie du banquier, qu’il est libre d’utiliser de son plein gré ». Et ce même si le banquier prend part à des « spéculations dangereuses ». Ainsi, selon l’Etat, la monnaie appartient à la banque, pas aux déposants. (JRD, chapitre 4)

 

Une banque de toutes les banques, sans gouvernement

 

Le désir des banquiers d’établir une banque de toutes les banques n’est pas malavisé, tant que cette banque reste déliée du gouvernement.

Entre la guerre de 1812 et la Guerre civile, le système bancaire américain était décentralisé et divisé en banques agréées par les Etats qui émettaient des billets de banque échangeables en pièces d’or et d’argent. L’un des points à retenir de cette période est le développement d’une chambre de compensation à Boston, baptisée Suffolk Bank.

Formé par des marchands proéminents, le Système Suffolk a permis aux banques de Nouvelle-Angleterre d’accepter les billets d’autres banques, dont les banques nationales, au pair avec de nouvelles espèces. Les membres du système devaient conserver des réserves suffisantes d’espèces auprès de Suffolk pour racheter les billets qu’elles recevaient. Suffolk n’autorisait pas aux banques nationales de gonfler leurs bilans, et pouvait les retirer de la liste des banques approuvées et annuler l’échange de leurs billets au rabais si elles ne respectaient pas les règles établies. (JRD, chapitre 11)

 

Conclusion

 

La Réserve fédérale n’a jamais été un système stable devenu corrompu. Elle a toujours été un système corrompu, qui n’a jamais cessé de se corrompre davantage.

 

Ron Paul a employé la bonne approche - abolir la Fed. La sortir de nos vies pour restaurer notre liberté monétaire – et notre droit de choisir un moyen d’échange.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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