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La grande distribution est un atout pour le petit commerce !

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Publié le 30 juin 2009
1372 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

L’une des raisons les plus souvent invoquées pour justifier le blocage de toute réforme des tristement célèbres lois Royer (1973), Raffarin et Galland (96), est la "nécessaire sauvegarde du petit commerce", dont les difficultés sont perçues comme le prélude à l’extinction de la vie des centres urbains. Rappelons que ces lois subordonnent l'autorisation d'ouverture de toute grande surface au vote d'une commission "représentative" d'élus et  de représentants du petit commerce, d'une part, et encadrent sévèrement les prix de ventes entre fournisseurs et centrales d'achat. Ces lois sont connues pour avoir favorisé une importante corruption des élus locaux, "afin de financer les partis politiques", bien sûr.

 

Passons sur la prémisse interventionniste qui préside à un tel raisonnement. Quand bien même le petit commerce serait menacé dans son existence par la grande distribution, et quelle que soit la sympathie que la boucherie Sanzot nous inspire,où les larmes que sa fermeture nous arrache, au nom de quoi l’état et les maires devraient mettre en place des lois pour conférer des avantages à un mode de distribution plutôt qu’un autre ?

 

Ajoutons que le "petit commerce", enfin, celui qui a survécu, s’est adapté à la concurrence des usines à vendre situées en périphérie des villes, soit en abaissant ses coûts d’achat et de distribution (regroupements de commerces, franchises…), soit en investissant les galeries marchandes des hypers, soit, surtout, en investissant les créneaux sur lesquels la grande distribution se montre la moins performante.

 

La lutte contre la libre installation des grandes surfaces : des effets inattendus !

 

Mais laissons là ces considérations de côté, et attaquons le nœud du problème : Pour contre-intuitif que cela paraisse, plusieurs études, citées par Pierre cahuc et André Zylberberg (*) dans leur dernier ouvrage ("les réformes ratées du président Sarkozy") ont montré que l’emploi dans le petit commerce était d’autant plus dynamique que les barrières à l’installation des grandes surfaces étaient faibles.

 

L’une de ces études, des français Kramarz et Bretrand, parue dans le « Quarterly journal of economics » de l’université de Harvard en 2002, a montré, d’une part, que le "petit commerce" avait connu une croissance plus importante dans les agglomérations ou la concurrence inter-grandes surfaces était la plus forte, et d'autre part, que la croissance de l'emploi avait été bien plus faible dans le petit commerce après l'instauration de la loi Royer dans les commerces en prise directe avec les grandes surfaces (de 0,6 à 0,1% par an), qui auraient dû être « protégés », et augmentée dans les secteurs comme la restauration, où les grandes surfaces concurrencent fort peu la restauration de centre ville (de 0,8 à 1,7%/an).

 

Cela s’explique aisément par un simple raisonnement Schumpeterien : dans les villes où malgré les lois sus-mentionnées, les grandes surfaces établies n’ont pu empêcher l’arrivée de nouvelles enseignes,  aucune d’entre elle ne détient de part de marché suffisante pour qu’une entente stable sur les prix puisse se former : dans ces villes, les prix dans les grandes surfaces, jusqu’à l’aube du nouveau millénaire, ont été longtemps inférieurs de 15% à ceux des villes où un seul, voire deux des grands groupes de distribution au niveau national, détenaient une position dominante.

 

Ces 15% ont permis aux ménages clients des grandes surfaces d’économiser sur les achats en grande surface, leur octroyant une marge supplémentaire pour effectuer des achats différents dans des commerces dits « de proximité », ce qui ne veut plus dire grand-chose de nos jours.

 

Hélas, la loi Galland (1996) a grignoté cet avantage en imposant aux grandes surfaces un prix d’achat fournisseur unique, qui a anihilé de facto la concurrence sur de nombreuses marques entre points de vente.

 

Un bilan des lois anti grandes surfaces défavorable aussi au petit commerce !

 

Résultat : entre 1996 et fin 2002, la marge brute des hypers, toujours selon MM. Cahuc et Zylberberg, est passée de 21,5 à 33 %, ce qui est tout à fait considérable, et les économistes P. Askhénazy et K. Weidenfled  ont  calculé que les lois Royer, Raffarin et Galland avaient empêché la création de 100 000 emplois dans le commerce tous secteurs confondus, y compris une partie dans le commerce de proximité.

 

Rappelons ce principe de base du fonctionnement de la wealth machine du monde libre, connue sous le nom certes peu avenant de "destruction créatrice" : toute amélioration de la productivité de certains producteurs de bien et services, en forçant les compétiteurs les moins performants à s’adapter ou à mourir, permettent aux consommateurs de bénéficier de gains de pouvoir d’achat qui vont permettre aux produits et services innocents de trouver leur place dans le budget des ménages. En contrepartie, si l’on bloque ce processus de transformation en protégeant un acteur économique particulier parce qu’il réussit à faire pleurer sur son sort, alors on empêche ces mêmes entreprises innovantes de trouver des débouchés, et donc de créer les emplois de demain, ceux qui assurent l’avenir de la population active.

 

En ce sens, le développement des grandes surfaces, en améliorant la productivité de la distribution, a sans aucun doute favorisé l’émergence d’un petit commerce renouvelé bien plus attractif que les petites épiceries de quartier de grand-papa. Ces petits commerces ont pu vendre des produits plus spécialisés à plus forte marge, et certains sont devenus de véritables petites PME de plusieurs salariés, bien loin du business model ou monsieur gérait la boutique avec l'aide de madame qui l'assistait gratuitement à la caisse.

 

L'exemple type de cette évolution est la boulangerie: la qualité et la variété des pains aujourd'hui accessible aux consommateurs est sans commune mesure avec le produit standardisé et pour tout dire souvent décevant que l'on trouvait dans les étals dans les années 70 -- sauf dans quelques boulangeries haut de gamme. En contrepartie, de nombreuses boulangeries de quartier ont aujourd'hui plusieurs salariés, tant en salle qu'au fournil.

 

Mais les freins à la concurrence inter-grandes surfaces ont, au contraire, contribué à freiner ce mouvement de mutation-modernisation du petit commerce, sans pour autant contribuer à maintenir en vie les échopes plus traditionnelles.

 

Bref, une fois de plus, un préjugé économique apparemment intuitif est battu en brèche dans le monde réel. Ce qu'on voit, ce sont des usines à vendre qui vont manger tout cru l'épicerie d'antan. Ce qu'on ne voit pas, c'est que la grande distribution est à terme un atout pour le petit commerce, du moins celui qui fait preuve du talent et de la capacité d'adaptation nécessaire pour profiter des mutations induites par la grande distribution dans nos habitudes de consommation.

 

La loi LME, l'occasion ratée

 

La loi LME était censée lever ces barrières à l’établissement d’une plus grande concurrence entre grandes surfaces. MM. Cahuc et Zylberberg montrent que le lobbying intensif des principales enseignes de la distribution a vidé cette loi de sa substance par le jeu de mauvais amendements parlementaires, et a sans doute rendu encore plus perméable à la corruption le processus d’autorisation de nouvelles surfaces commerciales, notamment au plan de l’urbanisme.

 

Il serait temps que le principe de la liberté d’établissement redevienne la règle de base prévalant à l’ouverture d’entreprises nouvelles, tous secteurs confondus. Tant l'emploi dans le commerce que le rapport qualité/prix et la diversité des choix offert aux consommateurs, donc leur pouvoir d'achat, en bénéficieront.

 

Vincent Bénard

Objectif Liberte.fr

Egalement par Vincent Bénard

 

Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones dédiés à la diffusion de la pensée libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement, crise publique, remèdes privés", ouvrage publié fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de marché pour y remédier.

 

Il est l'auteur du blog "Objectif Liberté" www.objectifliberte.fr

 

Publications :

"Logement: crise publique, remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat

Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république, bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La doc française, avec Pierre de la Coste

 

 

Publié avec l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits réservés par Vincent Bénard.

 

 

 

 

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