Il est ordinaire de lire des économistes qui critiquent les théories
d'autres économistes à cause de l'absence d'hypothèses (...axiomes ou
postulats, peu importe) qu'ils y jugent nécessaires ou d'hypothèses non définies
qui ont été adoptées (de Ricardo à Coase, en passant, par exemple,
par Hicks ou Robinson...).
1. Les mauvaises précautions.
Croyant se prémunir de l'erreur, des économistes appliquent des théorèmes
mathématiques à ce qu'ils veulent expliquer comme si ces théorèmes ne
cachaient pas les mêmes biais pour ne pas parler de ceux
de l'application elle-même.
A défaut, les mêmes ou d'autres appliquent une autre science et en
transposent des éléments.
Ce sont, par exemple, l'emploi des forces ou les rapports de forces
transposés de la mécanique à l'économie politique...
2. Les extrêmes.
Aux extrêmes de la démarche, il y a,
- d'un côté, l'action économique de vous et moi (possession de
propriétés, production, distribution, consommation, investissement, épargne,
etc. ...) prêtée aux économistes dits "autrichiens" par les
marxistes et,
- de l'autre, les résultats de l'économie mondiale, du monde
économique, construits par des statisticiens.
Chacun comprend sans difficulté ce que sont les actions économiques qu'il
peut mener pour des raisons juridiques, techniques ou économiques.
Il en est différemment des résultats du monde économique qui reposent sur
des chiffres, des statistiques discutables, établis par des gens selon des
méthodes inconnues du grand public ...
Grandes différences d'ailleurs entre les deux extrêmes:
- vous et moi avons la capacité de pensée, non pas le monde en question
qui n'est jamais qu'une construction de notre esprit,
- vous et moi échangeons des marchandises entre nous étant donné la pensée
de chacun, pas le monde en question qui est fermé et ne saurait avoir des
échanges avec un monde extérieur ...
3. Les méfaits du meden agan.
Etant donné ces difficultés dont ils ont conscience, nos économistes
majoritaires préfèrent le plus souvent à ces extrêmes:
- les relations que vous et moi avons choisi de former entre nous, du type
association, société, ... nation (cf. ce billet
de 1989)
- la division du monde économique en pays, nations, états étant donné les
règles juridiques tacites des entités en question construites par ceux qui en
parlent.
Selon Ludwig von Mises :
"Society is the product of thought and will.
It does not exist outside thought and will.
Its being lies within man, not in the outer world.
It is projected from within outwards" (Mises, 1969, p.291)
Il en est de même d'un pays ou d'une nation.
Il en est différemment de l'état dont les hommes se sont donnés le
privilège de la spoliation.
4. La confusion.
Mais nos économistes ne s'arrêtent pas là.
La démarche les amène
- à rapprocher les ensembles de gens et les ensembles de pays, nations (de
la société des nations à l'organisation des nations unies au XXème siècle),
états,
- à identifier les ensembles et
- à faire comme si le pays (respectivement la nation ou l'état) pensait et
échangeait des marchandises avec d'autres pays (resp. nations ou états).
a. L’économie
internationale.
Exemplaire est la démarche adoptée depuis David Ricardo en matière
d'économie internationale, véritable "bande dessinée" où il est
autant question de pays que de nations et où vous et moi n'existons pas...
Le seul intérêt de la démarche est, finalement, de faire sauter aux
yeux que Ricardo dénommait "valeur" la quantité de travail des gens
(interdits, par hypothèse de la théorie, de changer de pays ou nation).
Aujourd'hui, remarquons-le en passant, la quantité de travail n'est plus
envisagée comme un type de valeur (cf. ce billet
de décembre 2015)!
b. Les avantages comparatifs.
Qu'à cela ne tienne, les statisticiens se font forts de vérifier ce qu'ils
dénomment, avec des hypothèses économiques plus élaborées, la théorie en
question, à savoir, alternativement, la "théorie des coûts
comparatifs" ou la "théorie des avantages comparatifs" (cf.
wikipedia en
français ou en
anglais).