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Outre-manche,
un parti « populiste » grapille,
jour après jour, quelques points dans les sondages : le Parti
pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP).
Il se pourrait
même que, prochainement, ce mouvement dépasse
les Démocrates libéraux (Liberal Democrats)
qui sont la troisième force politique du pays. Certes, il faut tenir
compte de l’effondrement desdits Démocrates libéraux qui
avaient longtemps surfé sur leur opposition à la guerre en
Irak. Mais, justement, au vu de la probable recomposition du paysage
politique britannique dans les années à venir, l’UKIP pourrait
tirer son épingle du jeu.
Mais
qu’est-ce que l’UKIP ? Comme son nom l’indique, il
s’agit d’un parti eurosceptique, dont de nombreux membres sont
des rescapés déçus du Parti Conservateur, lequel a trahi
son pays, selon eux, en signant le Traité de Maastricht. Parmi ces
transfuges, se trouve Nigel Farage, leader actuel
du mouvement. Ce dernier fut d’ailleurs créé en 1993,
soit juste après la signature dudit texte.
Farage – qui se décrit comme
« libertarian » (terme
difficilement traduisible en français puisqu’il englobe tous les
libéraux, y compris les non-libertariens)
– a développé l’UKIP de façon
étonnante : ce parti a ainsi défait aux élections
européennes le Parti travailliste et les Démocrates
libéraux en 2009, preuve de la légitime lassitude ressentie par
les citoyens britanniques à l’égard de l’Union
européenne et de son fonctionnement.
Il faut dire
que Nigel Farage, peu adepte de la langue des bois,
n’hésite pas, depuis de longues années, à pointer
du doigt, les dérapages des membres de la Commission et des
parlementaires européens.
En effet, en
2004, la toute fraîche Commission Barroso intégrait un membre
condamné pour financement illégal de parti, Jacques Barrot. Farage demanda alors sa démission. Le principal
intéressé répondit que cette condamnation pénale
était couverte par l’amnistie présidentielle et que
personne ne pouvait la mentionner, conformément au droit
français. Barrot serait-il frappé d’amnésie au
point d’oublier que Farage était
anglais ?
Quelques mois
plus tard, Farage exigea que les membres de la
Commission déclarent où ils passent leurs vacances. Sa
requête fut rejetée sur le fondement du droit à la vie
privée desdits membres. Il est toujours amusant de voir cette
institution, si soucieuse
en matière de transparence financière, se réfugier dans
une telle opacité dès que ses membres sont concernés, au
mépris de l’argent du contribuable, grâce auquel vivent
ces bureaucrates. Cela n’empêcha pas Die Welt de publier le fait que Barroso
avait passé une semaine sur le yacht du milliardaire grec, Spiro Latsis. Jusque-là,
rien de choquant. Après tout, le président de la Commission est
en droit d’avoir les amis qu’il souhaite, fût-ce de riches
industriels. Mais quand on se souvient que, peu avant, la compagnie maritime
de Latsis avait bénéficié
d’une subvention de l’État grec, approuvée par la
Commission européenne, le rapport de cause à effet devient
alors plus limpide.
Insatiable, Farage ne s’arrêta pas en si bon
chemin : en janvier 2007, Joseph Daul fut
élu en tant que nouveau leader du groupe PPE (Parti Populaire
Européen) au Parlement européen. L’UKIP rappela alors que
Daul était sur le banc des accusés
dans une affaire d’abus de biens sociaux relative au mode de
financement du FNSEA (Fédération nationale des syndicats
d’exploitants agricoles). Il ne fut blanchi qu’en décembre
2008 et cela n’empêcha pas la justice française de pointer
les dérives de la FNSEA. Daul menaça Farage de poursuites mais, ne passa finalement pas des
paroles aux actes.
Enfin, plus
généralement, grand critique du projet européen, Farage stigmatise l’euro depuis 1999 : il rappelle
qu’un tel projet monétaire ne peut fonctionner durablement
puisque les économies des divers États de la zone euro sont structurellement
différentes. Il prédisait dès sa création les
difficultés que rencontreraient quatre États : la
Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne. Il ne
s’est pas trompé. Dès lors, il n’est pas
étonnant que l’UKIP grimpe petit à petit dans les
sondages.
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