La prolongation de neuf mois de
la réduction de production de l’OPEP pourrait s’avérer une véritable manne
financière pour l’industrie de schiste des Etats-Unis. La production
américaine de schiste était déjà supposée remonter cette année, mais la
prolongation des limitations imposées par l’OPEP fournit aux foreurs de
schiste un peu plus de marge de manœuvre sur le marché.
Les possibilités semblent
illimitées. Mais certains signes laissent supposer que l’industrie de schiste
des Etats-Unis atteigne aujourd’hui les limites de son potentiel. Pour être
plus spécifique, les coûts de forage commencent à flamber, et les avancées
colossales de production qui pouvaient jusqu’à présent être obtenues de l’addition
de quelques plateformes supplémentaires ne semblent désormais plus possibles.
Selon le rapport de l’EIA sur la
productivité des forages, la productivité (et non la production) devrait
plonger le mois prochain dans le bassin Permien. En d’autres termes, une
plateforme pétrolière ordinaire pourrait ne produire initialement plus que
630 barils de pétrole par jour, contre 640 barils par jour au mois de mai. C’est
une manière convolutée de dire que les rendements qui ont jusqu’à présent pu
être tirés du développement de nouvelles plateformes ont peut-être plafonné.
Et c’est un développement
notable – c’est la première fois que l’EIA prédit un déclin de la
productivité des puits de pétrole depuis qu’elle a commencé à publier ces
statistiques il y a déjà plusieurs années. Mais parce que le nombre de
plateformes pétrolières a beaucoup augmenté, la production du bassin Permien
continuera encore de grimper dans un premier temps. En revanche, à mesure que
les sociétés pétrolières mettront la main sur les meilleurs endroits où
forer, il leur sera de plus en plus difficile d’en trouver d’autres.
L’installation de nouvelles
plateformes ne représente qu’un côté de l’équation. Comme l’a noté Collin Eaton,
de chez Fuel
Fix, les sociétés installent des puits plus rapidement que leurs
fournisseurs ne peuvent les fracturer. Le manque d’équipes de fracturation
signifie que le nombre de puits creusés mais non-fracturés a flambé au fil de
l’année dernière, pour grimper de plus de 60% sur un an jusqu’à atteindre 1.995
au mois d’avril.
Ce manque de contractuels
signifie que les coûts de forage vont aussi augmenter. Les sociétés de services
pétroliers ont été les premières à souffrir du retournement du marché ces
quelques trois dernières années, et ont été forcées de réduire leurs taux en
raison du manque de travail. Les producteurs de pétrole n’ont jamais cessé de
se vanter de leurs « gains d’efficacité », mais une majorité de
leur épargne est provenue de ces réductions de taux.
La croissance actuelle des
activités de forage signifie que les compagnies de services pétroliers ont
désormais les moyens de rehausser leurs taux. La conséquence pourrait en être
une flambée des couts des producteurs, qui pourrait selon les estimations de
S&P Global Platts atteindre jusqu’à 20% cette année.
Et tout n’est pas non plus rose
pour les sociétés de services. Fuel Fix a annoncé avoir à racheter des
appareils de forage après en avoir supprimé un grand nombre au cours de ces
dernières années. Il leur faudra également trouver les employés nécessaires
au renouveau de leurs activités, ce qui ne risque pas d’être tâche facile au
vu des récentes vagues de licenciement.
La production devrait cependant
continuer de grimper. Les financements généreux issus de Wall Street font que
le capital ne soit aujourd’hui plus un facteur limitant. En conséquence, l’industrie
de schiste continuera d’arroser le Texas de fonds. Le pétrole continuera d’affluer
cette année, voire aussi l’année prochaine. La production du bassin Permien
devrait par exemple gonfler de plus de 70.000 barils par jour entre mai et
juin.
La détermination de l’OPEP d’empêcher
une nouvelle baisse de prix apporte une certaine certitude aux producteurs de
schiste. L’OPEP a en effet réduit le risque lié au déploiement de nouvelles
ressources dans le bassin Permien. Sur une base annuelle, l’EIA estime que la
production de schiste américaine sera en moyenne de 9,3 millions de barils
par jour en 2017, et de 10 millions de barils par jour en 2018.
Mais si la productivité des
puits a plafonné, il sera bientôt plus difficile de produire de nouveaux
barils de pétrole qu’il ne l’était encore à la fin 2016.