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Le canard est toujours vivant

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Publié le 31 mai 2012
873 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Placée devant un inacceptable fait accompli, la BCE a rejeté l’hétérodoxe plan de recapitalisation de Bankia tandis que, parallèlement, le gouverneur de la Banque d’Espagne démissionnait de ses fonctions, interdit de s’exprimer publiquement devant le Parlement. Ces deux événements concomitants laissent peu de marge de manœuvre à Mariano Rajoy, qui doit trouver 19 milliards d’euros et refuse tout sauvetage européen alors que les taux espagnols continuent de se tendre sur les marchés.


Le spectre d’une solution à l’Irlandaise, qui avait conduit le gouvernement de Dublin à sauver à tout prix les banques du pays, plane sur l’Espagne. L’alternative, rappelée dans un éditorial du Financial Times (non sans lui donner quelque saveur) consisterait à obliger les actionnaires et les créanciers à éponger les dettes des banques, les dépôts étant par ailleurs protégés et la BCE assurant la liquidité. Mais il n’en est pas plus question pour Mariano Rajoy.


Le gouvernement n’a pas davantage dévoilé toutes ses batteries à propos de l’audit des banques qu’il a confié aux cabinets BlackRock et Oliver Wyman, sous la supervision finale du FMI et de la BCE. Il serait question d’obliger les banques à créer des bad banks recueillant leurs actifs problématiques – ce qu’elles ne voulaient pas – dans des conditions qui n’ont pas été précisées, ainsi que de leur fixer des objectif de recapitalisation, une fois analysés les résultats des audits. Elles auraient ensuite toute latitude pour y parvenir soit par leurs propres moyens, soit en faisant appel au fonds gouvernemental (Frob). Pour y avoir accès, elles émettraient des obligations convertibles en action (CoCos) assorties d’un taux de 10 %, afin de tenir compte du taux que devra de son côté consentir le Frob afin de réunir sur le marché les fonds correspondants. Présenté comme une opération vérité qui n’a que trop tardé, ce processus est une course d’obstacles attendue.


Un tel montage risque, dans la pratique, d’être aussi tiré par les cheveux que celui du sauvetage mort-né de la Bankia. Dans ce contexte, les hispanobonos émis par les régions avec la garantie de l’État risquent de leur côté de recevoir un accueil frais de la part des investisseurs. Une des leçons qui peut être tirée est que la confiance des marchés a définitivement été perdue…


Les autorités européennes se retrouvent avec deux crises simultanées sur les bras. En Grèce, elles risquent de devoir enregistrer une victoire électorale de Syriza, qui défend le maintien de la Grèce dans l’euro tout en prétendant renégocier son plan de sauvetage (ou par défaut la perspective de nouvelles élections faute de majorité parlementaire). En Espagne, Mariano Rajoy tente une nouvelle fois de biaiser et refuse de jouer le jeu, cherchant ainsi à obtenir ce qu’il ne pourrait avoir par la négociation. Dans les deux cas, c’est au rapport de force que cela va se régler. Gare aux éclaboussures !


Seule à réagir, la Commission européenne étudie la possibilité d’accorder une année supplémentaire à l’Espagne pour réduire son déficit à 3 % du PIB. Mais elle a comme projet d’exiger en contrepartie de nouvelles mesures sur les retraites, la législation du travail et la TVA. Ce glissement du calendrier va en appeler d’autres, et pas seulement en Espagne ! Petit à petit, confrontée à l’impossibilité de la poursuivre, la stratégie européenne de désendettement se défait. La crise bancaire reste quant à elle en suspens.


Sans tenir compte des fonds nouveaux qui doivent être trouvés, le gouvernement n’est qu’à mi-chemin de son programme de financement de la dette : quelques 40 milliards sont encore à financer d’ici la fin de l’année. Il y est jusqu’à maintenant parvenu en émettant de la dette à court terme, avec pour effet de diminuer la maturité moyenne de celle-ci, et de le rendre encore plus vulnérable à la hausse des taux. Par ailleurs, la dette espagnole attire de moins en moins d’acheteurs étrangers et ce sont les banques du pays qui s’en portent principalement acquéreurs. Au moment où il est question de trancher ce nœud gordien, le gouvernement espagnol le resserre. Aboutissant à emprunter aux banques pour parvenir à les aider…


De même qu’il ne veut pas envisager une faillite bancaire, Mariano Rajoy se refuse à suivre ce raisonnement pour les régions. Le dispositif prévu repose sur l’équivalent au niveau espagnol de ce que pourraient être des euro-obligations à l’échelle de la zone euro. Mais à quel taux les hispanobonos vont-ils trouver preneur, même avec la garantie de l’État qui doit lui-même faire face à une forte tension sur le marché ?


L’État espagnol s’apparente à l’un de ces trous noirs de l’univers qui absorbent toute la matière qui s’en approche pour la faire disparaître. L’analogie s’arrête là, car la dette n’est pas cette matière noire indéfinissable dont les astrophysiciens ont un moment pensé qu’elle les constituaient.



Billet rédigé par François Leclerc


Son livre, Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de paraître.


Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.


 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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