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Cours Or & Argent

Le processus infernal

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Publié le 05 octobre 2011
6599 mots - Temps de lecture : 16 - 26 minutes
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Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

L'euro - et son cortège de "crises" de diverse nature apparu en peu de temps comme on pouvait s'y attendre - est en définitive la dernière étape en date d'un processus de réglementations de l'économie de marché qui a été mis en branle par les hommes de l'Etat au lendemain de la guerre de 1914-18.

Evoquer en quoi consiste le processus dans quoi nous nous trouvons donc aujourd'hui, et ses composantes, comme nous allons le faire ci-dessous, ce n'est pas "faire de l'histoire" comme certains pourraient avoir le réflexe de le considérer.
C'est reconnaître les causes de la situation économique du moment, en grande partie effet réalisé - certes à plus ou moins long terme - des réglementations accumulées jusqu'à aujourd'hui sur les actions de nos parents et de nous-mêmes.

Bien évidemment, si on a la prétention que la science économique soit indépendante des règles de droit comme le veut la pratique majoritaire - à savoir l'"économie pure", "micro..." ou "macro..." -, l'accumulation des réglementations étatiques tient au mieux de l'histoire, à défaut d'être mise dans un placard (cf. ci-dessous).

L'idée du processus de réglementations n'est pas nouvelle. 
Par exemple, Jacques Rueff dans Le péché monétaire de l'Occident en 1971 et Friedrich von Hayek dans Denationalisation of Money en 1976, puis 1978, l'avaient développée, mais, chacun, avec sa perspective.
A l'espèce de fatalité qu'esquisse le titre du livre de Rueff - quoique celui-ci ne fût pas fataliste -, le livre de Hayek apporte la solution.

Aujourd'hui, près de quarante ans plus tard, l'idée est oubliée, méconnue ou mise de côté malgré l'actualité de son support, à savoir le droit et la "monnaie". 

De plus, les réglementations étatiques ont continué à être produites par qui de droit,  à s'accumuler et leurs effets à s'agréger et à être vécus sans qu'on y insistât comme si le monde était magique.

Soit dit an passant, la réglementation étatique ne pousse pas sur le néant. 
Telle la "mauvaise herbe", elle pousse sur la "bonne terre" que sont les règles de droit naturel (propriété, responsabilité et liberté d'échange), a priori éternelles.

Seulement, ceux qui la font pousser s'efforcent de faire oublier son milieu ou le diabolisent en parlant, par exemple, des "imperfections du droit".
Ils créent ainsi l'impression que, à défaut de pousser sur le néant, la réglementation étatique comble des "vides juridiques"...

A la différence des mauvaises herbes qui poussent et s'étiolent, les réglementations étatiques s'accumulent et tendent à acquérir un caractère de perpétuité, d'irréversibilité aux yeux de certains... qui empêcherait de les supprimer.


1. Un fait d'actualité.

L'euro aujourd'hui, c'est désormais, pour beaucoup,  les dettes (ou créances... selon le point de vue qu'on adopte) "souveraines" (pour ne pas dire "étatiques") libellées en euro et résultats des politiques de déficits budgétaires suivies.

Nouvelles ou déjà en circulation, ces dettes souveraines ou étatiques donnent lieu à des échanges sur des marchés organisés ou non (cf. graphique ci-dessous).

                                        Graphique.






Même graphique ci-dessous mais en plus petit pour faire apparaître le "bout manquant à droite"... relatif à l'Allemagne et à la France en 2011.





Source : Vause et Peter, «  Les préoccupations liées à la croissance mondiale et à la dette souveraine orientent les marchés », Rapport trimestriel de la B.R.I., B.R.I., 19 septembre 2011.


Le graphique ci-dessus fait apparaître que, sur les marchés des dettes souveraines des pays de la zone euro, il y a eu, en 2010 et 2011, des augmentations des taux d'intérêt "équilibrant" l'offre et la demande de dettes souveraines, variables selon les Etats des pays - pour la durée d'ici la maturité retenue, à savoir dix ans -.

Une explication de ces augmentations consiste à dire que les taux d'intérêt d'équilibre se sont accru du montant de la "prime de risque" (concept économique) que présentait chaque Etat débiteur - ce qui, soit dit en passant, causait des pertes ponctuelles aux créanciers à taux fixe qui doivent faire des dotations aux comptes des provisions comptables s’ils ne les vendent pas ou supporter des "moins values" s'ils vendent -.

Cette explication de l'augmentation des taux d'intérêt des dettes souveraines par la « prime de risque » est confirmée par ce qui se passe sur le "marché des « credit default swap »" (C.D.S.) en relation avec l'évaluation des risques des dettes souveraines.

D'une façon générale, les marchés de C.D.S. sont des marchés de gré à gré (O.T.C.) ou organisés d’assurance contre le défaut de paiement du débiteur..
Ces marchés sont apparus à partir du début de la décennie 1990.
Sur ces marchés, la demande paie des primes en monnaie  à l'offre qui les reçoit et dont le montant est en relation avec la "prime de risque".
En cas de réalisation du risque, l'offreur paiera le montant de la dette non payée.

Pour le créancier qui achète des C.D.S., la dépense en primes s'ajoute aux dotations aux comptes de provisions - si les taux d'intérêt montent - et pèse sur la rentabilité globale du patrimoine du créancier qui se protège ainsi.

Mais certains diront que tout cela n'a pas de réalité économique et n'est que "spéculation financière".


2. En quoi consiste la « crise actuelle »  de la dette souveraine d’un point de vue économique?

Pour beaucoup, étant donnés les évolutions de taux d'intérêt précédentes et surtout les phénomènes qu'elles peuvent cacher - tel jour, tel marché n'a pas eu d'échange, faute d'un minimum de confiance des opérateurs -, il y a actuellement "crise de la dette souveraine" - qu'en tant qu'économiste, j'appellerai aussi "ajustement économique"-.

Ce fait cache deux faits siamois à séparer car très différents l'un de l'autre: un fait de marché et un fait de réglementation.

a) Un refus des uns


Le fait de marché tient d’abord dans le refus par les créanciers – ou par les épargnants – potentiels d’accumuler encore – librement – davantage de dettes souveraines aux conditions ordinaires du marché, voire à des conditions extraordinaires… - apparemment avantageuses… -
Les marchés en question sont des marchés de gré à gré (O.T.C.) ou des marchés organisés, soit par le théoricien, soit en pratique (« bourse »), des marchés « spot » ou « non spot ».
Les créanciers sont rassasiés de dettes souveraines et veulent réorganiser leurs patrimoines respectifs où figurent les dettes souveraines.

b) Une décision de diminution des autres


Le fait de marché tient aussi dans la décision de certaines personnes juridiques physiques ou morales de diminuer le montant de dettes souveraines qu’elles ont accumulé à des conditions ordinaires, voire à des conditions extraordinaires… - forte perte acceptée, prix de vente largement inférieur au prix d’achat -

Bref, on accumule jusqu'au jour où on n'accumule plus, voire où on décide de faire diminuer ce qu'on avait accumulé.
La crise de la dette souveraine tient dans ce double passage.

c) Un choix permanent des troisièmes

Le fait de marché tient enfin aux Etats qui continuent à avoir des déficits budgétaires – croissants ou non – et cela malgré leurs engagements de faire opposés (par exemple, Etats de la zone euro) et tout ce qui se passe…

Dans la zone euro, ces politiques sont en opposition avec les engagements pris (critères de Maastricht et pacte de stabilité et de croissance).

Les Etats, par conséquent, continuent la même politique d'augmentation de leur endettement, de leur offre de « créances sur eux-mêmes ».
La France depuis 1975…  (cf . ce billet par exemple)

d) Remarque : causes du changement des uns et de la continuité des autres.

A priori, les causes du changement des uns – les épargnants/créanciers - et de la continuité des autres – les états déficitaires - sont nombreuses.
Il est difficile d'en faire la liste ou d'en privilégier un petit nombre.

On peut toujours privilégier l'augmentation du « risque de défaut » des Etats comme c’est l’habitude actuelle.
C’est le risque que les créances/dettes souveraines ne soient pas honorées comme elles devraient l'être... – intérêt et principal -, il se traduit dans les échanges des marchés de dettes souveraines par une « prime de risque ».

e) Le fait de réglementation.


N'est pas bien évidemment à négliger le fait de réglementation. 

Il tient dans le paquet de réglementations qu'est le système monétaire de l'euro, €xpérience sans précédent, dont un des résultats est que les dettes souveraines ou étatiques en question sont libellées en euro (cf. autres billets de ce blog sur le sujet, par exemple celui-ci intitulé "Quel avenir pour l'euro").


3. Composantes du processus de réglementations.

Hier, au lendemain de la guerre de 1914-18, on disait qu'il y avait des pays qui  avaient des dépenses de reconstruction - les réparations allemandes, etc. - incompatibles avec la balance des paiements, avec son équilibre dans le cadre de droit qu'était l'étalon or.
En d'autres termes, le problème économique avancé était que la reconstruction des économies était sinon impossible, du moins serait longue car les échanges internationaux dont les dépenses dépendaient étaient freinés par le cadre de droit qu'était l'étalon-or.

Quoique refusé par certains économistes,
le diagnostic a conduit les hommes de l'Etat à réglementer l'étalon-or, émanation des règles de droit, et à mettre en oeuvre l'étalon de change or, une réglementation internationale occidentale et le processus de réglementations dont on n'est jamais sorti.

Aujourd'hui, par comparaison, privilégiant l'augmentation de l'offre de dettes souveraines, on dira qu'il y a de plus en plus d'Etats - ... de pays, en particulier de la "zone euro" - qui ont des dépenses excessives ou des recettes fiscales insuffisantes – en relation ou non avec une croissance économique insuffisante - et surtout incompatibles avec le budget, avec son équilibre, dans le cadre du paquet de réglementations qu'est la "zone euro" voire de ce qui est dénommé "système monétaire international" (S.M.I.).
En d'autres termes, le problème économique avancé est aujourd'hui qu'il y a un endettement des Etats des pays en question de plus en plus insoutenable dans le cadre de l'euro ou du S.M.I. .


Avec ce diagnostic, là encore refusé par certains économistes, des réglementations s'ajoutant aux précédentes sont envisagées par les hommes de l'Etat (taxes sur les activités financières,
de la "facilité européenne de stabilité financière" à un fonds éponyme, puis à un "fonds commun de créances", fonds européen de stabilité financière, etc.) et ainsi va donc se poursuivre le processus de réglementations, comme si celui-ci pouvait mener ailleurs qu'à la situation initiale fuie.

Autant le diagnostic d'hier était erroné, autant celui d'aujourd'hui est évident. 
Autant le remède étatique international d'hier était erroné, autant celui d'aujourd'hui l'est tout autant.

a) Remarque préliminaires.

i) De la réglementation.

Il convient de souligner que, la plupart du temps, les réglementations d'aujourd'hui ne sont pas envisagées comme elles devraient l'être, à savoir comme une solution, un remède de plus aux effets des réglementations d'hier sur la situation d'alors que ces réglementations devaient améliorer et n'ont pas amélioré.

Les réglementations sont toujours présentées comme une solution, un remède à la situation sans mention de toutes les autres règles existantes ou comme si celles-ci allaient disparaître.

Oubli ? Perte de mémoire ?
Certes, il y a ceux qui s'en souviennent, mais qui ajoutent dans la foulée "la situation serait pire si les réglementations n'avaient pas existé"...  Merveilleux, non ?...


ii) Il y a « faire de l’histoire » et « faire de l’histoire ».

Analyser avec méthode et concepts le règne d’untel ou d’untel, ou bien telle république ou telle autre, ou bien telle période troublée ou telle autre, etc., c’est « faire de l’histoire ».

Mais signaler une loi, un décret, un arrêté, une circulation, bref des réglementations et se situer dans les conséquences économiques à court terme et à plus long terme de celles-ci, ce n’est pas « faire de l’histoire », c'est être dans la réalité.

Malheureusement, dans le meilleur des cas, beaucoup d’économistes semblent confondre les deux démarches, assimiler la seconde à la première pour ne plus parler des réglementations et pour faire comme si celles-ci ou leurs conséquences économiques n'existaient pas : « la science économique n’est pas l’histoire », diront-ils à cette occasion.
 
Dans le pire, ils "font de l'économie" en faisant abstraction des règles de droit, en confondant droit et législation/réglementation (cf. à ce propos, Hayek, Droit, législation et liberté) et, en introduisant, en "parachutant", des règlementations....

A lire ou entendre certains économistes, tout se passe comme si, par exemple, une interdiction légale ne pouvait qu'avoir un effet à court terme.  Après on s'adapterait à la réglementation. 
Il faut donc l'oublier... Implicitement, les réglementations deviennent ainsi perpétuelles, irréversibles, comme peut l'être l'assassinat d'un roi,
Tout se passe comme si on ne vivait pas les conséquences économiques terribles… à long terme des règlementations passées.

A fortiori, tout se passe comme si peu importaient les idées qui s’étaient opposées à l'institution de l’interdiction… et avaient prédit les effets à long terme qui se dérouleraient… si l'interdiction était instituée.

En d'autres termes, tout se passe comme si une interdiction légale était une espèce d’acquis social.

Le cas échéant, à défaut de s’opposer à l’abrogation de l’interdiction, ceux qui soutiennent sa perpétuité/permanence/irréversibilité font en sorte de la mettre de côté, qu’on n’en parle pas, ou de la déformer, de la dénaturer…


b) Elément de base du processus de réglementations.

Pour ne pas entraver les échanges internationaux nécessaires à la reconstruction des pays suite à la guerre de 1914-18, les Etats convinrent à la conférence réunie à Gènes en 1922 que les monnaies nationales seraient désormais échangeables internationalement dès lors qu'elles seraient convertibles en or à taux fixe, à la demande. Le monde occidental passaient ainsi de l'étalon or à l'étalon de change or.

De fait, les « monnaies nationales » en question étaient les « substituts de monnaie bancaires » (S.M.B.) de type « billets » ou « dépôts » bancaires, convertibles en or – selon la terminologie ingénieuse proposée par Ludwig von Mises -.

Cet accord allait enclencher un processus dont nous ne sommes jamais sorti
Peu en parle : même Rothbard ne l'évoque pas dans son livre intitulé What has Government done to our Money.
Pour Jacques Rueff, cela a été le "péché monétaire de l'Occident".

c) Autres bouleversements règlementaires au XXème siècle.


A la suite de cet accord, de fait une réglementation internationale sans précédent, il y a eu d'autres bouleversements règlementaires, dont les principaux sont les suivants :
- création de la Banque des règlements internationaux (B.R.I.) à la fin de la décennie 1929 - cf. par exemple ce billet -,
- interdiction de la convertibilité intérieure des S.M.B. en monnaie or depuis la décennie 1930,
- réforme de la réglementation qu'est l’étalon de change or (accords de Bretton Woods, 1944) avec création de l’institution du Fonds monétaire internationale (F.M.I.),
- suspension, puis abandon de la convertibilité extérieure des S.M.B. en monnaie or depuis 1971-73,
- 1979 : création du paquet de réglementations dénommé "système monétaire européen" (S.M.E.) et du "fonds européen de coopération monétaire" (F.E.Co.M.)
- 1999 : floraison de l’euro et de la banque centrale européenne (B.C.E.) qui a pris la place de l'Institut monétaire européen (I.M.E.) qui lui-même avait pris celle du F.E.Co.M..

Ces bouleversements ne sont rien d'autres que des effets réglementaires à plus ou moins long terme de l'accord de Gênes.


4. Conséquences méconnues des réglementations oubliées du XXème siècle.

Bien évidemment, toutes ces réglementations ont eu, elles-mêmes, des effets économiques à court et à long terme.  Ces effets ont été vécus et ce n'est pas fini.
Et nous en vivons aujourd'hui.

Malgré l'évidence, la plupart des économistes n'en parlent pas, font comme si ils n'existaient pas ou donnent la priorité à des considérations d'un autre ordre.

Il convient de mettre le doigt sur les plus importants d'autant que la succession des règlementations elle-même s'explique par les échecs des règlementations antérieures que ne veulent pas reconnaître les instigateurs.  Dans ce cas, ce n'est pas "la mauvaise monnaie chasse la bonne", c'est "la réglementation appelle la réglementation".

a) Des "substituts de monnaie bancaires" aux dettes souveraines des pays.

Suite à la conférence de Gênes (1922), les monnaies nationales échangeables internationalement pouvaient donc être accumulées en quantité en dehors de leurs frontières par un pays et cela en conséquence d'un montant d'exportations de biens et créances du pays supérieur au montant de ses importations, i.e. d'un excédent de sa balance des paiements internationaux.

A l'opposé, un pays en reconstruction - par conséquent, à monnaie nationale non convertible en or et à balance des paiements déficitaire - allait pouvoir utiliser la monnaie nationale échangeable internationalement qui lui avait été prêtée par d'autres pays pour "financer" son déficit.

Mais pourquoi accumuler des monnaies étrangères ne portant pas intérêt plutôt que des dettes souveraines libellées dans les monnaies en question qui, elle, rapportent un intérêt ?

La porte était ouverte à l'accumulation des dettes souveraines - dont une classe à court terme sera dénommée « réserves internationales » -, et aux déficits budgétaires "sans pleurs" des Etats des pays à monnaie convertible du fait de cet appétit pour les dettes souveraines.

Soit dit en passant, en 1922, seul le dollar des Etats-Unis d'Amérique est convertible en or.  L'accord était donc un coup de fouet donné pour son développement.
En 1925, la livre sterling d'Angleterre redeviendra convertible enor - mais au prix de 1914 !, indicateur de l'ignorance des hommes de l'Etat anglais dans le domaine de la monnaie - et en 1928, le franc français, à un prix cinq fois plus faible.

b) Remarque : monnaie, quantité de monnaie, coût de l'action d'échange et inversion de la causalité


Cette réglementation de Gênes est injustifiable, tout comme celles à quoi elle a donné lieu et qui devaient en définitive tenter de la corriger (cf. ci-dessous).  Seule une ignorance du domaine de la monnaie peut expliquer le processus de réglementations en oeuvre.

Une monnaie, fût-elle nationale, n'est pas d'abord une quantité comptabilisée selon des règles qui varient dans le temps et d'un pays à un autre.
"Monnaie" est le nom donné par le passé à ce qui avait contribué à diminuer le coût de l'action d'échange de biens par les êtres humains et qui avait émergé ici ou là, et à des époques différentes, sous des formes différentes. Et les formes sont passées avec le fond...

Souvent, on croit parler de « monnaie » alors qu’en fait on parle de « quantité de monnaie ». Fin XIXème- début XXème siècle , d'ailleurs, on parlait encore et davantage de "valeur de la monnaie" (par exemple, Marshall).

Soit dit en passant, on parlait aussi de "valeur" pour désigner le prix relatif d’une bien dans un autre et de « théorie de la valeur » pour désigner la « théorie des prix », de fait « théorie de l’équilibre économique général ».  Et tout cela ajoutait à la confusion.

A défaut de reconnaître que la monnaie est ce qui a contribué à diminuer le coût de l’action d’échange de chacun - parce qu'on a mis de côté le concept d'action de l'être humain ... -, on fait procéder l’échange de biens de la quantité ou de la valeur de la monnaie et c'est le renversement de la causalité logique.

A défaut de reconnaître que la monnaie est ce qui a contribué à diminuer le coût de l’action d’échange de chacun, le législateur a aussi pu donner le privilège de monopole d’émission de billets à une banque centrale…, sous des prétextes plus fallacieux les uns que les autres (surveillant et contrôleur des banques, prêteur en dernier ressort, etc.).

Coupée de l’action humaine d’échange de biens, la monnaie est incompréhensible.
Et lui donner des "fonctions" ou bien parler de sa quantité en se plaçant dans le cadre de telle ou telle comptabilité bancaire réglementée actuelle, comme le font de nombreux économistes, n’y change rien, bien au contraire. 
Nos économistes en arrivent à dire que « le concept de monnaie pose un problème ». Mais ce sont eux le problème, pas la monnaie.

Faute de concepts, ils ont recours à la rhétorique…
Et la science de la monnaie est ravagée par la rhétorique des « fonctions » de la monnaie et de la « comptabilité bancaire règlementée » autant que par les réglementations absurdes elles-mêmes qui la frappent.

Au lieu de reconnaître que la monnaie est ce qui a contribué à diminuer le coût de l’action d’échange de chacun, certes pas à zéro, on fait implicitement porter le « coût résiduel de l’action d’échange » sur les objets de l’échange avec monnaie.
On dit qu’ils sont plus ou moins échangeables, marchands…

Et on n’hésite pas à parler des objets non échangeables, non marchands, voire on se flatte qu'il existe des objets non marchands et on aimerait qu'il y en eût toujours plus.

On n’hésite pas non plus à parler des "inconvénients" de la monnaie et à envisager des "remèdes étatiques", bref des réglementations, pour qu’ils disparaissent ou soient amoindris.

c) "Substituts de rien bancaires" (S.R.B.).

D'abord, il faut voir dans l'interdiction de la convertibilité intérieure des S.M.B. en or à partir de la décennie 1930 un des résultats de l'accord de Gênes,
qu'on le veuille ou non. 

C'est en particulier le cas de l'Angleterre en 1931, celui des Etats-Unis en 1933 et celui de la France en 1937.


Certes, entre temps, il y a eu ce que les historiens ont dénommé "la crise de 1929".  Mais cette "crise" ne saurait être coupée, elle aussi, de l'accord de Gênes. 

Ensuite, l'interdiction de convertibilité intérieure en tant que nouvelle règlementation a contribué à faire appeler « chat » un chien, à savoir "monnaie" les substituts de monnaie bancaires désormais "substituts de rien".
Ainsi, ce qu'on dénomme « monnaie » aujourd'hui - voire, pis, « argent » ! comme c'est le cas en France - n'a rien à voir avec la monnaie d'hier.

Ce qu'on dénomme « monnaie » aujourd'hui est du « néant habillé en monnaie » (pour reprendre l'expression que Rueff avait forgé pour dénommer les droits de tirages spéciaux - D.T.S. - créés par le F.M.I.-
cf. ci-dessous).
On peut aussi le dénommer « substituts de rien bancaires » (S.R.B.).
Le mot « liquidité », parfois employé, est très ambigu : il mélange des considérations économiques et financières – au sens comptable - en relation avec les banques qui ajoutent à la confusion.

d) Remarque : "monnaie et finance font deux".
 
L'interdiction de la convertibilité intérieure des S.M.B. en or à partir de la décennie 1930 a contribué encore à faire confondre « monnaie » et « finance »., à parler indifféremment de « monnaie » et de « finance », à voir dans les « billets » ou les « dépôts » bancaires des dettes sous prétexte qu'ils ont continué à être enregistré au passif du bilan de la banque..., la banque devenant « interface » ou « artefact »...

Pourtant, "monnaie et finance font deux".
La théorie de la finance est plus récente encore que la théorie de la monnaie.
La finance est à la durée ce que la monnaie est à l'instant... (la monnaie n'est pas le lien entre le présent et le futur dont parle Keynes)

Soit dit en passant, que viennent faire les analystes financiers dans ce qu’ils présentent comme une évaluation des risques des dettes souveraines – aspect du risque politique - ?
Ils n’ont rien à y faire sauf si les autorités ont choisi d’attacher de l’importance à leurs évaluations, de les prendre comme critères comptables.  Mais au  royaume des aveugles, les borgnes sont rois...

L’analyse financière des sociétés de capital n’a rien à voir avec l’analyse financière des Etats, i.e. l’analyse des finances publiques… car les Etats n’ont pas des activités qui reposent sur les règles de droits – propriété -, mais sur le don et le vol de richesses en propriété …

Un Etat ne peut pas déposer son bilan car il n’en a pas.
Il ne peut pas faire faillite car la faillite est un concept de droit privé et car il s’articule à la règle de la propriété privée.
Il ne saurait être mis en redressement judiciaire…

Un Etat peut seulement être mis en cessation de paiements, ce qu’on dénomme le « défaut ».


5. Le prétendu problème des balances de paiements.

Autres résultats de l'accord de Gênes,
qu'on le veuille ou non, ce sont les accords de Bretton Woods (1944) et, en particulier, la création du Fonds monétaire international (F.M.I.) pour empêcher les déficits des balances des paiements des pays et les "dévaluations compétitives" qui avaient fleuri dans la décennie 1930.

Ces accords de 1944 ne modifient pas le système antérieur des taux de change fixes dans le cadre de l’étalon de change or, mais ils s'attachent aux "déficits de balance des paiements".  Ils organisent à leur façon l'accord de Gênes signalé.


Très schématiquement, le F.M.I. reçoit pour mission de voir si les déficits des balance des paiements des pays qui se réalisent sont conjoncturels ou structurels et d'agir en conséquence.
S'il juge conjoncturel un déficit, il le dit et apporte au pays une aide financière, le cas échéant.
S'il le juge structurel, il conseille au pays de dévaluer la monnaie. Et les pays membres du F.M.I. s'entendent sur l'importance de la dévaluation et les mesures à prendre. Pour sa part, le F.M.I. apporte aussi conseils et aide financière au pays.

En 1944, seule la "monnaie" des Etats-Unis est convertible extérieurement en or à taux fixe, à la demande.  Et le pays reçoit la charge de maintenir le prix de l'once d'or sur le marché à $35.
Il n'est pas question de revenir à une convertibilité intérieure. du dollar en or.

Principaux effets économiques de cette nouvelle réglementation :
- la balance des paiements des Etats-Unis est excédentaire jusqu'à la fin de la décennie 1950 ;
- les monnaies des pays européens redeviennent convertibles extérieurement à la fin de cette décennie 1950 ;
- la balance des paiements des Etats-Unis devient déficitaire dans la décennie 1960 ;
- en mars 1968, le marché de l'or est divisé en deux compartiments : l'un pour les échanges "officiels" dont les Etats-Unis maintiennent le prix  fixés à $35, l'autre pour les échanges "non officiels" où le prix est "libre" ;
- parallèlement, le calcul de la balance des paiements des Etats-Unis fait l'objet de discussion et est modifié.  Il se fait sur deux bases distinctes : l'une est celle des règlements officiels et l'autre, celle des liquidités.  La balance des paiements sur la base des règlements officiels peut être excédentaire et, sur la base des liquidités, être déficitaire.  Et inversement.
- à la fin de la décennie 1960, pour les uns, il y a un "problème de liquidité" et pas de problème de balance des paiements des Etats-Unis, pour les autres, la politique monétaire américaine est inflationniste.

Qu'à cela ne tienne, le F.M.I. acquiert le privilège d'"allouer", au début de la décennie 1970, une "monnaie" - la première du genre, ..."institutionnelle" - dénommée "droits de tirages spéciaux" (D.T.S.) pour augmenter, alternativement, la quantité des liquidités internationales ou la quantité des réserves internationales.  Ce que Jacques Rueff qualifiera de "plan d'irrigation pendant le déluge".

Le 15 août 1971, le président des Etats-Unis décide unilatéralement de suspendre la convertibilité extérieure du dollar en or...
Après maintes réunions et rebondissements, en mars 1973, la convertibilité extérieure en or des monnaies des pays membres du F.M.I. est abandonnée.
Mais le F.M.I. n'est pas remis en question malgré, en définitive, l'échec de sa mission, ses statuts sont seulement modifiés.

Effet économique à court terme de cette nouvelle réglementation : une inflation mondiale qui se développe jusqu'au début de la décennie 1980.

Dans la foulée, des hommes de l'Etat des pays européens vont mettre en branle des règlementations particulières et incessantes qu'on peut rassembler sous la dénomination "système monétaire européen" jusqu'à la construction de l'euro.


6. "Monnaie" d'hier et "substituts de rien bancaires" d'aujourd'hui.

En conséquence de ces bouleversements réglementaires et de leurs effets, il faut percevoir que ce qu’on dénomme « monnaie » aujourd’hui n’a plus rien à voir avec ce qu’on dénommait « monnaie » il y a un siècle, et un siècle plus tôt, et un siècle plus tôt encore, etc.

Parler de « monnaie » aujourd’hui est un abus de langage si le mot est pris au pied de la lettre et si on accorde encore un sens au mot.

Ce qu’on dénommait hier « monnaie » avait contribué à diminuer le coût de l’action d’échange de vous et moi, de chacun.
Et de même que ce qu’on dénomme « lumière », phénomène naturel, a deux grandes formes (onde de longueur… et corpuscule/photon), de même, ce qu’on dénomme « monnaie », phénomène humain, a deux grandes formes : (objet et organisation, selon les temps et les pays).
La "monnaie" d'hier - "... métal" pour ne pas remonter trop loin dans le temps et, justement, pour "ne pas faire de l'histoire" ... - avait été complétée par des "substituts bancaires" (billets et dépôts bancaires).

Aujourd’hui, ce qu'on dénomme « monnaie » devrait être dénommé « substitut de rien bancaire » (S.R.B.) - du fait de l'interdiction de convertibilité faite à la banque par le règlementeur - en se souvenant que, si le progrès technique et organisationnel des substituts de monnaie bancaires n'avait pas été accompli, si l'économie de coût d'échange qu'il cache n'avait pas été largement distribuée, jamais les S.R.B., "mauvaises herbes", n'auraient pu voir le jour.

Il est vraiment difficile de voir dans les S.R.B. une manifestation d’un processus de diminution du coût de l’acte d’échange  de biens entre personnes juridiques physiques ou morale ou, si on préfère, une manifestation de la "loi de l’économie".  D'ailleurs, à aucun moment, les règlementations évoquées n'ont été prises dans le but de contribuer  à la diminution du coût des actes d'échange.

En résumé.

A l’échelle de l’histoire, la situation monétaire actuelle du monde est une péripétie de plus qui s’ajoute aux péripéties antérieures.

Etant données une ignorance certaine du domaine de la monnaie et de conjonctures jugées extraordinaires, au XIXème siècle, faut-il le rappeler, les hommes de l’Etat des pays du monde étaient parvenus à accaparer la monnaie…, chacun chez soi.
Au XXème siècle, cela va se prolonger à l'échelon du monde et ne pas s'interrompre à l'échelon national.

En dépit de l’ignorance dans laquelle ils se trouvaient, les moyens qu’ils ont employés sont de divers ordres : ordre de la contrainte multiforme (au nombre de quoi l'interdiction légale), ordre de la persuasion, essai de magie (cf. Keynes dénommé par Rueff, "le magicien de Cambridge", ou La magie de la monnaie de Schacht).

Qu'on le veuille ou non, l'ignorance des concepts, le refus ou la négation de ceux-ci par les hommes de l'Etat et les réglementations prises soi-disant en connaissance sont en définitive les trois maîtres qui ont conduit à la situation actuelle.

Rien ne justifie les réglementations, en définitive extrêmes de la monnaie instituées au XXème siècle (abandon, interdiction, assujettissement, fusion, etc.) sinon l'ignorance des instigateurs de celles-ci - dont leurs suivants se diront, à l'occasion, opposés à l'extrémisme !-.

Des économistes s'y étaient opposés et avaient prédit ce qui allait se produire si les réglementations étaient adoptées.  Ils n'ont pas été écoutés.


7. Conséquences des conditions extraordinaires actuelles du marché financier.


Etant données les conditions extraordinaires actuelles du marché financier -  de tel ou tel de ses compartiments et, par exemple, de celui des dettes souveraines qui emportent l'attention en ce moment ( cf. graphique ci-dessus) -, chaque créancier/investisseur/épargnant doit s’ajuster, doit ajuster la gestion de son patrimoine non humain.

Les principaux acteurs en présence sont :

1. Vous et moi, créancier ou non,
Les entreprises, créancière ou non,
Les Etats (Trésor, collectivité, etc.), créancier ou non,
Les banques centrales (nationale, régionale), créancieres ou non,
5. Les banques de second rang, créancieres ou non,
6. Les institutions internationales, créancieres ou non,.

Pour autant que le créancier est une banque de second rand de dépôt, le montant du passif de la banque devient, toutes choses égales par ailleurs, supérieur au montant de l'actif en raison des mouvements comptables sur les créances à revenu fixe, des taux d'intérêt croissants.
 
Sa « gestion en bon père de famille » s'est retournée contre elle : elle avait acheté des créances souveraines pour ne pas prendre de risque car on lui avait dit que les créances souveraines ne présentaient pas de risque et ne voilà-t-il pas que ces créances s’avèrent risquées...
Malgré tout, elle doit respecter les « critères de bonne gestion » qui lui sont imposés par la banque centrale à quoi elle est assujettie (réserves obligatoires, liquidité, solvabilité, etc.).  Les mouvements de taux d'intérêt lui causent des pertes et elle doit s'ajuster.

En ce qui concerne la banque centrale – qui a le privilège de monopole d’émission de billets -, c’est différent puisqu'elle n'est assujettie à rien, sinon à ses statuts...

La banque de second rang s’ajuste en faisant appel
- soit aux autres banques de second rang,
- soit à la banque centrale à qui elle vend – ferme ou non - les créances en mauvais état.

Il y a le marché interbancaire où des créances/dettes/liquidités sont échangées entre les banques contre des « substituts de rien » d'autres banques, sous l’œil des banques centrales nationales - et, en particulier, de la banque centrale européenne-…

Parfois, la banque centrale du pays de la banque de second rang achète les créances en mauvais état - à un certain taux d'intérêt - en émettant une quantité de « substituts de rien » - billets ou dépôts -.
L'achat peut être provisoire – prise en pension – ou définitif.

Par principe et droit, une banque centrale n'achète pas les créances/dettes souveraines de l'Etat de son pays, du pays où elle a le privilège d'exercer.

Mais elle peut acheter des dettes souveraines d'autres Etats.  Celles-ci ont reçu le nom de « réserves internationales » dans le passé quand la monnaie de l'Etat en question était « échangeable internationalement ».
C’est ainsi que les banques centrales ont pu acheter les dettes souveraines en mauvais état
- depuis l'instauration de l'étalon de change or (1922) et surtout
- depuis l'interdiction de convertibilité extérieure des S.M.B. en monnaie or (août 1971-mars 1973).

Il y a le cas particulier récent de la banque centrale européenne, banque centrale régionale à cheval sur plusieurs pays..., qui, du fait de ses statuts, ne peut pas acheter directement aux Etats leurs dettes souveraines quoique….

Pour autant que la banque de second rang ne le peut pas, elle fait appel aux actionnaires – augmentation de capital -… ou, sinon, c'est la faillite car elle, elle est de droit privé.

En bref.

La réglementation de Gènes a enclenché un processus qui a fait passer des idées - fausses – de croissance insuffisante des échanges internationaux - et de reconstruction freinée - du fait de la monnaie dans le cadre de l'étalon-or aux idées - fausses - actuelles de spéculation financière excessive - et d'Etats mis en difficulté - du fait des marchés financiers dans les cadres de l'euro et du système monétaire international...

Rétrospectivement, elle a surtout fait passer de l'accent mis sur les déficits des balance des paiements internationaux des pays - dont la "classe parlante" se moque aujourd'hui - à l'accent mis sur les déficits budgétaires des Etats des pays - dont la même classe ne peut plus se moquer comme elle l'avait aussi fait -.

Il reste que ces déficits sont de nature juridique très différente et ne devraient pas être comparés comme ils le sont souvent, comptablement
Le déficit de la balance des paiements internationaux d'un pays fait intervenir des échanges volontaires, à défaut d'être libres en totalité,
de droits de propriété sur les choses alors que le déficit du budget d'un Etat recouvre des échanges, mais surtout des "vols légaux" (cf., entre autres, Pareto sur ce point :

"Il faut se débarrasser du préjugé qui porte à croire qu'un vol n'est plus un vol quand il s'exécute dans les formes légales." (Pareto, 1896, § 450, pp.326-7)
Très précisément: Pareto, V. (1896), Cours d'économie politique, dans Bousquet, G.H. et Busino, G. (Ed.), Oeuvres complètes de Vilfredo Pareto, tome 1 : Cours d'Economie politique, livre 1, Librairie Droz, Genève, nouvelle édition, 1964. .

Les politiques d'échanges internationaux et budgétaire d'un Etat ne sont certes pas nouvelles.
Mais hier, sous une autre dénomination, elles avaient été limitées par l'étalon-or.
Avec les accords de Gênes, puis de Bretton Woods, puis de 1971-73, pour ne pas parler des engagements non respectés des accords de l'euro de la décennie 1990, les limites et autres caches ont volé en éclats.

Loin de régler le problème des balances de paiements avancé dans la décennie 1920, l'accord de Gênes l'a créé.

Et Jacques Rueff de parler du  « lancinant problème des balances des paiements » dans la décennie 1960, en mettant le doigt sur les quantités de monnaies nationales - en fait. des "substituts de rien bancaires" intérieurement -, mais échangeables internationalement, qui permettaient à des Etats de payer leurs dépenses sans difficulté.


Avec les nouvelles réglementations qu'ont été, à la fois, l’abandon de l’étalon de change or et l'abandon des taux de change fixes dans la décennie 1970, le problème des balances des paiements a disparu des préoccupations affichées par les hommes de l'Etat et a fait progressivement ressortir le problème des budgets étatiques.
Ce dernier a explosé au grand jour avec les montants atteints par ces déficits et avec ce que ces derniers cachent, à savoir l'endettement et la charge d'endettement étatiques. Certes, cela a mis du temps : depuis 1975…, cf. ce billet.

A sa façon, le prétendu problème des balances des paiements a caché le vrai problème des budgets des Etats qui en étaient la source.


8. Conséquences de l'augmentation de la quantité de S.R.B. (substituts de rien bancaires).

Si l’ajustement que réalisent les banques de second rang est conséquence de l’intervention des banques centrales (B.C.), il va de pair avec une augmentation de la quantité des « substituts de rien bancaires ».
Si l’ajustement des banques de second rang se fait sans intervention des B.C., il n'a pas d'impact sur la quantité de S.R.B.

Et l’augmentation a des conséquences macroéconomiques discutées et discutables
- sur les prix en monnaie ;
- sur les taux d’intérêt.
- sur l'activité, l’équilibre ou la conjoncture, ou la croissance économique.

Nous ne les discuterons pas en considérant qu'elles passent après les effets du processus règlementaire ... que les théories macroéconomiques mettent de côté.

De plus, elles ne peuvent qu'avoir un caractère sibyllin du genre de l'appréciation suivante de la B.R.I.  dans son rapport trimestriel évoqué en début de billet :

«  De fortes révisions à la baisse des perspectives de redémarrage de l’activité dans plusieurs grandes économies ont pesé sur les prix des actifs sensibles à la conjoncture durant la période sous revue.

Les préoccupations des intervenants quant à la croissance ont été amplifiées par le sentiment que les politiques monétaires et budgétaires ne disposaient guère de marge de manoeuvre pour relancer l’économie mondiale.

Les informations négatives sur les conditions macroéconomiques ont été aggravées par la propagation, à l’Espagne et à l’Italie – après la Grèce, l’Irlande et le Portugal –, de l’inquiétude suscitée par la dette souveraine de la zone euro.

Les conditions de financement se sont alors durcies pour les banques européennes, et même les cotations sur les grands marchés de la dette souveraine de la zone euro ont été touchées.

Tous ces facteurs ont concouru à un engouement pour les valeurs refuges.»
(B.R.I., op.cit)


Georges Lane

Principes de science économique

  

 

Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France.

 

Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur

 

 

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Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France. Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur
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