Depuis bien longtemps, il a été admis que l'activité des échanges
était coûteuse (cf. Ulph et Ulph,
1975).
Et J.B. Say (1815) n'hésitait pas à définir ce qu'on dénommait
"monnaie" comme un "intermédiaire des échanges".
Malgré cela, jusqu'à récemment (décennie 1960), les économistes ont laissé
de côté le coût des échanges (hypothèse en opposition avec le simple bon
sens, des économistes de la "théorie de l'équilibre économique
général", de L. Walras à G. Debreu).
Ils ne l'ont pas pris en considération jusqu'à D.K. Foley (1970) si l'on
en croît Ulph et Ulph (1975).
Les économistes de la théorie macroéconomique y sont restés insensibles.
Pour leur part, les économistes "monétaristes" ont fait
l'hypothèse que le coût de ce qu'on dénomme "monnaie" était nul
("hypothèse monétariste").
1. Deux cas, une évaluation.
Cela étant, il y a aussi des économistes qui considèrent qu'il revient au
même de supposer
- que le coût des échanges de marchandises n'existe pas ou
- que la monnaie a un coût égal à zéro ...
Reste que les coûts sont
d'abord des "valeurs" et que ces valeurs ne sont pas objectives,
mais subjectives, liées à chaque être humain ...
Reste aussi que, si le coût des échanges n'existe pas, les échanges
n'existent pas, ni, par conséquent, ce qu'on dénomme
"monnaie"...
Une chose est certaine : le coût des échanges de marchandises est
nécessairement supérieur ou égal au coût de la monnaie.
Si ce dernier lui était supérieur, la monnaie n'existerait pas.
2. Imagination, maîtresse d'erreurs ...
Reste les malins, d'un autre type, qui considèrent qu'il revient au même
de supposer
- que ce qu'ils dénomment "monnaie" n'existe pas ou
- que celle-ci a un coût égal à zéro.
Malheur à eux.
a. L'hypothèse fausse de l'inexistence de la monnaie.
Chaque fois qu'un économiste suppose que ce qu'il dénomme
"monnaie" n'existe pas dans son cadre d'étude ou d'analyse, il se
place
- dans un cadre d'étude ou d'analyse qu'il imagine, d'une part, et
- où, d'autre part,
1) "tout est plus cher",
2) le coût des échanges qu'il y évoque est supérieur au coût de la réalité
où il vit,
3) des échanges de marchandises ne peuvent pas se faire en théorie alors
qu'ils sont pratiqués dans la réalité.
Il n'est plus à démontrer, en effet, que la monnaie a contribué à
amoindrir le coût des échanges dans le passé et à améliorer le bien être de
tout un chacun par augmentation des échanges ..., exemple de progrès
économique et social.
Mettre de côté la monnaie, supposer qu'elle n'existe pas, c'est mettre de
côté ces phénomènes...
La démarche n'est pas une simplification, mais une complication puisque des
échanges sont exclus de ce dont on parle ...
Tout ce que l'économiste avance est donc fortement biaisé.
Bien sûr, il peut toujours s'affranchir de ces biais, véritables erreurs
au demeurant.
b. L'hypothèse fausse du "coût de la monnaie" nul.
A l'opposé, des économistes supposent que la monnaie a un coût nul, égal à
zéro, le plus souvent sans la relier au coût des échanges.
Certes, il n'est plus à démontrer que l'amoindrissement à zéro du coût de
la monnaie a contribué à amoindrir le coût des échanges dans le passé, dans
certaines proportions, et à améliorer le bien être de tout un chacun ...,
exemple de progrès économique et social.
Nécessairement, logiquement, le coût de la monnaie est inférieur ou égal
au coût des échanges dont il est une composante.
Mais il ne dit rien sur le coût total.
En pratique, le coût de ce qu'on dénomme "monnaie" n'est pas nul
et le coût des échanges lui est supérieur ou égal, peu importent les mesures
proposées de ces coûts.
3. Coût théorique des échanges et coût de la réalité.
La question se pose néanmoins de savoir si ce coût des échanges est, en
théorie, supérieur ou inférieur au coût de la réalité économique.
a. Coût des échanges supérieur en théorie.
Si on suppose que le coût théorique des échanges est supérieur au coût de la
réalité économique, on retrouve le problème précédent où des échanges menés
en pratique ne peuvent pas avoir lieu en théorie !
Comment justifier cette restriction théorique ?
On est dans l'absurde.
Exemplaire a été la démarche de Léon Walras, au XIXème siècle, qui faisait
une analogie entre le concept qu'il dénommait "marché" et les
"bourses" observables en pratique.
Il n'avait pas conscience que son analogie était d'une rare erreur
économique puisqu'il laissait de côté tous les coûts amoindris par les gens
qui avaient mis en œuvre les bourses en question ...
Le "pot aux roses" sera véritablement découvert dans la décennie
1960 avec la finalité des "marchés organisés de futures" dans la
décennie 1970.
b. Coût des échanges inférieur en théorie.
Si on suppose qu'il lui est inférieur, cela signifie qu'il comporte des
échanges qui sont menés en théorie et qui n'existent pas en pratique par les
gens.
Quels sont ces échanges ?
Les économistes en question sont muets sur la réponse.
4. Les banques centrales.
Ces derniers temps, la "banque centrale européenne" a décidé de
pratiquer des taux d'intérêt "négatifs".
Rappelons, en passant, que cette banque n'a été créée, effectivement,
qu'en 1998 et qu'elle réunit les banquiers centraux des pays qui ont accepté
d'être partie dans la "zone €uro" et donc d'abandonner leur
"monnaie réglementée étatique".
Toute proportion gardée, la "banque centrale des Etats-Unis
d'Amérique" - la "Fed" - n'existe que depuis 1913 et n'a
jamais demandé aux états américains d'abandonner leur "monnaie
réglementée étatique" puisqu'ils n'en avaient pas.
Rappelons aussi qu'étant donné le privilège de monopole de ce qu'on
dénomme "billet en monnaie" qu'elle a reçu et certaines autres
réglementations qui lui apportent autant de prébendes, la B.C.E. peut acheter
les titres financiers qui lui sont vendus en quantité par des banques de
second rang, à certains taux d'intérêt, contre de la "quantité de
monnaie" qu'elle offre en échange.
Rappelons enfin que certains financiers interprétent, depuis quelques
décennies (décennie 1950), de façon très discutable, les taux d'intérêt des
titres financiers comme des "prix du risque" accordés aux prêteurs
...
5. Un taux d'intérêt "négatif".
Par définition, un taux d'intérêt "négatif" exprime que le prix
du titre financier attendu dans l'avenir par les parties au contrat (prêteur
et emprunteur), pour son remboursement, a été convenu être inférieur à son
prix présent.
Cela revient à dire que l'intérêt, périodique ou non, du titre
revient à l'emprunteur, et non plus au prêteur.
Il cache ainsi un revenu, périodique ou non, qui correspond au revenu que
l'emprunteur reçoit du prêteur ...
L'interprétation en termes de "prix du risque" du prêteur n'a
plus aucune raison d'être.
La notion s'avère, pour le moins, mal fondée par les financiers qui l'ont
construite ...
6. Question d'interprétations.
Cas particulier, extrême : si le taux d'intérêt négatif est pris comme
indicateur général des taux d'intérêt, si on y voit le taux d'intérêt
perpétuel d'un titre financier, il va de pair avec un prix en monnaie
négatif puisque celui-ci est, par définition, l'inverse du taux d'intérêt.
Mais, dans ce cas, et selon la typologie des prix de la théorie
microéconomique ordinaire, il ne correspond pas à un "bien
économique", mais à un "mal économique".
Ce "mal économique" rejoint, à sa façon, le "prix du
risque" précédent.
Pourquoi se formaliser de ces deux interprétations sinon qu'elles
remettent en question les approches existantes de la théorie
macroéconomique qui semblaient invulnérables à beaucoup depuis la
décennie 1940 ?
Ces deux notions sont hors des approches de la théorie économique
"majoritaire", elles en ont été exclues, explicitement ou non, par
les savants économistes qui les ont construites.
7. Quid de l'économie politique ?
Sauf à retirer toute signification aux mots qu'on dit pour exprimer la
réalité et à la logique qu'on suit ou devrait suivre, il faut convenir
que c'est toute l'économie politique existante qui est remise en question par
ce double fait du "mal économique" et du "prix du risque"
qui n'existe pas en pratique, interprétations du taux d'intérêt
"négatif".
A l'extrême, il semblerait qu'il faille abandonner cette
"pseudo-science" tant la doctrine majoritaire a ignoré les
faits dans ces développements.
Il faudrait, en particulier, fermer tous les organismes dont s'est donné
le privilège de monopole de formation, l'"état" et qui sont chargés
de l'enseigner ...
Les commentateurs semblent en être obsédés.
Ceux-ci ne peuvent que s'épancher sur la notion de "préférence
pour la liquidité" keynésienne imperturbable depuis au moins la
décennie 1930 ou sur telle ou telle demande de monnaie monétariste fonction
du taux de l'intérêt, plus récente.
Seulement, le principe du taux d'intérêt "négatif" met à bas les
approches de la théorie macroéconomique qui s'arc-boutent sur ces
fausses notions puisqu'il en a été tout simplement exclu alors qu'il devrait
y plastronner.
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