Depuis le début du mois, les
drones de la CIA ont causé la mort de près de 55 personnes au Yémen à
l’occasion de plusieurs attaques distinctes. Bien qu’il ait été dit que les personnes
prises pour cibles étaient des « militants », selon certains communiqués
de presse, au moins trois civils auraient été tués et cinq autres
blessés. Voilà qui porte à 92 le nombre d’attaques de drones infligées au
Yémen depuis le début de l’administration Obama, qui ont causé la mort de
près de 1.000 personnes dont de nombreux civils.
Les récentes attaques semblent
contredire les plus récentes directives du président Obama, annoncées en mai
dernier, pour ce qui concerne les attaques ciblées. Il déclarait alors que
les drones ne pourraient être utilisés que contre ceux qui posent une
« menace continuelle et imminente au peuple américain », et qu’il
doit être absolument certain qu’aucun civil ne soit tué ou blessé. Il a
demandé à ce que la prévention de morts civiles soit irréprochable.
Aucun de ces critères ne
semble avoir été respecté. Au Yémen, les critères semblent en effet bien
moins élevés que ceux fixés par le président. En 2012, le président Obama
approuvait l’utilisation « d’attaques signatures » au Yémen, une
forme d’attaque qui n’est pas basée sur une menace certaine, mais sur une
ensemble de comportements jugés typiques chez les militants.
Cela signifie que les
personnes tuées lors des plus récentes attaques n’étaient pas nécessairement
des terroristes ou même des suspects terroristes. Il n’est pas certain qu’ils
aient commis des crimes ou aient été membres d’Al Qaeda ou d’une autre
organisation terroriste. Ils ont pourtant été pris pour cibles, et la
souveraineté du Yémen a été bafouée.
Certains pourraient juger
nécessaire d’assassiner les suspects de terrorisme à l’étranger pour que nous
puissions être en sécurité chez nous. Mais les attaques de drone dans des
pays comme le Yémen nous rendent-elles vraiment plus en sécurité ? Ne
sont-elles pas en réalité contre-productives ? S’il est une chose que
nous savons, c’est que l’une des raisons pour lesquelles Al Qaeda recrute de
plus en plus est l’utilisation de drones par les Etats-Unis dans des pays
étrangers et leur invasion de pays musulmans.
Comment pourrions-nous nous
débarrasser de tous ceux qui cherchent à nous faire du mal si nos politiques
d’occupation et notre usage de drones continuent de générer de nouveaux
membres d’Al Qaeda ? Faisons-nous plus que contribuer au terrorisme de
demain en employant ce genre de politiques ? Quel exemple présentons-nous au
reste du monde en nous octroyant le droit de tuer n’importe qui, n’importe
où, pour de simples raisons de comportement ?
Nous devrions garder cela en
tête lorsque l’administration américaine dicte aux autre dirigeants du monde
comment ils devraient se comporter au XXIe siècle. L’administration américaine
a récemment réprimandé Vladimir Poutine pour être intervenu dans les affaires
de l’Ukraine, et décrété que violer la souveraineté d’un autre pays n’est pas
une manière de se comporter au XXIe siècle. Je suis d’accord sur le point que
la souveraineté des nations doive être respectée. Mais qu’en est-il lorsque
les Etats-Unis font la même chose dans des pays comme le Yémen ? Qu’en
est-il des centaines voire des milliers de personnes tuées par les drones
américains, non pas parce qu’elles sont coupables d’un crime, mais parce que
leur comportement a poussé le pilote d’un drone assis dans son fauteuil au
Nouveau Mexique à appuyer sur la gâchette ?
Qu’en est-il d’un président
qui se réunit en secret avec ses conseillers pour déterminer qui doit être
inscrit sur la liste de personnes « à tuer » et qui refuse même de
discuter le critère d’entrée sur cette liste ? Est-ce un comportement
acceptable au XXIe siècle ?
L'administration Obama se doit
de limiter la CIA et ses attaques à l’étranger. Elles sont une moquerie des
valeurs américaines et pourraient réduire significativement leur sûreté.