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Les paradis fiscaux : une nécessité économique pour les états fiscalement avides

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Publié le 12 mars 2008
1517 mots - Temps de lecture : 3 - 6 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Depuis que le gouvernement allemand s'est procuré, par des moyens illégaux, une liste de contribuables qui ont préféré se soustraire aux appétits des différents trésors publics d'Europe en hébergeant leurs avoirs dans la pittoresque principauté du Liechtenstein, notre presse fait ses choux gras de "l'égoïsme" de ces citoyens indignes qui osent minorer leur pression fiscale, et de ces mauvais voisins qui osent pratiquer des politiques fiscales plus attractives que les nôtres, qu'il faudrait mettre au pas. Il y a quelques mois, un porte parole socialiste parlait de soumettre la Suisse par menace d'emploi de la force si nécessaire*, assimilant la suisse à "un état prédateur" parce qu'il... vampirise la base taxable de ses voisins. Il ne vient pas à beaucoup d'observateur l'idée de suggérer que les prédateurs sont peut être ces états qui imposent des pressions marginales confiscatoires à ceux qui créent de la richesse. Bref, les paradis fiscaux n'ont pas bonne presse... Et les gouvernements Français et Allemand entendent bien profiter du regain d'intérêt que l'affaire des "évadés de Vaduz" provoque, pour porter le fer contre les paradis fiscaux.

 


château de Vaduz

 

Pourtant, de nombreux arguments plaident en faveur du maintien en place des paradis fiscaux: la souveraineté territoriale d'abord, mais surtout, on ne le sait pas assez, les bénéfices économiques qu'ils procurent aux états "enfers fiscaux" voisins.

 

Des plus anecdotiques aux plus fondamentales, faisons le tour des implications de cette affaire.

 

1. Tout d'abord, il y a quelque chose d'incongru, pour le gouvernement d'Angela Merkel, dans le fait d'accuser l'état souverain du Liechtenstein de ne pas collaborer avec la justice allemande, alors que l'état allemand a utilisé le moyen le plus malhonnête qui soit, à savoir la corruption d'un employé de banque de la principauté, pour obtenir ses renseignements, ce qui constitue une violation flagrante de la loi du liechtenstein. On ne voit guère au nom de quel principe éthique le gouvernement de Vaduz devrait se soumettre à d'autres lois que les siennes, et a fortiori à celles d'un gouvernement voisin qui utilise de telles méthodes.

 

2. A ce propos, le gouvernement du Liechtenstein a opposé une fin de non recevoir aux demandes de divulgation d'informations de l'Allemagne, au delà des informations que celle ci a volées aux banques locales. Il a été rejoint plus récemment par l'Autriche, autre pays pratiquant le secret bancaire à l'intérieur de l'UE, dont le ministre des finances a fait savoir que Vienne poserait son veto à toute tentative de mettre fin au secret bancaire au sein de l'union. Façon élégante de signifier à Mme Merkel, et indirectement à notre président, qui est sur la même ligne, que leurs velléités d'aligner les pratiques fiscales et bancaires de l'Union sur les principes les plus défavorables aux déposants n'ont aucune chance de progresser.

 

3. D'autre part, les états qui ont choisi de se spécialiser en pratiquant une fiscalité Low Cost, et en favorisant l'essor d'intermédiaires financiers capables de fournir des services de qualité aux entreprises et aux particuliers, ont pu ainsi permettre à leurs citoyens d'accéder à des niveaux de vie souvent appréciables, alors qu'ils n'avaient en général que peu d'atouts pour y parvenir: territoires exigus, pas de ressources naturelles, etc... Au nom de quoi devraient ils renoncer à des systèmes qui font la prospérité de leurs citoyens, pour complaire à la rapacité des gouvernements de la vieille Europe incapables de réformer en profondeur les tares de leur état providence ?

 

4. Il y a dans l'union Européenne un nombre croissant d'états qui ont adopté des fiscalités très douces, à base de Flat Tax, et plusieurs d'entre eux ont des législations très strictes sur le secret bancaire. Agiter le Chiffon rouge à propos du Liechtenstein, d'Andorre ou de Monaco est inutile. L'Estonie et ses voisins baltes, la république Tchèque, la Slovaquie, la slovénie, sont converties à la Flat Tax. L'Autriche et le Luxembourg ne divulguent que sous des conditions très sévères les secrets bancaires de leurs déposants. Tout comme la Grande-Bretagne, dans un degré à peine moindre.

 

Au delà de ces considérations sur la souveraineté des états, il convient de s'intéresser aux effets économiques des paradis fiscaux sur les "enfers" de taxes qui les entourent. Et là encore, contrairement aux idées reçues, ces effets sont indubitablement positifs.

 

5. Si les états gloutons n'étaient pas soumis à la menace de voir leurs capitaux fuir vers des cieux plus cléments, ils imposeraient plus encore qu'aujourd'hui leurs populations et le fruit de leur travail, ce qui obérerait plus encore qu'aujourd'hui leurs économies.

 

6. Les sommes déposées dans les coffres du Liechtenstein n'y restent pas, car le pays n'a pas assez d'actifs pour placer de tels fonds. Par le jeu des écritures électroniques et de montages financiers discrets, ces fonds reviennent donc s'investir dans l'économie réelle des pays fiscalement gloutons. L'argent ainsi soustrait aux appétits de l'agent économique de loin le plus inefficace, l'état, est ainsi récupéré par ceux qui en font un usage plus efficace... Ce qui conduit à élargir la base taxable des états gloutons.

 

7. Enfin et surtout, les travaux d'un chercheur de Harvard, Mihir Desaï (PDF, article de presse), démontrent que la présence de paradis fiscaux faciles d'accès à proximité des états gloutons, favorisent les décisions d'investissement dans ces pays. En effet, en augmentant la rentabilité du capital investi, les montages financiers impliquant des paradis fiscaux permettent de transformer en projets concrets des investissements qui seraient sans cela restés purement putatifs, faute de présenter un espoir de gain suffisant pour l'investisseur. Les travaux de Desaï montrent qu'un surcroît d'activité dans les paradis fiscaux correspond également à un surcroît d'activité dans les purgatoires ou enfers fiscaux avoisinants. On peut donc se demander dans quelle mesure les paradis fiscaux qui nous entourent, en abaissant la pression fiscale réelle subie par les entreprises des pays de forte imposition, ne contribuent pas à plus augmenter l'activité générale du pays.

 

Les gouvernements des pays qui veulent réduire la sphère d'influence des paradis fiscaux, fusse-ce par la contrainte, doivent donc prendre garde de ne pas tuer la poule aux oeufs d'or. Toutefois, il faut admettre que cette évasion fiscale a un coût doublement élevé.

 

Tout d'abord, les montages financiers qui permettent d'échapper au fisc via les paradis fiscaux entraînent des frais que les entreprises pourraient être fort aise d'éviter. Ensuite, Ils tendent à favoriser l'expatriation physique de personnes à très haut potentiel, ce qui, pour le coup, constitue souvent une perte patrimoniale sèche pour le pays d'émigration. C'est un phénomène dont j'ai eu récemment l'occasion de développer les effets pervers... pour  les classes moyennes.

 

Enfin, comme je le répète souvent, l'état a besoin de faire rentrer "une certaine somme d'argent" pour couvrir ses dépenses en présentant un déficit acceptable. Par conséquent, les taxes évadées par ceux qui ont les moyens de le faire sont payées par une imposition plus lourde sur ceux qui ne les ont pas.

 

Lutter contre les paradis fiscaux en exerçant diverses formes de coercition, pour toutes les raisons ci avant exposées, n'est pas la bonne solution pour contourner ces difficultés. Le seul moyen réellement efficace d'y parvenir, est de transformer la France elle même en paradis fiscal.

 

Et, mes lecteurs le savent déjà, c'est possible, sans aucun risque pour l'équilibre de nos finances publiques, bien au contraire (cf. Cet article de décembre 2007).

 

Ainsi, les investisseurs n'auraient plus besoin de l'intermédiation coûteuse de nos voisins fiscalement plus pragmatiques  pour espérer voir fructifier leurs investissements dans des proportions raisonnables.  L'impact économique d'une telle réforme serait extrêmement positif.

 

Gageons hélas que nos dirigeants, au contraire, tenteront par tous les moyens de forcer l'union Européenne à adopter des mesures de rétorsion contre les états fiscalement trop accueillants, cette stratégie du bouc émissaire  permettant de créer un rideau de fumée destiné à masquer leur propre incurie.

 

----------------

 

* L'ineffable vibrion Arnaud Montebourg déclarait le plus sérieusement du monde, en novembre 2007, que la France, ou l'UE, devrait envisager un blocus de la Suisse, comme nous l'avions fait pour Monaco au début des années 60. Le ridicule ne tue plus.

 

** Lire également: la Suisse contre le cartel fiscal européen, sur ce blog

 

Vincent Bénard

Objectif Liberte.fr

Egalement par Vincent Bénard

 

Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones dédiés à la diffusion de la pensée libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement, crise publique, remèdes privés", ouvrage publié fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de marché pour y remédier.

 

Il est l'auteur du blog "Objectif Liberté" www.objectifliberte.fr

 

Publications :

"Logement: crise publique, remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat

Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république, bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La doc française, avec Pierre de la Coste

 

 

Publié avec l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits réservés par Vincent Bénard.

 

 

 

 

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