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Cours Or & Argent

Les universités américaines et la reproduction sociale

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Publié le 19 février 2013
1029 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
( 11 votes, 3,9/5 ) , 2 commentaires
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Rubrique : Or et Argent

 

 

 

 

Les préjugés proviennent du fait que les membres d’une société ont besoin, pour donner sens à leur vie, de grands récits qui sont comme des rêves éveillés.


Peu à peu, une telle fiction collective est en train de s’emparer du monde, l’ « évidence » s’imposant qu’une minuscule minorité, le « un pour cent, » profite seule de tous les biens d’une Terre dont elle est responsable de tous les maux.


Ce dogme étant en voie de s’imposer, de nombreuses choses doivent être vraies—quels que soient les faits. Et l’on voit effectivement se multiplier les préjugés, aussi répandus que contraire à la réalité, à ce sujet.


Aux États-Unis, on déplore ainsi de plus en plus le « fait » bien connu que la progéniture du « one percent économique » constitue un « one percent académique » destiné à lui succéder.


La chose est si simple : les enfants des plus riches vont dans les meilleures universités, qui sont les plus chères, et ont ainsi accès aux emplois les mieux rémunérés… Et pourtant, les faits racontent une tout autre histoire.


Pour commencer, seuls 10% des étudiants en Ivy League ont des parents qui ont fréquenté ce type d’institutions.


Au sens strict, la « Ivy League » est une ligue sportive regroupant huit universités du Nord-Est des États-Unis. L’expression est cependant généralement employée pour désigner ce qui serait l’équivalent – privé – de nos « grandes écoles » : Harvard, Yale, etc.

 

Il est vrai que, de ce faible pourcentage, certains ont certainement été admis en partie au moins grâce au coup de pouce procuré par les généreuses dotations de leurs parents « alumni » (anciens élèves.)


Mais de telles pratiques, commes ces universités l’expliquent elles-mêmes, contribuent à leur large financement – qui leur permet d’être aussi généreuses que sélectives.


Un tiers des étudiants de première année de Harvard proviennent de ménages dont le revenu est inférieur à 100 000 $ par an. Pour donner un ordre d’idée, le salaire moyen d’un enseignant d’une école publique est, dans ces États du Nord-Est (Connecticut, Massachusetts…), de 70 000 $. Clairement, il n’est nullement question du « 1 % » ici.


(Ceci étant, les revenus du one percent ne sont pas aussi extravagants que l’on croit. On y appartient, aux States, dès lors que l’on gagne plus de 350 000 $ par an.)

 

Depuis peu, une réforme a été mise en place à Harvard par laquelle les familles au revenu inférieur à 65 000 $ peuvent y envoyer gratuitement leurs enfants – à condition que ceux-ci passent le processus de sélection, évidemment.


Un autre préjugé pourrait ici entraver la suite de mon argumentation. « Les plus pauvres n’ont accès qu’aux pires écoles publiques et n’ont donc aucune chance de concurrencer les candidats en provenance de lycées privés », dira-t-on.


En réalité, les universités en question ont toutes des programmes de « diversification » (sur tous les plans) de leur recrutement. En outre, cette objection présuppose que celles des écoles publiques où vont les plus pauvres doivent être les pires. Or, non seulement la chose n’est-elle pas aussi simple, mais, même si tel était le cas, cela demanderait explication.


Contrairement à ce que l’on croit, ce n’est pas le « manque de moyens » qui est en cause : les écoles publiques qui marchent mal sont, du point de vue de leurs ressources (nombre d’élèves par professeur, formation et salaire des professeurs, manuels, bibliothèques, équipements sportifs…), tout à fait comparables à celles qui marchent bien.

Ce serait là, cependant, le sujet d’un autre article.

 

D’un côté, donc, le one percent universitaire n’est pas du tout la progéniture du one percent économique. Mais il n’en est pas non plus la génération future !

Aux États-Unis, le niveau d’un étudiant est mesuré en termes d’une moyenne générale, notée entre 1,0 et 4,0, appelée « GPA ».  Or, le GPA médian des millionaires est de 2,9, une note tout à fait moyenne, pour ne pas dire médiocre, correspondant à un B.

 

Soixante pour cent des millionaires américains ont poursuivi leurs études dans une université publique (moins chère et plus accessible, généralement, que les plus prestigieuses institutions privées). Mais seulement la moitié d’entre eux détiennent un diplôme universitaire avancé !


Le préjugé, ici, provient d’une faute de raisonnement. Parce que la poursuite d’études augmente généralement les perspectives de revenu, on en conclut que les individus ayant les plus hauts revenus doivent être ceux qui ont pu s’offrir les diplômes les plus prestigieux. Or, il n’en est rien, ni sur le plan de la logique, ni sur le plan des faits.


Statistiquement, il est indéniablement préférable d’être titulaire d’un master en business que de ne pas avoir fini le lycée. Mais les statistiques indiquent des tendances sur des grands nombres. On ne peut rien en inférer quant à un échantillon dont l’effectif est inférieur au seuil d’erreur.


De fait, les plus riches des plus riches sont bien souvent des « college drop outs », ce qui s’explique d’ailleurs par le fait qu’il s’agit généralement d’entrepreneurs que leur talent propre profilait mal pour un patient cursus universitaire.


Évidemment, les titulaires d’un diplône d’une Ivy League s’en sortent pour l’essentiel très bien. Mais la raison en est que ce sont d’excellents élèves, qui s’en seraient tout aussi bien sortis s’ils étaient allés dans une autre université. On observe ainsi que la réussite des élèves admis en Ivy League est la même qu’ils choisissent d’y entrer, ou bien qu’ils préfèrent aller dans une institution moins prestigieuse et moins coûteuse.

    

Une étude célèbre datant de la fin des années 1990 montrait que 80% des millionaires américains étaient des « nouveaux riches » dans le sens objectif du terme, signifiant que leurs parents n’étaient pas eux-mêmes fortunés.

  

La proportion étant si importante, on peut faire l’hypothèse, en l’absence de données plus récentes, qu’il resterait globalement vrai, même si les choses avaient un peu évolué, que « les riches » ne sont en fait rien d’autre qu’un groupe nominal dont la composition évolue constamment.


En bref, contrairement à un préjugé simpliste, il n’est pas vrai que les plus riches sortent des universités les plus chères, que des parents fortunés ont pu leur offrir.

 

 

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Jérémie Rostan enseigne la philosophie et l'économie à San Francisco. Il est l'auteur, en plus de nombreux articles pour mises.org et le quebecois libre, de guides de lecture aux travaux de Condillac et de Carl Menger, ainsi que d'un ouvrage , Le Capitalisme et sa Philosophie, et de la preface a la reedition de l'ethique de la liberte de Rothbard (Belles Lettres)
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Ce serait intéressant d'avoir les résultats des mêmes études statistiques en france, si elles existent.
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Cela semble effectivement une très bonne idée d'article. Je ne peux pas promettre de date, car cela demandera effectivement des recherches, mais la comparaison semble intéressante. Avouons qu'il serait paradoxal que le système public français permette moins de mobilité scolaire et sociale que le système américain tant décrié (et par bien des aspects pour de bonnes raisons, mais pas celles que l'on avance généralement.)
Merci de votre lecture et de votre commentaire!
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Dernier commentaire publié pour cet article
Cela semble effectivement une très bonne idée d'article. Je ne peux pas promettre de date, car cela demandera effectivement des recherches, mais la comparaison semble intéressante. Avouons qu'il serait paradoxal que le système public français permette mo  Lire la suite
jeremierostan - 20/02/2013 à 04:36 GMT
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