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Cours Or & Argent

Lire Bastiat, de Robert Leroux

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Publié le 02 août 2013
644 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Bastiat a fait l’objet de très nombreux articles sur ce site et, en particulier, sous ma plume. Mais on n’en parlera jamais assez, tant sa pensée demeure d’actualité.


Aujourd’hui, nous allons recenser le livre de Robert Leroux, Lire Bastiat, paru en 2008, soit il y a plus de cinq ans. Robert Leroux est un professeur de sociologie québecois ayant écrit plusieurs livres sur les libéraux les plus illustres, comme Frédéric Bastiat et l’Autrichien, Ludwig von Mises.


Celui sur Bastiat vaut réellement le détour, tant l’ouvrage est facile à lire, tout en étant, en même temps, assez complet sur cet auteur, mort malheureusement beaucoup trop jeune (à 49 ans).


Leroux commence par rappeler un paradoxe qui n’en est un qu’à première vue : Bastiat a longtemps été méconnu dans l’Hexagone et n’a commencé à y être réellement étudié que vers la fin du XXe siècle, grâce à Florin Aftalion, et ce, alors que, dans les pays anglo-saxons, son œuvre connaissait un certain succès.


À première vue, seulement, car les idées libérales sont beaucoup plus répandues en Angleterre et aux États-Unis qu’en France, à défaut d’y faire l’objet d’une application plus concrète.


Leroux poursuit en indiquant quel a été le principal combat idéologique de Bastiat durant sa courte vie : celui pour le libre-échange. En cela, il était extrêmement admiratif de ce qui se passait en Angleterre et craignait une chose : si ce pays s’ouvre autant au libre-échange, alors il assoira définitivement son hégémonie économique au détriment de la France.


L’œuvre de Bastiat est en rupture par rapport à celle des autres économistes classiques : contrairement à Jean-Baptiste Say, par exemple, Bastiat fait du consommateur l’axe central de ses réflexions.


Mais l’apport majeur de Bastiat réside certainement en sa théorie de la valeur. Smith et Ricardo considéraient que la valeur était fonction du travail. Il est étonnant que de telles thèses aient pu prospérer. Le tableau d’un peintre « lambda » ne vaudra jamais celle d’un Picasso, même si ce dernier y aura consacré trois fois moins de temps. Bastiat s’insurge également contre la rareté. En effet, ce n’est pas parce qu’une denrée est rare qu’elle sera prisée par les consommateurs, même si, incontestablement, la rareté joue sur la détermination du prix dans une grande partie des cas. Mais ce n’est pas le seul facteur et, dans ce domaine, l’irrationalité peut jouer un rôle majeur. La thèse de Bastiat en la matière sera d’ailleurs reprise par un autre libéral, plus connu mais uniquement parce que son œuvre a été grandement travestie : Vilfredo Pareto.


Pour en revenir à Bastiat, on apprendra également dans le livre de Leroux que, curieusement, bien qu’il soit conscient de ses grandes divergences idéologiques avec lui, l’économiste de Mugron a défendu Malthus contre les attaques dont il fut l’objet, suite à la parution de son œuvre, Essai sur le principe de population. Rappelons que Malthus, ancêtre éloigné du développement durable, s’inquiétait tout particulièrement de la rareté des ressources et craignait que l’augmentation exponentielle de la population ne réduise ces dernières à néant.


Un tel pessimisme tranchait avec l’optimisme de Bastiat. Et c’est justement une des critiques (nuancées, certes) de Leroux à son encontre : si, évidemment, les thèses de Malthus étaient folkloriques, tant il n’avait aucune confiance en la capacité de l’être humain à s’adapter à son environnement, en revanche, l’optimisme béat de Bastiat était tout aussi naïf. Ainsi, il croyait que le socialisme n’était qu’une lubie passagère appelée à rapidement disparaître. Les faits lui ont donné tort. Mais on ne saurait le lui reprocher, cette idéologie n’ayant commencé à faire des ravages qu’à compter de la seconde moitié du XIXe siècle. Bastiat n’avait pas le recul nécessaire pour s’inquiéter de sa montée.


Il n’en demeure pas moins qu’il reste un précurseur de toutes les écoles libérales du XXe siècle et représente une des fiertés de la France en la matière.

 

 

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