Alpiq Commerce & Trading
Ultralibéralisme serait le monde dans lequel nous vivons. Soit.
Cela sous-entendrait que la concurrence est vraiment libre avec un marché
qui fixe les prix selon la loi de l’offre et la demande. En ajoutant le mot
« ultra- » on en vient à dire que les gouvernements n’interviennent
pas du tout!
C’est dans ce contexte d’ultralibéralisme que le marché de l’électricité
s’est ouvert.
Dans un monde ultralibéral, le lieu où l’offre va rencontrer la demande
est la Bourse! On vous a fait miroiter le jeu de la libre-concurrence mais on
a omis de vous dire que les prix seraient fixés par des traders.
Et voilà que nous découvrons que cette bourse est capable de faire flirter
le prix de l’électricité autour de zéro et que même par moment, il faut payer
le client pour qu’il veuille bien prendre -on n’ose plus dire acheter- de
l’électricité.
Alors peut-on expliquer comment une entreprise avec ses coûts peut
en faire abstraction? Or, cette situation invraisemblable n’est abordé par
aucune autorité suisse ou européenne.
Quel entrepreneur accepterait de prendre un contrat si ses coûts de base
sont ignorés? Quel contractant sérieux peut oser faire pareille suggestion?
On aurait voulu torpiller les producteurs et vendeurs d’électricité européens
qu’on ne s’y serait pas pris autrement! Il ne faut donc pas s’étonner qu’ils
aillent tous mal!
1ère conclusion: Le prix de l’électricité est fixé par une bourse
qui ne fonctionne pas normalement. La question de la manipulation est posée.
Dans un marché ultralibéral, l’Etat n’intervient pas! Or, il s’avère que
les Etats subventionnent les énergies renouvelables. En Suisse, les énergies
renouvelables sont subventionnées et l’énergie hydraulique propre hautement
taxée. Pourquoi?
Conclusion 2: L’intervention de l’Etat est partout soit en
subventionnant certains produits, soit en taxant d’autres. Subventions plus
taxes vont pénaliser gravement l’hydroélectricité.
Alpiq et Axpo, les producteurs suisses d’électricité veulent étatiser
leurs centrales nucléaires.
Dans un marché ultralibéral, les entreprises mal gérées sont évacuées
naturellement de la scène grâce à la faillite. Le mot même
« étatiser » est incompatible avec le mot entreprendre. Il relève
de l’économie planifiée chère aux soviétiques dans ses années glorieuses.
Conclusion 3: Le fait que Alpiq et Axpo comptent sur l’Etat pour
se débarrasser de poids morts montrent que le management de ces
entreprises n’a pas une culture libérale.
Nous découvrons aussi que Alpiq souhaite se débarrasser des centrales
nucléaires mais voudrait récupérer le faramineux business de leur
démantèlement. Elle a déjà préparé une entreprise portant le nom de Swiss
Decommissioning AG (cf managment tableau ci-dessous) créée en mars 2015. Elle
s’appuierait sur les compétences d’une autre société Kraftanlagen Heidelberg GmBH
(Allemgne)
Alpiq a créé cette structure dirigée par des citoyens allemands
pour démanteler les centrales nucléaires une fois étatisées
Conclusion4: On se débarrasse des coûts des installations
nucléaires puis on reprend le business que le démantèlement de celles-ci peut
générer. L’Etat paie deux fois! Bénéfices privatisés et dépenses étatisées.
Un groupe comme Alpiq semble s’orienter par la cession de ses actifs
suisses et se développe
en Europe. Les intérêts stratégiques ne convergent pas avec ceux des
consommateurs suisses.
Par ailleurs, pourquoi faut-il que le contribuable-consommateur suisse
renfloue des activités d’une entreprise privée dont le management est plus
tenté par l’aventure européenne?
La question des deux centrales de pompage-turbinage -dont celle de Nant-de
Drance et de Cleuson-Dixence qui ont coûté des fortunes reste entière.
pourquoi s’est-on engagé sur des projets aussi faramineux si on n’en veut
pas?
La vérité est que la production hydroélectrique est non seulement propre,
mais aussi flexible. On peut produire quand on veut,
autant qu’on veut. Le temps nécessaire pour monter la puissance de la
production est ridiculement bas. On peut alors se demander si les centrales
solaires allemandes qui s’arrêtent au premier nuage ou les éoliennes
françaises -dont une bonne partie est en attente de raccordement-
tributaires des caprices du vent n’ont pas besoin des braves centrales hydroélectriques
suisses qui assurent une stabilité et une prévisibilité par tous les temps!
Quoiqu’il en soit, le contexte de l’ouverture du marché électrique n’a
rien de libéral et relève plus de la privatisation des gains et la
mutualisation des coûts. Entre-temps, e marché de l’électricité suisse et
européen va se fracasser sur les falaises abruptes du casino de la finance
planétaire. Il ne sera plus si évident alors d’avoir de l’électricité au bout
de son interrupteur…
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