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Mettre fin à la dérive de l'économie politique.

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Publié le 04 février 2018
1896 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Rubrique : Editoriaux

Paris, le 29 janvier 2018

Dans des billets antérieurs, j’ai eu l’occasion d’insister sur le point de départ qu’a été la « théorie de la valeur » pour la science qu’est l’économie politique (cf. par exemple, ce billet d'octobre 2015, celui-ci de décembre 2015 ou celui-ci de février 2017).

J’ai montré que :

- tantôt des savants ont étendu la notion de « valeur » par des mots ou des expressions qu'ils y introduisaient,

- tantôt ils l’ont limitée à un mot ou à une expression particulier, et ont exclu les autres,

- tantôt ils ont mis en relation mathématique telle notion et telle autre et en ont déduit des conséquences qu'ils ont prises pour des "valeurs" (par exemple, l'équilibre économique selon Gérard Debreu, 1959).

Tout cela a été inventé par des savants sans que les règles de droit fussent présentes ou que l’homme, vous et moi, intervînt.

La « valeur » et ce qui s’en déduit tomberaient-ils du ciel, de la nature, de la nation, de l’état, de la société, du gouvernement, du marché ou de ... ?

1. Un livre de 2008.

Il y a quelques années, en 2008, Claude Parthenay a publié un livre intitulé Vers la refondation de la science économique (économie et argument transcendantal) aux éditions du Cerf (coll. La nuit surveillée).

A partir de nombreux auteurs qu’il présente rapidement, le livre montre que les grands maîtres de la pensée économique échouent dans leur prétention à ériger un discours scientifique.

La grille d’analyse tient dans l’argument transcendantal élaboré par Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) et reformulé dans la culture contemporaine par I. Thomas-Fogiel.

L’argument transcendantal invite à interroger les discours des économistes à deux niveaux :

- celui de la représentation de la science construite par l’économiste et

- celui de la représentation des gens .

Tout comme les auteurs qui ont critiqué le livre (par exemple, ce texte), Parthenay laisse apparaître l'impasse où se trouvaient - et se trouvent aujourd'hui - les sciences économiques "standard" ou "marxiste".

A aucun moment de l'ouvrage et aux exceptions près de Joseph Schumpeter (1883-1950) et Friedrich von Hayek (1899-1992), n'est, en effet, évoquée l'Ecole de pensée économique dite "autrichienne" (... école dite ainsi vraisemblablement par les historiens de la pensée économique essentiellement marxistes).

Hans Hermann Hoppe, grand « autrichien » devant l’Eternel, est, en particulier, laissé de côté !

Que Parthenay n'a-t-il lu son texte de 1996 que j'ai évoqué dans ce billet de janvier 2018 .

Soit dit en passant, pour Hoppe, Hayek n'est pas un pur "autrichien", mais un membre d'un courant parallèle, celui de Friedrich von Wieser.

Et Schumpeter l'est encore moins quoique disciple d'Eugen Böhm-Bawerk.

2. Refondation ou dérive.

Le problème de la science économique n'est pas sa refondation par des savants borgnes dont les critiques acoquinés n'évoquent jamais cette dernière "qualité"…

La vraie question de l'économie politique est la dérive, depuis le XIXème siècle, de cette science par des savants qui en arrivent au "n'importe quoi" actuel. 

. Le socialisme.

Le courant qui l'a fait dériver est celui du socialisme - en augmentation perpétuelle ces derniers siècles - qui a triomphé

- tant à l'échelle nationale, la France, 

- qu'à l'échelle mondiale où se vautrent des organisations qui n'auraient jamais dû être inventées comme, par exemple, le Fonds monétaire international - décennie 1940 -, l'Organisation de coopération et de développement économique - décennie 1960 -, la Banque centrale européenne - décennie 1990 -, etc.

Vilfredo Pareto avait anticipé l'ensemble dès 1893 (cf. ce billet de février 2014).

Dans ces conditions, "mi marxiste" "mi standardiste", consciemment ou non, on ne pouvait que dériver et Parthenay dérive.

La science économique dont il parle n'est pas le résultat logique des actions des savants de l’économie politique, mais un véritable chaos de choix d’axiomes ou de postulats mathématiques, supposés par les uns ou par les autres, sans valeur économique, sans réalité.

3. L’économie politique.

Pour dire un dernier mot du texte cité de Hoppe, on regrettera qu'Hans Hermann n'ait pas mis en perspective son propos avec ceux des premiers auteurs "autrichiens" comme l'a fait, par exemple, Murray Rothbard (1996).

a. Une étroite pensée.

Il serait parvenu aisément à montrer l'étroitesse de la pensée qui existe entre Jean Baptiste Say (1767-1832) et Carl Menger (1840-1921), le premier économiste "autrichien".

Selon Say :

"Les choses auxquelles on a donné de la valeur ne prennent-elles pas un nom particulier?

Quand on les considère

sous le rapport de la possibilité qu’elles confèrent à leur possesseur d’acquérir d’autres choses en échange,

on les appelle des valeurs ;

quand on les considère

sous le rapport de la quantité de besoins qu’elles peuvent satisfaire,

on les appelle des produits."(Say, 1815, p.14)

C'est ainsi que la notion de "chose" regroupait alors deux mots synonymes : valeur d’échange et produit, valeur de satisfaction/usage ...

« Valeur » n'est plus un objet, mais une qualité donnée à l'objet cerné par l’intelligence de la personne ... (cf. Say, 1815 et ce texte de novembre 2015 ) :

"Comment donne-t-on de la valeur à un objet ?

En lui donnant une utilité qu’il n’avait pas." (Say, op.cit., p. 10)

Plus encore que la "valeur" - si on peut dire... -, l'utilité donnée à un objet est nécessairement subjective.

Et Carl Menger a développé, par la suite, le sujet dans son ouvrage intitulé Principles of Economics

"La valeur n'est rien d'inhérent aux biens [...]

[n'est] pas une propriété de ceux-ci, ni une chose indépendante existant en elle-même.

C'est un jugement que les individus font de l'importance des biens [...]

la valeur n'existe pas en dehors de la conscience des individus" (Menger, 1871, pp.120-21)

La "valeur" est donc subjective.

Certes, une fois l'acte d'échange des gens abouti, convenu, la valeur est objective, mais reste sans lendemain, jusqu'au prochain échange des gens, lequel est immédiat.

Pour l'un comme pour l'autre, la "valeur", alors point de départ de l'économie politique, ne tombe donc pas du ciel, de la nature, de la nation, de l'état, de la société ou encore du marché, mais de vous et moi, des actions que nous menons.

b. La praxéologie dans la catallaxie.

Et la grille d’analyse de sa science, c’est la praxéologie (cf. ce billet) agrémentée de la catallaxie (cf. ce billet de juillet 2009).

Ludwig von Mises (1881-1973), grand économiste "autrichien" devant l'Eternel, l’expliquait encore en 1962 quand il écrivait que:

"La science économique ne porte pas sur les biens et services, elle porte sur les actions des hommes en vie.

Son but n'est pas de s'attarder sur des constructions imaginaires telles que l'équilibre.

Ces constructions ne sont que des outils de raisonnement.

La seule tâche de la science économique est l'analyse des actions des hommes, c'est l'analyse des processus." (Mises, 1962, cf. ce texte),

après qu'il avait écrit, en 1949, dans le livre intitulé L'action humaine, que la science économique avait pour domaine les phénomènes de marché expliqués par les actes des êtres humains et était une:

[...] branche de la connaissance [...]

pour étudier les phénomènes de marché, c'est-à-dire

- la détermination des rapports d'échange mutuel entre les biens et services négociés dans les marchés,

- leur origine dans l'action humaine et

- leurs effets sur l'action ultérieure.

En anglais :

[…] branch of knowledge […]

to investigate the market phenomena, that is, - the determination of the mutual exchange ratios of the goods and services negociated on markets,

- their origin in human action and

their effects upon later action". (Mises, 1949, p.232)

Mon seul regret est que Mises fasse référence à l’expression « biens et services ».

Pour une fois, il s’est laissé enrubanné par tout ce qu’il détestait, à savoir les mots faux :

les « biens » ne sont pas le contraire des « services », mais celui des "maux" ;

les « services » ne sont pas le contraire des « biens », mais celui des « objets ».

4. Une dérive.

A accepter un instant la notion d'"Ecole de pensée économique autrichienne", on peut considérer que celle-ci n'est rien d'autre qu'une façon pour le savant de ne pas dériver, malgré les effets ravageurs du courant socialiste (au départ, "révolution française").

Reste qu'avant d'être "autrichienne", et pour éviter tout anachronisme, l'école de pensée économique de Menger a continué, en bonne logique, l'école de pensée économique de Say.

Mais, à la continuité, les socialistes naissant qui articulaient leur propos sur Karl Marx (1818-83) ont trouvé des moyens fallacieux de s'y opposer directement ou indirectement.

L'un de ces moyens a été de parler de l'"Ecole de pensée économique autrichienne", de l'individualiser et de tenter de la désolidariser ainsi de l'économie politique en général.

Le moyen a été efficace.

Dernière preuve en date : Parthenay est muet sur l’Ecole dans son livre ...

5. L‘Ecole de pensée économique enferrée.

A la suite de Say, première moitié du XIXème siècle, Menger et ses amis prétendument « autrichiens » selon certains, seconde moitié, ont donné aux « choses » de l’économie politique des "valeurs" que leur imputaient les gens, vous et moi, qu’ils prenaient comme conséquences de l'action humaine, et qu’ils ont dénommées, entre autres, « utilité ».

Mais, à la différence de Say, ils en sont arrivés à classer sous la dénomination « utilité totale » des choses de valeurs différentes qu’ils n’hésitaient pas, par la pensée, à comparer par substitution mathématique en introduisant des valeurs dénommées « utilités marginales » (que Vilfredo Pareto a préféré dénommer « ophélimités élémentaires » pour insister sur le caractère subjectif, mais qui est resté sans lendemain...).

Apparurent ainsi en économie politique

- la notion de taux ou rapport d’échange en quantités, à utilité totale quelconque des gens - notion que Pareto a attribué à Jevons (1835-82) dans son livre intitulé Money and the Mechanism of Exchange - et

- la notion de taux ou rapport d’utilités marginales, à utilité totale donnée de chacun.

De cette notion arithmétique qu’ils ont dénommée « taux de substitution », des savants ont déduit géométriquement les « courbes d’indifférence » (au lieu de parler de « courbes d’équivalence »...) des personnes dont ils parlaient (cf. ce billet de juillet 2016).

. La substitution.

Reste que la substitution en question n’a rien à voir avec la notion d’action de vous et moi et que si elle en avait un, il faudrait faire intervenir le coût et le profit attendu avec incertitude à lui associer, ce qui n’est pas le cas.

Même Ludwig von Mises s'est laissé abusé par la notion de substitution, en particulier, dans le livre intitulé L'action humaine:

"Acting man is eager to substitute a more satisfactory state of affairs for a more less satisfactory.

His mind imagines conditions which suit him better, and his action aims at bringing about this desired state" (Mises, op.cit., I.2)

En français :

L'homme en vie est désireux de substituer un état de choses plus satisfaisant à un moins satisfaisant.

Son esprit imagine les conditions qui lui conviennent mieux, et son action vise à réaliser cet état désiré.

"Action is an attempt to substitute a more state of affairs for a less satisfactory one.

We call such a willfully induced alteration an exchange.

A less desirable condition is bartered for a more desirable". (ibid. IV.3)

En français :

L'action est une tentative de substituer un état de choses plus satisfaisant à un moins satisfaisant.

Nous appelons échange une telle altération volontairement induite.

Une condition moins désirable est échangée pour une plus désirable.

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Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France. Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur
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