La résilience de l’or dans ce contexte d’envol des marchés actions
et de baisse importante de la demande met en exergue la confiance des
investisseurs dans le métal, qui ne se laissent pas impressionner par la
hausse importante des bourses.
Le cours de l’or a à peine bronché après les niveaux records atteints par
les marchés actions depuis la mi-octobre. Depuis cette date c’est le calme
plat, si bien que l’on pourrait enregistrer la plus faible volatilité depuis
2005. La demande d’or physique a, quant à elle, atteint un plus bas de 8 ans
durant le 3e trimestre 2017.
Mais cela masque un solide support des investisseurs. Si la performance du
cours de l’or durant le boum automnal des actions a été inférieure, le métal
n’a pas souffert pour autant.
« En théorie, historiquement lorsque vous avez des marchés
exceptionnels et une faible volatilité, l’or part à la baisse, et fortement.
Mais aujourd’hui, personne ne vend de l’or », a déclaré Davis Hall,
responsable devises et métaux précieux chez Indosuez Wealth Management.
« Tôt ou tard, les investisseurs qui ont misé sur les actions
vont prendre leurs bénéfices », a-t-il déclaré. « En tant
que protection, l’or est sans aucun doute la meilleure alternative pour
s’assurer contre les risques d’une exposition importante aux marchés actions
mondiaux. »
La dernière correction importante des titres, durant la crise financière
de 2008, a engendré un marché haussier long de plusieurs années pour le métal
jaune, ce qui l’a porté à près de 2 000 $ l’once, la hausse se poursuivant
même après que les actions aient repris des couleurs. (…)
La baisse importante de la demande physique durant le dernier trimestre
semble dramatique, en particulier vu que l’ensemble de l’année pourrait
afficher une tendance similaire. Cependant, pour l’or, c’est bien moins
désastreux que cela en a l’air.
Contrairement aux autres matières premières, la demande physique
est habituellement dictée par les prix, ce qui est habituellement
l’inverse. C’est particulièrement vrai sur les énormes marchés de l’or en
Asie, comme la Chine et l’Inde, où les investisseurs achètent sur le long
terme et sont toujours à l’affût d’une bonne affaire. (…)
La politique des taux de la FED a presque intégralement dicté les
mouvements de l’or durant la dernière décennie. Les taux planchers qui sont
apparus au lendemain de la crise financière ont permis de réduire les coûts
de détention du métal à leur plus simple expression. La baisse de l’or de
l’année dernière est largement à remettre sur le compte de l’attente de la
normalisation des taux.
La FED a bien commencé à relever son taux directeur, mais de façon bénigne
jusqu’à présent. Avec le modéré Powell qui devrait reprendre les rênes de la
FED au début de l’année prochaine, on devrait être dans la continuité. (…)
Simultanément, il y a bien d’autres raisons qui soutiennent l’or.
L’aplatissement de la courbe des rendements américains suggère que les
investisseurs pourraient bientôt sortir des obligations à court terme pour
rentrer sur des actifs plus risqués comme les actions, d’après l’analyste de
Mitsubishi Jonathan Butler. Ce genre d’événements a souvent été considéré
comme une sonnette d’alarme.
« Il semblerait que nous ayons un nouveau canari dans la mine »,
a-t-il déclaré. « Les marchés actions atteignent de nouveaux
records, le dollar se maintient, mais les taux indiquent que quelque chose
cloche sur le marché des actifs à revenu fixe. Il y a encore des éléments
pour soutenir l’or, pour se protéger contre des paris plus risqués. »
Article de Reuters, publié le 10 novembre 2017