bitcoin versus or Si
l’on s’intéresse de près au Bitcoin – monnaie électronique – en ce moment,
c’est parce que son cours, libellé en dollars, bat
de nouveaux records, comme l’or en son temps (en septembre 2011
rappelez-vous). Nouvel Eldorado pour certains, bulle sur le point d’exploser
pour d’autres, ce qui nous intéresse nous, chez loretlargent, ce sont
l’alternative et les perspectives d’avenir qu’offrent l’or et le Bitcoin,
deux monnaies libres qui n’en sont pas vraiment. Le Bitcoin est-il une
monnaie qui restera underground ?
Success story d’une monnaie de « geek »
Monnaie créée par un Japonais (Satoshi Nakamoto) en 2009, à la base pour
faciliter des transactions sur le web, un peu comme le dollar Linden dans
l’univers virtuel Second
Life, le Bitcoin a vite dépassé le cadre de quelques internautes férus
d’informatique et séduit un plus large public.
Les raisons du succès : une totale liberté (il n’est adossé à aucun système
bancaire, son fonctionnement dépend d’un simple protocole informatique),
confidentialité, anonymat garanti… Pour échanger des bitcoins, il suffit
juste d’un logiciel. Les transactions peuvent être effectuées depuis
n’importe quel support numérique connecté (ordinateur, smartphone, tablette).
Un succès grandissant à tel point que l’été 2013, consécration,
l’Allemagne l’a reconnue officiellement comme une « monnaie privée » (ce qui
permet au pays de taxer cette monnaie au même titre que les autres).
La monnaie virtuelle a même atteint en novembre de nouveaux records en de
321 dollars le 7 novembre (ce qui était déjà un record en soi) et 1 073
dollars le 30 novembre dernier, approchant voire dépassant le cours de l’or
avant fixing. C’est la première fois que le Bitcoin a franchi la barre des
1000$ depuis sa création !
Et des anecdotes qui font rêver : « Avec
17 euros de bitcoins en 2009, il achète un appartement ». Car c’est là
que le virtuel rejoint le réel : le Bitcoin permet d’acheter des biens ou des
services sur la toile ou s’échange directement contre du cash.
Forcément, ce succès fait grincer les dents des autorités bancaires qui
ont la petite monnaie qui grimpe dans leur collimateur : autant de cash qui
échappe à la fois à leur contrôle et à la possibilité de se faire un peu
d’argent dessus au passage.
Monnaie dérégulée, sans contrôle ni aucune supervision bancaire, laissée aux
mains des seuls utilisateurs (crime de lèse-majesté dans l’univers des
institutions bancaires), spéculative, favorisant les transactions illicites,
le blanchiment d’argent, taxée de « monnaie des mafieux »… le Bitcoin est
accusé de tous les maux. Plusieurs autorités bancaires mettent en garde
contre le Bitcoin, monnaie « hautement spéculative » et qui risque donc de ne
plus rien valoir après explosion imminente de la bulle en formation. De la Banque
de France à l’autorité
bancaire européenne
en passant (à pied) par
la Chine, les mises en garde pleuvent. Qu’en est-il vraiment ?
Pour les banques, or et Bitcoin sentent le souffre
C’est le point commun majeur entre ces deux monnaies qui ne sont pas ou
plus reconnues officiellement par tous les Etats : le désamour des banques.
Et le cours du Bitcoin, comme celui de l’or, grimpe en période de tension
sur les marchés et sur le plan politique : « Ainsi la récente crise politique
des Etats-Unis autour du relèvement du plafond de la dette et du shutdown a
redonné un nouveau souffle au bitcoin, peu de temps après la fermeture du
site Internet distributeur de drogues, SilkRoad, où les transactions
s’effectuaient en bitcoins », précise cet article paru dans Economie
Matin.
La comparaison ne s’arrête pas là. Le phénomène de « ruée » en période de
crise a bien été appréhendé par la communauté informatique clubic.com
dans cet article pour qui le Bitcoin a pour modèle les métaux précieux et
qui explique :
« Pour appréhender au mieux le concept d’une monnaie peer-to-peer, il suffit
de penser à l’or. Contrairement aux monnaies fiduciaires, il en existe une
somme finie sur notre planète. Avec les euros et les dollars, il est possible
de faire fonctionner la planche à billets à volonté, au risque de créer de
l’inflation. La pierre philosophale n’étant qu’une chimère, il est évidemment
impossible d’en faire autant pour l’or. La plupart des crypto-monnaies
reprennent à leur compte ce principe d’une quantité limitée, et
prédéterminée, de ressources.
Le parallèle avec les métaux précieux peut même être poussé plus loin,
puisque ces monnaies virtuelles doivent être extraites de leur gangue
mathématique, minées à l’aide d’algorithmes de calculs qui font office de
super pioche ».
Infographie comparative
L’infographie
réalisée par Bite Digital pour le site goldmadesimple.com pousse la
comparaison plus loin en comparant or et Bitcoin point par point.
Bitcoin
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Or
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Miné virtuellement sur Internet
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Miné physiquement dans la terre
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Inventeur : Satoshi Nakamoto, 2009
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Inventeur : Dieu, depuis la nuit des temps
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S’échange depuis 4 ans
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S’échange depuis 3000 ans
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Accepté par des milliers de traders en ligne
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Accepté par la plupart des banques, des millions
d’entreprises et l’humanité toute entière
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Extrêmement volatil
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Très stable
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21 millions de Bitcoins en circulation
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5,5 billions d’onces en circulation
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Complètement virtuel, moche, dématérialisé
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On ne peut plus tangible, beau et rassurant
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Même si cette infographie prend de façon évidente parti pour l’or, on
retient que l’or offre une grande stabilité sur 3000 ans (on peut à peu près
s’acheter les mêmes choses au cours des siècles, voire des millénaires :
bœuf, tenue vestimentaire, vélo…).
Quant au Bitcoin, il est difficile de comparer sur seulement 4 ans, mais on
ne peut que constater une immense volatilité, avec deux risques majeurs de
bulle en avril dernier. Sa valeur avait chuté de 72% en quelques jours après
avoir été multipliée par 20 en quelques semaines. Le cours de l’or, en baisse
un an, observe néanmoins des courbes beaucoup plus stables.