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Cours Or & Argent

Prédire l’efficacité des révolutions à venir - Jeff Thomas

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Publié le 15 juin 2016
1281 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editorial du Jour

Dans une grande partie de ce qui était autrefois surnommé le « monde libre », les gouvernements et les économies sont aujourd’hui en phase d’autodestruction. D’ici peu de temps, nous devrions assister à des révolutions dans un grand nombre de ces pays.

Certaines de ces révolutions pourraient s’avérer violentes, d’autres plus « douces » - au travers de transformations majeures au sein de la structure politique. Elles pourront varier, depuis l’imposition de nouvelles rhétoriques politiques jusqu’à des transformations de gouvernements ou de leur structure.

Il n’est pas correct de penser qu’une révolution est quelque chose qui se produit parce que l’ensemble de la population n’est plus satisfaite. Ce n’est pas vrai. Une majorité des révolutions se produisent lorsqu’une fraction d’une population (parfois un dixième, un tiers ou plus) se mobilise suffisamment pour voir instaurés les changements désirés.

C’est un point important, qui nous rappelle que la révolution est assez souvent la conséquence de l’insatisfaction d’une minorité. Si cette minorité parvient à établir un coup d’Etat, alors la révolution a porté ses fruits. Les révolutions ne sont pas nécessairement justes ou injustes d’un point de vue moral. Elles ne sont que des paris en faveur de changements. Et dans de nombreux cas, ce ne sont que les visages qui changent, et non les bases fondamentales de la gouvernance.

Mais en partant du principe que les objectifs d’une révolution soient clairement établis (et non de simples proclamations à la « Nous en avons assez »), nous pouvons observer si ses objectifs ont été atteints.

Le fantôme des révolutions passées

Penchons-nous brièvement sur les révolutions américaine et française, qui se sont produites à peu près au même moment. Les deux ont visé au renversement d’une monarchie qui était perçue comme oppressive. La révolution américaine a été un succès, au travers de sa défense des droits des individus, et a offert aux Etats-Unis un avenir productif qui a duré assez longtemps. En revanche, la révolution française, qui avait des objectifs similaires (« Liberté, Egalité, Fraternité »), n’est pas parvenue à ses fins. Elle s’est trop concentrée sur la vengeance, le pillage de la propriété de la nubilité et la demande de faveurs politiques. En conséquence, elle a échoué à revitaliser la France et n’a pas donné lieu à une ère de liberté et de productivité, mais plutôt à une ère de corruption et de socialisme.

Pour comprendre pourquoi une productivité accrue (en tant que sous-produit de la liberté individuelle) ne s’est pas produite en France, il suffit d’observer la Déclaration française des Droits de l’Homme, similaire au Bill of Rights américain. Les clauses en sont quelque peu similaires mais l’abus né de la première était depuis le début dans la farce. En voici deux exemples :

XIII. Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.

Ce passage a très certainement été rédigé par un comité. L’auteur original a pu être un Jefferson ou un Madison français, puisqu’il est d’abord dit que les taxes devront être divisées de manière égale, et qu’un amendement stipule ensuite « en raison de leurs facultés ». Malheureusement, ce dernier passage réfute le principe d’égalité, et a permis aux législateurs du futur d’y ajouter autant de régulations socialistes qu’ils le souhaitaient. L’égalité a une définition très claire, alors qu’ « en raison de leurs facultés » est suffisamment vague pour permettre n’importe quel niveau d’inégalité désiré. Au travers de cet amendement, les Pères fondateurs de la France n’avaient aucune intention de favoriser la liberté et l’égalité, mais une France plus concentrée sur l’habilitation.

XVII. La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.

Même chose ici. Une déclaration ferme relative aux droits des individus, diluée (une fois de plus, j’en suis sûr, de la plume d’un comité) par « si ce n’est lorsque la nécessité publique », pour permettre aux autorités de violer ce droit à leur bon vouloir.

Une déclaration des droits qui se contredit elle-même n’est pas une déclaration des droits. Notez que le pamphlétaire britannique Thomas Paine (qui a assisté la révolution américaine), a dit au sujet de la révolution française de l’époque, que :

Le gouvernement n’est gouverné par aucun principe. Il peut faire du mal le bien et du bien le mal à son bon vouloir. Le gouvernement est un pouvoir arbitraire.

C’est tout à fait vrai. Une observation mémorable applicable à n’importe quel gouvernement actuel.

Le fantôme des révolutions du présent

L’Argentine était autrefois un pays en effervescence. Mais depuis Perón et son régime socialiste des années 1940, le pays a été en déclin perpétuel. Un nouveau président vient d’être élu : Mauricio Macri, qui a promis de sauver l’économie en effondrement au travers de mesures conservatives. Aux yeux d’une majorité des gens hors de l’Argentine, une révolution douce a eu lieu : la promesse d’une Argentine revitalisée. En revanche, pour ceux qui se sont trouvés au cœur de la situation, la révolution était destinée à échouer. De l’autre côté du fleuve, en Uruguay, avant les récentes élections, mon voisin Marcelo m’a dit :

Une majorité des Argentins reçoivent des allocations, mais à mesure que Cristina continue de ruiner l’économie, ces allocations deviennent de moins en moins importantes. Les gens sont en colère, alors cette fois-ci, ils voteront pour un président conservateur. L’Argentine deviendra pendant deux ou trois ans plus responsable sur le plan fiscal, et le peuple demandera ensuite un retour au socialisme. Une majorité des gens se moquent de la santé de l’économie. Ils veulent simplement du conservatisme pour stabiliser leur pays, afin de pouvoir de nouveau recevoir leurs allocations. C’est toujours la même chose.

En Argentine, ce même cycle ne cesse plus de se répéter. Jusqu’à présent, aucune leçon n’a été apprise par les électeurs. Les citoyens du pays ont-ils compris que les allocations sont contre-productives au sein d’une économie vibrante ? Laisseront-ils une chance à la prospérité en Argentine ? Ou donneront-ils au nouveau président quelques années pour stabiliser l’économie afin de pouvoir de nouveau demander des allocations ? Le temps nous le dira.

Le fantôme des révolutions futures

Aux Etats-Unis, beaucoup parlent de révolution. Beaucoup espèrent une révolution douce, qui pourra à nouveau tourner leur pays vers ses valeurs traditionnelles, vers le travail et les droits des individus au sein d’une société productive.

D’après moi, les choses ne se passeront pas ainsi. La première révolution américaine a eu ces conséquences exactes, mais la raison en a été (selon moi) l’absence d’habilitation au sein de la société des colons. Ils sont arrivés en Amérique en tant que pionniers, et tous étaient leurs propres champions. Ils ont accepté de travailler dur, de ne compter que sur eux-mêmes et de chérir les droits individuels. Après la révolution, les Etats-Unis ont connu une longue période productive, parce qu’une majorité des Américains partageaient ces valeurs.

Malheureusement, ce n’est plus vrai aujourd’hui. La liberté est un concept désirable aux yeux de tous, mais qui implique de grandes responsabilités – des responsabilités qu’une majorité de citoyens n’accepteront pas après la révolution. Comme en France, ils voudront s’assurer de toujours conserver leur propre liberté, tout en limitant celle des autres, afin que ces autres puissent être forcés à contribuer au bien commun.

Une fois que l’idée selon laquelle votre voisin devrait sacrifier sa liberté pour satisfaire vos besoins ou désirs est enracinée dans la société, il est impossible de l’abolir. Si nous recherchons le changement, il nous faudra le trouver dans un recommencement total, libéré du bagage d’une population habilitée.

 

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