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Une fois n'est
pas coutume, l'article qui vient m'a été inspiré par une
réaction d'un lecteur, qui me demande:
Bonjour,
(...)
J'ai
souvent entendu dire que le libéralisme avait pour
nécessité cardinale d'intégrer la notion de
progrès (notamment technologique).
Je fais écho à votre note sur le progrès technologique
dans l'agriculture comme (seule) solution viable à la famine actuelle
dans le 1/3 Monde: existe-t-il d'autres voies ? Le progrès
technologique peut-il parfois se heurter à une régression du
bien-être, de la santé, etc. mettant en péril la survie
même de l'espèce sur le long terme ? (L'incidence de la
consommation de pesticides sur l'augmentation énorme du nombre de
cancers, par exemple)
Ce sont plusieurs questions, qui font certainement bouillir votre esprit
fertile, et peut-être pourrait-on s'attarder sur le sujet du
progrès biotechnologique dans la logique libérale.
Peut-être pouvez vous me guider vers une analyse déjà
fait auparavant, qui sait ?
Attention, je tiens à vous dire que je ne suis PAS du TOUT
anti-libéral, bien au contraire. Le libéralisme m'impressionne
beaucoup, car je le sens juste, positif et plein d'espoir pour notre Monde...
Mais c'est surtout la notion de progrès qui m'intéresse et
m'interpelle, alors que les visions partielles me désolent (pro-OGM,
anti-OGM, comme si tout pouvait être blanc ou noir !!!)
Merci d'avance pour votre point de vue sur ce sujet.
Que de bonnes
questions. Quelques réponses, pêle mêle.
J'ai
souvent entendu dire que le libéralisme avait pour
nécessité cardinale d'intégrer la notion de
progrès (notamment technologique).
Je reviendrai sur
ce point longuement par la suite. Disons, pour introduire, que le
progrès, notion complexe, n'est pas une "nécessité
libérale" mais une nécessité humaine, un besoin et
une aspiration profonde d'une large part de l'humanité.
Je
fais écho à votre note sur le progrès technologique
dans l'agriculture comme (seule) solution viable à la famine actuelle
dans le 1/3 Monde: existe-t-il d'autres voies ?
Attention, sans
doute n’ai-je pas été assez clair, je suis certain que
les technologies existantes dans leur état actuel seraient capables de
résoudre les problèmes de difficultés
d’approvisionnement alimentaire si les barrières politiques
à leur usage et à la libre circulation de nombreux produits
étaient levées. Le progrès n’est pas que
technologique : il peut et doit d’abord être politique et
institutionnel.
Ceci dit,
si les projections démographiques à l'horizon 2050-2100 se
révèlent exactes, il faudra que nous soyons plus performants
qu'actuellement pour produire de quoi nourrir tout le monde.
Le
progrès technologique peut-il parfois se heurter à une
régression du bien-être, de la santé, etc. mettant en
péril la survie même de l'espèce sur le long terme ?
(L'incidence de la consommation de pesticides sur l'augmentation
énorme du nombre de cancers, par exemple)
Plusieurs
questions en une. J'en arrive donc à la partie la plus longue de ma
réponse, que voulez vous, c'est une mauvaise habitude chez moi, je
cause, je cause...
Subjectivité
du progrès -- L’on se heurte d'abord à
la subjectivité du caractère bénéfique ou
maléfique de certaines situations, qui dépend de nos
préjugés. Les partisans de la "deep ecology"
jugent sans aucun doute que tout "progrès technologique" est
en fait une régression. Certaines religions ont
décrété que l'usage de technologies devait être
figé au niveau de celles qui existaient à une certaine
époque. Certaines sociétés où la religion est
très prégnante ne jugent le progrès qu'à l'aune
du respect le plus strict de la lettre de leurs textes religieux. Bref, une
situation ne peut être qualifiée de "progrès"
ou de "régression" qu'une fois confrontée au
système de valeurs qui nous est personnel.
La course au
progrès matériel est-elle, dans l’absolu, une bonne chose
? La recherche d’innovations censées rendre notre vie
matériellement plus facile en améliore-t-elle les
caractéristiques spirituelles ? Vaste débat, dont je crains
cependant qu'il paraisse, vu de l’enfant bengali qui a du mal à
trouver sa ration alimentaire quotidienne, quelque peu
ésotérique. Les interrogations philosophiques sont un luxe de
riches, je vous renvoie aux travaux de Maslow sur la hiérarchisation
des priorités individuelles. Ce n'est que lorsque les étages 1
et 2 de la pyramide sont satisfaits que l'individu peut réellement se
consacrer à la satisfaction des strates 3 à 5...
Il existe
toutefois des critères de quantification objectifs de certaines
situations qui, si ils n’indiquent pas nécessairement un «
progrès » au sens philosophique, n’en constituent pas
moins de sérieuses indications de progrès matériel, et
le nombre de personnes capables de se procurer une ration alimentaire
suffisante est difficilement contestable.
Allons un peu
plus loin. Le libéral considère généralement
comme sacrées la vie, la liberté et la propriété.
Par conséquent, tout ce qui permet aux individus d'améliorer
leur vie (durée, santé...), et de les rendre plus libres, peut
être considéré comme un progrès au sens
philosophique du terme. Or le progrès matériel contribue
largement à l'allongement de la vie, à l'amélioration de
la santé, et aussi, même si cela apparaît moins évident
au premier abord, au développement de la liberté.
Contribution du
progrès matériel aux progrès de la liberté
-- En effet, dans tout système où il doit échanger avec
ses semblables pour survivre, puisqu'il ne peut fabriquer lui même tout
ce dont il a besoin (ou envie), l'homme échange principalement une
partie de son temps, qu'il valorise par une activité
rémunératrice, contre l'acquisition de possibilités de
consommer selon ses besoins. "Le temps, c'est de l'argent", dit-on.
Même les sociétés les plus anti-libérales n'ont pu
s'affranchir de cette relation: l'homme normal (ce qui exclut le dictateur et
le profiteur, mais passons) ne peut consommer que dans la mesure où il
a lui même, pendant une partie de son temps, produit quelque chose qui
a de la valeur pour autrui. Plus il doit consacrer de temps pour produire la
valeur qui lui permettra d'acquérir ce qui lui est indispensable,
moins il ne peut consacrer de temps à acquérir ce qui lui fait
plaisir, ou à s'adonner à d'autres activités.
Or, le progrès
matériel, en ce sens qu'il tend à améliorer notre
productivité, nous permet de réduire le temps et la peine que
nous consacrons à satisfaire les étages 1 et 2 de
la pyramide de Maslow, et à augmenter le temps et les
ressources dont nous disposons pour nous concentrer sur ce qui relève
autant ou plus du désir que de la nécessité.
De même, le
progrès matériel nous rend plus libre en ce sens qu'il nous
affranchit progressivement des contraintes -- naturelles, mais pas uniquement
-- qui pèsent sur nous. L'homme était libre de s'envoler dans
les airs, mais tant que les frères Mongolfier, puis Wright, n'avaient
pas franchi les barrières technologiques nous permettant d'imiter les
oiseaux, cette liberté était purement théorique. Puis
aux débuts de l'aviation civile, cette liberté n'était
accessible qu'aux gens très aisés. Aujourd'hui, entre l'avion
l'ULM, le parachute, et autres, le déplacement aérien est une
possibilité tout à fait banale pour un nombre croissants
d'humains. De même, Internet nous rend plus libre de diffuser nos
idées, car il abolit les barrières à la publication
d'une part, et à la recherche d'information d'autre part. Etc, Etc...
Au sens
libéral du terme, les évolutions technologiques sont donc
porteuses de progrès car elles contribuent à nous octroyer plus
de liberté.
L'innovation vs.
le progrès -- Il convient toutefois de
pondérer cette relation, à l'aide d'un cliché
hélas plus plat que la terre avant Galilée : L’innovation
technologique n’est pas un progrès par elle-même, elle
n’est un progrès que dans le sens de ce que les hommes en font.
La maîtrise
de la fission atomique est à l’évidence une bonne chose
lorsqu’elle nous permet de décupler nos capacités
énergétiques, et une très mauvaise lorsqu’elle
permet à une moitié de l’humanité de faire sauter
l’autre moitié.
Plus près
de nous, le téléphone est une invention fantastique, dont
quelques pour cent des usages sont mauvais, au sens qu’ils
créent du préjudice à la vie et aux biens
d’autrui. Internet permet de créer des effets de synergies
communautaires extraordinaires, mais les organisations terroristes peuvent en
bénéficier. On peut dire à peu près la même
chose de toute invention : chacune, entre de mauvaises mains, possède
sa part d'ombre.
La question est
donc de savoir quel est le cadre qui tend, d’une part, à
maximiser l’occurrence d’innovations à fort potentiel
bénéfique, et d’autre part, à minimiser la
tentation de les utiliser de façon à créer du
préjudice pour autrui.
Vous vous en
doutez, c'est évidemment le libéralisme, parce qu'il encourage
à la fois la création, la rétribution du succès,
mais qu'il est également fondé sur le principe de la
responsabilité individuelle, qui sanctionne ceux qui font un mauvais
usage (volontaire ou non) de leur créativité, est de loin le
meilleur cadre institutionnel créateur de progrès. En outre,
les mécanismes de marché permettent de sélectionner les
progrès dont la valeur perçue est la plus grande pour
l'humanité. Dans une note précédente, je
citais une petite compilation des inventions parmi les plus importantes du
XXème siècle: elles n'ont
été possibles que parce que le cadre des sociétés
qui en ont été le siège était -- relativement --
libéral.
Plus loin de
nous, c'est parce qu'un ferronnier et orfèvre de talent, Gutenberg, a
été libre d'investir pendant plus de 20 ans les
bénéfices qu'il tirait de ses activités productives et
marchandes ordinaires, et de trouver des associés capables de soutenir
un projet qui a l'époque paraissait fou -- remplacer les copistes par
des machines ! -- que l'imprimerie est née. C'est parce qu'un
vénitien tout aussi fou, Alde Manuce (également appelé
Manuzio ou "l'ancien" par certains auteurs), a su imposer un nouvel
alphabet, l'italique,
qui miniaturisait l'alphabet gothique utilisé jusqu'alors, que
l'invention de Gutenberg put être améliorée pour donner
naissance à des livres de petit format aisément transportables
et d'un coût accessible à la petite bourgeoisie naissante de
l'époque.
Gutenberg est
mort quasiment ruiné, mais devint célèbre post mortem.
Personne, hors quelques érudits, ne connaît Manuce, mais il
mourut certainement plus riche que Gutenberg. Ces deux personnages ont une
caractéristique commune: ils ont pu investir leur argent, celui
d'associés et celui de prêteurs dans des projets qui leur
étaient inspirés par leur conviction personnelle
qu'à leur invention correspondait un marché. Mais ils
n'avaient aucune garantie de réussite.
Toutes les plus
grandes découvertes sont nées dans ce contexte, et plus une
société a été libre, plus elle a engendré
des Gutenberg, des Manuce, des frères Wright ou des Thomas
Edison.
Par opposition, les
pays communistes, pour ne citer qu'eux, ne furent capables d'initier qu'un
très faible nombre d'innovations, et ne furent réellement bons
qu'à -- mal -- copier les innovations des pays libres. Pas
d'incitation à l'excellence, peu d'espoir d'élévation matérielle,
sauf par copinage politique, tout cela a engendré des
sociétés bien moins capables de progrès, d'autant plus
que nombre d'évolutions technologiques pourtant réelles
vécues par ces pays ne profitèrent guère au plus grand
nombre. Avant la chute du communisme, moins d'un ménage
soviétique sur 15 disposait d'un véhicule individuel, pour ne
citer que cet exemple.
L'exemple
communiste nous montre par l'absurde combien la technologie, pour devenir
réellement source de progrès, doit diffuser ses effets dans un
cadre institutionnel où les individus sont libres.
Progrès et
risques
-- "Ah ça mais, me direz vous, vous ne
répondez pas à la question sous-jacente du risque
consubstantiel au progrès, qui pourrait transformer à terme un
progrès en régression -- Cf. L'exemple des pesticides et du
cancer."
J'y viens, j'y
viens...
Tout usage
d’une innovation technologique peut, au plan matériel, se
traduire par des effets positifs (l’actif) et des effets
négatifs (le passif), dont la somme, pas toujours facile à
établir, indiquera s’il y a progrès ou régression.
Exemple trivial : si un vaccin contre une maladie grave est trouvé, il
y a progrès. Toutefois, si à plus long terme, ce vaccin tue
à coup sûr en 5 ans tous ceux à qui il a
été administré, alors il y a clairement
régression car les effets négatifs surpassent
allègrement les effets positifs.
Mais dans la vie
réelle, les résultantes positives ou négatives sont
difficiles à établir. Prenons l’exemple de certains
médicaments tels que le Vioxx : Il a soulagé des millions de
malades insensibles aux anti-inflammatoires classiques, améliorant
parfois leur quotidien ressenti dans des proportions que nombre d’entre
eux n’espéraient plus, mais il a provoqué « un
certain nombre » de crises cardiaques. Le bilan est il positif ou
négatif ? On retombe là sur une question éminemment
subjective. En retirant le Vioxx du marché, sous la menace de
poursuites devant la justice américaine, le laboratoire a
tranché pour la seconde alternative. C'est éminemment
discutable, mais c'est sa décision, la valorisation du risque
né des procès liés aux accidents vasculaires
était supérieure à celle escomptable des millions de
malades qui avaient vaincu des douleurs jusque là rétives aux
traitements.
C’est
là que les fondamentaux de la société libérale
interviennent. L'espoir de trouver de nouveaux marchés incite les
entreprises à trouver des usages bénéfiques, donc
hautement commercialisables, à l’innovation, mais le principe de
responsabilité de ses actes, incitant à la prudence,
empêchent de mettre sur le marché des innovations dont le
risque sous-jacent est insuffisamment maîtrisé.
Le feu peut
être hautement nuisible, il ne viendrait à l’esprit
de personne, j’espère, d’interdire la vente des
allumettes. Pourquoi ? Parce que notre niveau technologique rend le risque
lié au feu tout à fait maîtrisable… Sauf en
quelques cas particuliers, heureusement limités, à
défaut d’être rares. Si on avait appliqué le principe de
"précaution" au lieu du principe de
"responsabilité individuelle"
à l'époque préhistorique, le feu aurait
été banni de la civilisation et peut être serions nous
encore à l'âge de pierre...
Ceci dit, certaines
innovations ne sont elles pas porteuses de nuisances à terme ? Quels
compromis opérer entre maîtrise du risque et progrès ?
L’exemple
que cite notre lecteur (les
relation entre pesticides et cancer) est à mon avis
très moyen. Quoiqu’en dise le professeur Belpomme, la relation
de causalité entre pesticides et cancers n’est pas flagrante. Un
certain nombre de médecins estiment que l’augmentation du nombre
de cancers est surtout dûe à l’augmentation stratosphérique
du nombre d’humains qui ne sont plus tués par la tuberculose,
les dysenteries ou autres maladies courantes jusqu’à
l’apparition des antibiotiques et de quelques autres techniques
médicales. Sachant que le nombre d’humains augmente, donc que le
nombre de personnes appelées à mourir augmente (Lapalisse
n’eut pas mieux dit), et que le nombre de causes capables de les faire
mourir tend à diminuer, il est logique que le cancer prenne une
importance considérable. Au reste, l’espérance de vie
moyenne, tant dans les pays riches que dans les PVD, augmente à
un rythme très soutenu, malgré l'augmentation de l'usage des
pesticides. Les potentialités dangereuses prêtées par
certains aux pesticides apparaissent sans doute exagérées,
quand bien même elles ne sont pas nulles.
Mais, pour les
besoins de ce qui va suivre, admettons que la relation entre pesticides et
cancers soit importante, et que, si nous n’ingérions aucun
pesticide, notre espérance de vie puisse être augmentée
encore plus vite.
Il faudrait
toutefois mettre en rapport la probabilité inférieure
d’attraper un cancer, avec la probabilité hautement
supérieure de mourir de faim pour une large part de l'humanité,
en l’état actuel des technologies : si les pesticides sont
autant employés, c’est qu’ils ont pour objet de sauver les
récoltes de nombreux parasites qui sont leurs prédateurs
naturels. S'il fallait, pour retarder l'apparition déjà tardive
(en moyenne) de causes de mortalité, introduire d'autres causes de
mortalité précoce par sous-alimentation, quel serait le
progrès ?
Toutefois, si l’incitation
à lutter contre les cancers est suffisante pour susciter des
techniques alternatives aux pesticides, capables d’augmenter les
produits et de diminuer les coûts de la récolte des plantes,
alors ces techniques apparaîtront. En fait, certaines sont
déjà là, ce sont les OGM, dont certaines
variétés réduisent à la fois la consommation
d’eau et la consommation de pesticides.
...
Et peut-être pourrait-on s'attarder sur le sujet du progrès
biotechnologique dans la logique libérale.
Vous me direz : "les
OGM peuvent ils avoir des effets pervers ?" - Peut-être, mais
aujourd’hui, les précautions prises avant leur
autorisation de mise sur le marché rendent ces effets pervers
indiscernables. Le monde entier consomme des OGM. Pas le moindre effet
pervers n'a été signalé, pas plus que les croisements
d'espèces faits il y a plusieurs siècles ne se sont
avérés problématiques. En revanche, de nombreux OGM
testés en laboratoire ne sont pas arrivés jusqu'à la
mise sur le marché: allergènes, pathogènes, etc... Le
principe de responsabilité pousse les développeurs d'OGM
à la plus grande prudence.
Si, à
très long terme, nous nous apercevons que certains OGM nous tuent,
nous devrons changer notre fusil d’épaule, mais à ce
jour, aucune théorie sérieuse, aucun effet secondaire
observable, n’indique la présence d’un tel niveau de
risque. Par contre, les risques liés au non emploi des OGM sont
réels et parfaitement connus, je vous renvoie à cette interview de Norman Borlaug
: en l’absence d’alternative technologique viable, le non emploi
des OGM ne permettra pas de nourrir à sa faim une partie de
l’humanité.
Du point de vue
de ceux qui pourraient mourir de faim, l’innovation technologique que
constituent les OGM sont un progrès incommensurable. Si à long
terme, ils nous tuent tous, ils auront été une
régression fatale, mais c’est très improbable. Et de
toute façon, à très long terme, nous serons tous morts
de quelque chose. D'un progrès, des améliorations sûres
et nécessaires, de l'autre, des risques non avérés,
hypothétiques et non fondés par des éléments
scientifiques tangibles: le bilan de l'introduction des OGM dans
l'agriculture est très rapide à faire.
J'aurais pu
évidemment développer le même type d'argumentaire sur des
problématiques telles que le clonage ou le génie
génétique. Là encore, un cadre libéral
devrait favoriser la diffusion d'usages bénéfiques de ces
technologies par le double mécanisme du marché et de la
responsabilité. Au contraire, un cadre autoritaire, moralisateur, et
contrôlé par des états qui "nous veulent du
bien", ne peut que favoriser l'occurrence de dérives
indésirables en plus grand nombre. La seule chose qui soit certaine,
est que ces technologies, à partir du moment où elles existent,
seront utilisées. Le tout est de savoir dans quels buts.
L'homme
étant imparfait, des erreurs parfois lourdes de conséquences
seront aussi commises par des individus libres et responsables dans des
sociétés à dominante libérale. Mais la somme de
ces erreurs ne sauraient en rien surpasser celles que les états
commettent chaque jour au nom de la vision du progrès que quelques
technocrates entendent nous imposer. L'exemple des subventions aux
biocarburants, qui provoquent des tensions graves sur les marchés
agricoles mondiaux, n'en est que l'un des derniers et consternants avatars.
Et je ne parle évidemment pas des horreurs commises par les
états les plus totalitaires, utilisant parfois des technologies très
avancées.
Pour conclure, la
nature humaine rend le progrès désirable, l'expansion
démographique le rend nécessaire, et l'existence de
sociétés relativement libérales en rend la diffusion au
plus grand nombre probable.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France,
"Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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