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Protéger qui et de quoi ?

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Publié le 06 octobre 2011
925 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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SUIVRE : Chine France Grèce
Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Pendant très longtemps, les barrières douanières - c’est-à-dire les dispositifs qui consistent à taxer les produits ou les services qui traversent une frontière - furent de simples instruments fiscaux. C’était par exemple le cas dans la France de l’Ancien Régime où les barrières douanières étaient érigées à l’intérieur même du royaume [1] et aux États-Unis d’Amérique du XVIIIème où le gouvernement fédéral ne maîtrisait pas encore son territoire et avait trouvé plus simple d’installer ses agents fiscaux dans les ports de commerce [2]. Ce n’est que lorsque nos gouvernements se piquèrent d’organiser la vie économique de leurs sujets que les barrières douanières prirent une nouvelle dimension et devinrent un moyen de pénaliser les importations. D’un impôt destiné à alimenter le trésor public, les barrières douanières se muaient alors en instrument de politiques protectionnistes.


La distinction entre une politique fiscale et une politique protectionniste est très simple. Dans le premier cas, l’objectif du gouvernement est de maximiser ses rentrées fiscales ; son intérêt bien compris consiste donc à imposer des droits de douane raisonnables de manière à ne pas faire chuter le volume des importations. En revanche, si le gouvernement souhaite mettre en œuvre une politique protectionniste, il doit taxer les produits importés à un taux suffisamment élevé pour inciter ses sujets à consommer des produits locaux. La logique est ici en tout point semblable à celle des taxes qui pèsent sur le tabac ou l'alcool : si le gouvernement souhaite que nous réduisions notre consommation, il impose des taxes qui supplantent l’effet addictif de ces produits : il s’agit alors d’une politique paternaliste [3]. Si tel n’est pas le cas - c’est-à-dire que le niveau des taxes n’est pas suffisant pour faire baisser notre consommation - c’est que nous avons tout simplement affaire à une politique fiscale et que les préoccupations de santé publique ne sont qu’un prétexte.


A n’en point douter, le projet de « démondialisation » est bel et bien un projet protectionniste. En substance, il vise à instaurer des barrières douanières (aux frontières européennes ou françaises, peu importe) destinées à surcompenser les écarts de coûts de production entre un pays comme la France et - par exemple - la Chine. Dans la pratique, cela signifie qu’il faudra taxer les produits importés à un niveau tel que les consommateurs français auront matériellement intérêt à n’acheter que des produits fabriqués localement et de telle sorte que les entreprises qui souhaitent accéder à notre marché intérieur n’auront d’autre choix que de relocaliser leur production. Ce qui revient à dire que vous et moi subventionnerons par une perte de pouvoir d’achat, la relocalisation d’un certain nombre d’emplois. L’hypothèse protectionniste se résume donc à l’idée selon laquelle les pertes d’emplois provoquées par la baisse de notre pouvoir d’achat seront plus que compensées par les créations d’emplois liées aux relocalisations [4].


Il est très difficile de trancher sur cette question. Si vous y jetez un œil objectif, vous constaterez comme moi que si le protectionnisme créera certainement des emplois, il en détruira tout aussi certainement [5] et il est presque impossible de dire quel effet l’emportera sur l’autre. Aussi, plutôt que de rentrer dans un débat d’apothicaires qui ne fera pas avancer le débat d’un iota, je vous propose un reductio ad absurdum.


Si vous pensez que le protectionnisme se justifie par le fait que la Chine, en nous faisant une « concurrence déloyale », nous prive d’un certain nombre d’emplois, vous posez en réalité un principe général. Ce principe dit que la quantité d’emplois disponibles dans le monde est limitée et que, dans une économie de libre échange, les régions du monde où les salaires sont les moins élevés privent d’emplois les régions du monde où les salaires sont plus élevés. Dès lors, si la Chine nous « vole » nos emplois, la Grèce en fait tout autant dans une Europe libre-échangiste. C’est-à-dire qu’un projet de protectionnisme européen reviendrait à relocaliser « nos » emplois dans les pays européens à bas salaires. Si vous soutenez les thèses protectionnistes pour rapatrier des emplois en France, vous devez donc plaider pour un protectionnisme français.


Mais ce même principe implique que la région PACA « vole » des emplois à la région parisienne au même titre que le Mezzogiorno « vole » des emplois à la Lombardie et vous devriez donc plaider pour des politiques protectionnistes en Île de France comme dans le nord de l’Italie. De la même manière, au sein même de la région PACA, Aix-en-Provence devrait donc, selon vous, instaurer des barrières douanières pour taxer les produits en provenance de Marseille et ainsi de suite jusqu’à votre quartier, votre rue et votre immeuble où un voisin qui accepte de travailler pour moins cher que vous vous prive de « votre » emploi.


Alternativement, vous pouvez aussi vous demander si la mondialisation est vraiment le problème.


---

[1] C’est le cas, par exemple, de l’octroi qui permettait à certaines municipalités d’alimenter leurs caisses en taxant les produits importés dans la ville.

[2] Allez donc taxer les revenus des cow-boys et des indiens du far-west...

[3] Comme son nom le suggère, une politique qui vous traite comme des enfants et confère à l’État le rôle de vous éduquer.

[4] Étant bien entendu qu’une véritable politique protectionniste ne générera pas les revenus fiscaux que vous auriez pu espérer utiliser pour créer des emplois publics.

[5] Entreprises d’import/export, ports de commerce, transporteurs routiers, marques de vêtements ou d’appareils électroménagers low cost, commerces spécialisés dans les mêmes produits, loisirs et autres activités qui seront nécessairement impactées par une baisse du pouvoir d’achat...

 

 

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Georges Kaplan ne s’appelle – de toute évidence – pas vraiment Georges Kaplan puisque Georges Kaplan est un leurre. Né en 1975 dans une grande ville du sud de la France qui fût autrefois prospère grâce à son port, Georges Kaplan a principalement quatre centres d’intérêts dans la vie : sa famille, la musique, les bateaux (à voile) et l’économie. Ceux qui le connaissent considèrent Georges Kaplan comme un « libéral chimiquement pur » qui pense pour l’essentiel s’inscrire dans la tradition de la pensée libérale classique française et celle de l’école autrichienne d’économie. Il gagne honnêtement sa vie sur les marchés financiers et publie régulièrement des articles sur son blog, sur Contrepoints.org et Causeur.fr.
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