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Réconcilier capital et travail, seul moyen d'améliorer le niveau de vie des salariés

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Publié le 23 janvier 2009
1458 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Entendu mercredi matin sur BFM, Carlos Ghosn, CEO de Renault Nissan, suggérer que le gouvernement supprime la taxe professionnelle pour les constructeurs automobiles au titre de son plan d'aide.

 

Autant, comme je l'ai déjà écrit, je serais hautement favorable à une suppression de cette taxe paléolithique, autant il ne faudrait pas qu'elle soit limitée à un seul secteur: les salariés de Renault ne méritent pas plus de faveurs  que ceux de Darty, du club Med ou de Pilote, et baisser les taxes sur l'automobile seulement donne un avantage immérité à ce produit par rapport aux autres dans la compétition que se livrent tous les secteurs d'activité pour le portefeuille forcément limité des ménages. Si la TP venait à être supprimée, elle doit l'être pour tout le monde, pas uniquement pour l'automobile.

 

Mais je ne vais pas m'étendre sur la distorsion intersectorielle introduite par des aides fiscales orientées vers des groupes de pression particuliers, sujet battu et rebattu sur ce blog (exemple). Venons en plutôt aux informations fournies par Carlos Ghosn, autrement plus intéressantes.

 

Le handicap français

 

Celui ci nous apprend que fabriquer une voiture moyenne (#15K€ HT) revient 1400 Euros de plus en France qu'en slovaquie ou en Turquie. Même modèle, même équipement, etc...

 

Sur ces 1400 Euros,

 

  • 400 Euros représentent la différence des salaires nets versés entre Slovaques et Français. C'est nettement moins qu'il y a 15 ans...
  • 750 Euros représentent les différences de charges salariales et patronales. On le sait, la France verse des salaires nets faibles rapportés au coût du travail qui est, lui, prohibitif.
  • 250 Euros représentent le coût de la taxe professionnelle.

 

(Nous admettrons comme exacts les chiffres de M. Ghosn, bien qu'il ait un intérêt évident à noircir le tableau)

 

Carlos Ghosn exclut une baisse des salaires nets français, et on ne peut que l'approuver: offrir comme perspective aux salariés les mieux payés de devoir être égalisés par le bas n'est pas un bon moyen de motiver les troupes, et de maintenir un niveau qualitatif suffisant de sa production. Le vrai challenge, c'est d'arriver à rester compétitifs avec des salaires nets élevés.

 

Par contre, supprimer la TP ne règlerait pas tous les problèmes de compétitivité du territoire "France", mais serait un pas dans la bonne direction. Il n'en reste pas moins que l'existence d'un tel différentiel de coût de la main d'oeuvre pose d'importantes questions.

 

Comment se payer le luxe d'un coût du travail élevé ?

 

Que faudrait-il pour que nos entreprises puissent continuer à justifier un tel différentiel de coût du travail par rapport, par exemple, aux slovaques ? Tout simplement, il faudrait que la différence de productivité du salarié français soit supérieure à celle du slovaque d'un facteur supérieur ou égal au ratio entre le coût du travail entre les deux pays.

 

Cela suppose donc que le salarié français ait à sa disposition de meilleures machines, de meilleures chaines de montage, de meilleurs process. Or, cela n'est pas le cas: les constructeurs automobile sont capables d'implanter dans les pays émergents des unités de production qui n'ont pas à rougir de leurs homologues occidentales.

 

De plus, quittons l'automobile et voyons ce qui se passe pour des entreprises de taille petite ou moyenne. J'ai eu l'occasion de rencontrer, via les réformateurs (une annexe de l'UMP dont quelques membres sont libéraux, et d'autres nettement moins), des entrepreneurs qui ont développé des implantations dans des pays de l'Europe de l'est, notamment depuis que ceux ci ont implanté des flat tax, impôts sur le revenu et sur les sociétés proportionnels à taux faibles. Leur témoignage est éclairant: alors qu'en France, les entreprises voient leur valeur ajoutée réduite comme peau de chagrin par les taxes et prélèvement divers, obérant la capacité des petites entreprises à devenir moyennes, les entreprises slovaques -- pour ne parler que d'elles --, parties de très bas en terme d'outil de production, rattrapent et petit à petit supplantent en modernité celles de la vieille Europe.

 

Certes, toutes les entreprises slovaques n'avancent pas au même rythme, ce qui explique que les salaires y soient pour l'instant encore plus faibles que chez nous: les stigmates du communisme sont encore loin d'êtres tous effacés. Mais à moyen terme, les salaires nets perçus par les slovaques auront rattrapé les nôtres, et la productivité de leurs outils industriels sera supérieure.

 

Autrement dit, dans un pays où l'investissement en capital est récompensé par une fiscalité soft, l'économie permet de créer des emplois productifs et de mieux en mieux payés : le capital et le travail doivent être réconciliés, pas opposés. Qui peut encore oser prétendre qu'un impôt élevé est un outil de progrès social ?

 

La France, futur pays de seconde zone ?

 

Par contre, en France, nous vivons sur l'acquis du capital des générations précédentes, ce qui nous permet, encore pour quelques temps, d'afficher un niveau de vie supérieur à celui des ex-esclaves de l'URSS, mais nous ne donnons  à nos entreprises ni les moyens ni les incitations de fixer le capital nécessaire à maintenir notre outil de production suffisamment performant pour continuer à se payer le luxe de coûts salariaux plus élevés.

 

Si la France, sous quinze à vingt cinq ans, ne veut pas être le réservoir de main d'oeuvre bon marché des pays qui ont fait le choix de ne pas pénaliser la formation de capital et la rémunération de la réussite, alors elle doit à tout prix changer de paradigme fiscal et cesser de surtaxer  les excédents d'exploitation produits par les entreprises (taxe pro, IS, etc...) ainsi que les revenus individuels de ceux dont la prise de risque se révèle payante.

 

En ce sens, si l'on met de côté son caractère sectoriel donc égoïste, la proposition de C. Ghosn est une bonne proposition, quoique j'en aie formulées de beaucoup plus ambitieuses par le passé.

 

Baisser les impôts ET les dépenses

 

Mais la baisse des taxes ne suffit pas, elle doit impérativement s'accompagner de baisses des dépenses publiques drastiques visant à réduire les déficits et non à les augmenter.

 

En effet, qui dit déficit dit emprunt de l'état, donc... Pompage de l'épargne des individus. Certes, ces individus peuvent être étrangers, mais les autres états pompent également l'épargne française: l'argument ne prend pas. L'emprunt d'état est un impôt déguisé, que l'épargnant espère voir remboursé... par de futurs impôts ! Il constitue un détournement de ressource qui pourrait s'investir (ou se prêter) à des agents privés contraints à l'efficacité économique, au profit d'un état dont la qualité des dépenses n'a jamais été le point fort.

 

Bref, le déficit public entraine ce que les économistes appellent un effet d'éviction, privant des agents économiques performants de ressources allouées à des services publics dont l'efficacité laisse à désirer.

 

Si une baisse d'impôts est décidée par l'état sans baisse des dépenses, ce qui sera gagné en impôts non payés par les entreprises établies sera perdu sous forme de capitaux de croissance prêts à s'investir dans les entreprises naissantes ou en phase d'expansion initiale.Or, nous avons besoin de ces deux modes de croissance des entreprises pour garantir, demain, un renouvellement régulier du tissu des emplois offerts aux français, renouvellement seul susceptible de garantir une hausse pérenne de notre niveau de vie (cf. cet ouvrage).

 

Voilà pourquoi une vraie "relance" de l'économie par l'état devrait être constituée et d'une baisse significative de certains impôts et de leurs taux marginaux ET, simultanément, d'une baisse au moins équivalente des dépenses publiques. C'est le seul moyen de pouvoir espérer, dans un avenir moyen, rester dans le peloton de tête des nations en terme de niveau de vie par habitant. 

 

Nous faisons exactement l'inverse: nous deviendrons les pauvres des futures grandes puissances économiques d'après demain. Ce n'est qu'une question de temps:

 

"On finit toujours par payer la facture de ses conneries".

 

Vincent Bénard

Objectif Liberte.fr

Egalement par Vincent Bénard

 

Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones dédiés à la diffusion de la pensée libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement, crise publique, remèdes privés", ouvrage publié fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de marché pour y remédier.

 

Il est l'auteur du blog "Objectif Liberté" www.objectifliberte.fr

 

Publications :

"Logement: crise publique, remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat

Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république, bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La doc française, avec Pierre de la Coste

 

 

Publié avec l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits réservés par Vincent Bénard.

 

 

 

 

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