Chavez a donc
été réélu,
le 7 octobre 2012, avec 54,42% des voix, soit une avance confortable sur son
principal rival, Henrique Capriles Radonski.
Dans un
précédent article,
nous avions brièvement énoncé quelques-unes des raisons
pour lesquelles le président vénézuélien a
triomphé, une fois de plus.
Dans ce
présent billet, nous allons davantage nous intéresser aux
conséquences plus générales de
l’impérialisme américain, sans lequel Chavez serait
probablement resté dans l’anonymat.
Aujourd’hui,
outre Chavez, l’Amérique latine regorge aujourd’hui de chefs
d’État « anti-impérialistes » et
surtout anti-américains (Evo Morales, Daniel
Ortega…). Et ce n’est pas un hasard : leur principal axe de
campagne est justement cette lutte contre l’hégémonie des
États-Unis.
En effet,
depuis la doctrine
Monroe, voire avant,
ces derniers ont toujours voulu protéger leur
pays, voire leur continent contre l’ingérence des
Européens, ce qui les a incités à vouloir faire de
l’Amérique, dans sa globalité, leur chasse gardée.
Les États-Unis ont ainsi souhaité repousser un
impérialisme étranger pour y substituer le leur.
Comme le
rappelle le professeur de l’Université de Paris III, Jean-Michel
Lacroix, la doctrine Monroe était donc moins isolationniste
qu’elle ne le laissait paraître puisque l’actuelle
première puissance économique mondiale avait déjà
des ambitions dépassant ses frontières. Les États-Unis
se sont même crus investis d’une « mission
messianique ». Les choses n’ont pas changé
au XXIe siècle. Et cette volonté
hégémonique est partagée
par presque tous les républicains et les démocrates.
Cet
impérialisme a provoqué un rejet important de la part des
populations d’Amérique latine et produit le contraire des effets
escomptés et ce, dès le XIXe siècle. L’idéologie
bolivarienne naquit
à ce moment, en réponse à l’expansionnisme
agressif des États-Unis. Le juge mexicain, Isidro
Fabela, dira même : « Ce dont
nous avons besoin d’urgence, c’est d’une Doctrine Monroe
contre les États-Unis ». Ainsi, des régimes clairement
anti-américains se sont constitués sur tout le continent (Argentine,
Chili, Cuba, Grenade, Nicaragua…), souvent avec le soutien explicite et
incontestable des peuples. Fidel Castro est celui qui symbolise le plus cette
résistance à la première puissance mondiale.
Plusieurs de
ces dirigeants sud-américains sont aidés par le fait que les États-Unis
ont une notion de la justice très ambivalente pour ce qui concerne la
politique étrangère. Par exemple, dans une autre région
du monde, leur soutien sans faille à Israël révèle
leurs contradictions manifestes et ternit leur rôle de
« gendarme » du monde.
Le Venezuela
est, actuellement, l’exemple le plus révélateur, voire le
plus caricatural de cet anti-américanisme : par exemple, à
l’heure où les condamnations du régime syrien de Bachar al-Assad sont quasi-unanimes, Chavez semble
entretenir les meilleures relations avec le résident contesté.
Si discret
lorsqu’il s’agit de commenter les exactions du régime
baasiste, Chavez l’est en revanche beaucoup moins lorsque des proches
collaborateurs d’al-Assad sont tués par des rebelles.
Son but ultime
est de s’opposer aux intérêts des États-Unis,
fût-ce à des milliers de kilomètres du continent
américain. Le cas syrien est d’ailleurs un bon moyen pour Chavez
d’asseoir plus encore son autorité sur son pays car il lui
permet d’alerter les foules sur les dangers de
l’impérialisme américain. En effet, comme le soulignait Ron
Paul, l’ingérence des États-Unis dans le conflit syrien
n’a fait qu’empirer la guerre civile vécue par ce pays et
n’est d’ailleurs pas sans rappeler
les divisions confessionnelles accentuées par le plan Petraeus en Irak. Chavez a alors beau jeu de rappeler la
nécessité de l’indépendance du Venezuela par
rapport aux États-Unis.
Il est en cela
un véritable héritier de Simon Bolivar et,
« grâce » à la politique
étrangère irresponsable de la première puissance
mondiale, il dispose d’une importante assise populaire.
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