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Cette fois, ça
devrait être acté : Mitt Romney
sera probablement l’adversaire de Barack Obama en novembre, suite à
la décision
de Ron Paul de ne plus dépenser de fonds de campagne dans les
États n’ayant pas encore voté. De toute façon, jamais
le statut de favori de l’ex-gouverneur du Massachusetts n’aura
été sérieusement contesté.
Les
médias auront tenté, pour alimenter le suspense, de mettre en
avant le conservateur, Rick Santorum qui lui aura
effectivement donné du fil à retordre. Mais qui aurait pu
parier sur une victoire de ce dernier ? De son côté, Newt Gingrich n’aura
jamais vraiment fait illusion.
Quant au « petit poucet », Ron Paul, il a tenté,
jusqu’au bout de gagner la course aux primaires, se rendant finalement
compte de la puissance d’un Establishment qui ne l’aura jamais
porté dans son cœur pour ses positions atypiques
sur des thèmes, tels que la Banque centrale, les dépenses
publiques et la politique étrangère.
Stratégiquement
parlant, le choix de Romney n’est pas surprenant, loin s’en faut.
En effet, avec un Obama glissant de plus en plus à la gauche du Parti
démocrate, Romney peut espérer gagner la bataille du centre.
Certains diront qu’il n’a jamais convaincu
l’électorat conservateur du Parti républicain.
C’est vrai. Mais on pourrait rétorquer que, faute de mieux (d’un
point de vue conservateur), ledit électorat devra voter pour lui ou,
à défaut, s’abstenir. Il est improbable qu’il
soutienne Obama.
De plus, le
candidat du « Libertarian
Party », Gary Johnson, n’est pas plus séduisant que
Romney pour les conservateurs. Ses incohérences en matière de
politique étrangère le rendent en effet peu fiable. Pour ne
citer que deux exemples, lui qui est souvent perçu comme hostile
à l’« impérialisme américain »
soutient néanmoins la possibilité d’une intervention en
Ouganda pour chasser les rebelles menés par Joseph Kony.
De la même manière, il souhaite le maintien des bases militaires
au Moyen-Orient, même si l’Amérique n’y fait face
à aucune menace directe pour sa sécurité. Des
contradictions assez déplaisantes…
Reste tout de
même une autre issue appréciable pour ces derniers : une
éventuelle candidature en indépendant de Ron Paul. Le Texan
n’a pas pesé sur les primaires comme ses plus farouches partisans
pouvaient l’espérer. Il faut dire qu’il ne
bénéficie pas d’une cote de popularité
élevée au sein des grands médias pour les raisons
invoquées ci-dessus. De même, son choix stratégique
d’avoir rejoint le Parti républicain est discutable, tant il y
apparaît comme un « ovni » bien différent
de ses adversaires aux primaires. En 2008, il avait d’ailleurs
préféré soutenir Chuck Baldwin, du Parti
constitutionnaliste, plutôt que John McCain. Choix cohérent mais
qui l’isola plus encore au sein de son parti
d’appartenance…
Malheureusement,
en cette année 2012, Ron Paul ne pourra plus se retrancher
derrière la candidature d’un Chuck Baldwin ou d’un Bob
Barr, l’ex-candidat du « Libertarian
Party » à l’élection présidentielle de
2008. Déjà, parce que le Parti constitutionnaliste et le
« Libertarian Party »
présentent des candidats moins attrayants qu’en 2008 et,
surtout, parce que les deux politiciens précités n’ont
pas vraiment crevé l’écran il y a quatre ans. Ron Paul,
même s’il n’est plus tout jeune, devra donc prendre ses
responsabilités. Il aura alors peu de chances de l’emporter en
novembre mais il pourra peser lourdement dans le débat au point de
faire basculer l’élection.
Pour
l’instant, Romney et Obama sont au coude-à-coude dans les
sondages. Mais le syndrome Ross Perot sonne comme
une épée de Damoclès sur la tête de Romney.
Imaginer, au sein d’un pays en perte de valeurs, un Ron Paul
réunissant près de 20% des suffrages exprimés ne
paraît pas illusoire. Certains l’accuseront sans doute
d’avoir torpillé le Parti républicain. Mais ce mouvement
mérite-t-il d’être soutenu par Ron Paul au vu de son
triste bilan au cours de la décennie 2000 ?
Il existe, en outre,
un quasi-culte
de la personnalité autour de Ron Paul. Si les grands médias
américains le boycottent, en revanche, les réseaux sociaux
l’adorent. Même en France, nous trouvons des admirateurs de ce
politicien pas comme les autres.
Ceux qui
croyaient l’avoir définitivement éliminé de la
sphère politique et idéologique, suite aux primaires républicaines, risquent d’être
fortement déçus. Notons, en outre, que sa relève est
assurée par son propre fils.
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