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Santé: surveillance, contrôle et sanction. What else? Liliane Held-Khawam

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Publié le 23 janvier 2018
1463 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

Le médicament connecté (sur cette photo Abilify’s digital pill/NYT) permet de collecter les données sur les patients.
4 milliards de francs suisses seraient le coût généré annuellement par des patients « peu observants » atteints de maladies chroniques. 5% des coûts de la santé en Suisse (80 mia).
Ces chiffres sont issus d’une étude réalisée par l’association faîtière des assureurs SantéSuisse. Les patients en question ne prendraient pas les médicaments prescrits ou ne suivraient pas totalement ou de manière incomplète la thérapie qui leur est prescrite. Relayée par La Sonntags Zeitung, celle-ci « prend en exemple un banquier qui travaille jour et nuit pour suivre les marchés. Il souffre de diabète. mais n’a pas le temps de se soigner. Du coup, son état s’aggrave et il souffre d’un décollement de la rétine, ce qui implique un traitement plus coûteux » (RTS).
Cette étude a été sèchement commentée par des politiciens qui sanctionneraient bien ces mauvais patients, devenus pour le coup de mauvais citoyens pointés du doigt.
L’argument économique avancé tombe à pic. Les primes d’assurance (système privé en Suisse) ont -et continueront- explosé en Suisse. Sans issue visible. C’est dire que cet argument financier qui grève sévèrement le budget des foyers suisses est redoutable.La rhétorique l’est d’autant plus qu’elle divise d’emblée la population en pointant du doigt les mauvais patients.
Malaise.
S’ajoute à ce malaise le questionnement sur le comment du contrôle.  Comment peut-on contrôler la prise de médicaments des uns et des autres pour attribuer bons points et/ou sanctions?
La solution nous vient d’outre-Atlantique. Le 13 novembre 2017, la FDA, pour Food and Drug administration, a autorisé la mise sur le marché de Abilify MyCite, une pillule avec capteur-émetteur digital, qui informe  si le patient a ingéré ce qui lui a été prescrit par son médecin.

Voilà donc que le principe d’un médicament connecté pourrait s’inviter indirectement dans le débat suisse, en tant que solution au « Coût des patients qui ne coopèrent pas« . Un médicament qui émet des informations, que nos entreprises technologiques stockeraient avec, bien sûr, le dossier médical complété par les enquêtes suisses sur la santé… Le dossier serait ainsi complet.

Et les « meilleurs » pourraient-ils ainsi être récompensés? On pourrait même imaginer des primes en fonction de vos données et pourquoi pas de votre patrimoine génétique! Jusqu’où pourrait aller l’argument économique appliqué à la santé? Que feront ces dirigeants « hyper-rationnels » de leurs citoyens qui « péclotent »?

Evidemment que présenter comme cela, le sujet fâcherait. En revanche, parler des diabétiques, schizophrènes, des personnes âgées et autres médicodépendants est plus présentable en termes de marketing politique.

Tourner la lumière du projecteur vers la question économique et évacuer la question éthique pourrait être une stratégie de com pour vendre par petits bouts un eugénisme dit libéral, de plus en plus assumé!

Le débat éminemment éthique sur le rôle de l’Etat dans l’ingérence dans la vie privée et la santé du citoyen, la  vie intime, le libre-arbitre et autre approche métaphysique n’aura pas lieu. Parole de politiciens!

L’être humain, autrefois pleinement citoyen, est ramené à des chiffres, offerts par des lobbies de l’assurance, qui sont repris comme parole d’Evangile, alors qu’ils devraient être soumis à des études indépendantes du monde de la finance…. Une question de déontologie… Encore…

Nous aurions aimé par exemple pour être crédibles qu’ils évaluent l’ampleur de l’inconfort du patient et les coûts des réactions indésirables liées aux médicaments qui semble-t-il mobilise une part importante de l’activité des urgences!

La charge de l’attaque aurait été peut-être plus équilibrée…

Relevons en passant qu’au-delà des coûts et de  l’ingérence, nous sommes en présence d’une volonté de surveillance et de contrôle de la vie de l’être humain, avec un potentiel desiderata de « corriger » en retour les comportements socialement « déviants ».

Corriger les « déviances » comportementales nous renvoie à un monde qui a défini le comportement-type ou modèle d’un citoyen « normal ». Nous pouvons supposer que dans le cadre de la normalité, les traitements autres que ceux à haute rentabilité des big pharmas ne seront pas les bienvenus.

La réalité est qu’un système hyper-contrôlant, voire totalitaire, d’une ampleur jamais égalée est en train par la puissance d’outils technologiques de s’abattre sur l’humanité.

Au vu des intérêts des lobbies et de politiciens qui ont pris l’habitude de tout chiffrer même si tout n’est pas vérifiable, les libertés fondamentales ne font plus le poids…

Liliane Held-Khawam

ANNEXES

  1. SUISSE: Faut-il sanctionner les patients qui ne suivent pas leur traitement? RTS,  target="_blank";Forum

https://www.rts.ch/2017/12/22/11/55/912483...scale/width/624

2. First Digital Pill Approved to Worries About Biomedical ‘Big Brother’/ NEW YORK TIMES

By PAM BELLUCK

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A wearable sensor patch made by Proteus Digital Health is part of the Abilify digital pill study. Credit Proteus Digital Health

For the first time, the Food and Drug Administration has approved a digital pill — a medication embedded with a sensor that can tell doctors whether, and when, patients take their medicine.

The approval, announced late on Monday, marks a significant advance in the growing field of digital devices designed to monitor medicine-taking and to address the expensive, longstanding problem that millions of patie target="_blank"nts do not take drugs as prescribed.

Experts estimate that so-called nonadherence or noncompliance to medication costs ab target="_blank"out $100 billion a year, much of it because patients get sicker and need additional treatment or hospitalization.

“When patients don’t adhere to lifestyle or medications that are prescribed for them, there are really substantive consequences that are bad for the patient and very costly,” said Dr. William Shrank, chief medical officer of the health plan division at the University of Pittsburgh Medical Center.

Ameet Sarpatwari, an instructor in medicine at Harvard Medical School, said the digital pill “has the potential to improve public health,” especially for patients who want to take their medication but forget.

Patients who agree to take the digital medication, a version of the antipsychotic Abilify, can sign consent forms allowing their doctors and up to four other people, including family members, to receive electronic data showing the date and time pills are ingested.

A smartphone app will let them block recipients anytime they change their mind. Although voluntary, the technology is still likely to prompt questions about privacy and whether patients might feel pressure to take medication in a form their doctors can monitor.

Dr. Peter Kramer, a psychiatrist and the author of “Listening to Prozac,” raised concerns about “packaging a medication with a tattletale.”

While ethical for “a fully competent patient who wants to lash him or herself to the mast,” he said, “‘digital drug’ sounds like a potentially coercive tool.”

Other companies are developing digital medication technologies, including another ingestible sensor and visual recognition technology capable of confirming whether a patient has placed a pill on the tongue and has swallowed it.

Not all will need regulatory clearance, and some are already being used or tested in patients with heart problems, stroke, H.I.V., diabetes and other conditions.

Because digital tools require effort, like using an app or wearing a patch, some experts said they might be most welcomed by older people who want help remembering to take pills and by people taking finite courses of medication, especially for illnesses like tuberculosis, in which nurses often observe patients taking medicine.

The technology could potentially be used to monitor whether post-surgical patients took too much opioid medication or clinical trial participants correctly took drugs being tested.

Insurers might eventually give patients incentives to use them, like discounts on copayments, said Dr. Eric Topol, director of Scripps Translational Science Institute, adding that ethical issues could arise if the technology was “so much incentivized that it almost is like coercion.”

Another controversial use might be requiring digital medicine as a condition for parole or releasing patients committed to psychiatric facilities.

Abilify is an arguably unusual choice for the first sensor-embedded medicine. It is prescribed to people with schizophrenia, bipolar disorder and, in conjunction with an antidepressant, major depressive disorder.

Many patients with these conditions do not take medication regularly, often with severe consequences. But symptoms of schizophrenia and related disorders can include paranoia and delusions, so some doctors and patients wonder how widely digital Abilify will be accepted.

“Many of those patients don’t take meds because they don’t like side effects, or don’t think they have an illness, or because they become paranoid about the doctor or the doctor’s intentions,” said Dr. Paul Appelbaum, director of law, ethics and psychiatry at Columbia University’s psychiatry department.

“A system that will monitor their behavior and send signals out of their body and notify their doctor?” he added. “You would think that, whether in psychiatry or general medicine, drugs for almost any other condition would be a better place to start than a drug for schizophrenia.”

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(lA SUITE ICI)

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