Le World Gold Council vient de publier un rapport sur les tendances de
l’or d’investissement. J’en ai décrypté le contenu et analysé les courants porteurs
pour l’épargne individuelle. Les leviers d’achat d’or sont nombreux, le plus
important étant le niveau de la dette mondiale.
L’aversion au risque s’intensifie avec le niveau de la dette mondiale
Les prix de l’or dépendent couramment de deux leviers : le dollar et les
taux. Quand les taux sont bas et que le dollar est faible par rapport à
d’autres devises, cela fait mécaniquement monter le cours de l’or.
Un autre facteur influe de façon tangible sur le cours de l’or, c’est la
peur, comme nous avons pu le constater début septembre avec les premiers tirs
de missiles nord-coréens.
Le regain de tensions géopolitiques avec la Corée du Nord a eu un fort impact
sur le cours de l’or dans toutes les devises, indépendamment du dollar et de
l’évolution des taux.
Le Conseil Mondial de l’Or précise que le “commerce de l’or de la peur”
(en anglais gold’s fear trade) s’intensifie surtout avec le risque de
dette globale, précisant que le niveau d’endettement global* a atteint des
niveaux sans précédent. Aux Etats-Unis, les déficits de retraite ont
considérablement augmenté et le cycle des taux d’intérêt est en pleine
évolution.
Pour Frank Holmes, PDG de US Global Investors, l’investissement dans l’or
est une réponse logique dans le contexte actuel pour le moins déconcertant.
En période de crise économique et de conflit politique, les investisseurs
et les épargnants ont pu sauver leur peau grâce à l’or et investir dans l’or
en ce moment est plus que jamais d’actualité.
Leviers de peur concourant à l’achat d’or
Tensions géopolitiques avec la Corée du Nord, affaiblissement du dollar
américain, incertitude politique à Washington, marché boursier américain
surévalué, hausse de la dette publique et privée et taux d’intérêt négatifs
dans le monde entier… Les facteurs conjoncturels concourant à la hausse du
cours de l’or sont légion et participent activement à une demande accrue
d’or, seule réserve de valeur fiable, testée et approuvée depuis la nuit des
temps (ou presque).
Endettement record des ménages américains
Pour Frank Holmes, le risque repose aussi sur d’autres formes de dettes
qui mettent véritablement les marchés financiers en danger : la dette des
ménages américains. Celle-ci comprend notamment les prêts hypothécaires,
automobiles, les cartes de crédit et a atteint le montant incommensurable de
12,73 milliards $ au premier trimestre de 2017 selon la FED, soit 150
milliards $ de plus que fin 2016.
La mère de toutes les bulles
Ajoutez à cela l’évolution inquiétante du niveau d’endettement mondial
(public et privé) qui a notamment explosé du fait de l’investissement de pays
émergents comme la Chine dans de nombreux projets d’infrastructure (d’où la
bulle immobilière chinoise)… Vous obtenez une belle poudrière financière que
certains appellent “la mère de toutes les bulles” (“Mother of bubbles”)
ou “la bulle de tout” (“the everything bubble”).
Les niveaux de retraite augmentent aussi
Le vieillissement démographique mondial contribue bien sûr aussi au déclin
de l’économie mondiale. Le prolongement de l’espérance de vie est quelque
chose de très positif, mais il y a plusieurs corollaires négatifs :
l’allongement des périodes de pensions de retraite, taux de natalité en
déclin dans les économies avancées et donc nombre de travailleurs insuffisant
pour payer ces pensions.
En mai dernier, le Forum économique mondial (WEF) a estimé qu’en 2050, le
volume de l’épargne-retraite (les pensions non capitalisées), pourrait
atteindre jusqu’à 400 000 milliards $. Les États-Unis représentent à eux
seuls environ 3 billions de dollars au déficit des retraites.
Si vous ne souhaitez pas voir votre épargne-retraite fondre comme neige au
soleil, sécurisez une partie de vos placement avec de l’or physique (qui ne
fond vraiment qu’à 1 064 °C…).
On le sait avec recul à présent, les multiples tentatives des banques
centrales pour relancer la croissance économique avec à l’assouplissement
monétaire n’ont pas vraiment eu l’effet escompté et les taux proches de zéro
n’arrangent rien.
Acheter de l’or, c’est la meilleure façon de prendre les devants
Certes, ce qui se passe aux Etats-Unis nous paraît bien lointain mais nous
devons garder à l’esprit que toutes les économies sont liées. La crise des
subprimes a eu une incidence directe sur nos placements et aujourd’hui
encore. Pensez-vous qu’il y aurait eu de telles réformes fiscales et cette
taxation de l’assurance-vie en France sans cette crise des crédits US en 2008
?
C’est pourquoi dans ce contexte, il est indispensable d’acheter de l’or
physique pour se prémunir du risque, bien réel, d’effondrement du système
monétaire international.
Je ne suis pas un(e) Cassandre et jamais je me permettrais de donner une date
ou une échéance, mais je suis un épargnant prudent et préfère avoir une
assurance incendie pour mon épargne plutôt que pleurer le jour où le feu
s’est déclaré.
Les investisseurs et les épargnants prudents devraient voir dans les
déséquilibres actuels un signe pour déplacer une partie (10%) de leur
portefeuille constitué d’actifs à risque vers de l’or physique et d’autres
placements sécurisés.
Dans sa note pour le World Gold Council, Frank Holmes conclut que depuis
le début de ce siècle, l’or n’a fait que souligner son attrait en tant
qu’actif de diversification de portefeuille, battant largement le marché.
*Niveau de dette mondiale au premier trimestre 2017 : 217 billions de
dollars, soit 327% du PIB mondial, alors qu’avant la crise
financière, le niveau de la dette globale était «seulement» d’environ 150
billions de dollars (source : Institute of International Finance).
(source en anglais : World Gold Council, Gold Investor 2017).