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Publié le 27 avril 2016
2111 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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Rubrique : Editoriaux

1. Les anti-contrefaiseurs.

Un ami très cher vient de m'envoyer un texte, de sa e-plume, très intéressant.

Sans vraisemblablement le savoir, mais je peux me tromper, il atteste des économistes minoritaires actuels, dont je fais partie tout autant que lui, qui, chacun de son côté, essaient de faire sauter la chape de plomb mise en place progressivement au XXème siècle, par les "historiens de la pensée économique", autrement dit, par les "marxistes bon teint".

J'en retiendrai les phrases liminaires de son introduction que je reproduis ci-dessous (le texte dans son entier est à paraître prochainement):

"Pour traiter de l'état des idées économiques pour une période donnée, il est habituel de se reporter à des ouvrages de l'époque permettant d'appréhender courants principaux et courants subalternes.

Ainsi par exemple, si dans deux siècles, quelqu'un écrit sur la pondération respective des différents courants en analyse économique au début du XXIe siècle, il disposera d'une littérature tellement abondante que le problème sera pour lui de faire les bons choix.

Mais, pour le moment qui nous occupe, on peut constater une absence totale de sources fiables.

Bien sûr, on peut postuler qu'au début du XIXe siècle, il devait bien rester quelques mercantilistes, des disciples des physiocrates, et qu'Adam Smith devait commencer à être connu.

Mais ce ne sont que des spéculations.

La seule façon de mesurer réellement les influences respectives serait de s'adosser sur des écrits solides en histoire de la pensée économique et théories contemporaines2.

Mais, malheureusement, en la matière, c'est le désert.

La première histoire de l'économie politique est celle d'Adolphe Blanqui, auteur en 1837 et 1838 pour la première édition d'une Histoire de l'Economie politique en Europe depuis les anciens jusqu'à nos jours suivie d'une bibliographie raisonnée des principaux ouvrages d'Economie politique 3).

[3) En outre, pour commencer à voir clair sur le poids des différentes traditions, il faut s'appuyer sur la troisième édition dans son tome second en 1860 à la célèbre librairie Guillaumin qui va publier à peu près tous les grands auteurs et en particulier, le très célèbre Dictionnaire de l'Economie politique en deux tomes sous la direction de Charles Coquelin et de Guillaumin.

On se prend à rêver quand on lit la liste des contributeurs

(Pour un court échantillon : Bastiat, Baudrillart, Blanqui, Chevalier, Dunoyer, Molinari, Passy, Reybaud, etc...).

Adolphe Blanqui est appelé Blanqui aîné. Il succède au CNAM à Jean-Baptiste Say et sera élu à l'Académie des sciences morales et politiques.

Il est le frère du célèbre auteur socialiste Louis-Auguste Blanqui qui a forgé l'expression « dictature du prolétariat ».]

L'inconvénient engendre par contre un immense avantage.

Dès que l'on écrit en histoire de la pensée économique, la plume est paralysée par les références aux grands auteurs.

Ainsi par exemple, écrire sur l'état des idées économiques au XXIe siècle, c'est d'abord s'astreindre à lire le Mark Blaug dont on devient vite prisonnier.

Inversement, quand le terrain est entièrement dégagé, on est prisonnier ni des typologies forgées antérieurement, ni des obligations de révérence et de référence aux auteurs consacrés.

Cela signifie que les propositions qui suivent sont une première tentative de construction mais appuyées, du moins nous l'espérons, sur des faits indiscutables.

Ce sont les interprétations qui pourront l'être."

Et Serge Schweitzer, puisque c'est de lui dont ces phrases sont extraites, de développer son article intitulé "Panorama et situation des idées économiques sous le Consulat et l'Empire (1789-1815) : conséquences et prolongements".

2. Appelons "chat" un chat.

Je n'aurais pas la réserve de Serge et ne juge pas que des gens comme Schumpeter ou Blaug doivent être incontournables, bien au contraire.

Je ne sache pas qu'ils ont mis le doigt sur le développement du socialaud-communisme dans l'Occident des deux derniers siècles comme y a insisté, par exemple, Jacques Rueff, alors que celui-là faisait feu de tout bois pour atteindre son objectif, à commencer par détruire l'économie politique en l'éloignant de Say, Bastiat, Pareto, grands hommes du XIXème siècle (cf. Bastiat et son chapitre "valeur" dans les Harmonies économiques, 1850 ou ce texte de mars 2016).

A la fin du XIXème siècle, un juriste hollandais, H.L. Asser, a pu fixer l'étendue des dégâts dans un texte essentiel intitulé "Frédéric Bastiat et les néo-économistes autrichiens" (1893) publié dans un revue française.

Aurait-il été cité par Schumpeter ou Blaug ?

Je ne le pense pas.

Vilfredo Pareto fit de même, en particulier à la même époque, dans un article sur la "Solidarité sociale" (cf. chap. 21 http://www.cairn.info/libre-echangisme-protec...40228-p-266.htm), que François Guillaumat et moi-même avons développé dans cette target="_blank" entrevue de novembre 2007 sur "Lumière 101".

Certes Pareto a été cité par Schumpeter ou Blaug, mais ses textes ont été déformés, voire dénaturés ! (cf. par exemple ce texte de target="_blank" juillet 2009). 

Et ce n'est pas de la faute des traducteurs...

Ont-ils réagi à cela ?

"Que nenni".

Est résulté de tout cela que l'économie politique n'a pas eu l'évolution qu'elle aurait du avoir au XXème siècle à cause des errements marxistes et nous en supportons aujourd'hui les conséquences néfastes tant en France qu'à l'étranger (cf. mes divers billets précédents sur le sujet).

3. Le cas de la France.

En France, l'insuffisance des savants économistes et autres professeurs de droit jugés être soi-disant compétents dans la compréhension de l'économie politique et de la science économique, y a ajouté sa marque (cf. ce target="_blank" texte de François Facchini, février 2016).

En vérité, la marque a été tirée à hue (... par telle ou telle mathématiques) et à dia (par analogie avec telle ou telle sciences physiques mathématisées ou, par la suite, par fausse comptabilité dite "nationale").

Exemplaire est cet article de target="_blank" Marget (1935) qui s'interrogeait donc, dans la décennie 1930, sur ce qu'avait bien pu vouloir dire Léon Walras sur la théorie de l'équilibre économique générale ...

On en était encore alors au "système des équations linéaires" (dit "système de Cramer") pour les uns (à savoir Walras et ses disciples).

On en était aussi, parfois, un peu plus loin que le "calcul des variations" (que mentionnait Pareto, mais avec réserve de celui-ci sur la démarche) avec l'application de la target="_blank" méthode dite "de Lagrange",  tout cela, sans raison (sinon de faire croire qu'il y a un "effet revenu" ...).

Et tout cela sera balayé, en grande partie, par la "mathématique de Bourbaki" à partir de la présentation de celle-ci (décennie 1940).

Exemplaire est d'ailleurs l'ignorance de nos savants "juristo-économistes" qui a conduit à leur absence dans le grand débat qu'a évoqué Georges Matisse (1925) dans un ouvrage intitulé Les sciences physico-chimiques et mathématiques, sur la méthode entre énergétistes et atomistes (ou mécaniciens) aux environs de 1895:

" De nombreuses expériences de physique du début du siècle dernier convergeaient vers l’hypothèse atomique, mais de nombreux énergétistes restaient sceptiques.

Selon Jean Perrin [3], ce combat entre les énergétistes et atomistes relève de deux modes de pensée,

_____________

[3] p.817 (cf. http://www.udppc.asso.fr/bupdoc/consultation/article-bup.php?ID_fiche=20157 )

_____________

- l’un conservateur, qui s’appuie sur les bases des théories précédentes (par exemple l’analogie avec la mécanique pour le premier principe de la thermodynamique) et

- l’autre novateur, où l'on fait des hypothèses, pour comprendre plus profondément les choses.

Une phrase de Jean Perrin résume à elle seule les motivations de l’hypothèse atomique :

'Deviner ainsi l’existence ou les propriétés d’objets qui sont encore au-delà de notre connaissance, expliquer du visible compliqué par de l’invisible simple [...]'.

Mais si les atomes existent, combien d’entités chimiques y a-t-il dans un gramme d’hydrogène ?

Bien que sa définition ait changé depuis, la réponse est donnée par le nombre d’Avogadro.

Trouver sa valeur, ou, si toutes les expériences sensibles à ce nombre aboutissent à la même valeur, revient à prouver l’existence même des atomes." (Matisse, 1925)

Soit dit en passant, l'importance que j'attache à la présence ou à l'emploi des mathématiques en économie politique, n'est pas celle qu'on lui donne habituellement et qui consiste, en particulier, à parler d'"analyse" ou de "synthèse" (cf. Marget, Pareto, etc.).

Elle tient à la distinction entre "existence" et "définition" d'un concept, objet mathématique, distinction discutée par les mathématiciens (à commencer par Henri Poincaré dans target="_blank" Science et méthode qui revient sur ce qu'avait écrit J.S. Mill) que nos économistes ne font pas en économie politique, quand ils prennent soin de définir le concept économique dont ils parlent, ce qui est de plus en plus rare...

Au total, de fausses notions ont été ainsi appliquées ou incorporées à l'économie politique depuis J.B. Say à partir de fausse question du type "l'utilité: valeur subjective ou objective ?".

Fin XIXème siècle, ce fut aussi l'historicisme qui s'imposa en Allemagne comme l'a signalé Mises dans un article de 1916-17 et vers quoi tendit la France jusqu'à ce "la France des chiffres" l'emportât sur la "France des mots" (cf. target="_blank" Closon, premier directeur du monopole de production de données qu'est l'I.N.S.E.E., 1946).

Qu'à cela ne tienne.

4. Un dernier mot, un peu en décalage avec ce qui précède.

Une chose est certaine : l'économie politique n'a pas pour domaine les fonctions des choses ou des richesses, point de départ malheureusement pris en considération et apparemment acquis par une majorité de gens, dont les économistes, dont les "historiens de la pensée économique" ...

Rien ne justifie de définir ce qu'on dénomme "monnaie" par des fonctions, notion non économique.

Seule une insuffisance de la connaissance perturbée permet de le soutenir ...

Ou alors on interprète mal, quand on la connaît, la bonne définition de la monnaie qu'en avait donnée J.B. Say, il y a deux siècles.

Exemplaire est, en effet, la définition de ce qu'on dénomme abusivement "monnaie" aujourd'hui (C.Q.D.A.M.A.) et qu'en avait donné J.B. Say en 1815, à savoir l'"intermédiaire des échanges".

Parler d'"intermédiaire des échanges" n'a rien à voir avec parler des "moyens d'échange" comme le font les "économistes des fonctions".

C.Q.D.A.M.A. n'a pas pour fin ou but l'échange comme il l'ait précisé, explicitement ou non, par la plupart des économistes aujourd'hui qui parlent de "moyen d'échange", voire "... de paiement" quoiqu'ils se situent dans un monde où les règles de droit sont mises de côté...

Le mot "échange" doit seulement être précisé et on peut regretter que Say n'y ait pas insisté.

Il ne s'agit pas de l'échange "direct" ni du concept de "marché".

Il a tout à voir avec l'échange "indirect", notion des économistes présentés par nos fameux "historiens de la pensée économique" comme "autrichiens" alors que ces derniers reprennent tout simplement ce qu'écrivait antérieurement J.B. Say, un Français.

Il devrait avoir, d'abord, comme élément le coût de l'échange direct...

Sans (coût de l')échange direct, pas de (coût de la) monnaie ...

Avec (coût de l')échange direct, chacun cherche à surmonter l'obstacle, son coût.

Et il y ait parvenu dans un lointain passé.

C.Q.D.A.M.A. a tendu à amoindrir le coût de l'échange direct en le faisant passer de l'échange direct à l'échange indirect ..., ce qui a été un premier gain pour tout un chacun avant qu'apparaissent les autres formes de monnaie et leurs gains conséquents.

Comme l'écrivait C. Menger :

"Tested more closely, the assumption underlying this theory gave room to grave doubts.

An event of such high and universal significance and of notoriety so inevitable, as the establishment by law or convention of a universal medium of exchange, would certainly have been retained in the memory of man, the more certainly inasmuch as it would have had to be performed in a great number of places.

Yet no historical monument gives us trustworthy tidings of any transactions

either conferring distinct recognition on media of exchange already in use,

or referring to their adoption by peoples of comparatively recent culture,

much less testifying to an initiation of the earliest ages of economic civilization in the use of money."   target="_blank"(Menger, 1892, pp.16-17)

Ma traduction.

"Testé de plus près, l'hypothèse sous-jacente à cette théorie a donné lieu à de graves doutes.

Un événement d'une importance si élevée et universelle et d'une notoriété si inéluctable comme la mise en place par la loi ou la convention d'un moyen d'échange universel, aurait certainement été conservé dans la mémoire de l'homme, d'autant plus certainement qu'il aurait dû être réalisé dans un grand nombre d'endroits.

Pourtant, aucun monument historique ne nous donne d'annonce digne de confiance d'échanges

soit conférant une reconnaissance distinctive aux moyens d'échange déjà en cours d'utilisation,

soit se référant à leur adoption par les peuples de culture relativement récente,

beaucoup moins témoignant d'une initiation des premiers âges de la civilisation économique dans l'utilisation de la monnaie."

Bref, si C.Q.D.A.M.A. avait été créé par la loi ou par la convention sur un moyen d'échange universel, cela se saurait...

Tout de ce que les législateurs nationaux de l'Occident ont instauré au XXème siècle (cf. ce target="_blank" texte d'août 2013) doit donc être rapporté, y compris l'€uro.

 

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Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France. Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur
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