1. Remarques préliminaires.
Longtemps, l'économie politique a procédé de la théorie dite "de la
valeur".
Il ne semble pas excessif de dire que celle-ci a même été au départ de
l'économie politique (cf. ce texte
de juillet 2014).
a. Economie politique et autres sciences.
Cette position que lui ont donnée les premiers économistes, a
contribué à séparer l'économie politique des autres sciences, les autres
étant "welt freiheit
", c'est-à-dire ignorantes de la notion
de "valeur" compte tenu de l'axiome que la réalité était libre ...
Le savant non économiste
ignorait ainsi la notion de "valeur" et, en particulier, celle de
"coût".
b. Une erreur.
Mais il y a eu, en
particulier, la mauvaise démarche qu'a évoquée, il y a quelques
décennies, Raymond Barre (1969) à cause, vraisemblablement, des
propos erronés de Joseph Schumpeter (1883-1950), socialiste bon
teint, aux termes de quoi :
"L'histoire de l'économie politique peut
être faite de deux points de vue que Joseph Schumpeter a bien mis en évidence
:
1) II est d'abord possible de
retracer l'évolution de la pensée économique :
il convient alors d'étudier les
opinions, les doctrines, les documents de politique économique, qui ont
trouvé dans les faits économiques des diverses époques leur inspiration et
qui se rattachent à des systèmes d'économie politique fondés sur certains
principes normatifs.
2) II est aussi possible de
décrire l'évolution de la science économique, c'est-à-dire des hypothèses,
des outils d'analyse par lesquels les économistes se sont efforcés de
maîtriser la réalité économique et d'en fournir une explication.
« Par histoire de l'analyse
économique, écrit Schumpeter dans son livre posthume, j'entends l'histoire
des efforts intellectuels que les hommes ont fait pour comprendre les
phénomènes économiques, ou ce qui revient au même, l'histoire des aspects
analytiques ou scientifiques de la pensée économique » (History of
Economic Analysis, p. 3).
Dans ce chapitre, nous ne serons pas
fidèles à une tradition qui fait consacrer en France de longs développements
préliminaires à l'histoire de la pensée économique.
Beaucoup d'économistes ont été
des réformateurs politiques et sociaux ; aussi leurs oeuvres figurent-elles à
bon droit dans les histoires de la pensée économique, dans des études sur les
grandes oeuvres politiques ou dans des histoires des doctrines sociales.
L'intérêt de ces oeuvres est
certes grand sur le plan des idées et de la culture ; mais si Fourier, Cabet
ou Bastiat sont des personnalités attachantes, on peut s'interroger sur
l'importance de leur contribution à la connaissance des phénomènes
économiques et de leurs relations.
De surcroît, l'histoire de la
pensée économique présente souvent l'inconvénient de mêler
- ce qui relève de la science
économique, c'est-à-dire l'exposé d'uniformités théoriques concernant les
faits, et
- ce qui relève de la doctrine,
c'est-à-dire les jugements de valeur qui procèdent d'une opinion personnelle
(religieuse, éthique ou politique), d'une conception du monde (Weltanschauung).
Or on conviendra qu'il y a, par
exemple, quelques différences entre
- une théorie de la
détermination du salaire sur le marché du travail, qui permet d'expliquer le
niveau effectif des salaires, et
- une doctrine qui se prononce
sur tel ou tel niveau de salaire jugé souhaitable dans un livre classique : Scope
and Method of Political Economy (p. 34),
John Neville Keynes distingue :
« Une science positive... un
corps de connaissances systématisées concernant ce qui est ;
une science normative ou
régulatrice... corps de connaissances systématisées discutant des critères de
ce qui doit être... ;
un art..., un système de règles
pour atteindre un but donné» ;
l'auteur ajoute que la
confusion entra ces divers plans de pensée est source d'erreurs nombreuses et
fâcheuses.
ll serait regrettable de
négliger cette distinction.
Une telle attitude conduirait
d'ailleurs à mettre en relief les désaccords qui naissent entre économistes
de leurs diverses conceptions du monde et à négliger le fonds d'explications
communes à tous les économistes, qui peut constituer un terrain d'entente
pour des hommes d'opinions opposées.
Il est alors aisé, devant
l'arc-en-ciel des doctrines, de parler de faillite de l'économie politique.
Lionel Robbins note avec humour
et bon sens :
« Enfermez M. Hawtrey dans une
chambre comme secrétaire d'un Comité composé de Bentham, de Boudha, de Lénine
et du président de United States Steel Corporation, réunis pour statuer sur
la morale de l'usure et il est peu probable que M. Hawtrey puisse produire un
document voté à l'unanimité.
Réunissez ce même comité pour
déterminer les résultats objectifs d'une réglementation gouvernementale du
taux de l'escompte, et il ne semble pas dépasser les possibilités humaines
d'obtenir l'unanimité ou tout au moins un rapport majoritaire, Lénine votant
peut-être contre» (Essai sur la nature et la signification de la science
économique, p. 145).
Nous insisterons essentiellement, pour notre
part, sur l'histoire de la science, ou de l'analyse économique.
Il est évident que nous ne
pourrons la retracer dans le détail : cela supposerait en effet une
connaissance précise des phénomènes et des mécanismes économiques.
Une telle étude ne peut être
qu'un couronnement.
Aussi nous bornerons-nous à
tenter de signaler l'état de la science économique contemporaine en marquant
les principaux jalons de son développement.
Nous décrirons d'abord la
constitution de la science économique en partant du point de vue que « le
seul critère, et le plus important, de la maturité d'une science, c'est
l'état de sa théorie systématique » (Talcott Faisons).
(...)
Nous distinguerons dans cette
évolution 4 phases :
- la phase pré-scientifique
jusqu'au XVIIIème siècle,
- la phase de la naissance de
la science économique (1750-1870),
- la phase de découverte et
d'élaboration des principes théoriques fondamentaux (1870-1930),
- la phase contemporaine
d'approfondissement et d'extension." (Barre, Economie politique,
Thémis, 1969)
N'y pensons plus.
c. L'émergence socialiste.
Reste qu'à partir du XVIIIème
siècle, l'émergence de ce qui allait devenir le "socialisme", avait
tendu à dénaturer le propos initial de l'économie politique, à savoir la
"théorie de la valeur", ou à le faire oublier, ou les deux...
En effet, des économistes
ont amené des gens à affirmer que l'économie politique était "welt
freiheit" quand ils n'hésitaient pas à dire qu'elle n'était pas une
science.
Et ils sont partis de telle ou
telle mathématique ou de telle ou telle transposition des sciences physiques,
biologiques ou autres pour développer des faits ou phénomènes économiques
qu'ils voulaient expliquer.
d. Bastiat et Pareto.
Entretemps (cf. texte de janvier 2007), comme
pour mettre un terme à la divagation qu'il constatait en 1850, Frédéric
Bastiat (1801-1850) avait fait le point sur le "principe de la valeur" en économie
politique dans le livre intitulé Harmonies économiques.
D'après lui, la "valeur", c'était alors:
- pour Adam Smith (1723-1790), la matérialité et
la durée,
- pour Henri Storch (1766-1835), le jugement,
- pour Jean Baptiste Say (1767-1832), l'utilité,
- pour David Ricardo (1772-1823), le travail,
- pour Nassau Senior (1790-1864), la rareté.
En d'autres termes, Ricardo n'avait pas été original.
Dans la droite ligne de Smith, de la matérialité et de
la durée, il avait privilégié quelque chose de non matériel, un objet non
matériel, un service, à savoir le travail.
En mettant l’accent sur un des "facteurs de
production", valeurs en général, il cachait le privilège donné par le
savant économiste, à la production sur l'échange comme si la production
était plus importante que l'échange, comme si l'action humaine était d'abord
action de production avant d'être action d'échange...
Pour sa part, Storch avait mis l’accent sur le jugement
de valeur de la personne sur la chose.
A sa façon, Say avait ciblé la notion en introduisant
la valeur « utilité » de la chose (cf. un de ses livres où
intervenait Say https://archive.org/details/coursdconomiepo02saygoog).
Senior n'avait pas été non plus
original.
Il avait mis l'accent sur un
aspect de la matérialité et de la durée de Smith qu'il avait dénommé
"rareté".
La "rareté" cachait,
à la fois, la quantité d’objet matériel à l'instant "t" et une
norme ignorée, à savoir celle que ceux qui en parlaient dénommaient ainsi.
A la question de l'état de
la « théorie de la valeur" proposé par Bastiat, quelque
temps plus tard, Vilfredo Pareto (1848-1923) a ajouté, pour sa
part, dans son Cours
d'économie politique (1896-97), les propos de :
- Karl Marx (1818-83) qui
faisait référence explicitement à la "marchandise" et au
"travail" et dont lui-même n'a pas hésité à démontrer les erreurs
(cf. par exemple §18),
- Gustave de Molinari
(1819-1912) qui expliquait la valeur par l'"intensité comparée des
besoins" (cf. §81) et
- W. Stanley Jevons (1835-82)
qui, selon lui, aurait introduit en économie politique le concept de
"taux d'échange" d’une marchandise en une autre (cf. §74) et qu'il
a préféré dénommer "prix d'une chose en une autre chose", ne
mettant pas ainsi, malheureusement, l’accent sur l’accord convenu entre les
parties.
Et puis plus rien de
fondamental depuis lors, à ma connaissance, sinon l’utilité transformée par
telle ou telle mathématique en fonction continue dérivable ou seulement
continue ...
e. Evaluation ou mesure.
Il convient de distinguer,
- d'un côté, la question
de la "valeur" donnée par la personne aux notions de "objet
matériel" ou de "service" (par définition objet non matériel)
ou à la notion d'"acte humain", qui résultent de son évaluation,
et,
- de l'autre, celle de sa
"mesure".
Evaluer un objet matériel
ou un service n'est pas, en effet, le mesurer.
Le savant économiste donne une
valeur, il ne la mesure pas nécessairement, physiquement ou autrement.
Il peut la mesurer au moyen de
la référence à telle ou telle mathématique ou au moyen d'un instrument
de physique ou de chimie ou de toute autre science.
f. Sans valeur ou de valeur
nulle.
Il convient de ne pas
confondre, non plus,
- d'un côté, quelque chose à
quoi la personne qui en parle n'a pas donné de valeur - elle l'a dite
alors "sans valeur" - et,
- de l'autre, quelque
chose à quoi elle a donné une "valeur nulle", une "valeur
égale à zéro" - merci aux chiffres de l'arithmétique ...
Dans les deux cas, la valeur
donnée n'apparaît pas dans les résultats du raisonnement sur quoi
l'économiste a mis l'accent, tout se passe comme si, dans le second
cas, elle avait disparu...
2. Les faits.
Avant que les approches du
socialisme perpétuassent leurs destructions perdurantes, en particulier, en
faisant oublier la "théorie de la valeur", les économistes ont
défini, comme types de "valeur", un nombre croissant de
notions courantes dont il s'agirait de ne pas s'écarter d'autant qu'ils ne
les ont jamais comparées, au moins de façon explicite.
Rétrospectivement, on peut dire
que sont apparues, dans l'ordre ;
- les choses elles-mêmes et les
biens ou maux qui leur étaient donnés naturellement par les gens;
- les marchandises (échanges)
et leurs quantités échangées, leurs taux ou rapport d'échanges de quantités,
- les objets matériels ou les
services (objets non matériels ou immatériels), leurs quantités (travail,
information, chance de gain ou risque de perte, etc.), leurs taux ou rapports
de quantités ;
- les produits et les facteurs
de production (travail, capital, matières premières, etc.), leurs quantités,
les taux ou rapport des quantités (productivité, efficacité, rendement, etc.)
;
- ce qu'on a dénommé
"monnaie", intermédiaire des échanges, et sa quantité,
- les prix en monnaie des
quantités de marchandises échangées, rapports des quantités convenus,
- l'utilité que chacun pouvait
donner à une chose,
- l'utilité marginale ou
l'ophélimité élémentaire que chacun pouvait donner à ce qu'il considérait
comme la dernière partie de la chose qu'il avait en ligne de mire, les taux
ou rapports d'utilités marginales de ces quantités (cf. ce texte de décembre 2015).
Reprenons chacun rapidement.
3. La chose, premier exemple de
"valeur"...
La "valeur" a pour
premier élément ou fait ce que les gens ont dénommé "chose",
élément de la nature, fait de la réalité, qui a été cernée par leur
intelligence.
La chose était un exemple
de valeur dès lors que celle-là en recevait une, de la part de la personne
(cf. ce texte d'octobre 2015).
.Les notions de
"richesse" et de "fortune".
Précisément, Say a centré
l'enseignement de l'économie politique sur les richesses, "valeur"
par excellence dont l'ensemble dénommait la "fortune" (cf. son
livre intitulé Catéchisme de l'économie
politique 1815):
"Qu’entendez-vous
par ce mot les RICHESSES ?
On peut étendre la
signification de ce mot à tous les biens dont il est permis à l’homme de
jouir ;
et sous ce rapport la santé, la
gaîté sont des richesses." (Say, 1815, p.8)
Et Say de souligner :
… "Dans un ouvrage élémentaire, où l’on est
obligé d’emprunter le langage commun, surtout en commençant, j’ai dû renoncer
à des expressions plus exactes, mais qui supposent dans le lecteur et plus
d’instruction et plus de capacité pour réfléchir." (ibid. p.8n)
Et Say de souligner encore:
… ;"Tous les biens capables de satisfaire
les besoins des hommes, ou de gratifier leurs désirs, sont de deux sortes :
ce sont
- ou des richesses
naturelles que la nature nous donne gratuitement comme l’air que nous
respirons, la lumière du soleil, la santé ;
- ou des richesses sociales
que nous acquérons par des services productifs, par des travaux." (ibid.
p.8n)
. Bien ou mal.
Tout cela ne doit pas faire
oublier qu'à l'origine, la "valeur" qu'était la chose, a été
aussi synonyme de "bien" ou de "mal".
C'était soit un
"bien", soit un "mal" que la personne avait donné à ce
type de la "valeur" qu’il ciblait.
Mais l'habitude l'a,
semble-t-il, modifiée et on en est arrivé à parler de "valeur d'un
bien"... en oubliant le pléonasme, après que François Quesnay
(1694-1774) a ajouté la notion de "bien économique" en économie
politique.
Soit dit en passant, ce n'est qu'au
XXème siècle que l'expression "mal économique" a commencé à voir le
jour dans le domaine et à être distinguée du "bien économique".
Pour sa part, la notion de
"valeur ajoutée" des comptables nationaux, à partir de la décennie
1950, a contribué à donner au mot "valeur" un synonyme de plus, le
dernier en date ...
. (Droit de) propriété.
Böhm-Bawerk (1881) a rédigé une
étude approfondie sur la question de savoir si les droits de propriété
étaient eux-mêmes des biens, et il aboutit à une réponse négative.
Un droit de propriété sur une
chose n'est rien d'autre que le renforcement de la probabilité de contrôler
ce bien, grâce à l'appui de la police et de la justice étatiques.
Ces forces étatiques ont pour
fonction de faire en sorte que les biens soient possédés par leurs
propriétaires légitimes et leurs soient rendus s'ils ont été volés.
Le droit de propriété lui-même
n'est pourtant pas un bien puisqu'il ne permet pas au propriétaire de parvenir
à la satisfaction de ses besoins.
Seul le bien possédé - et donc
contrôlé - le permet.
Si un propriétaire se fait
voler son bien, le perd ou le détruit par inadvertance, même si son droit de
propriété subsiste, le besoin ne peut plus être satisfait.
Böhm-Bawerk a remarqué, en
outre, que si les droits de propriété étaient des biens, alors le
propriétaire et possesseur d'un bien aurait toujours deux biens, le bien
lui-même et le droit sur ce bien.
On assisterait donc à une
multiplication par deux, tout à fait injustifiée, du nombre de biens.
De même, le droit d'auteur
n'est pas un bien : ce sont les sommes qu'il rapporte (s'il en rapporte) qui
sont des biens, et ainsi de suite.
. la notion de « bien public ».
Les socialistes se vautrent
dans la notion de « bien public », notamment depuis les travaux de Samuelson
(1954).
Un bien est dit « public »
- si le fait qu'un individu le
consomme ne réduit pas la consommation de ce même bien par les autres
individus (principe de non-rivalité) et
- si aucun individu ne peut
être exclu de sa consommation (principe de non-exclusion).
Ce type de bien est aux
antipodes du bien privé qui, lui, est rival et exclusif.
Rothbard (1962, p. 884-885) a
proposé une critique de la notion de bien public dans la perspective
autrichienne.
Bref, chose, valeur, bien,
richesse ou fortune, c'est la même réalité.
4. La marchandise, autre
exemple de "valeur".
Toute marchandise – chose
échangée ou échangeable par les gens - qui a été cernée par l’intelligence de
la personne, a aussi reçu le nom de "valeur" ...
La valeur ... d'échange qu'est la
marchandise s'oppose à la valeur d'usage d'autres choses.
Dans son Cours d'économie politique (1896-97),
Pareto s'était opposé à Ricardo ou à Marx en ces termes:
« K. Marx dit aussi fort bien :
"La marchandise est
d'abord un objet extérieur, une chose qui par ses propriétés satisfait des
besoins humains de n'importe quelle espèce.
Que ces besoins aient pour
origine l'estomac ou la fantaisie, leur nature ne change rien à
l'affaire."
Mais il oublie aussitôt que
cette propriété qui dépend de la « fantaisie» ne peut être que subjective,
[...]. »(Pareto, 1896-97).
La marchandise est donc un
objet ... subjectif.
Fondamentalement, tout service
est une marchandise.
… 2. On ne conçoit pas que des hommes puissent
vivre quelque temps rapprochés les uns des autres, sans pratiquer l'échange
des choses et des services :
mais de cet acte naturel, et
pour ainsi dire instinctif, il y a loin à l'idée abstraite d'une valeur
d'échange, qui suppose que les objets auxquels on attribue une telle valeur
sont dans le commerce;
c'est-à-dire qu'on peut
toujours trouver à les échanger contre des objets de valeur égale.
Or, les choses auxquelles
l'état des relations commerciales et les institutions civiles permettent
d'attribuer ainsi une valeur d'échange, sont celles que, dans le langage
actuel , on désigne communément par le mot de richesses ;
et si nous voulons nous
entendre en théorie, il convient d'identifier absolument le sens du mot de
richesses avec celui que présentent ces autres mots valeurs échangeables. […]
3. Il faut bien distinguer
- l'idée abstraite de richesse
ou de valeur échangeable, idée fixe, susceptible par conséquent de se prêter
à des combinaisons rigoureuses,
- d'avec les idées accessoires
d'utilité, de rareté, d'appropriation aux besoins et aux jouissances de
l'homme, que réveille encore, dans le langage ordinaire, le mot de richesses
: idées variables et indéterminées de leur nature, sur lesquelles dès lors on
ne saurait asseoir une théorie scientifique.» (Cournot,
1838, p.29)
a. le débat entre "échange
direct" et "échange indirect".
Il y a des choses que les gens
ont échangées entre eux directement, c'étaient des marchandises.
Il y a aussi des choses que les
gens ont échangées entre eux, mais indirectement, en faisant intervenir un
intermédiaire des échanges qui est lui-même une "marchandise".
Les « marchés conclus » entre
au moins deux personnes témoignent, à la fois, des marchandises échangées et
de leurs prix.
Ils cachent des échanges
synallagmatiques ou des échanges de marché (entre une offre et une demande de
marchandises de deux populations).
b. Marchand et non marchand.
Les marxistes s'efforcent de
faire croire qu'il existe des valeurs marchandes et d'autres qui ne le
seraient pas sans donner d'explication non idéologique.
Le fait est qu'une chose non
marchande est pour son propriétaire une chose qu'il juge avoir un coût
d'échange trop élevé.
c. Le débat entre "chose
échangée" et "chose échangeable".
Il y a des choses que les gens
ont échangées, à savoir des marchandises.
Il y a aussi des choses
échangeables (cf. Pareto) ...
. L'avenir attendu .
vendabilité . pouvoir d'achat . échangeabilité.
Pour autant que les choses sont
produites en grand nombre, il faut s'attendre à ce qu'elles soient vendables,
achetables (pouvoir d'achat), échangeables dans l'avenir, soit qu'il s'agisse
des mêmes soit des nouvellement produites.
Echangeabilité et liquidité
sont deux façons de parler de la même réalité qu'est la marchandise ... sinon
que l'échangeabilité insiste sur l'avenir alors que la liquidité est
davantage, à la fois, neutre ou éternelle.
Pour autant que ces choses
existent en petit nombre, leur échangeabilité est discutable.
Face à la chose jugée unique,
il existe différentes techniques de marché pour les échanger ...
Bref, valeur
ou marchandise, c'est la même réalité.
5. Objet matériel ou service,
exemples de "valeur".
Il a sauté aux yeux de certains
économistes que la valeur qu'était la chose, réunissait en fait deux valeurs
de nature différente, à savoir l'objet matériel ou le service, cela quand le
savant économiste ne confondait pas chose et "objet", comme, par
exemple, Antoine Augustin Cournot:
« 2. On ne conçoit pas que des hommes puissent vivre quelque temps
rapprochés les uns des autres, sans pratiquer l'échange des choses et des services :
mais de cet acte naturel, et
pour ainsi dire instinctif, il y a loin à l'idée abstraite d'une valeur
d'échange, qui suppose que les objets auxquels on attribue une telle
valeur sont dans le commerce;
c'est-à-dire qu'on peut
toujours trouver à les échanger contre des objets de valeur égale.» (Cournot, 1838, p.29)
Ainsi, tout objet, élément
matériel ou corporel de la nature, qui a été cerné par l’intelligence de la
personne, a été une valeur.
Il a reçu ce nom de
"valeur" d'au moins une personne.
Au nombre des objets matériels
dénommés, il y a, par exemple, aussi différents soient-ils, ce qu'on
dénomme « capital » ou « monnaie » …
Tout service, autre élément de la nature, autre
fait de la réalité, mais diamétralement opposé à l’objet matériel car
non matériel ou incorporel, qui a été cerné par l’intelligence de la
personne, a reçu le nom de "valeur" dès lors que
celle-là en recevait une, de sa part (cf. ce texte de février 2014).
Reste que, pour des
économistes, objet matériel et service ne sont pas a
priori
indépendants l'un de l'autre.
Selon certains, le service est,
à la fois, un produit de l'un ou des uns et un consommé de l'autre ou des
autres.
Un objet matériel se voit
parfois obtenir des gens, des services qu’il produit.
Et un service cache aussi, à
son tour, un objet matériel que possèdent des gens.
Il y a une relation, à la fois,
d'unité et de causalité, entre objet matériel et service que coiffe leur
rassemblement.
Seule l'ignorance de chacun
peut cacher l'un ou l'autre comme dans le cas de la notion de "capital
humain" de la personne.
a. (Droit de) propriété,
exemple de service.
Ces notions cachent la
notion de (droit de) "propriété"...
Les droits de propriété ne sont
jamais que des relations immatérielles entre les acteurs économiques et les
choses.
b. Le travail, exemple de
service.
Au nombre des services dénommés
"valeur", il y a le "travail" … cher à certains
économistes...
« On a remarqué depuis longtemps, et avec
raison, que le commerce proprement dit, c'est-à-dire le transport des
matières premières et ouvragées d'un marché sur un autre, en ajoutant à la
valeur des objets transportés, crée des valeurs ou des richesses, tout comme
- le travail de l'ouvrier qui
extrait les métaux du sein de la terre , et
- celui de l'artisan qui leur
donne une forme appropriée à nos besoins.» (Cournot, 1838, p.29)
En relation avec le "travail", des
économistes se sont moqués de tout cela, vraisemblablement faute de
connaissance, à l'exemple de Debreu qui n'a pas hésité à écrire dans son
ouvrage de 1959 sur la Théorie
de la valeur que:
… "Le premier exemple d'un service économique sera le travail humain.
Sa description est celle de la
tâche accomplie [...]" (Debreu, 1959)
Pour Debreu, le travail humain
était donc un service, résultat de la tâche accomplie et, par
conséquent, envisagée ex post.
(Gérard Debreu (1959), Théorie de la valeur (Axiomatique de l'équilibre
économique), Dunod).
Tacitement, ce résultat était
une valeur, mais n'était pas évoqué e, tan que telle
Ce qui était pour le moins une
erreur.
Le travail n'est pas une valeur
pour certains économistes !
« K. Marx dit aussi fort bien : [...]
et c'est la cause principale de
l'erreur,
qu'il a en commun avec Ricardo,
de placer l'origine de la
valeur dans le travail ;
ce qui est proprement confondre
le but avec le moyen. » (Pareto, 1896-97, § ).
Pour une fois, Pareto s'est mal
exprimé:
la marchandise est un objet
subjectif..., un but,
l'origine de la valeur n'est
pas dans le travail,... un moyen.
c. Les promesses (titres de
créances/dettes) ... , exemples de service.
Au nombre des services dénommés
"valeur", il y a la notion de "promesse de chose"
dont conviennent les gens.
La notion de "promesse..."
cache la notion de "titre de dette" de l'un et de "titre
de créance" de l'autre, dont sont convenus de disposer les gens
les uns sur les autres.
Ce qu'on dénomme
"finance" recouvre ainsi les dettes et créances.
d. L'information, exemple de
service.
Au nombre des services dénommés
"valeur", il y a la notion de l'information.
Elle est apparue au XXème
siècle à partir de considérations des sciences physiques (comme l’émission,
la transmission et la réception).
Elle est, le cas échéant,
synonyme de données mi-matérielles, mi-immatérielles de la nature ...
e. La chance de gain ou le
risque de perte, exemples de service.
Au nombre des services dénommés
"valeur", il y a la chance de gain ou le risque de perte, ainsi que
leurs "primes".
Ils sont apparus plus
anciennement à partir de considérations mathématiques (fin XVIIème siècle).
Bref, "valeur", objet
matériel ou service, c'est la même réalité ...
6. Produit ou facteur de
production, autres exemples de "valeur".
a. Valeur et produit.
J.B. Say (1815) a eu l'occasion
de distinguer deux types de "valeur" donnés aux choses par les
gens, à savoir la valeur proprement dite et le "produit":
"Les choses auxquelles on a donné de la
valeur ne prennent-elles pas un nom particulier?
Quand on les considère sous le
rapport de la possibilité qu’elles confèrent à leur possesseur d’acquérir
d’autres choses en échange, on les appelle des valeurs ;
quand on les considère sous le
rapport de la quantité de besoins qu’elles peuvent satisfaire,
on les appelle des produits." (Say, 1815
b. Production et méthode.
Say en a déduit ce qu'il
fallait entendre par les mots "'produire" et
"production":
… "Produire,
c’est donner de la valeur aux choses en leur donnant de l’utilité ;
et l’action d’où résulte un
produit se nomme Production." (Say, 1815
Par la suite, la production va
représenter la technique de relation de causalité entre les produits et les
facteurs de production.
7. Ce qu'on a dénommé
"monnaie", autre exemple de "valeur".
Il est majoritairement oublié
que Say avait expliqué qu'étant donné l'échange - sous-entendu
"indirect" de choses en propriété à quoi il se réfèrait
implicitement ... -:
"La monnaie n’est pas le
but, mais seulement l’intermédiaire des échanges [...]
Elle entre passagèrement en
notre possession quand nous vendons ;
elle en sort quand nous
achetons, et va servir à d’autres personnes de la même manière qu’elle nous a
servi." (Say, 1815, p.49).
a. Les intermédiaires des
échanges.
Sans acte d'échange ou avec
échange direct (troc), pas d'intermédiaires des échanges, pas de monnaie.
Sans monnaie, au mieux des
actes d'échanges directs, des prix relatifs et des quantités de ces échanges,
au pire pas d'échange direct ... ni de comptabilité (cf. texte de juillet 2016).
Ainsi, en tant qu'intermédiaire
des échanges, ce qu'on dénomme "monnaie" (CQDM) est une valeur.
Avec ce qu'on dénomme
"monnaie" comme intermédiaire des échanges, les actes d'échanges
sont devenus "indirects", ils ont fleuri ainsi que les
comptabilités.
La notion de "valeur"
ne doit donc pas cacher les notions d'"échanges indirects" et
d''"intermédiaire des échanges" qui sont à juxtaposer aux valeurs
que sont les marchandises et qui ont conduit aux prix et quantités échangés
de l'égalité ou de l'équilibre économique, ils en sont synonymes
approximatifs.
Le fait est que, dans le passé,
l'acte d'échange a été amoindri par l'intelligence humaine.
En sont résulté l'échange
indirect et l'intermédiaire de l'échange, deux façons de parler de la même
réalité du nouveau type d'échange.
Dans certain cas, les gens
découvrent qu'ils ne peuvent pas échanger directement comme ils le désirent,
mais seulement indirectement.
L'échange indirect va de pair
avec un intermédiaire des échanges transféré d'une personne à une autre,
telle est leur découverte.
Un intermédiaire des échanges
n'est pas un moyen d'échange, sauf à confondre intermédiaire et moyen...,
mais un élément de l'échange indirect qui lui est, pour les gens, un moyen de
changer de situation.
b. Organisation ou
institution...
L'échange indirect ou
l'intermédiaire des échanges ne doit pas cacher une organisation ou une
institution dont il procède.
Mais certains ont considéré que
tout cela procédait de la durée (cf. ci-dessous §13)...
. La monnaie a aussi reçu une
valeur originale que lui ont donnée, chacun, les gens ... (depuis la valeur
intrinsèque de Cantillon jusqu'au "bitcoin" https://fee.org/articles/what-gave-bitcoin-its-value/
c. Réserve de valeur.
"Valeur", la monnaie
est aussi, pour certains, une "réserve de valeur".
Je laisse de côté le faux
propos.
Bref, valeur, échange indirect
ou intermédiaire des échanges, monnaie, c'est encore la même réalité.
8. La quantité de quoi que ce
soit, autre exemple de "valeur".
Toute quantité (ou nombre) de
choses qui a été mesuré par l’intelligence de la personne, n'est jamais qu'un
type de valeur de plus ...
… « Tout ce que l'homme peut mesurer, calculer,
systématiser, finit par devenir l'objet d'une mesure, d'un calcul, d'un
système.
Partout où des rapports fixés
peuvent se substituer à des rapports indéterminés, la substitution
s'accomplit en définitive.
C'est ainsi que s'organisent
les sciences et toutes les institutions humaines.» (Cournot, 1838, p.29)
a. La quantité de travail.
S'agissant de la mesure des
services dénommés, longtemps, la "quantité de travail" a été une
grande façon de définir la "valeur".
Reste que la "quantité de
travail" n'est jamais, d'abord, qu'une évaluation de sa réalité par
la personne qui lui soit propre.
Mais comment,
précisément, les économistes mesurent-ils une quantité de travail ?
En tant que service, le travail
n'a pas de quantité!
La notion de "quantité de
travail" a été réduite, sans raison, par des économistes depuis le
XVIIIème siècle, puis des sociologues depuis le XIXème siècle, aux notions de
"temps", de "durée", de "durable"…, notions
mesurées par le physicien ou le statisticien et leurs instruments.
A défaut, la notion de
"nombre d'emplois" est venue suppléer, au XXème siècle, aux
absurdités de la notion de "quantité de travail" face au mur où
celle-ci se trouvait.
b. La quantité de monnaie. Say a écrit :
"Pourquoi évalue-t-on
plutôt les choses par la quantité de monnaie
qu’elles peuvent procurer, que par toute autre quantité ?
Parce qu’en raison de l’usage
que nous faisons journellement de la monnaie, sa valeur nous est mieux
connue que celle de la plupart des autres objets ;
nous savons mieux ce que l’on
peut acquérir pour deux cents francs, que ce que l’on peut obtenir en échange
de dix hectolitres de blé, quoique au cours du jour ces deux valeurs puissent
être parfaitement égales, et par conséquent composer deux richesses
pareilles." (p.10)
En d'autres termes, Say a
défini ainsi, économiquement, la valeur par la quantité de monnaie contre
quoi elle a été échangée.
Ce point a été oublié, sa
logique est pourtant indiscutable :
"Quel but se
propose-t-on quand on échange sa marchandise contre une somme de monnaie ?
On se propose d’employer cette
monnaie à l’achat d’une autre marchandise ;
car la monnaie ne peut servir à
aucune autre fin qu’à acheter." (p.48)
Ce qu'on dénomme
abusivement "monnaie" aujourd'hui (acronyme
"CQDAMA") et à tort, reste un intermédiaire des échanges.
c. La quantité d'information.
S'agissant de la mesure des
services en quantité ou nombre, là encore dénommés, il y a la "quantité
d'information" - et la fameuse "valeur de l'information"...
Mais comment est mesurée une
quantité d'information ?
d. Un rapport/taux de quantités
(ou de nombres) de choses.
Tout rapport ou taux de deux
quantités (ou nombres) de choses calculé par une personne, est encore un nom
donné à la "valeur" dès lors que ...
On peut aussi parler de la
"quantité unitaire" d'une chose dans l'autre.
C'est, en particulier, le cas
quand l'autre quantité est ce qu'on dénomme "monnaie".
A sa façon, le taux ou rapport
de deux choses rend compte d'un "entre" (intervalle,
intermède, intermédiaire, entrepreneur, entreprise, entremetteur, entremise).
9. Un prix, autre exemple de
"valeur".
Pour beaucoup de gens
aujourd'hui, la valeur de quoi que ce soit, c'est d'abord son prix en
monnaie ... imaginé ou passé !
Le prix est tacitement un
rapport ou taux, un entre deux quantité (ou nombre) de marchandises convenu
entre deux personnes ou deux populations de personnes (offre et demande de
marché).
Quand l'échange de choses entre
personnes a abouti, quand le taux d'échange de deux marchandises a été
convenu par celles-ci, qu'il s'agisse de l'échange synallagmatique ou de
celui du marché, tout cela a donné lieu à un prix et à une quantité de
marchandises.
a. Prix relatif.
Tout rapport ou taux d'une
quantité (ou nombre) de marchandise dans une autre par au moins deux
personnes, peut recevoir le nom de "valeur" dès lors que le taux
d’échange est convenu et donc cerné ...
Au lieu de "valeur",
il est surtout question de sa dénomination "prix relatif" (cf.
Pareto).
b. Prix des objets matériels et
prix des services.
Reste que prix des objets et
prix des services ne sont pas a priori indépendants l'un de l'autre.
Tout prix d'objet se voit
obtenir des prix de services que leur donnent les gens et tout prix de
service cache les prix des objets en propriété des gens.
Il y a une relation d'identité
entre prix d'un objet et prix du ou des services que coiffe tout prix de
chose.
Ainsi, le salaire cache un prix
de patrimoine de la personne.
Seule l'ignorance cache l'un ou
l'autre de ces prix.
c. Prix en monnaie d’une
marchandise.
C'est le taux d'échange convenu
de deux marchandises, dont une "monnaie, par au moins deux personnes,
Le prix en monnaie de l'échange
direct nécessairement synallagmatique est différent de l'échange indirect,
synallagmatique ou de marché.
« Valeur » est le nom donné à tout
rapport ou taux d'une quantité (ou nombre) de marchandise en monnaie par deux
personnes ou deux populations dès lors que le taux d’échange est convenu et
cerné ...
Au lieu de "valeur",
il est question, dans le domaine courant, de sa dénomination "prix en
monnaie".
Le "prix en monnaie"
d'une marchandise n'est jamais qu'une façon de parler aussi de sa
"quantité de monnaie unitaire" convenue, c'est-à-dire de la monnaie
"équivalente" à la marchandise.
En relation avec le
"travail", le "prix en monnaie" est dénommé
"salaire".
. le prix en monnaie n'est
jamais que de la monnaie...
Selon Mises :
« Les prix ne sont pas mesurés en monnaie,
ils consistent dans de la
monnaie. » (Mises, 1953, p. 664) (1).
_________
(1) Mises, L. von (1953), « Remarques sur le traitement mathématique des problèmes de
l'économie politique , Studium Generale, décembre,
pp. 662-665 (traduit de l’allemand par François Guillaumat).
_________
Je n’en veux pour preuve que ce
que disait Menger de la notion de « monnaie» (article de 1892 intitulé « La monnaie, mesure de la valeur » et écrit en français):
"Ayant cependant reconnu
que les rapports d’échange sont déterminés
- non par un mesurage de valeur
quelconque,
- mais par le rapport de
l’offre à la demande,
il nous reste à expliquer
comment les prix sont fixés par ce rapport et sans mesure préalable."
(Menger, 1892).
Menger était en partie à côté
de la plaque quand il écrivait:
"L’échange ne réclame aucun mesurage
préliminaire.
Des biens ont été troqués
longtemps avant que la monnaie servît d’intermédiaire dans les échanges ».
Il semble ignorer ce que Pareto
a expliqué à partir du "contrat".
Dans le cas d'un marché,
échange indirect, relisons encore Carl Menger:
" L’ancienne théorie
repose sur l’idée que l’égalité des valeurs est la considération qui domine
dans l’échange.
Or, une supposition semblable
contredit diamétralement les intentions réelles des trafiquants.
Ni l’un ni l’autre ne songent à
échanger valeur égale contre valeur égale :
le but qu’ils poursuivent,
c’est de satisfaire leurs besoins, chacun aussi complètement que le
permettent les ressources dont il dispose.
Généralement, l’échange ne se
produit que lorsque chacune des parties croit y trouver un moyen d’améliorer
sa position économique.
Les gens qui font affaire ne se
soucient absolument pas d’échanger
- des unités égales,
- des quantités de travail
égales,
- des frais de production
identiques,
- « des biens égaux en valeur
économique », ou
- « les égales quantités de
valeur d’usage renfermées dans les produits échangés »,
- ni rien de semblable.
S’ils nourrissaient un tel
dessein, ils auraient assurément quelque peine à le réaliser.
Mais ils n’y songent point,
loin de là.
Ils échangent pour leur profit
économique, et l’avantage réciproque est également la considération qui
détermine la quantité des biens échangés.
L’échange ne réclame aucun
mesurage préliminaire.
Des biens ont été troqués
longtemps avant que la monnaie servît d’intermédiaire dans les échanges.
Alors, à coup sûr, les
traficants n’interrogeaient que leurs besoins, les quantités dont ils
disposaient et l’importance qu’ils attribuaient aux objets échangeables pour
leur train de vie et pour celui d’autres ménages.
L’emploi des métaux comme
intermédiaire a rendu le commerce plus facile et donné plus de précision aux
calculs économiques, mais il n’a pas changé la nature du trafic.
De nos jours encore, l’effort
de chacun pour satisfaire ses propres besoins, aussi complètement que le
permettent les circonstances, est la cause déterminante
- non seulement du fait de
l’échange en lui-même,
- mais de la fixation des prix.
Le but des gens qui font
affaire sur les marchés est
- d’inscrire un gain au
chapitre de leurs recettes, et
- pour celui de la dépense, de
se procurer le plus de satisfaction possible en troquant argent contre
marchandise.
L’achat et la vente sont l’une
des formes principales sous lesquelles se manifeste l’universel désir de
gagner et d’améliorer sa position.
L’argent est devenu
l’intermédiaire de l’échange, mais s’il sert à mesurer les prix, c’est
uniquement dans le sens que nous venons de marquer.
Le mobile du troc est le
profit,
mais aussi les quantités, qui
s’échangent l’une contre l’autre, sont fixées par l’avantage subjectif des
deux sujets [3].
___________________
[3] Voir mes Grundsätze der
Volkswirtschaftslehre, Vienne, 1871, p. 172.
___________________
On serait tenté de faire une
exception pour le cas où les contractants ne font pas de prix eux-mêmes, mais
échangent des quantités déterminées au prix du marché.
L’importance de ce genre
d’affaires est vraisemblablement pour beaucoup la source de l’erreur que nous
combattons.
Mais dans ce cas exceptionnel
lui-même, l’échange n’a pas pour base
- la mesure de certains quantum
de valeur, mais
- le prix qui s’est établi sur
le marché sous l’empire des mobiles que nous venons de rappeler, chacun de
ceux dont le concours a formé ce prix ne poursuivant que son propre
avantage." (Menger, 1892).
Et cela avait conduit Pareto à
définir CQDM à partir des prix des marchandises :
« Une marchandise en laquelle s'expriment les
prix des autres marchandises, est un numéraire ou une monnaie:
- le numéraire se distingue de
la monnaie en ce que la monnaie intervient matériellement dans les phénomènes
économiques, et
- le numéraire n'intervient pas
matériellement [...]» (Pareto, 1896-97, §269)
. réglementation de ce qu'on a
dénommé "monnaie" (CQDM).
CQDM n'est pas politique et n'a
rien à voir, au départ, avec les considérations réglementaires qui l'ont
frappé.
Il a été réglementé dans le
passé, mais beaucoup plus qu'auparavant à partir de la décennie 1930, sans
aucune raison, par les hommes de l'état et ceux-ci croient les gérer, malgré
leur grande ignorance sur le sujet ...
Les hommes du non état, eux,
ont accepté la réglementation et ne savent plus en quoi il consiste.
Depuis lors, ils n'ont plus la
capacité d'échanger leur substituts de monnaie bancaires en monnaie-or ou
-argent au prix convenu au départ...
. Falsification de la (quantité
de) CQDM.
L'échange ne saurait être une
fin dont CQDM serait le moyen comme cela est souvent dit.
La réglementation de CQDM a
contribué à la falsification de (la quantité de) CQDM.
d. Un taux d'intérêt.
Le prix en monnaie d'un titre
financier ne doit pas cacher le taux d'intérêt de celui-ci, autre exemple de
"valeur".
Quand le titre financier est
"à revenu fixe", il existe une relation fixe entre prix et taux
d'intérêt.
Reste que chacun peut trouver
un "intérêt", "valeur" pécuniaire ou non pécuniaire, dans
une chose et en déduire un taux d'intérêt.
10. Utilité ou ophélimité de
(quantité de) quoi que ce soit, autre exemple de "valeur".
Toute utilité ou ophélimité,
notion de théorie économique, d'une chose qui a été cernée par l’intelligence
de la personne, est une "valeur" dès lors que ... (cf. Say, 1815 et ce texte
de novembre 2015) :
… "Comment
donne-t-on de la valeur à un objet ?
En lui donnant une utilité
qu’il n’avait pas." (Say, op.cit., p. 10)
Plus encore que la
"valeur" - si on peut dire... -, l'utilité est nécessairement
subjective.
a. Le coût.
Le coût donné à quoi que ce
soit par la personne est une façon de parler de l'utilité et donc de la
"valeur".
Le coût des échanges est à
distinguer du coût de l'intermédiaire des échanges, a fortiori du
coût de ce qu'on dénomme "monnaie" qui en est une forme.
b. Un rapport/taux
d'utilités/ophélimités de quantités de choses.
Tout rapport ou taux de deux
utilités/ophélimités de (quantités ou nombres de) choses ou marchandises
mené par au moins deux personnes, est un exemple de
"valeur" dès lors que ...
On peut aussi parler de
l'"utilité unitaire" d'une quantité dans une autre.
C'est, en particulier, le cas
quand l'autre quantité est ce qu'on dénomme "monnaie".
C'est ainsi que, pour des
économistes, quoique différentes, "quantité" et "utilité"
renvoient l'une à l'autre.
11. Utilité/ophélimité,
marginale ou élémentaire, de quoi que ce soit, autre exemple de
"valeur".
« Valeur » est tout nom donné à
une utilité (ou ophélimité), élémentaire ou marginale de (quantité ou nombre
de) quoi que ce soit par une personne.
a. Valeur subjective ou
objective?
L'objectivité, chère à des gens
tel Jacques Monod, ne saurait
l'affecter.
Et Vilfredo Pareto avait
insisté dans son Cours d'économie politique
(1896-97) sur le point en introduisant le mot "ophélimité" dans
l'économie politique et en le préférant au mot "utilité" qui
pouvait sembler "objectif".
Comme Say, Pareto s'était
intéressé à la valeur définie par l'utilité, mais en distinguant l'utilité
subjective et l'utilité objective, ce que n'avait pas fait Say.
Selon Pareto:
… "82. Une autre grande classe de théories
met la source de la valeur dans l'utilité.
Cette conception est développée
par J. B. Say. [... ]
Il est difficile, en bien des
cas, de se rendre compte si les économistes veulent parler
- de l'utilité subjective
(ophélimité), ou
- de l'utilité objective.
Quand ils portent leur
attention spécialement sur ce sujet, ils les distingent, mais bientôt ils les
confondent.
C'est là, à proprement parler,
outre l'omission de la considération des quantités, le défaut de cette classe
de théories.
J. B. Say a pourtant très bien
vu le caractère subjectif de la valeur;
il dit:
'La vanité est quelquefois pour
l'homme un besoin aussi impérieux que la faim.
Lui seul est juge de
l'importance que les choses ont pour lui et du besoin qu'il en
a.'" (Pareto, op.cit. §82)
b. les taux ou rapport des
échanges de quantités/utilités marginales de choses.
« Valeur » est le nom donné à
tout rapport ou taux de deux utilités (ou ophélimités), élémentaires ou
marginales, de (quantités ou nombres de) choses par au moins deux personnes
dès lors que ...
Si ce taux ou rapport d'utilités/ophélimités
porte sur des marchandises, le taux ou rapport convenu peut être encore
dénommé … "prix relatif".
S'il fait intervenir des marchandises
et de la monnaie, le taux ou rapport convenu peut être encore dénommé …
"prix en monnaie".
c. le prix, taux d'échange
convenu de deux utilités marginales de marchandises (depuis au moins Pareto).
Il peut s'agir autant du prix
de l'échange synallagmatique entre deux personnes que celui de l'échange
de marché entre deux populations de gens (entre l'offre et la demande...).
Dans les deux cas, il s'agit
d'une "valeur", taux ou rapport entre deux utilités marginales de
marchandises convenu par les parties (personnes ou populations de gens).
12. Remarque : quid du "temps" ou de la
"durée".
Même si elles ont été
introduites en économie politique, les notions de "temps" ou de
"durée" n'y sont pas des "valeurs", mais des notions
qu'ont pris en considération des savants d'autres sciences, discutées ou
discutables.
Ces notions de temps ou de
durée ont été transposés en économie politique, sans raison fondamentale...
Certes, Ludwig von Mises a
évoqué la rareté du temps et la nécessité de l'économiser (1985 [1949], p.
107), et
Murray Rothbard considéré le
temps lui-même comme un bien puisque, selon lui, il constituait un moyen
indispensable à toute action (1962, p. 11).
La réflexion sur la prise en
compte du temps par la théorie de l'action humaine tient une grande place
dans l'école autrichienne.
Mais "temps" et
"durée" sont deux notions de telle ou telle mathématique
(statistique) ou des sciences physiques, chimiques, etc., mal définis, non
définies en fait par quelque science que ce soit (cf. Etienne Klein :
* Le temps existe-t-il?
https://www.youtube.com/watch?v=4lf9xFKoT8Y
* Est-on certain que le temps
passe ? https://www.youtube.com/watch?v=8nGjId_b23A ).
13. "Facts do not speak…"
Reste que toutes ces notions,
éléments de la nature, faits de la réalité, ne parlent pas.
Comme l'a expliqué Mises (1949) avec raison, il faut les
faire parler.
Et Mises de les avoir expliqués à
l'aide ... de théories qui consistent dans ce que les historiens de la pensée
économique marxistes ont dénommé "économie autrichienne"!