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Un pacte de combat

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Publié le 01 mars 2011
1215 mots - Temps de lecture : 3 - 4 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Sous des apparences placides, au vu du reste de l’actualité, la situation européenne est en réalité vibrionnante. Un nouveau compte à rebours est en cours, qui conduit au 11 mars prochain, date du sommet de la zone euro, précédant celui des 24 et 25 mars de l’Union européenne.

 

Une autre échéance, moins spectaculaire mais autant attendue, va être la publication des éléments de méthodologie des nouveaux stress test des banques, le 2 mars prochain, dont les résultats devraient être connus en juin prochain. L’enjeu étant de savoir si tous les résultats seront rendus publics, notamment la partie concernant les liquidités des banques (les Allemands s’y opposant).

 

En ces diverses occasions, le tour de la crise européenne devrait donc être fait : dette publique, solidité des banques, différences de compétitivité à l’intérieur de la zone euro, dont il est expliqué qu’elles sont à l’origine de tout et qu’il faut y remédier au forceps. Il n’est hélas pas prévu de rendre public une méthodologie du calcul de la compétitivité, ce qui serait pourtant bien utile.

 

Dans cette attente, les Portugais résistent toujours, ne voulant pas avoir à choisir entre la peste et le choléra, la dictature du marché ou celle des plans de sauvetage européens. Ils fondent leurs espoirs dans l’éventuelle adoption d’un renforcement du fonds de stabilité européen (EFSF), pourtant peu probable dans le contexte actuel, espérant que le fonds puisse prendre la succession de la BCE et intervenir sur le marché obligataire pour acheter à bon compte les titres de dette que le gouvernement va devoir émettre. Ses chances sont ténues.

 

Rainer Brüderle, le ministre allemand de l’économie, vient en effet de préconiser un nouveau mécanisme financier, qui aurait pour effet d’accroître les capacités de prêt de l’EFSF sans mettre davantage à contribution ses membres, proscrivant toute autre disposition. Avec comme contre-partie que les taux de ses prêts augmenteraient au fur et à mesure qu’ils seraient attribués, en totale contradiction avec la négociation qui va devoir être engagée par le nouveau gouvernement irlandais de coalition – si le Fine Gael et le Labour parviennent à s’entendre – qui va au contraire prioritairement porter sur la diminution du taux des prêts.

 

Le gouvernement allemand n’est donc pas à une esquive près, ce qui laisse mal augurer des résultats du prochain sommet du 11 mars. D’autant que le compromis proposé par Herman van Rompuy et José Manuel Barroso, à propos du pacte de compétitivité germano-français recalé sous les tollés à la précédente rencontre, n’est pas assuré d’être accepté. A force d’adoucir les angles afin de rendre acceptable ce qui ne l’était pas, ce nouveau projet de pacte pourrait ne plus convenir aux Allemands.

 

Les dispositions les plus décriées ont donc été supprimées de celui-ci, à propos de l’indexation des salaires et de l’augmentation à 67 ans de l’âge du départ à la retraite, ou du dépassement des normes de déficit budgétaire et de dette publique. Il est question dans le nouveau projet d’une « modération salariale » « en ligne avec la productivité », de réformer les marchés du travail et de « transférer l’imposition du travail vers la consommation », de veiller à la « soutenabilité des systèmes de retraite et de prestations sociales » et d’adopter des mécanismes de « frein à la dette », chaque pays conservant le choix des moyens utilisés pour y parvenir ». Enfin, dans le domaine fiscal, il est proposé de « développer une assiette fiscale commune pour les impôts sur les sociétés ».

 

Initialement écartée du dispositif, La Commission de Bruxelles, serait donc réintroduite dans le jeu et le pacte serait élargi au-delà de la zone euro, afin de ne pas prêter le flanc à l’accusation de construire une Europe à deux vitesses.

 

Dans un article ne s’embarrassant pas de nuances, Wolfgang Münchau, l’un des chroniqueurs du Financial Times et de sa déclinaison allemande (le FT Deutschland), expliquait dès hier qu’il faut dire non à ce projet. Parce qu’il est fondé sur une analyse erronée de la crise européenne et des moyens de la régler, et que l’accepter reviendrait à reculer pour plus tard mieux sauter, dans des conditions devenues plus difficiles.

 

Ne mâchant pas ses mots, il écrit : « Ce n’est pas une crise fiscale. Ce n’est pas une crise du Sud. C’est une crise du secteur privé et des banques sous-capitalisées. C’est davantage une crise allemande qu’espagnole. Le reconnaître doit être le point de départ de toute solution. Un veto en mars prochain serait le premier pas pouvant préluder à une solution de la crise ».

 

Mario Draghi – gouverneur de la banque d’Italie et candidat à la succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE – pourrait lui avoir involontairement donné raison en donnant un conseil appuyé aux banques italiennes, à qui tout le monde accordait un brevet de sagesse et un certificat de bonne conduite. Il les a pressées d’augmenter en vitesse leurs fonds propres avant la tenue des tests de solidité des banques. Car elles sont en réalité plus faibles que prévu, en dépit de certains accommodements avec le Bon Dieu, qui leur ont permis d’inscrire comme actifs dans leurs livres des différés d’impôts…

 

Cette recommandation ne fait pas l’affaire des actionnaires des grandes banques italiennes, souvent des banques régionales, qui ne peuvent pas suivre et ne veulent pas être diluées. Alors que des fonds vont être prioritairement affectés au rachat des parts libyennes dans UniCredit, qui font désormais désordre (dans des conditions qui risquent d’être rocambolesques).

 

Les banques italiennes ne sont pas seules en cause. Moody’s vient encore de frapper en Espagne, après voir fait de nouveaux petits calculs ; il en ressort que c’est au bas mot cinquante milliards d’euros – et non vingt, comme annoncé par le gouvernement – qui devraient être nécessaires pour remettre à flot les Cajas. Pour accréditer cette prédiction, la banque d’Espagne vient de reconnaître que cent milliards d’euros d’actifs immobiliers étaient problématiques. D’autres types d’accommodements, sous forme de constitution de bad banks aux frais de l’Etat y pourvoiront-ils ?

 

Enfin, on attend les audacieux dénonciateurs de l’insolvabilité des Landesbanken, que le gouvernement allemand continue de masquer pour ne pas avoir à les renflouer, ce qui annihilerait sa vision d’une Europe minée par la mauvaise gestion des uns et l’absence de compétitivité des autres. Il est des réveils qui risquent d’être difficiles !

 

S’il est des bouchons qui doivent sauter, Il est aussi des tabous qui vont avoir du mal à être respectés. Thomas Mirow, le président allemand de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), vient d’admettre qu’« un ratio de dette de 160% du PIB est insoutenable », pour justifier la nécessité de réduire la dette grecque. Au fur et à mesure que de nouvelles lignes de défense sont construites, les précédentes se défont par derrière.

 

Les faits sont têtus et résisteront aux plans qui prétendent les ignorer.

 

 Billet rédigé par François Leclerc

 

Paul Jorion

 

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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